« Ils sont fous ces Romains ! » : une citation immédiatement identifiable par tous les lecteurs tombés dans la bande dessinée dès leur plus jeune âge. Le personnage d’Astérix a parcouru le monde entier depuis sa création par Uderzo et Goscinny en 1959 avec son fidèle comparse Obélix : 350 millions d’albums vendus à ce jour, traduits dans 111 langues et dialectes. Il est depuis quelques semaines à l’honneur d’une exposition à la Bibliothèque Nationale de France. Ne tardez pas à vous y rendre, si vous êtes – ou venez – à Paris : elle est prolongée jusqu’au 26 janvier 2014 !
Au cœur de cette exposition, les planches originales qu’Albert Uderzo a confiées à la Bibliothèque Nationale de France en mars 2011. Ce sont elles qui sont mises à l’honneur au fil du parcours, depuis la première planche d’Astérix le Gaulois – premier titre de la série, publié dans le journal Pilote à compter du 29 octobre 1959 – jusqu’à celles du vingt-quatrième album publié après la mort de René Goscinny en novembre 1977 : Astérix chez les Belges. A leur côté, des centaines de figurines et d’objets qui émerveilleront les enfants.
Ne croyez toutefois pas que l’organisation de cette exposition est le prétexte d’une campagne publicitaire pour accompagner la sortie du dernier album de la série Astérix chez les Pictes, écrit par Jean-Yves Ferri et dessiné par Didier Conrad. Il s’agit plutôt de retracer l’histoire d’une amitié entre deux fils d’immigrés (la famille d’Uderzo est italienne, celle de Goscinny provient d’Ukraine et de Pologne), de leur complicité sans bornes, de leur goût pour la langue française et de leur désir de créer un univers de bande dessinée qui, tout en parodiant les stéréotypes de l’école de la IIIème République sur « nos ancêtres les Gaulois », construit une véritable utopie politique avec comme maître-mots : liberté, solidarité, démocratie et découverte de l’Autre.
Le parcours s’organise en quatre temps : tout d’abord, à la manière du générique de la série américaine Amicalement vôtre, une présentation simultanée de la vie d’Uderzo et de Goscinny jusqu’à leur rencontre en 1951 à Paris et l’invention du personnage d’Astérix pour lancer le journal Pilote en 1959 ; ensuite, la reconstitution du village des « irréductibles gaulois », qui permet d’aller à la rencontre de ses célèbres habitants, et de les suivre dans leur rencontre forcée avec la Rome de César ou dans leurs pérégrinations autour de la Méditerranée ; vient alors la présentation du phénomène éditorial, médiatique et cinématographique que connaît la série dès les années 1960 ; enfin, une analyse de l’extraordinaire palette comique, tant graphique que linguistique, dont ont fait preuve les deux créateurs tout au long de leur collaboration. C’est dans la complémentarité de leurs talents que réside en effet le secret de leur « potion magique », un secret que la reconstitution du bureau des deux créateurs met en évidence : la machine à écrire de René Goscinny y côtoie la table à dessin d’Albert Uderzo.
Cette exposition vous donnera très certainement envie de relire les albums d’Astérix qu’ils ont composés ensemble. Ne vous en privez pas ! Et si d’aventure, vous souhaitez prolonger ce périple savant, voici deux conseils de lecture dite « universitaire », deux ouvrages écrits par Nicolas Rouvière, maître de conférences à Grenoble.
En complément à la visite de l’exposition, la B.N.F a conçu un livret-jeu destiné aux enfants et adolescents, que vous pouvez imprimer ici.
Pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus, les fiches pédagogiques de la B.N.F sont téléchargeables là.
Loretta Giacchetto