07 Nov

Utopiales 2017 : rencontre avec Éric Henninot, auteur de l’adaptation en BD du roman culte d’Alain Damasio, La Horde du Contrevent

Un homme tranquille, tranquille et heureux. C’est l’impression que m’a tout de suite donné Éric Henninot lors de notre rencontre au festival international de science fiction de Nantes. Un homme tranquille et heureux d’avoir enfin réalisé après deux ans et demi d’un travail parfois difficile le premier volet d’une adaptation qui lui tient particulièrement à cœur, celle de La Horde du Contrevent, un roman d’Alain Damasio…

 © Eric Guillaud - Eric henninot aux Utopiales 2017

© Eric Guillaud – Eric Henninot aux Utopiales 2017

Tranquille et heureux de découvrir également l’exposition consacrée à son travail et présentée dans le grand hall impersonnel de la cité des congrès à Nantes. Des reproductions de planches à la fois en noir et blanc et en couleurs, un écran vidéo, le tout dans un décor sobre mais efficace pour qui veut s’immerger dans l’univers de cette aventure profondément venteuse parue aux éditions Delcourt il y a quelques jours.

Né à Rouen d’une famille originaire du Nord, Éric Henninot vit aujourd’hui à Marseille où souffle le mistral, ce qui n’a rien d’anecdotique comme nous le comprendrons dans cette interview. Il nous a parlé du vent mais aussi et bien sûr du roman, de son travail d’adaptation, de la science fiction, des Utopiales et de plein d’autres petites choses…

 © Delcourt / Henninot

© Delcourt / Henninot

Éric, peux-tu nous présenter l’histoire en quelques mots ?

Éric Henninot. C’est l’histoire de personnes parties à la recherche de l’origine du vent. Ces personnes vivent dans un monde où le vent souffle en permanence, il ne s’arrête jamais, il peut être calme parfois, il peut être surtout violent, voire très violent. Ces gens vivent dans ce monde sans savoir d’où le vent vient même s’il souffle toujours d’est en ouest. Alors, régulièrement, ils forment une espèce de troupe d’élite pour aller en quête de l’Extrême-Amont à la recherche de la source du vent et trouver une solution aux problèmes qui lui sont liés. En effet, les récoltes s’ensablent sans arrêt, les maisons sont sans cesse à reconstruire…

Oui, la vie dans ce monde est semble-t-il insupportable…

E.H. Insupportable, je ne sais pas, elle est difficile en tout cas. Ça fait huit siècles que ces gens cherchent la source du vent, on suit ici la 34e horde qui atteindra peut-être l’Extrême-Amont.

Au delà ce cette simple lutte contre les éléments, peut-on y voir, peut-on y lire autre chose ?

E.H. Oui, ça me semble assez évident, c’est pour moi une métaphore. Ce qu’il y a d’intéressant dans l’histoire, c’est que sous cet aspect assez simple d’une quête, et d’un trajet assez linéaire finalement puisque la Harode se dirige toujours contre le vent, il se trouve que pour chaque personnage, l’Extrême-Amont est une quête intime. C’est ce qui m’a plu dans le roman d’Alain Damasio, avec aussi la cohérence de l’univers et son extrême richesse où tout est bâti autour du mouvement, de la turbulence, du vortex.

 © Delcourt / Henninot

© Delcourt / Henninot – recherches graphiques

Comment as-tu découvert le roman ?

E.H. C’est un ami qui me l’a fait lire en me disant que c’était extraordinaire. Et de fait…

As-tu tout de suite imaginé l’adapter en BD ?

E.H. Non non, ça a pris du temps. Déjà, il a fallu que je digère le bouquin parce qu’il m’a accompagné un bon moment, et puis, petit à petit, je me suis dit que je pourrai en faire une BD. j’ai des amis qui connaissent Alain Damasio, il est marseillais comme moi, il n’est donc pas inaccessible, il gravite dans mon entourage, alors peu à peu l’idée a germé. Et puis, je me voyais bien passer du temps avec cette horde.

Et en l’occurrence, tu vas passer beaucoup de temps en compagnie de cette horde…

E.H. Oui, j’ai déjà passé un bon moment avec elle et je vais en passer encore pas mal, 5 ou 6 albums, à raison d’un an, d’un an et demi par album…

Oui, le calcul est vite fait. Combien de temps a été nécessaire pour la réalisation de ce premier volet ?

E.H. C’est difficile à quantifier parce que j’ai commencé le projet en étant sur autre chose. Il faut dire aussi que c’est la première fois que j’écris le scénario, il a donc fallu apprendre les mécanismes de l’écriture, écrire un premier scripte, le réécrire, travailler, retravailler, pendant 2 ans, 2 ans et demi. L’album fait 74 pages, presque un album et demi. il fallait mettre en place l’univers et entamer l’histoire, créer le design, les univers graphiques, ça prend beaucoup de temps. Mais tout ça, je n’aurai plus à la faire pour les prochains tomes.

 © Delcourt / Henninot

© Delcourt / Henninot – recherches graphiques

Est ce que le résultat aujourd’hui correspond à ce que tu avais en tête au moment de ta première lecture du roman ?

E.H. Non pas du tout. Dans la préface, Alain Damasio écrit que si on lui avait posé la question de savoir à quoi ressemble Golgoth, à quoi ressemble Caracole, il aurait répondu que non. Et moi c’est pareil, j’ai des idées, des sensations, j’ai eu des impressions diffuses en lisant le roman, mais les images apparaissent vraiment en dessinant. Ça se modèle comme une pâte. C’est pour ça qu’il faut faire et refaire des croquis, parfois aller dans de mauvaises directions, se tromper, revenir en arrière, essayer d’autres choses, avant de se dire, oui là c’est bon c’est Golgoth. Il n’y a pas cette forme d’évidence même si je travaille dans l’image. Quand je lis des romans, je n’ai jamais en tête une image du personnage principal, je me fais une idée mais c’est très vague, juste une impression.

Adapter, c’est forcément trahir, suggère Alain Damasio dans la préface de l’album. As-tu le sentiment d’avoir suffisamment trahi le roman ?

E.H. C’est vraiment difficile à dire. Au départ, quand j’ai voulu adapter le roman, je me suis vraiment posé la question de savoir si il y avait un intérêt à faire l’adaptation d’un bouquin que je trouve formidable. Que pouvais-je y apporter de plus ? Et puis, est-ce que faire une adaptation, c’est ajouter quelque chose. Finalement, c’est en la réalisant que je me suis rendu compte de ce qu’était une adaptation. Il se trouve que  le roman  d’Alain est une polyphonie, chaque personnage de la horde parle et le lecteur recompose l’histoire comme un kaléidoscope. Dans la bande dessinée, j’ai fait un choix différent qui s’est fait assez spontanément, i’ai choisi Sov (le scribe, ndlr) comme personnage principal. J’ai dû redramatiser toute l’histoire autour de lui, c’est un personnage qui me touche à titre personnel. Bien sûr, j’ai continué de raconter l’histoire de la horde mais avec Sov en fil rouge.

Le fait de passer d’une polyphonie à un récit plus classique avec un personnage principal, un héros, change déjà considérablement les choses. Alain Damasio dit que je suis trop fidèle au roman mais bon, moi j’ai l’impression d’avoir modifié pas mal de choses déjà. J’essaie de créer une oeuvre en tant que telle même si  je pars d’un roman. La Horde du Contrevent est mon premier scénario. C’est la première fois que j’ai l’impression de signer une oeuvre personnelle. Ça peut paraître paradoxal mais à force de travailler sur l’adaptation, je me suis en quelques sortes approprié l’histoire.

Justement, à qui pensais-tu t’adresser en adaptant ce livre : aux fans d’Alain Damasio, aux fans de SF, aux fans de BD ? As-tu l’impression d’avoir rendu l’oeuvre plus accessible ?

E.H. C’était une volonté, J’avais fait une première version qui était un peu abrupte comme le roman. Dans les premiers retours, tous les gens qui ne connaissaient pas le roman m’ont dit qu’ils ne comprenaient rien. Moi, je voulais que ce soit comme dans le roman, qu’on soit aveuglé, qu’on se prenne du vent dans la figure, du sable, qu’on ne comprenne rien. Mais ce qui fonctionne en roman ne fonctionne pas toujours en BD où on est plus proche du théâtre et du cinéma. La dramaturgie y est extrêmement importante. De fait, cette simplification est simplement dû à un changement de média, non à l’éventuelle complexité du roman.

 © Delcourt / Henninot

© Delcourt / Henninot – recherches graphiques

J’imagine que le travail fut énorme (univers complexe, écriture particulière, personnages).  Qu’est-ce qui a été le plus compliqué pour toi ?

E.H. Deux choses, d’abord ce moment des premiers retours. Ça faisait plus d’un an que je bossais, 30 pages étaient encrées, et tout d’un coup on me dit que c’est trop compliqué. Là je me suis effondré, j’ai pense arrêté. Un vrai moment d’abattement. C’est dur de se dire qu’il faut recommencer. Mais je l’ai fait… et je suis content de l’avoir fait. L’adaptation doit finalement beaucoup à ces retours. La deuxième chose très difficile, c’est la création des design, une longue recherche. Je ne devais pas me planter parce que j’allais dessiner les personnages pendant quelques années.

Et le vent ? Traiter le vent en BD n’est pas vraiment simple. Comment t-y es-tu pris ?

E.H. C’est venu assez facilement, peut-être par le fait d’habiter à Marseille, d’être régulièrement confronté à cette présence du vent, du mistral. Et puis, il y a eu un déclic assez important un jour de grand vent , je me suis aperçu que non seulement le vent nous obligeait à nous incliner, qu’il tirait un peu sur les vêtements, mais qu’en plus il avait une présence sonore incroyable. Je me suis dit que le son était fondamental et qu’il fallait le rendre. Je n’avais pas le son mais j’avais les onomatopées, elles sont très présentes dans l’album.

 © Delcourt / Henninot

© Delcourt / Henninot

Que représente les Utopiales pour toi ? Et la SF d’une façon générale ?

E.H. C’est la première fois que je viens aux Utopiales, je découvre, je trouve ça passionnant. Ensuite, la SF, est un univers dans lequel j’ai toujours navigué, même si je ne suis pas un grand spécialiste. Il y a plein de livres, plein d’auteurs que je n’ai pas lus mais c’est une littérature qui me fascine et me passionne.

Quel livre, quel auteur, a pu te décider à faire ce métier ?

E.H. Bonne question mais il m’est impossible de donner un nom précis, la BD a toujours été très présente dans mon enfance, mon adolescence. J’ai toujours voulu dessiner.

À quoi va ressembler l’avenir proche d’Éric Henninot ?

E.H. Je vais replonger dans l’écriture, le deuxième volet est en cours…

Propos recueillis par Eric Guillaud le 4 novembre 2017 aux Utopiales.

La horde du Contrevent (tome 1), Éditions Delcourt. 16,95€

Retrouvez la chronique de l’album ici

 © Delcourt / Henninot

© Delcourt / Henninot

06 Nov

Les aventures de Gaston Lagaffe au cinéma : les premières photos

A tout juste 60 ans, le héros ou plus exactement l’anti-héros Gaston Lagaffe imaginé par André Franquin se paye une adaptation au cinéma sous la houlette du réalisateur Pierre-François Martin-Laval, avec dans le rôle titre Théo Fernandez, Pierre-François Martin-Laval dans celui de Prunelle, Arnaud Ducret en Longtarin, Jérôme Commandeur en M. de Mesmaeker, Alison Wheeler en Mademoiselle Jeanne, Estéban en Bertrand Labévue et une start-up en lieu et place du journal Spirou pour le décor, histoire nous dit-on de donner un coup de jeune à l’univers. En attendant sa sortie prévue pour le 4 avril 2018, voici les toutes premières photos…

 © Arnaud Borrel

© Arnaud Borrel

 

 © Arnaud Borrel

© Arnaud Borrel

 

 © Arnaud Borrel

© Arnaud Borrel

 

 © Arnaud Borrel

© Arnaud Borrel

 

 © Arnaud Borrel

© Arnaud Borrel

 

 © Arnaud Borrel

© Arnaud Borrel

05 Nov

Franceinfo: 30 ans d’actualité, 30 événements racontés par 40 auteurs de BD

815gqd3i3dLLa chaîne d’information continue du groupe Radio France, anciennement France Info, aujourd’hui franceinfo, a fêté ses 30 ans le 1er juin 2017. À cette occasion, Futuropolis réédite dans une version augmentée l’ouvrage Le Jour où… publié une première fois en 2007 pour les 20 ans de la radio, et une deuxième en 2012 pour les 25 ans…

Les années défilent, les bonnes habitudes restent. Trente ans à nous accompagner, nous guider, nous éclairer, dans le flot incessant de l’actualité. Avec ses 4,6 millions d’auditeurs quotidiens qui la place en quatrième position des radios les plus écoutées de France, franceinfo s’est fait une place de choix dans le paysage audiovisuel français. Et pour fêter ce nouvel anniversaire, comme il y a dix ans, comme il y a cinq ans, franceinfo: a décidé de faire appel au neuvième art et notamment aux auteurs qui se sont illustrés dans la bande dessinée de reportage et d’actualité comme Guy Delisle, Etienne Davodeau, Joe Sacco, Jean-Philippe Stassen, Emmanuel Guibert, Baru, Pascal Rabaté ou encore Jacques Ferrandez. Certains d’entre eux ont d’ailleurs été lauréats du Prix de la bande dessinée d’actualité et de reportage décerné chaque année par franceinfo !

Ce recueil reprend les pages de l’album paru en 2012, à l’occasion des 25 ans de la radio, augmentées de trois récits courts signés. Catherine Meurisse nous raconte l’attribution du prix Nobel de littérature à Patrick Modiano, Piero Macola revient sur les attentats de Paris et Luz illustre l’élection d’Emmanuel Macron. La couverture quant à elle est signée cette année Emmanuel Lepage.

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Au final, l’album réunit 30 événements qui ont marqué, effrayé, sidéré mais aussi, parfois, illuminé notre histoire contemporaine. Un livre toujours aussi passionnant et nécessaire, indispensable pour tous les amoureux de la BD et les drogués à l’actu. 

Eric Guillaud

franceinfo: 30 ans d’actualité, collectif. Éditions Futuropolis. 29€

The Rolling Stones en BD

The-Rolling-Stones-en-BDEt dire que tout a commencé sur le quai d’une gare, par la rencontre entre deux dingues de musique, l’un portant une guitare sous le bras, l’autre quelques vinyles dans une sacoche, des signes évidents pour qu’ils se reconnaissent sans même se chercher. En se parlant ce jour-là, Mick Jagger et Keith Richards venaient sans le savoir de créer l’un des plus grands groupes de rock’n’roll au monde…

C’est bien évidemment sur cette anecdote véridique que s’ouvre ce livre réédité aux éditions Petit à Petit dans une version revue et augmentée. Car oui, c’est ainsi qu’est né le groupe. Par cette rencontre improbable. Imaginez un instant s’ils ne s’étaient pas adressé la parole sur ce fameux quai de gare, ou dans ce wagon comme le suggère la BD. Pas de Satisfaction, pas de Jumpin’Jack Flash, pas de Sympathie for the Devil, pas de Gimme Shelter… aucun des vingt-trois albums studio dont certains ont révolutionné la musique et, n’ayons pas peur de l’écrire, changé la face du monde. Que serions-nous aujourd’hui sans les Stones ? Qu’écouterions-nous comme musique ? Combien de groupes n’auraient tout simplement pas existé, combien de vies n’auraient pas été bousculées par leur attitude de mauvais garçons qui fera école dans le rock ? Vous êtes plutôt Beatles ou Rolling Stones ? C’est la question essentielle, presque existentielle, qui agitait les années 60.

Bref, entre récits en bande dessinée et textes biographiques, The Rolling Stones en BD nous fait revivre la formidable épopée du groupe qui, il y a encore quelques jours, était sur la scène de la U Arena de Nanterre. Au scénario, un seul homme, Ceka, au dessin, plusieurs dessinateurs parmi lesquels Bruno Loth, Lapuss, Joël Alessandra…, 19 dessinateurs en tout, autant de styles graphiques, autant d’angles d’approche d’une légende vivante, depuis la rencontre de Richards et Jagger jusqu’à la tournée No Filter Tour de 2017, en passant par les débuts du groupe, l’arrivée de Ron Wood, les filles et le sexe, les guitares de Keith, la noyade de Brian Jones, la drogue, l’origine du nom…

Le truc en + . Fruits d’un partenariat avec Deezer, trois QR codes à flasher sur un smartphone permettent d’accéder à la bande son de la BD.

Eric Guillaud

The Rolling Stones en BD, Ceka, collectif. Éditions Petit à Petit. 19,90€ (en librairie le 17 novembre)

04 Nov

Utopiales 2017 : le palmarès complet

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Après 4 jours de festival, les Utopiales,  Festival International de Science-fiction de Nantes, annonce une partie des prix décernés pour sa 18e édition. Parmi ceux-ci le Prix Extraordinaire attribué à Pierre Bordage et le Prix Utopiales Bande dessinée attribué à La Terre des Fils de Gipi aux éditions Futuropolis. Les autres prix ci-dessous….

PRIX DU MEILLEUR SCÉNARIO DE JEU DE RÔLE

La Main Ouverte de Tristan Verot pour le jeu Delta Green dans l’univers de L’Appel de Cthulhu

PRIX DU MEILLEUR JEU VIDEO REALISÉ À LA GAME JAM

Canola Wars, développé par Rémi Gourrierec, Michel Belleperche, Raphaël Beuchot et Louis Godart

PRIX DU JURY // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE COURTS-MÉTRAGES

Ex-Aequo

Hybrids de Florian Brauch, Matthieu Pujol, Kim Tailhades, Yohan Thireau, Romain Thirion

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Metube 2 : August sings Carmina Burana de Daniel Moshel

PRIX DU JURY CANAL + // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE COURTS-MÉTRAGES

The Last Schnitzel, de Ismet Kurtulus

PRIX DU PUBLIC // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE COURTS-MÉTRAGES

Einstein-Rosen, de Olga Osorio

MENTION SPECIALE DU JURY // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE LONGS-MÉTRAGES

Cold Skin, de Xavier Gens

GRAND PRIX DU JURY // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE LONGS-MÉTRAGES

Salyut 7, de Dmytri Kiselev et Klim Shipenko

PRIX DU PUBLIC // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE LONGS-MÉTRAGES

Salyut 7, de Dmytri Kiselev et Klim Shipenko

PRIX JOËL-CHAMPETIER (prix hébergé par Les Utopiales)

Feldrik Rivat pour sa nouvelle Le Contrat Antonov-201

LITTÉRATURE // PRIX UTOPIALES JEUNESSE

Le Jardin des Épitaphes, T1 : Celui qui est resté debout de Taï-Marc Le Thanh, Éditions Didier Jeunesse, 2016

LITTÉRATURE // PRIX UTOPIALES

L’installation de la peur de Rui Zink, Éditions Agullo, 2016

PRIX JULIA VERLANGER (prix hébergé par Les Utopiales)

Voyageurs, L’Espace d’un an (T1) et Librations (T2), Becky Chambers, Éditions L’Atalante, 2016

Les 60 ans de Gaston Lagaffe fêtés en grandes pompes

Un anniversaire fêté en grandes pompes ou plus exactement en espadrilles, une partie non négligeable de l’accoutrement hippiesque de notre Gaston national. Deux albums viennent de sortir pour ses 60 ans, Biographie d’un gaffeur et La Galerie des gaffes, les deux chez Dupuis bien sûr, la maison d’édition qui l’a vu naître en 1957…

9782800157085-couv-M800x1600Mais c’est qui ce gars avec des espadrilles, un pull-over vert et une tignasse ébouriffée qui traîne dans les couloirs de Spirou depuis le printemps 1957 ? Beaucoup de lecteurs se sont légitimement posé la question à l’époque. On disait qu’il avait été embauché. Sans savoir vraiment par qui et surtout pour quoi. Gaston rêvait de faire le héros dans une série mais toutes les places étaient prises. Alors, il s’est retrouvé à glandouiller à droite et à gauche, à multiplier les inventions foireuses, parfois désastreuses, voire dangereuses, à jouer de la musique un peu fort, à passer et repasser dans tous les bureaux sans but vraiment précis, à inviter des animaux peu compatibles avec la concentration nécessaire au bouclage du journal. Et malgré tout, avec le temps, Gaston a fini par s’imposer, par faire partie des meubles, au point de décrocher ses propres aventures.

Gag de poche 1965

Gag de poche 1965

Tout ça grâce à un génie de la bande dessinée, que dis-je un maître absolu du neuvième art, je veux bien évidemment parler d’André Franquin.

André Franquin a débuté dans le Journal de Spirou dès les années 46/47 en se voyant confier la destinée du tandem Spirou et Fantasio. Ce qu’il assuma avec talent jusqu’à la fin des années 60. Mais l’homme qui débordait d’imagination rêvait d’un personnage différent, un anti-héros, un gars qui ferait tout de travers, un gaffeur, un marrant, un original, un beatnik qui se moquerait bien des convenances et des horaires, des finances et des apparences. Gaston est arrivé à un moment clé de notre histoire, dans une société qui allait connaître des changements économiques, sociaux et culturels profonds. De là à penser qu’il en était un signe annonciateur, il n’y avait qu’un pas que nous avons allègrement franchi depuis. 9782800170688-couv-M800x1600-1La mort d’André Franquin survenue en 1997 a mis un terme à ses aventures mais Gaston n’a jamais disparu des écrans radars, ni quitté les étagères de nos bibliothèques. L’anti-héros est devenu un héros pour plusieurs générations de lecteurs, un personnage intemporel aux gags universels.

Deux livres viennent donc de sortir pour fêter les 60 ans du personnage. Biographie d’un gaffeur, signé Franquin et Jidéhem, paru initialement en 1965 dans la collection Gag de poche, reprend les planches du mythique Gaston 0 au format à l’italienne ainsi que des pages inédites à l’époque. La Galerie des gaffes est un hommage collectif au personnage. 60 auteurs ont pris leur plume et/ou leur pinceau pour redonner vie à Gaston le temps d’un album. Parmi les auteurs : Yoann, Vehlmann, Cossu, Bourhis, Nicoby, Dodier, Nix, Trondheim, Blutch… Deux livres indispensables pour les amoureux de Gaston et les autres !

Eric Guillaud

La Galerie des gaffes, collectif. Éditions Dupuis. 12,50€

Biographie d’un gaffeur, de Franquin et Jidéhem. Éditions Dupuis. 28€

01 Nov

Nos amis les bêtes. Crapule, une histoire de chat griffée Jean-Luc Deglin, et Chats Chats Chats, un recueil d’histoires courtes de Lapuss et Larbier

Si vous êtes limite burn-out à cause des félins d’appartement et de ce qui va avec, les poils sur le canapé, les réveils nocturnes, les coups de griffes sur la tapisserie neuve, alors fuyez, cette chronique n’est pas faite pour vous… ni pour moi d’ailleurs !

9782800174006-couv-M800x1600Je l’avoue, je ne suis pas un inconditionnel des chats. Sauf peut-être de ceux en papier, ceux qui font leur vie ailleurs que chez moi. Celui dessiné par Jean-Luc Deglin est petit, tout petit, noir, très noir, et s’appelle Crapule. Du moins c’est ainsi que sa maîtresse l’a nommé. Enfin quand je dis sa maîtresse, ce n’est pas vraiment sa maîtresse plutôt sa maîtresse par intérim, le temps des vacances. Sauf que les vacances de sa maîtresse, la vraie (vous suivez?), vont s’éterniser. Elle est un peu morte en fait. « Et son chat j’en fais quoi, moi? », se demande la maîtresse par intérim devenue maîtresse pour la vie. C’est là que les ennuis commencent. Sa maîtresse par intérim devenue maîtresse pour la vie va devoir l’éduquer, lui apprendre où on fait pipi popo, comment on fait sa toilette, pourquoi on doit laisser les 71DnTqnDieLhumains se reposer le matin si on veut des caresses et des croquettes… bref la base de la vie en société. Pas sûr qu’il comprenne du premier coup ! Un petit livre poilant au sympathique format carré réunissant 125 gags en une page et quatre cases. (Crapule, par Jean-Luc Deglin. Éditions Dupuis. 14,50€)

Vous en voulez encore ? Alors voici le deuxième volume de Chats Chats Chats de Lapuss, Philippe Larbier et Magali Paillat paru aux éditions Delcourt. Comme son nom l’indique, cet album ne se contente pas de raconter l’histoire d’un chat. Non, ils sont toute une tripotée à se partager les pages de l’album et les gags. Qu’ils soient roux, tigrés, gris, siamois, persans, mignons ou grognons, plutôt gros matous ou petits minets… tous sont bien décidés à vous montrer qui est le vrai patron à la maison. Un format classique, une trentaine de gags dessinés à hauteur de chats. (Chats Chats Chats (tome 2), de Lapuss, Larbier et Paillat, Éditions Delcourt. 10,95)

Eric Guillaud

30 Oct

Serum : Pedrosa et Gaignard disent la vérité toute la vérité dans un récit d’anticipation paru chez Delcourt

serumParis, 2050. L’Arc de triomphe est toujours en bonne place, la Tour Eiffel aussi, offrant une vision rassurante de la capitale. Pourtant, Paris et plus largement le pays n’ont plus grand chose à voir avec ce que nous connaissons aujourd’hui. Cyril Pedrosa et Nicolas Gaignard ont imaginé un monde où le devenir de l’humanité se joue à grands coups de sérums de vérités… et de mensonges !

Les uns parlent d’une véritable purge, les autres d’un procès équitable, le résultat est le même, les grandes têtes pensantes de la Ve République ont dû quitter le pouvoir et répondre de leurs actes. Nombreux sont ceux qui ont pris le chemin de l’exil, en l’occurrence l’Allemagne. Pour les autres, ceux qui sont restés, le nouveau régime, dictatorial, leur a concocté un monde pas franchement joyeux joyeux, déshumanisé, aussi fliqué que flippé, avec couvre-feu, pardon période de veille obligatoire chaque nuit, histoire dit-on d’économiser l’énergie produite par des centaines, des milliers, d’éoliennes. L’écologie au service d’une dictature.

Bracelet d’identification et de localisation au bras, Kader fait partie de ce monde-là, un monde dont il ne rêvait absolument pas. Est-ce parce qu’il a travaillé autrefois sous les ors de la République, ou pour une toute autre raison, Kader a reçu une injection de sérum de vérité comme le veut le programme Vérité-Sécurité. Et Kader ne peut plus mentir. Alors forcément, sa vie privée en prend un sacré coup, sa vie professionnelle aussi, sa vie tout court tourne au cauchemar. « Avec ce putain de sérum… », dit-il, « je suis devenu tellement transparent que je n’existe même plus ». Mais qui est vraiment Kader ? Juste un homme asservi par le nouveau régime, sans plus aucune volonté, ni capacité de jugement? Pas si sûr…

C’est la première fois que le Nantais Cyril Pedrosa, auteur de Portugal ou Equinoxes pour ne citer que deux de ses plus récents albums, écrit pour un autre. Nul besoin d’une injection du fameux sérum pour vous dire la vérité, l’album paru aux éditions Delcourt offre un récit d’anticipation psychologique et politique assez captivant autour de cette course permanente à la transparence et à la vérité, assez captivant mais également assez cafardeux, âpre, en tout cas très sombre. Côté dessin, Nicolas Gaignard signe un premier album réussi en optant pour des ambiances glacées, des décors austères, parfaitement appropriés au scénario de Pedrosa.

Eric Guillaud

Serum, de Pedrosa et Gaignard. Éditions Delcourt. 18,95€

 © Delcourt / Pedrosa & Gaignard

© Delcourt / Pedrosa & Gaignard

27 Oct

Un pigeon à Paris, Les Enfants de l’araignée et L’île errante : trois mangas à savourer pendant les vacances

pigeon-paris-glenat-1Un pigeon à Paris ? Il y en a des milliers, des dizaines de milliers même, des gros, des maigres, des beaux, des moches, mais un pigeon comme celui-ci vous n’en verrez pas beaucoup, il est tout blanc, tout rond et parle japonais. C’est le personnage imaginé par Lina Foujita pour raconter son séjour en France dans ce manga tout juste sorti chez Glénat. Partie sur un coup de tête ou presque de son Japon natal, Lina Foujita débarque à Paris avec une énorme valise sur le dos et son tout jeune métier de mangaka dans les doigts. Lorsqu’elle découvre les nombreuses subtilités de la société française et les petites complications quotidiennes de la vie parisienne, elle entreprend de raconter ça en dessin à ses compatriotes dans un manga hyper coloré, drôle et,9791032701850_1_75 j’imagine, très instructif pour ceux qui sont restés du côté du soleil levant. Pour nous aussi d’ailleurs ! Un peu ovniesque mais franchement original, un manga documentaire en quelques sortes qui met en scène le choc des cultures ! (Un pigeon à Paris, Lina Foujita, Glénat. 10,75€)

Livraison express en moins de 24 heures ! C’était comme ça du temps de son grand père, ça continuera comme ça après sa mort. Mikura a décidé de prendre la relève et d’effectuer en un temps record les livraisons entre les différentes îles éloignées de la préfecture de Tokyo. Avec le vieux coucou du grand père. Mais en triant les affaires du défunt, Mikura découvre des carnets de notes et une lettre adressée à Ms Amelia, île Electriciteit. Le problème est que cette île lui est parfaitement inconnue. C’est l’Île Errante lui explique un vieux marin. Certains disent qu’elle grouille de grands singes, d’autres que ceux qu’y s’en sont approchés ne sont jamais revenus, une île en tout cas qui ne figure sur aucune enfantsaraigneecarte. Mikura est pourtant bien décidée à la retrouver et livrer son courrier.  Entre réalité et fantastique, une aventure captivante dont on soulignera la mise en page et le graphisme raffinés. (L’île errante, de Kenji Tsuruta, Ki-oon, 15€)

Pour les plus grands cette fois, ados et adultes, Les Enfants de l’araignée est un récit d’anticipation qui a fait l’effet d’une bombe au moment de sa publication au Japon, un choc graphique et narratif sans précédent que l’on doit à Mario Tamura. 2187, 50 ans après la guerre nucléaire qui a dévasté l’Extrême-Orient, trois ados, Sorao, Kenji et Mita, de s’enfuir du centre de redressement dans lequel ils sont enfermés, dans l’une des rares villes encore debout, Gothic Town, administrée par une junte militaire. Dans leur fuite, les trois ados tombent sur une ville souterraine peuplée de rebelles… Cet univers post-apocalyptique, noir, violent, sans valeurs, permet à Mario Tamura de nous parler d’écologie, d’escalade nucléaire, de relation humaine, des peurs et des rêves de chacun, le tout avec une petite touche d’érotisme. (Les enfants de l’araignée, de Mario Tamura, Casterman, 27€)

Eric Guillaud

26 Oct

Comic Con : le rendez-vous parisien des fondus de comics du 27 au 29 octobre

Entre le festival Quai des Bulles à Saint-Malo et le Paris Games Week la semaine prochaine, ça bouscule niveau manifestations consacrés aux hommes masqués à cape du neuvième art.

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Bien qu’il se définisse comme « un rendez-vous de la pop culture » et que ses organisateurs mettent très en avant la venue d’invités « prestigieux » venus essentiellement de l’industrie des séries télé ou ses concours de Cosplay, la version française du Comic Con, pendant européen de l’édition américaine qui a lieu chaque année à San Diego, reste avant tout centrée autour des comics et de la culture geeks en général.

En dehors d’un certain nombre d’avant-premières, c’est surtout l’occasion de rencontrer pour les fans de comics pas mal d’auteurs européens et américains de la nouvelle garde, dont plusieurs dessinateurs de l’écurie Valiant dont on ne cesse de vous dire du bien (le chef d’orchestre de la sage Imperium Josh Dysart, l’espagnol Pere Pérez, Fred Van Lente) mais aussi Elsa Charretier, l’une des rares auteures françaises à avoir réussi à s’imposer aux Etats-Unis avec sa série Infinite Loop ou encore Djet, nantais d’origine réunionnaise qui vient de signer le très horrifique mais réussi Croquemitaines chez Glénat. Cela dure trois jours de vendredi à dimanche, cela se passe pour la troisième fois à la Grande Halle de Villette à la Paris et pour tous les détails, c’est là qu’il faut aller !

Olivier Badin

Plus d’infos sur le festival ici