C’est la rentrée ! Et l’embouteillage sur les présentoirs de nos amis libraires. Laissez tomber le classement de vos photos souvenirs et autres selfies de l’été, pour rester à la page, il va falloir sérieusement jouer de l’index.
Et parmi les titres qui se singularisent, il y a le roman graphique Je viens de m’échapper du ciel, une adaptation des nouvelles noires de l’Argentin Carlos Salem signée de la Française Laureline Mattiussi chez Casterman. Avec un noir et blanc impressionnant de caractère, Laureline Mattiussi nous raconte une histoire pas banale, aussi noire que fantastique, où se côtoient Pieds Nickelés de la cambriole et anges sexués, femmes fantasmées et hommes masqués.
Poe, c’est le nom du personnage principal. Poe comme Edgar Poe, le talent et la célébrité en moins. Poe est un loser, un gars qui se déguise en Bugs Bunny pour braquer les banques et rêve de rejoindre le ciel. De toutes les manières possibles. Y compris en s’allongeant sur les routes et en attendant le véhicule providentiel. « Emmène-moi putain ! », lance-t-il à une ange qui s’est échappée du ciel pour quelques heures, « ici c’est pas supportable! On fait rien qu’à tourner en rond en attendant de crever! ».
Une histoire au bord de l’amour…
Poe tourne en rond, traînant sa mélancolie dans les quartiers sombres de la ville mais pas que. Il dévalise les banques aussi, il braque les hommes d’affaires à l’occasion, et il rêve de Lola, une barmaide. Il aime tout chez Lola. « Nous deux, ça fait longtemps qu’on se mesure couteau en main. Mais on n’attaque jamais. On reste comme ça, au bord de l’amour ou du désastre, sans se décider à agir et se perdre enfin ».
Difficile d’en raconter plus, Je viens de m’échapper du ciel est un récit qui se lit, qui se sent, se ressent, s’apprécie jusqu’au bout de la nuit. Si la rentrée pouvait ressembler à un livre, elle ressemblerait à celui-ci. Et on serait bien!
Eric Guillaud
Je viens de m’échapper du ciel, de Mattiussi, d’après Carlos Salem. Editions Casterman. 18,95 €