31 Août

Book of Death : le livre des géomanciens

bookLes ‘crossovers’ (collusion de plusieurs univers au sein d’un même volume) étant l’une des grandes spécialités des comics, on voyait mal comment l’éditeur spécialisé dans le genre Valiant allait y échapper, surtout à l’heure où ses productions sont ENFIN traduites en Français. Paradoxalement, cet imparfait Book of Death à la conclusion hélas un peu bâclée vaut presque plus par ses (généreux) bonus.

Au centre de ce tome une nouvelle fois volumineux (300 pages) se trouve le Guerrier Éternel, peut-être le personnage le plus maudit de l’univers Valiant car condamné, comme son nom l’indique, a ne jamais mourir et à traverser les âges pour protéger Gaia (en gros, la Terre mais perçue comme une entité consciente) et surtout sa géomancienne, sorte de mystique à laquelle elle est liée et dont la survie et qui ici apparaît sous a forme d’une jeune fille boudeuse et impatiente. Au passage, cette idée d’une humanité dont le destin dépend de la planète sur laquelle elle vit sans que cela l’empêche pour autant de la piller sans compter est d’ailleurs l’une thématique récurrente chez Valiant, sorte de variante écolo aux pays des super-héros si vous préférez…

© Valiant Comics / Venditti, Gill, Braithwaite, baron & Reber

© Valiant Comics / Venditti, Gill, Braithwaite, baron & Reber

Ici, les rôles sont quasi-inversés vu que le gentil est le méchant, enfin, ce que en tous cas les autres héros de l’écurie Valiant que l’on retrouve ici (X-O Manowar, Ninjak et Live Wire entre autres) croient : que le Guerrier Éternel défend une géomancienne qui ne contrôle pas ses pouvoirs et qui sème donc mort et destruction sur son passage, alors qu’en fait ce sont là les agissements d’un autre géomancien, capturé par un sorcier maléfique. Un scénario assez manichéen donc mais transfiguré par ces visions d’un possible futur apocalyptique si les prophéties du livre des géomanciens s’accomplissent. Des images chocs avec pas mal de combats au programme qui ne rattrapent pas, hélas, la faiblesse de certains personnages (Ninjak, par exemple, à qui Valiant a consacré trois volumes dont on parlera bientôt, apparaît aussi bourrin que buté) et une fin ratée car bien trop facile et surtout expédiée en quelques planches, comme si la montagne accouchait un peu d’une souris.

© Valiant Comics / Venditti, Gill, Braithwaite, Baron & Reber

© Valiant Comics / Venditti, Gill, Braithwaite, Baron & Reber

Non, une fois n’est pas coutume, c’est dans les bonus que ‘Book of Death’ fait la différence. Pas forcément avec cette opulente galerie de croquis ou ce petit prologue de trois pages initialement paru sur le web, non, mais bien dans ces quatre ‘spin-off’ d’une vingtaine de planches qui, individuellement, imagine la mort de quatre des héros de la galaxie Valiant. Or si celui consacré à Harbinger par exemple est trop bavard, le récit de la fin de Bloodshot est à classer parmi les meilleurs de cet éditeur car à la fois beau, mélancolique et d’une incroyable force émotionnelle. Vingt-cinq pages qui valent presque à elles seules l’achat, même si la porte d’entrée pour néophytes au vaste monde Valiant attendue n’est pas hélas vraiment au rendez-vous.

Olivier Badin

Book of Death par Robert Venditti, Robert Gill, Doug Braithwaite, David Baron et Brian Reber, Valiant Comics, éditions Bliss. 24,50€

La révolte des terres : Koza et Marion Mousse mettent en image le premier acte collectif de résistance à l’occupant nazi

Capture d’écran 2017-08-29 à 14.36.01 Je ne sais pas vous mais moi j’aime bien que les choses soient claires. Quand on m’annonce un album de Maximilien le Roy et de Félix Brune, j’aime assez à l’arrivée qu’il soit signé Maximilien le Roy et Félix Brune, et non Koza et Marion Mousse. Sinon, ça me perturbe !

Ça me perturbe et me donne envie d’en savoir plus. Une recherche rapide sur internet permet de constater que tout le monde est aussi perdu que moi. Selon les sites, l’album est attribué à Le Roy et Brune, Koza et Mousse ou encore – une variante – à Le Roy et Mousse. Du côté réseaux sociaux, pas plus d’infos. S’agit-il d’un simple changement de noms? Et si oui pourquoi ? Ou d’un changement d’auteurs ? Mystère…

Bon, assez perdu de temps comme ça, la « blague », s’il s’agit d’une blague, échappera de toute façon à la plupart des lecteurs qui s’intéresseront surtout – ou pas – à l’histoire de cet album. Et de côté-là, elle – l’histoire – a au moins le mérite d’être plus simple. La Révolte des terres nous raconte le premier acte collectif de résistance français à l’occupant nazi. Il ne s’agit pas d’un guet-apens, ni d’un sabotage mais d’une grève, tout simplement serais-je tenté d’écrire, une grève qui va toutefois bloquer un secteur industriel stratégique pour l’armée allemande car c’est tout le bassin minier du Pas de Calais qui va se révolter à la fois contre les conditions de travail et par patriotisme.

Pas de bras ? Pas de charbon. Pas de charbon ? Pas d’énergie pour faire tourner la machine de guerre ! Les ouvriers le savent et prennent le risque de violentes représailles qui ne vont d’ailleurs pas tarder. Direction les camps de déportation et pour certains la mort…

En un peu plus d’une centaine de pages, Koza et Mousse ou Le Roy et Brune – vous choisissez – nous racontent un acte d’héroïsme incroyable, surtout en ce début d’occupation allemande où les résistants sont encore très très rares. Une idée intéressante mais une mise en image et une narration pas toujours convaincantes. Dommage !

Eric Guillaud

La Révolte des terres, de Koza et Mousse. Éditions Casterman. 18€

© Casterman / Koza & Mousse

© Casterman / Koza & Mousse

30 Août

Le néo-Japon de Rai : le cauchemar de Philip K. Dick réinventé au XXXXIe siècle

rai 1Pas facile de se faire une place au soleil quand la plage est squattée depuis plusieurs décennie par deux géants qui n’ont laissé que des miettes aux autres. Après, les écuries MARVEL et DC COMICS pèsent un tel poids dans l’imaginaire populaire US depuis si longtemps qu’il faut limite être maso pour se lancer dans l’aventure… Pourtant, Valiant Comics réussit cet exploit et Rai est sûrement l’une de ses plus belles créations.

Pourtant, maso, VALIANT COMICS l’a été et il l’a payé cash, avec des débuts difficiles et une mise en sommeil forcé à la fin des années 90 pour cause de dettes abyssales. Au point qu’il a fallu attendre 2013 pour en voir les premières traductions françaises et 2015 pour qu’un nouvel éditeur, BLISS, prenne enfin les choses en main comme il se doit, aboutissant depuis peu à de nombreuses sorties attestant de la richesse d’un catalogue au milieu duquel Rai – attention, avis purement subjectif ! – trône presque sans pareil.

Nous sommes en 4001 et au Néo-Japon, sorte de gigantesque satellite crée à partie d’une portion de la Terre arrachée à la gravité et qui tourne autour d’une planète désormais ravagée par les guerres successives, règne Père, intelligence artificielle suprême devenue indépendante. Pour protéger une population asservie sans vraiment sans rendre compte, il a crée le Rai, ‘gardien du peuple’ en partie humain qui peut instantanément se téléporter partout pour sauver la veuve et l’orphelin. Sauf qu’après avoir découvert la vérité sur ses origines et que derrière cette belle façade se cache un monde totalitaire où chaque désir est cadenassé, le dernier de sa lignée décide de se rebeller…Rai 2

La thématique très Freudienne du ‘tuer le père’ est très populaire dans les comics donc en soit, Rai ne sort pas, a priori des sentiers battus et son univers cyberpunk rappelle invariablement ‘Blade Runner’ dont on attend d’ailleurs bientôt la suite au cinéma. Sauf que même si cette saga conséquente (deux fois 300 pages) étalée en douze chapitres sur deux volumes (plus un nombre négligeable de bonus revenant, entre autres, sur les origines du héros) met un certain temps à vraiment décoller, elle révèle un souffle sans pareil. Une grande partie du mérite revient à l’illustrateur Clayton Crain qui avait déjà repeint en noir la sage ‘Ghost Rider’ et dont le style épique et en même temps racé entre yakuza intergalactique et science-fiction crépusculaire a l’emphase nécessaire. Surtout qu’il est soutenu par un très intéressant travail sur les couleurs, à la fois éclatantes et en même temps avec toujours cette sous-teinte bleue froide, presque digitale qui colle si bien à cet univers post-apocalyptique, même cette approche quasi-numérique et parfois un peu trop figé ne sera pas du goût de tout le monde.

© Valiant Comics / Kindt & Crain

© Valiant Comics / Kindt & Crain

Et puis il y a aussi ce scénario d’abord faussement manichéen qui prend petit-à-petit pas mal d’épaisseur et s‘amuse à brouiller les cartes. On ne sait plus assez vite par exemple si l’on est désolé ou dégoûté par ces citoyens qui acceptent sans sourciller d’être abreuvé de propagande abrutissante ou de se voir imposer en guise de compagnons des androïdes nous ressemblant en tous points les ‘positrons’ pour mieux juguler la natalité. Ou encore comment aborder ce personnage principal qui apparaît d’abord comme une sorte de figure christique complice involontaire d’un système totalitaire, surtout le storytelling met donc un certain temps à prendre sa vitesse de croisière. Mais une fois dedans, difficile d’en sortir, même si les références abondent (Isaac Asimov, Philip K. Dick). Surtout qu’on a droit à quelques combats absolument dantesques qui auraient eu toute la place sur le film ‘Pacific Rim‘ de Guillermo del Toro, notamment les duels entre Rai et son créateur, pour parler à nos plus bas instincts.

Bref, de la science-fiction ambitieuse ET à la patte graphique assez unique. On vous disait bien qu’il y avait quelques belles pépites du côté de ce petit poucet, alias Valiant…

Olivier Badin

Rai (en deux volumes) de Matt Kindt et Clayton Crain, Valiant Comics, éditions Bliss. 28€

28 Août

Le dessinateur américain Miles Hyman nommé Chevalier des Arts et des Lettres

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Le Ministère de la Culture et de la Communication a accordé aujourd’hui le titre de Chevalier des Arts et des Lettres à l’auteur et dessinateur Miles Hyman. Une cérémonie de remise de distinction aura lieu à une date ultérieure, présidée par Bénédicte de Montlaur, conseillère culturelle de l’Ambassade de France à New York.

Miles Hyman s’est dit « surpris et ému » à l’annonce de sa décoration, évoquant la grande importance de la culture française dans son œuvre : « J’ai la chance de vivre et de travailler dans ce pays qui inspire des artistes du monde entier depuis des siècles, qui donne une si grande importance à la création artistique sous toutes ses formes. La diversité des personnes décorées par l’Ordre des Arts et des Lettres souligne l’importance du rayonnement culturel français à l’échelle internationale.  Pour ma part, je tiens à remercier tous ceux — artistes, écrivains, éditeurs, directeurs artistiques et galeristes — qui ont guidé et inspiré ma création depuis plus de trente ans. Ces personnes remarquables m’ont formé, ont fait de moi l’artiste que je suis aujourd’hui. Recevoir cette distinction, en plus de tout ce que la France m’a déjà offert, représente pour moi un honneur immense. Je suis infiniment touché pour cette reconnaissance de mon travail ».

Considéré comme le plus francophile des illustrateurs américains, Miles Hyman vient de signer dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis Le coup de Prague avec le scénariste Fromental, une histoire d’espionnage dans la Vienne de l’après-guerre mettant en scène le scénariste Graham Greene venu faire des repérages dans la capitale autrichienne pour son film Le Troisième homme.

27 Août

Gold Star Mothers : les autres héros de la guerre de 14-18

goldStarsMothersElles n’ont pas affronté le feu nourri de l’ennemi, n’ont pas vécu le quotidien des tranchées, la boue, les rats, les morceaux de cadavres charriés par les pluies, elles n’ont pas senti l’odeur de la mort. Mais le fait d’avoir perdu un mari, un frère ou un fils sur les champs de bataille de l’autre côté de l’Atlantique en ont fait des héroïnes de la Grande guerre. Et l’état américain, reconnaissant, leur offre quelques années plus tard un aller-retour pour le vieux continent le temps d’un recueillement sur la tombe des Sammies morts au combat…

Lorsque la boucherie de la Grande guerre s’achève, 116 000 soldats américains ont perdu la vie dans les tranchées et autour. Autant de corps à rapatrier – ils le sont pour moitié – ou à enterrer sur place. Et de l’autre côté de l’Atlantique, des femmes, des mères, des soeurs, qui entament un long et douloureux travail de deuil.

Dix ans après la fin du conflit, le Congrès américain vote un budget afin de permettre à ces femmes américaines de se recueillir sur la tombe de l’être aimé. L’association des Gold Star Mothers encadre ces expéditions qui durent à chaque fois un mois. On en compte une dizaine au total entre 1928 et 1933, 6654 femmes américaines en bénéficient.

C’est dans l’une des ces expéditions que nous plonge le livre de Catherine Grive et Fred Bernard, au milieu de ces femmes qui ont pour noms Mrs Hartfield, Mrs Vanderbilt, Clara Throckmorton ou encore Jane Smith, l’héroïne principal, et sa mère.

Les auteurs nous racontent la traversée en bateau, les affinités qui se créent ou non entre les femmes, les quelques jours à Paris qui ressemblent plus à un séjour touristique qu’à un pèlerinage, le recueillement dans les cimetières américains du côté de Verdun… mais aussi et surtout, ce qui ne se voit pas, le chagrin de toutes ces femmes si différentes les unes des autres mais unies par l’épreuve.

Auteur complet, responsable et coupable de quelques pépites du livre jeunesse et de la bande dessinée (Une aventure de Jeanne Picquigny, La Tendresse des crocodiles, La Patience du tigre…), Fred Bernard nous embarque pleinement dans l’histoire grâce à son trait léger, presque frissonnant, parfait pour nous parler des années 30. Le scénario est écrit par Catherine Grive, publicitaire, productrice d’émissions de radio à France Culture, écrivaine, traductrice et dorénavant auteure de bande dessinée.

Un éclairage instructif sur un sujet peu connu tout au moins de ce côté-ci de l’Atlantique.

Eric Guillaud

Gold Star Mothers, de Catherine Grive et Fred Bernard. Éditions Delcourt. 16,95€

© Delcourt / Grive & Bernard

© Delcourt / Grive & Bernard

22 Août

Pages d’été. Sonora et Marshal Bass, deux westerns sinon rien !

1aa543f744863b30b4b2b83ee697a224C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Ces deux albums-là ont été publiés en même temps début juin aux éditions Delcourt, deux westerns qui sentent la sueur et la poudre, Sonora d’un côté réalisé par Pécau et Dellac, Marshal Bass de l’autre, de Macan et Kordey.

Barbet, Gervais et Fauchevent. Trois noms, trois excellentes raisons pour Maximilien Bonnot de débarquer en Californie. Nous sommes en 1851, en pleine ruée vers l’or, mais vous l’aurez compris, ce n’est pas le précieux métal jaune qui a attiré le jeune Français jusqu’ici. Maximilien Bonnot est venu plus prosaïquement pour se venger. Trois ans auparavant, son frère et ses amis ont été sauvagement massacrés par le sergent Barbet, les caporaux Gervais et Fauchevent, sur les barricades de la révolution française, celle de 1848. Maximilien s’est juré de ne jamais oublier son frère et ses amis de lutte et de retrouver ces trois-là pour les envoyer en enfer. Et c’est plutôt bien parti… ffce3150610eb17a9f59d5cc42ccba3bUn premier épisode qui promet pas mal d’action ! (Sonora, de Pécau et Dellac, 14,95€)

Changement de décor pour ce premier opus d’un diptyque mettant en scène le premier marshal afro-américain Bass Reeves ici rebaptisé River Bass. Après avoir échappé de justesse à la corde, Bass se voit proposer un poste d’adjoint au colonel Terrence B. Helena avec pour objectif d’arrêter un gang de noirs dirigé par un blanc qui se fait appeler Milord. S’il arrive à infiltrer le fameux gang, Bass Reeves ne fait pas longtemps illusion, se fait démasquer et doit alors faire face à la violence du gang et de son chef. Avec un graphisme et un scénario gonflés à la testostérone, et de magnifiques couleurs, Marshal Bass nous embarque pour une chevauchée haletante dans l’Ouest américain. Macan et Kordey n’en sont pas à leur première collaboration, tous deux s’étaient déjà retrouvés autour de Soldier X, une série de comics publiée chez Marvel, ainsi que sur Nous, les morts, série en 4 volets publiée chez Delcourt. (Marshal Bass, de Macan et Kordey. 14,95€)

Eric Guillaud

Le Malouin Michel Plessix, auteur des séries Julien Boisvert ou Le Vent dans les saules, est mort lundi

L’émotion est très vive sur les réseaux sociaux depuis l’annonce du décès de l’auteur breton Michel Plessix. L’auteur de Julien Boisvert, du Vent dans les saules, du Vent dans les sables et très récemment de Là où vont les fourmis sur un scénario de son ami Frank Le Gall est mort lundi matin d’une crise cardiaque. Son ancien éditeur, Delcourt, réagit ce matin par ces quelques mots…

Décrit comme un personnage « discret » qui « transpirait une gentillesse et une âme d’enfant infinie » (Daniel Alexandre, auteur BD), Michel Plessix était aussi de ceux qui couchaient les autres dans les festivals, aimant par dessus tout discuter et philosopher jusque tard dans la nuit comme le rappelle l’auteur Jacques Terpant…

Originaire de Saint-Malo, Michel Plessix débarque à Rennes pour des études de médecine qu’il arrête rapidement au profit de l’illustration puis de la bande dessinée. Avec son ami Dieter, il réalise La Déesse aux yeux de jade pour Milan et enchaîne – toujours avec Dieter –  sur la fameuse série Julien Boisvert pour Delcourt. Le tome 3 du Vent dans les saules lui permet de décrocher en 2000 l’Alph’Art du public au festival d’Angoulême et le Prix Max et Moritz. Après Le Vent dans les saules viendra Le Vent dans les sables puis Là où vont les fourmis en 2016 pour son nouvel éditeur Casterman.

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Michel Plessix avait remporté le Grand Prix de l’affiche au festival Quai des Bulles en 2016, lui offrant l’immense satisfaction de réaliser l’affiche de l’édition suivante, en l’occurence de l’édition 2017 qui se tiendra du 27 au 29 octobre. « Je n’y croyais plus. Cela fait quatre ans que ce sont des jeunes… », déclarait-il à nos confrères de Ouest France, « J’en ai longtemps rêvé. Alors, l’avoir, c’est le bonheur ».

Michel Plessix était un poète du neuvième art et son oeuvre un souffle de délicatesse dans un monde souvent féroce.

Eric Guillaud

20 Août

Gens de Clamecy : Edmond Baudoin et Mireille Hannon tirent le portrait d’une société idéale

Gens-de-ClamecyUn nouvel album d’Edmond Baudoin est toujours un événement pour ceux qui s’intéressent à la bande dessinée dite contemporaine. Cette fois, l’auteur de Couma acò, du Chant des baleines ou encore de Piero a décidé de tirer le portrait de gens de Clamecy et d’en faire un récit sur la liberté, l’égalité, la fraternité et la résistance en compagnie de Mireille Hannon. 

Pourquoi Clamecy ? Parce que cette petite ville de la Nièvre, qui compte moins de 4000 habitants, a une histoire singulière. Longtemps capitale du flottage du bois de chauffage entre les forêts du Morvan et Paris, Clamecy a toujours été très réceptive aux idées nouvelles et révolutionnaires venant de la capitale. En 1789, elle sourit à la Révolution. En décembre 1851, au lendemain du coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte, elle se révolte pendant deux jours pour défendre la IIe République. Une insurrection qui fît plusieurs morts.

Ce qui intéresse Edmond Baudoin aujourd’hui à Clamecy, ce n’est pas tant comment on vit avec ce passé et cet héritage aussi glorieux soient-ils mais comment on imagine, on rêve, on fantasme, le monde de demain, le monde idéal.

Au marché de Clamecy, dans les cafés, à la médiathèque, Edmond Baudouin pose ses crayons et invite les habitants à livrer un peu d’eux mêmes. Un portrait contre quelques confidences. La question est simple : Qu’est-ce qui serait pour vous une société idéale ?

Un monde où l’on entendrait tomber des arbres les crottes de chenilles…

Entre quelques petits rappels historiques, depuis l’instauration de la République de 48 jusqu’au coup d’état de Bonaparte en 1851… les habitants confient leurs espoirs d’une société meilleure, plus juste, où la santé et l’éducation seraient prioritaires aux intérêts du grand capital, où tous les hommes seraient égaux, où l’on accepterait les différences de chacun, où la monnaie aurait cédé la place au troc, où il n’y aurait plus de guerres, où la science pourrait soigner toutes les maladies, où chacun aurait de quoi nourrir et éduquer ses enfants, où l’hypocrisie serait bannie, où les villes retourneraient au végétal et où on entendrait tomber des arbres « les crottes de chenilles »

Aspiration, rêve ou utopie ? Appelez-ça comme vous voulez, l’espoir et la résistance valent toujours mieux que la résignation. Avec ces portraits, une quarantaine, Edmond Baudoin, tente de trouver des réponses à des questions qu’il se pose lui-même et que nous pouvons nous aussi nous poser. Auteur d’une quantité impressionnante d’ouvrages dont un grand nombre publiés à L’Association, Edmond Baudoin est un précurseur de ce qu’on appelle la bande dessinée contemporaine et notamment de la bande dessinée autobiographique. Ici, l’auteur convoque le passé pour parler d’avenir, d’un avenir qui ne demande qu’à être meilleur. Il ne tient qu’à nous de l’imaginer, semble nous dire Edmond Baudoin ! En librairie le 14 septembre…
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Eric Guillaud

Gens de Clamecy, d’Edmond Baudoin et Mireille Hannon. Éditions L’Association. 15€

© L'Association / Baudoin & Hannon

© L’Association / Baudoin & Hannon

16 Août

Pages d’été. La Bicyclette : une histoire au coeur de la seconde guerre mondiale à Singapour signée Cheah Sinann

Unknown C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Qui de mieux placé qu’un Singapourien pour raconter la seconde guerre mondiale de ce côté-ci de l’Asie ? L’auteur de ce roman graphique paru à La Boîte à bulles, Cheah Sinann, n’a bien évidemment pas vécu la guerre mais en connaît l’histoire avec un grand H et pas mal d’histoires avec des petits h, des histoires d’hommes et de femmes plongés au coeur de l’horreur. La Bicyclette en est une. Est-elle réelle, seulement inspirée de faits réels ou totalement imaginée ? Peu importe, elle aurait pu être véridique, tant le récit est fortement documenté et le contexte solidement planté.

C’est l’histoire d’un gamin des rues de Singapour qui rêve d’apprendre à faire du vélo et qui tombe sur un soldat japonais, un occupant, dont la seule ambition n’est pas de gagner la guerre mais de participer aux Jeux Olympiques en tant que cycliste. Nous sommes en 1942, les Etats-Unis sont entrés en guerre après l’attaque de Pearl Harbour et les Japonais viennent de conquérir la ville de Singapour après un périple de plus de 800 km – pour beaucoup à vélo – depuis la ville de Kota Bharu.

Entre les deux naît une amitié singulière mais à haut risque. L’un et l’autre pourraient être jugés pour trahison. Mais la passion du vélo est plus forte que les différences, plus forte que les préjugés, plus forte que la peur.

Même si le dessin ne m’a pas vraiment convaincu, La Bicyclette a le mérite de s’intéresser à un épisode de la seconde guerre mondiale peu connu de ce côté-ci de la planète. Les dernières pages du livre offrent quelques repères historiques non négligeables.

Eric Guillaud

La Bicyclette, de Cheah Sinann. Editions La Boîte à bulles. 15€

© La Boîte à bulles / Sinann

© La Boîte à bulles / Sinann

11 Août

Sortez les carottes, Lapinot fait son retour à L’Association…

couv_lapinot-e0481Lapinot ?  Vous avez dit Lapinot ? Le Lapinot de Lewis Trondheim ? Eh bien oui. On le croyait mort et enterré mais le revoici plus fringant que jamais dans de nouvelles aventures imaginées par le sieur Lewis Trondheim lui-même. L’album est annoncé pour le 21 août à L’Association – c’est un retour à la maison – dans un format standard de 48 pages MAIS AUSSI, sortez les carottes, dans une édition luxe avec dos toilé, couverture dédiée et cahier spécial de 16 pages, le tout pour 39€ MAIS ENCORE dans une édition superluxe, la même en tous points à une petite différence près, la couverture sera blanche, toute blanche, à charge pour l’acheteur d’y coller sa photo ou d’y faire un petit gribouillis ou, ce qui serait peut-être préférable, de coincer Lewis pour qu’il vous face une couverture originale et unique, une superdédicace en somme à 500 la bête tout de même !

Albums mais aussi ex-libris. Ils vous seront offerts dans le réseau des libraires indépendants. Et puis une sérigraphie tirée à 149 exemplaires dont 50 numérotés et signés pour L’Association à 90€. Il ne manque plus que les mugs et les tee-shirts !.

Eric Guillaud