26 Juin

Blacksad : under the Skin, le jeu d’aventure narratif inspiré de la BD de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido dévoilé en images

Développé conjointement par Pendulo Studios et YS Interactive, tiré de l’univers de la bande dessinée Blacksad, créée par Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido, et éditée chez Dargaud, le jeu vidéo Blacksad: Under the Skin sortira sur PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch, PC et Mac en 2019.

En attendant, les premières images viennent d’être dévoilées…

L’histoire de Blacksad: Under the Skin

À New York dans les années 1950, le propriétaire d’un modeste club de boxe, Joe Dunn, est retrouvé pendu. Dans le même temps, son protégé et meilleur espoir, Robert Yale, est porté disparu. Effondrée par ces terribles nouvelles, la fille de Joe Dunn, Sonia, décide tout de même de poursuivre le rêve de son père, reprend les rênes du club et fait appel aux services de John Blacksad pour enquêter sur cette mystérieuse disparition. Nous sommes à la veille du combat de l’année et le club, en graves difficultés financières, ne survivrait pas au forfait de Robert Yale. Lors de son enquête, John Blacksad se retrouvera plongé dans un milieu où la corruption fait rage.

Eric Guillaud

Revivre : une histoire poignante sur le don d’organes signée Ugo Bertotti

C’est le genre d’histoire qu’on aimerait lire plus souvent, une histoire vraie qui aborde sous un angle singulier deux thématiques fortes du moment, la crise des migrants et le don d’organes. Quel est le point commun entre les deux me direz-vous ? Des hommes et des femmes qui répondent à une identique volonté de survivre ou plus exactement de revivre…

Le récit de l’Italien Ugo Bertotti commence sur un bateau en 2013 quelque part au milieu de la Méditerranée. A son bord des migrants à la recherche d’une vie meilleure loin des tumultes de la guerre. Selma en fait partie. Avec son mari et ses deux enfants, cette femme, déjà réfugiée palestinienne, fuit la Syrie avec l’espoir de rejoindre l’Europe.

Malheureusement, en pleine mer, Selma fait une mauvaise chute sur la tête. Arrivée en Italie, elle est prise en charge par les secours et reçue par un médecin, docteur Hassan, lui aussi d’origine palestinienne. Mais son cas est rapidement jugé désespéré. Sa famille décide de faire don de ses organes. Trois Italiens, un curé, un militaire et une femme, tous en attente de greffe depuis parfois des années vont pouvoir en bénéficier…

Cet album publié par les éditions La Boîte à bulles en ce début d’été entre inévitablement en résonance avec l’actualité récente en Italie, le changement de gouvernement et la nouvelle stratégie du pays face à la crise des migrants. Ce qui le rend bien évidemment encore plus fort et poignant.

Ugo Bertotti s’est inspiré de faits réels pour l’écrire et de témoignages recueillis à la fois auprès de la famille de Selma et des trois personnes qui ont pu être greffées grâce à elle et survivre, pardon revivre, et enfin s’imaginer un futur. Des personnes qui parlent chacune des liens très forts qu’ils ont le sentiment d’avoir instauré avec la donneuse qu’ils n’ont bien sûr jamais vue.

On appelle ça une leçon d’humanité ! Un récit très bien écrit, mis en image avec une certaine simplicité ou plus exactement une efficacité certaine. Achetez-le, offrez-le…

Eric Guillaud

Revivre, de Ugo Bertotti. Editions La Boîte à bulles. 15€

© La Boîte à bulles / Bertotti

18 Juin

Gisèle et Béatrice : un conte érotique signé Feroumont

C’est le genre de livre qu’on ne s’attend pas à trouver dans le catalogue des éditions Dupuis, ni dans la bibliographie de Benoît Feroumont, c’est un livre comme on en voit peu, un conte érotique à haute dose de critique sociale, le tout saupoudré d’un trait d’humour..

Un trait d’humour mais un humour grinçant tout de même ! L’histoire débute dans le joyeux monde du travail. Béatrice, qui se donne sans compter à son entreprise, ne parvient pas à progresser. Salaire bloqué, évolution zéro… et un patron qui lui explique qu’elle n’est pas assez gentille avec lui, qu’il aime ses seins et qu’il attend autre chose d’elle. Classique.

Contre toutes attentes, Béatrice accepte de passer une soirée avec son boss, Georges, mais profite de son état d’excitation avancée pour lui faire boire une potion magique qui le transforme en femme et qui plus-est en femme de ménage tendance jouet sexuel complètement soumise à Béatrice. Le harceleur harcelé !

Georges devenu Gisèle, sans papiers, avec un accent à couper au sécateur, de quoi se faire ramasser par le premier fourgon de police qui passe dans le quartier, n’a plus le choix. Il… pardon, elle doit se plier aux exigences de Béatrice qui a de son côté pris de l’avancement en s’octroyant la place du boss dans l’entreprise.

Vis ma vie de femme harcelée pourrait être le résumé de cette histoire. Vis ma vie de femme harcelée et tu comprendras peut-être ! L’érotisme omniprésent dans les 130 pages de ce conte signé Benoît Feroumont, auteur par ailleurs des séries Wondertown ou Le Royaume, n’a rien de vulgaire. Il est au service de l’histoire et d’une volonté affichée de l’auteur d’aborder le sexe autrement que par la caricature des films pornographiques. Et rien que pour ça…

En bonus, un cahier d’une dizaine de pages avec illustrations et points de vue de l’auteur, de l’éditeur et de Maïa Mazaurette, romancière, essayiste, scénariste de BD et blogueuse (sexactu.com).

Eric Guillaud

Gisèle et Béatrice, de Feroumont. Dupuis. 16,50€

© Dupuis / Feroumont

Batman Metal : l’homme chauve-souris chamboule sa propre réalité avec une saga épique en trois parties qui sera présentée à la prochaine édition du festival Hellfest, près de Nantes

Alors, attention, on se permet de prévenir tout de suite les chevelus porteurs de t-shirts avec des logos indéchiffrables et des zombies en ruts dessus : ce Batman a autant à voir avec la musique ‘metal’ que notre gouvernement actuel avec les théories marxistes. Par contre, pas mal d’idoles en prennent pour leur grade, en premier lieu un Batman lui-même, ici presque dépassé par les évènements.

Bon, allez, rendons à César ce qui lui appartient et à Iron Maiden sa couronne : tout cela a un tout petit peu quand même rapport avec la musique du même nom vu que l’éditeur français a donc choisi de présenter ce premier tome cette année au Hellfest et que l’un des dessinateurs de la saga, l’américain Greg Capullo, en plus d’être un fan déclaré du genre, a réalisé plusieurs pochettes pour certains poids lourds du genre, style Iced Earth (Something Wicked This Way Come), Disturbed (Ten Thousand Fists) ou Korn (Follow the Leader). Mais sinon, le ‘metal’ du titre est en fait très premier degré : on parle bien d’un metal, la matière donc, qui serait une sorte de porte sur une quantité d’univers parallèles infinie (et encore, ça c’est la version simple) et sur laquelle l’homme masqué a décidé d’enquêter, quitte à sans le savoir enclencher un processus qui chamboulera aussi bien sa réalité que celle de l’écurie DC COMICS dans son intégralité. Parce qu’attention, derrière ça, il y a un autre Batman, maléfique celui-ci car dans sa propre dimension il a fait le choix de servir le Mal et non pas le Bien. Un double diabolique dont une sorte de société secrète surveille l’arrivée depuis des millénaires, dans le plus grand secret. Ah et puis on découvre que le Joker (que l’on croyait mort… Mais vous suivez ou quoi ?) a été séquestré dans la Batcave dans un but bien précis. Et ça, ce n’est que le premier chapitre parce qu’après, cela se complique encore plus. Si !

© Urban Comics / collectif

On le sait depuis quelques années, les comics US adorent (un peu trop) jouer avec les reboots, ces artifices scénaristiques qui permettent de réécrire complètement tel ou tel univers. Et lorsque par dessus vous rajoutez une seconde couche avec les multivers – un ensemble complexe de réalités parallèles – comme ici, cela donne un joyeux bordel. À la manœuvre, on reconnaît la patte du scénariste Scott Snyder qui a toujours aimé brouiller la frontière existant entre le bien et le mal, quitte à parfois un peu perdre son lecteur. Surtout que ce premier tome (sur trois prévus) est assez bicéphale, avec une première partie très (trop) cérébrale multipliant les entrées et les différents points de vue laissant place à une seconde consacrée à la défense de Gotham et beaucoup plus orientée baston. Partie où ironiquement, Batman brille… Par son absence. Contrairement aux seconds rôles qui, ici, prennent la lumière d’une façon parfois étonnante, comme Harley Quinn de Suicide Squad, savoureusement joueuse et taquine.

© Urban Comics / collectif

Alors autant le dire de suite, mieux vaut bien maîtriser la ‘cosmologie’ de l’ami des chauves-souris parce que c’est bourré de références tous azimuts, allant de sa famille au sens large du terme à ses ennemis et plus. Ami néophyte, passe donc de suite ton chemin ! C’est dense de chez dense et ne fait aucune économie dans la démesure. Par contre, sur le plan strictement graphique même si Capullo est loin d’être seul au stylo ici (on retiendra notamment le super boulot d’Andy Kubert), c’est un feu d’artifice, avec un sens du découpage vraiment étonnant capable d’alterner planches monumentales et cadrages ultra- serrés et des méchants qui suintent de partout, surtout ceux qui sont des sortes d’alter-ego maléfiques des héros qui les combattent.

© Urban Comics / collectif

À ce stade-là, on a un peu de mal à savoir où tout cela va nous mener et l’indigestion n’est jamais loin. Mais Batman Metal tient au moins son pari de nous embarquer dans une véritable saga bien épique qui ose remettre pas mal de choses et qui ne fait pas de quartier du tout. Et visuellement, c’est une sacrée baffe !

Olivier Badin

Batman Metal, collectif, Urban Comics/DC, 19€

L’info en + Batman au Hellfest. Du 22 au 24 juin, les éditions Urban Comics vous donnent rendez-vous sur leur stand au HellCity Square de 10 à 22h pour vous présenter Batman Metal et vous faire gagner des cadeaux…

 

Vega : la nouvelle maison d’édition dédiée au manga dévoile ses premiers titres

Née de l’association entre le groupe Steinkis (Jungle, Steinkis, Vraoum, Warum) et Nexusbook, la maison d’édition Vega proposera des mangas pour adultes (seinen).

Début des opérations en octobre avec les sorties des titres Peleliu de Takeda Kazuyoshi, Survivant – shonen s no kirkoku – de Takao Saito et Akira Miyagawa, Deep Sea Aquarium Magmell de Sugishita Kiyomi…

Eric Guillaud

16 Juin

Le coin des mangas : Un pigeon à Paris, L’Académie musicale Alice, The Legend of Zelda, Blue Giant, Mon voisin Totoro et One Pièce Party

Et on commence par le mythique Mon voisin Totoro. Vous allez me dire que Mon Voisin Totoro est un film d’animation et non un manga. C’est vrai… et faux. D’abord parce qu’il est l’adaptation d’un livre que Miyasaki avait commencé à dessiner dans les années 70. Ensuite parce que le Studio Ghibli a à son tour adapté le film en livre. Certes, ce n’est pas un manga me diront les puristes, c’est un anime comics, en couleurs, mais on ne va pas chipoter et bouder notre plaisir de retrouver cette oeuvre aujourd’hui trentenaire et qui n’a rien perdu de sa magie. Magnifique ! (Mon voisin Totoro, de Miyazaki. Glénat. 15,50€)

Et si vous êtes un inconditionnel de Mon voisin Totoro, un fou de Hayao Miyazaki, alors je ne peux que vous conseiller ce livre paru lui-aussi chez Glénat. L’Art de Mon voisin Totoro nous permet de découvrir les coulisses de la réalisation de l’anime, plus de 170 pages d’illustrations, de croquis, de secrets de conception et d’anecdotes de production. Rigoureusement indispensable. (L’Art de Mon voisin Totoro, de Miyazaki. Glénat. 24,90€).

Changement de style et d’univers avec Blue Giant dont le premier des dix volumes prévus vient de sortir. Blue Giant nous embarque dans le monde de la musique et plus spécialement dans celui du jazz en compagnie de Dai Miyamoto, lycéen membre de l’équipe de basket, travailleur à mi-temps dans une station service et surtout fou de jazz depuis des années. « je serai le meilleur jazzman au monde », s’auto-persuade-t-il lorsqu’il rejoint les berges de la rivière Hirose à Sendai, une grande ville située à 300 km au nord-est de Tokyo, ou il s’entraîne des heures et des heures, à en oublier la météo, à en oublier l’école, à en oublier les contraintes. Mais c’est sa vie qui se joue là, il en est certain même si le chemin vers la réussite ne s’annonce pas vraiment de tout repos… Après Vertical qui traitait de la haute montagne, l’auteur Shinichi Ishizuka offre à ses lecteurs un somptueux voyage au pays du jazz. (Blue Giant, de Shinichi Ishizuka. Glénat. 7,60) .

C’est un retour, un grand retour même insistent les éditions Soleil, que celui de The legend of Zelda avec l’adaptation du jeu vidéo Twilight Princess développé par Nintendo en 2006. Direction le royaume d’Hyrule et plus précisément le paisible village de Toal où on y retrouve le jeune Link, heureux de son intégration dans la petite communauté mais inquiet que son passé resurgisse en même temps que les être maléfiques du monde de la pénombre…  (The legend of Zelda Twilight Princess, de Nintendo et Akira Himekawa. Soleil. 7,99)

Vous avez aimé L’Académie Alice avec ses élèves dotés de pouvoirs spéciaux ? Alors vous aimerez L’Académie Musicale Alice. Prévue en trois tomes, L’Académie Musicale Alice reprend l’univers de la série initiale en le plongeant dans celui de toutes ces comédies musicales qu’adore l’auteure Tachibana Higuchi. L’héroïne Hikari Andô, dépourvue de pouvoirs spéciaux parvient à intégrer cette fameuse école nationale de musique. Elle espère retrouver ainsi son frère Tsubasa enlevé à sa famille et incorporé d’office dans l’Académie. (L’Académie Musicale Alice tome 2, de Tachibana Higuchi. Glénat. 6,90€)

Près de 90 tomes, 900 chapitres, 440 millions d’exemplaires, One Pièce est le manga le plus vendu au monde. Alors forcément, il se retrouve cuisiné à toutes les sauces, en anime pour la télévision dès 1999, en long métrage pour le cinéma, en jeux vidéo… et en spin-off, avec des séries telles que Chopperman chez Kazé Manga et One pièce Party chez Glénat dont voici le 3e volume. Cinq histoires courtes au sommaire et pas mal d’humour… (One pièce party 3, de Eiichiro Oda et Ei Andoh. Glénat. 6,90)

On termine avec le retour de notre pigeon préféré, il est tout blanc, tout rond, déambule dans les rues de Paris et parle japonais. C’est le personnage imaginé par Lina Foujita pour raconter son séjour en France. Partie sur un coup de tête ou presque de son Japon natal, Lina Foujita débarque à Paris avec une énorme valise sur le dos et son tout jeune métier de mangaka dans les doigts. Lorsqu’elle découvre les nombreuses subtilités de la société française et les petites complications quotidiennes de la vie parisienne, elle entreprend de raconter ça en dessin à ses compatriotes dans un manga hyper coloré, drôle et, j’imagine, très instructif pour ceux qui sont restés du côté du soleil levant. Pour nous aussi d’ailleurs ! Un peu ovniesque mais franchement original, un manga documentaire en quelques sortes qui met en scène le choc des cultures. (Un pigeon à Paris, de Lina Foujita. Glénat. 10,75)

Eric Guillaud

15 Juin

Davy Mourier vs Cuba et Le Guide du mauvais père de Guy Delisle : deux albums de la collection Shampooing qui vont vous faire du bien au cuir chevelu

La collection Shampooing initiée et dirigée par Lewis Trondheim publie régulièrement de nouvelles petites perles d’humour. En voici deux ce mois-ci, le quatrième tome du Guide du mauvais père de Guy Delisle et le premier album de Davy Mourier vs consacré à son voyage à Cuba. De quoi prendre la vie au second degré…

Paru en 2013, le premier tome du Guide du mauvais père a fait un carton nous rappelle l’éditeur. 100 000 exemplaires vendus. C’est beaucoup mais l’excellent Guy Delisle, auteur par ailleurs des bandes dessinées documentaires Shenzhen, Pyongyang ou encore des Chroniques de Jérusalem, fauve d’or prix du meilleur album au festival d’Angoulême en 2012, a su trouver les mots et les gags justes pour parler aux pères de famille que nous pouvons être, pas toujours au top mais pas toujours mauvais non plus. L’idée est de rire de tous nos petits travers. Et ça marche plutôt bien. Il faut dire que Guy Delisle n’a pas son pareil pour raconter des situations tragicomiques dans lesquelles chacun se reconnaîtra. Jubilatoire ! (Le Guide du mauvais père, Delisle. Delcourt. 9,95€)

Et si vous n’avez pas votre compte de rigolade, alors, les éditions Delcourt ont pensé à tout, un peu comme une deuxième couche d’humour pour que ça vous reste bien imprimé. C’est Davy Mourier Vs Cuba. Tout est dans le titre ou presque.  L’acteur, réalisateur, parolier, animateur de télévision ET auteur de bandes dessinées (Super Caca, La Petite mort…) y raconte son voyage un peu forcé au pays de Castro. Lui qui n’aime pas particulièrement voyager accompagne sa mère devenue une grande exploratrice du monde sur le tard. Et bien évidemment, il y a de quoi raconter, entre le double système de monnaie, les voitures aux carrosseries américaines et aux moteurs russes ou chinois, la quasi-inexistence d’Internet… et l’ouragan Irma qui a eu la mauvaise idée de passer par-là au même moment, de quoi dégouter définitivement Davy Mourier des voyages… et de lui faire préférer un bon programme à la télévision. D’ailleurs, le deuxième tome de Davy Mourier vs, à paraître en janvier 2019, y sera consacré ! (Davy Mourier Vs… Cuba, Mourier. Delcourt. 9,95)

Eric Guillaud

12 Juin

Charogne : une descente en enfer signée Borris et Benoît Vidal

Parce qu’il mérite le paradis et que le curé refuse de monter au village pour célébrer l’office, des administrés vont transporter à dos d’hommes le corps de leur maire décédé d’une crise cardiaque pour une dernière bénédiction plus bas dans la vallée. Un cortège funèbre qui va réserver bien des surprises…  

Tout à l’air paisible dans ce petite village du département de l’Aude perché sur les contreforts des Pyrénées. Nous sommes en 1864, Joseph le maire fait tout pour rendre service à ses administrés, il trouve des acheteurs pour le bois de l’un, s’occupe de vendre un bijou pour soulager les finances de l’autre, prête main forte aux champs…. Mais à vouloir être partout, il est bientôt nulle part notre bon Joseph ou plutôt si, allongé à même le sol, le nez dans la terre. Crise cardiaque.

Aimé de tous et toutes, Joseph a bien mérité le paradis. Mais pour y accéder, faut-il encore un curé et une ultime bénédiction. Hélas, de curé, il n’y en a point depuis que le toit de l’église s’est effondré. Et celui de la vallée refuse de monter tant que les réparations n’auront pas été engagées.

Qu’à cela ne tienne, puisque le curé ne veut pas venir au cadavre, le cadavre viendra à lui, porté dans son cercueil par une poignée de villageois qui n’imaginent pas un instant leur calvaire. Sur le chemin de la descente, pour le moins escarpé, nos villageois vont d’abord souffrir du poids du cercueil, puis de l’odeur du cadavre, le tout sous un violent orage qui va provoquer des éboulis. Mais le plus pesant, ce sont ces vieilles histoires de famille qui vont ressurgir entre les porteurs, des rancœurs qui viennent de loin et trouvent dans la tourmente matière à rebondir…

De loin, j’ai un instant cru voir la couverture d’un nouveau Chabouté mais non. Charogne est signé Borris (Lutte Majeure…) et Benoît Vidal (Pauline à Paris…) et raconte une histoire pas tout à fait vraie mais inspirée de faits et de lieux ayant existé. Dans des notes en fin d’ouvrage, les auteurs expliquent : « Le village dépeint dans la bande dessinée est réellement situé dans le département de l’Aude sur un territoire appelé le pays de Sault. C’est là que sont racontées les histoires qui ont initié cette fiction… ». L’éditeur parle de thriller rural, j’évoquerai surtout une histoire d’hommes, avec ses forces et ses faiblesses… Bon scénario, bon dessin. Recommandé !

Eric Guillaud

Charogne, de Borris et Benoît Vidal. Glénat. 19€

Midi – Minuit : Doug Headline et Massimo Semerano s’offrent une dernière séance

Les bandes dessinées inspirées par le cinéma, il en existe un certain nombre. Et la réciproque est valable. Mais les bandes dessinées qui parlent du cinéma, il y en a finalement assez peu. Et plus précisément du giallo, il y en a aucune. Enfin si, il y en aura une dès le 15 juin grâce à un amoureux du genre, Doug Headline, accompagné au dessin par Massimo Semerano… 

Mais qu’est ce que le giallo, me demanderez-vous ? Très bonne question. Le giallo est un genre cinématographique à la frontière du cinéma policier, du cinéma d’horreur et de l’érotisme (merci wikipédia!), « des films, au départ sous influence hitchcockienne, qui furent tournés et distribués entre 1962 et 1982 et obéissant à une stratégie du cauchemar très particulière » (merci au dossier très complet qui accompagne cet ouvrage).

Doug Headline en est dingue, comme quelques autres. Au point hier de passer des soirées entières à visionner des cassettes pirates de qualité douteuse vendues sous le manteau, au point aujourd’hui d’en faire le contexte de cette histoire intitulée Midi – Minuit du nom d’un cinéma de quartier mythique autrefois situé boulevard Poissonnière à Paris, chantre du cinéma bis.

Mais Midi – Minuit n’est pas Les Cahiers du cinéma, point de critiques dans ses pages mais une déclaration d’amour pour ce cinéma populaire à travers l’histoire de deux cinéphiles français, François Renard et Christophe Lemaire, qui ont décroché l’interview d’un ponte du giallo, un certain Marco Corvo dont la carrière s’est subitement arrêtée il y a 25 ans avec la disparition restée inexpliquée de son actrice fétiche.

De là à se retrouver dans un scénario à la giallo, il y a qu’un pas ou qu’une  case. Pendant que les deux Français interviewent le réalisateur, d’anciens critiques de cinéma sont assassinés…

Un brin policier, un brin fantastique et un tout petit poil érotique ou plutôt glamour, Midi – minuit se présente comme un hommage au giallo avec en prime des incrustations d’images arrêtées de plusieurs films. Les amateurs les reconnaîtront. Tout se tient, on rentre à fond dans l’histoire sans même connaître le début d’un générique de ce genre cinématographique. Mais ça, c’est la magie de la bande dessinée et le talent des auteurs, Doug Headline au scénario et Massimo Semerano au dessin.  Culte !

Eric Guillaud

Midi – Minuit, de Doug Headline et Massimo Semerano. Dupuis. 22€

© Dupuis / Headline & Semerano

09 Juin

J’ai Lu : le retour de la BD au format poche

La maison d’édition J’ai Lu n’est pas une inconnue dans le milieu de la bande dessinée. Les plus vieux d’entre nous se rappellent forcément de la collection J’ai Lu BD qui a proposé dans les années 80 et 90 près de 300 albums au format poche, y compris les aventures de l’immense Corto Maltese, avant de renoncer comme ses concurrents Le Livre de Poche et Pocket BD…

Elle y revient à grand renfort de communication avec quatre premiers titres parus en juin, Tous mes amis sont morts de Avery Monsen et Jory John, Un autre regard d’Emma, Le Petit grumeau illustré et Chat-Bouboule de Nathalie Jomard.

J’ai Lu parle d’une « programmation ambitieuse à prix poche ». Les premiers titres oscillent entre 6,90 et 7,90€, soit à peu près le prix d’un manga et la moitié du prix des albums originaux. Le papier n’a rien de celui qu’on peut attendre d’un livre de poche, il est relativement épais. Les couvertures offrent un pelliculage mat avec rabats, le tout sous un format un peu plus grand que le poche habituel, 14 sur 20 cm.

Pour ces quatre premiers livres qui tendent plus vers l’illustration pleine page que la bande dessinée, la lecture ne s’en trouve aucunement gênée. Reste à voir ce que ça peut donner avec un gaufrier (découpage de la page en plusieurs cases) classique…

Eric Guillaud