21 Mar

Il Déserte : un voyage dans l’intime signé Xavier Coste et Antoine de Caunes

Si le nom de Xavier Coste est désormais familier dans le monde du neuvième art, celui d’Antoine de Caunes l’est dans un tout autre domaine même si l’homme porte depuis toujours un intérêt particulier pour la BD à travers notamment sa collection de Pixi. Aujourd’hui, pourtant, l’un et l’autre se retrouvent associés sur la couverture d’un même album au titre aussi mystérieux qu’astucieux : Il Déserte.

Son premier album nous avait fortement impressionnés. Souvenez-vous, nous sommes en 2012 lorsque paraît Egon Schiele dans lequel Xavier Coste déroule la vie du mythique et tumultueux peintre autrichien mort à l’âge de 28 ans de la grippe espagnole. « 64 pages exceptionnelles, captivantes, bouleversantes, 64 pages aux ambiances très travaillées, entre mélancolie et tourment, avec un graphisme qui n’était pas sans rappeler le travail de Schiele », écrivais-je à l’époque dans une chronique à retrouver ici. Je n’y changerai pas un mot aujourd’hui.

Treize ans et une dizaine d’albums plus tard, parmi lesquels 1984, aux éditions Sarbacane, ou Rimbaud l’indésirable, chez Casterman, Xavier Coste s’associe à une figure emblématique, non pas de la bande dessinée mais du petit écran, le génialissime Antoine de Caunes. Ensemble, ils nous proposent un récit intime et totalement inattendu qui nous entraîne sur une île déserte en compagnie d’un Robinson d’un genre inédit.

© Dargaud / Coste & de Caunes

Ce Robinson, c’est Georges de Caunes. Tout simplement le père d’Antoine. Les plus anciens d’entre nous se souviennent de lui comme d’un pionnier de la télévision en noir et blanc, peu, très peu même, le connaissent comme aventurier. Pourtant, du Groenland à l’Amazonie, en passant par la Polynésie, l’homme a parcouru le monde, parfois au prix de sacrifices sur sa vie familiale.

De cet aspect méconnu de l’homme, Antoine de Caunes en garde un souvenir amère et beaucoup d’interrogations. Surtout lorsque ce père s’embarqua pour une île déserte de l’archipel des Marquises avec la ferme intention d’y rester une année entière. « Qu’allait-il donc faire dans cette galère ? », s’interrogeait Antoine. Jusqu’au jour où ce dernier tombe sur le journal intime du naufragé volontaire. Tout y était consigné !

© Dargaud / Coste & de Caunes

De là est né ce livre que vous allez bientôt tenir entre vos petites mains car oui, Il Déserte – vous comprenez mieux le titre maintenant – est un sacrément beau bouquin de 200 pages qui se lit à la fois comme un récit d’aventure et comme une réflexion sur les liens entre un père et son fils.

Pour mettre en images ce récit, il fallait un auteur capable de transcender la vision d’un quotidien insulaire et solitaire pour approcher l’universel. Xavier Coste était l’homme de la situation. Sortant une nouvelle fois de sa zone de confort graphique (mais en a-t-il vraiment une ?), Xavier Coste explose les cases, utilise l’espace de la page, parfois de la double page, pour plaquer son idée de l’histoire avec un trait un brin sauvage et des couleurs ardentes. Brillant !

Eric Guillaud

Il Déserte, de Xavier Coste et Antoine de Caunes. Dargaud. 30€