31 Jan

Rencontre avec Gwen de Bonneval, auteur avec Michaël Sterckeman de l’album « Adam et elle » chez Glénat

40 ans ! Comme le festival international de la Bande Dessinée d’Angoulême qui ouvre ses portes dans quelques heures. 40 ans, une bibliographie déjà consistante et des projets plein les crayons. Mais pour l’heure, le Nantais Gwen de Bonneval savoure la publication de son 19e album. Rencontre…
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30 Jan

Esteban t4 de Matthieu Bonhomme – Dupuis

Le Grand Paris de la BD n° 9  – Spécial Angoulême 2013 – France 3

Rencontre avec Matthieu Bonhomme, un dessinateur parisien, primé en 2003 pour son Age de Raison, il reçoit l’Alph-Art du meilleur premier album.

Esteban - Prisonniers du bout du monde (T4) - Bonhomme / Dupuis

Il a publié le tome 4 d’Esteban, une très bonne série à succès, qui raconte les aventures d’un jeune indien devenu baleinier au Cap Horn. Cet album fait partie de la sélection Jeunesse d’Angoulême 2013. Matthieu Bonhomme était aussi l’invité d’honneur du Salon du Livre jeunesse de Montreuil 2012. Avec son compère Lewis Trondheim, un autre habitué d’Angoulême et de Montreuil, il a publié un étonnant album sur les archétypes du western, une bd à l’humour décalé, un régal pour les amateurs du grand ouest. Interview dans son atelier du 10e ardt et sur les quais du canal Saint-Martin, en plein travail sur les nouvelles planches du tome 5 d’«Esteban».

Matthieu Bonhomme - Dupuis

Là on est dans un décor typiquement parisien avec des immeubles, un métro et le canal Saint-Martin. Qu’est ce qui fait que ce n’est pas une source d’inspiration pour vous ?

C’est très étrange effectivement. Je suis un parisien de naissance, mes parents sont parisiens, mes arrières grands parents sont parisiens. Je pense que je suis venu à la Bd par un désir d’évasion. Ce n’est pas comme si j’avais délaissé mon environnement mais pour moi Paris n’a pas l’exotisme qu’il pourrait y avoir éventuellement dans une histoire d’aventure.

Et donc votre inspiration vous la puisez où si ce n’est pas dans le quotidien ?

C’est dans mes rêveries, dans mon imaginaire, dans mes lectures, dans la consultation de livres de photos et de film, des choses comme ça.

Vous avez quand même réalisé un album sur Paris et dans un décor urbain, Omnivisibilis. Pourquoi ce choix ?

Ce livre cela a été vraiment un défi qui m’a été proposé par le scénariste Lewis Trondheim. Il m’a dit on va changer tes habitudes. Effectivement comme j’avais l’habitude de ne rien faire à Paris, d’un seul coup, c’est devenu un des arguments de la différence je dirais. J’ai beaucoup dessiné Paris dans ce livre là. Il y a plein de choses qui étaient différentes de mes habitudes aussi : le format, le nombre de page, la façon de raconter. Cela a été l’occasion de m’exercer à de nouvelles choses.

Vous y avez pris plaisir ou c’était juste une parenthèse ?

Une parenthèse c’est vrai, mais j’y ai pris beaucoup de plaisir. J’ai constaté qu’effectivement c’était très pratique d’avoir toute la documentation en bas de chez moi. Effectivement cela faisait une différence par rapport à mes autres projets.

Texas Cowboys - Bonhomme-Trondheim / Dupuis

Matthieu Bonhomme, votre dernier album c’est Texas Cowboys . Vous même, vous êtes plutôt pied tendre ou vrai cowboy ?

Moi je suis un pied tendre mais je suis passionné des cowboys. Un vrai pied tendre.

Cela n’aide pas pour dessiner un vrai album de cowboys ?

C’est-à-dire que moi j’aurais aimé être un cowboy évidemment. Je vais chercher mon inspiration dans les films, dans les photos, dans la documentation que je peux trouver sur des images de l’ouest.

Mais aussi chez des maitres de la Bande dessinée comme Jean Giraud ou d’autres ?

Oui bien sur, je suis venu à la bande dessinée parce que j’ai découvert Blueberry, Lucky Luke. C’est vraiment le western qui m’a amené à la bande dessinée. Aujourd’hui faire cet album sur les cowboys, c’est comme un retour à mes inspirations premières.

Mais vous avez aussi d’autres maitres qui sont plus surprenants comme Peyo, l’auteur des Schtroumpfs ?

Oui c’est-à-dire qu’évidemment je me suis nourri de plusieurs sources d’inspiration. Il y a vraiment évidemment Jean Giraud avant tout, mais il y a également Peyo pour sa simplicité. Je trouve que dans chaque auteur qui m’a vraiment marqué, il y avait toujours des petits trucs à récupérer dans leur savoir faire. Cela m’a beaucoup aidé pour avancer dans le métier.

Esteban & Matthieu Bonhomme - France Télévisions

Certains de vos admirateurs disent que vous êtes la synthèse entre la ligne claire franco-belge et la nouvelle bande dessinée. Qu’est ce que vous en pensez ?

Je ne suis pas le seul dans ce cas là, mais c’est vrai j’ai grandi en me nourrissant de toute la Bd franco-belge et puis j’ai continué mon apprentissage et ma culture de la bande dessinée, étant jeune adulte, et en lisant beaucoup ce qui se faisait dans ma génération. Donc tout cela est entré en moi, et j’ai du en faire une synthèse plus ou moins consciente.

Qu’est que l’on peut trouver dans votre carnet que vous emportez partout ?

Dans mes carnets, on trouve un petit peu tout. Il n’y a pas que des dessins. Je suis dessinateur mais aussi scénariste. En fait c’est aussi un compagnon de route. Il y a énormément de textes, par exemple il y des pages comme ça remplies de textes qui sont mes idées. Au quotidien je flâne souvent et dès que j’ai une idée qui m’arrive pour écrire un scénario, à ce moment là je la note pour qu’elle ne s’envole pas. Et puis à la fin, ça c’est ma matière première pour l’écriture.

Esteban - Prisonniers du Bout du Monde - Bohomme / Dupuis

Est-ce que vous pensez à vos lecteurs quand vous écrivez un scénario, quand vous dessinez ?

Oui je pense beaucoup aux lecteurs, mais je sais aussi que pour fournir aux lecteurs l’évasion, dont il a besoin, il faut que moi déjà je m’évade. Et donc je suis en permanence avec mes personnages dans un coin de ma tête à me demander ce qui se passe, ce qui se pourrait se passer, ce qui serait bien qui se passe, ce que l’on aurait envie de voir dans cette histoire.

Est-ce que vous pensez différemment à un lecteur enfant ou un lecteur adulte ?

Moi je ne fais pas cette distinction là. Je fais une BD tout public, donc j’ai vraiment l’impression d’écrire pour moi, mais autant pour moi que pour mon fils, pour ma femme, pour mon frère et pour des gens d’âges différents. Je suis un peu dans la tradition, je dirais, de Tintin. J’essaie de faire des histoires qui me ressemble, où il y aura une importance donnée à l’émotion des personnages et partir à l’aventure avec eux, de les accompagner dans leur émotions et dans tout ce qui va les révéler.

Matthieu Bonhomme dans son atelier - France Télévisions

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Twisted Nerve de Bernard Herrmann

Le reportage de France télévisions : Culturebox

Pour découvrir les premières planches de l’album : Esteban – Editions Dupuis

Le point de vue de la presse spécialisée :

BDgest ActuaBD

« Bienvenue à Jobourg » de Pascal Rabaté réédité chez Futuropolis

Il y a une dizaine d’années, Pascal Rabaté est invité à Johannesburg dans le cadre d’une résidence artistique. Il en revient avec pas mal de croquis et une folle envie de raconter son séjour dans ce pays qui sort de l’apartheid. Nait alors Bienvenue à Jobourg, un récit de fiction avec des vrais morceaux de vécu dedans. Le personnage principal, Patrick, débarque de sa douce France pour travailler dans l’imprimerie d’un ami de son père. Et la première vision qu’il a de l’Afrique du Sud, ce sont ces voitures truffées de gadgets anti-vols, ces maison entourées de barbelés et de fils électriques, ce nombre incroyable d’organismes de surveillance différents, ces agressions qui semblent quotidiennes. Trente mille morts par an prévient le Lonely Planet, un record ! D’abord inquiet, Patrick finit pas aimer ce pays et s’y sentir bien…
Cette nouvelle édition en bichromie et agrémentée de quelques croquis réalisés sur place à l’époque nous permet de retrouver un des auteurs majeurs de la bande dessinée française avec ici un graphisme jeté, proche de l’esquisse, adapté à l’idée de carnet de voyage ou de BD documentaire. Indispensable ! EGuillaud

22 Jan

« Fatman » ou « La Grande évasion » façon Chauvel, Denys et Hubert

Attention, c’est du lourd. Du très lourd ! Une histoire taille XXL imaginée par David Chauvel, mise en images par Denys et en couleur par Hubert. Rien que les noms de ces trois-là devraient déjà vous mettre la puce à l’oreille. Ce nouveau one shot de la série collective La Grande évasion est une histoire assez violente, sans véritable concession, mais affreusement divertissante. Et c’est bien là le principal !

L’histoire. L’Anglais Carl Douglas, alias Fatman pour ces quelques dizaines de kilos de gras en trop, est un as de l’évasion. Ces exploits ont eu le temps de faire douze fois le tour de la planète. C’est d’ailleurs des Etats-Unis que débarquent un beau jour deux espèces de gros bras venus le recruter, un peu de force, avec une mission simple et claire : libérer un gros bonnet de la mafia new-yorkaise emprisonné pour le restant de ces jours. Simple et claire ? Hum, pas tant que ça. Et Fatman qui n’est pas homme à se laisser berner par les premiers venus, fussent-ils new-yorkais, risque bien de donner du fil à retordre…

Magnifique. Absolument magnifique. Le scénario, la narration, les dialogues, les personnages, le graphisme, les couleurs… Fatman est une réussite absolue. Et en toute objectivité ! EGuillaud

Fatman, La Grande évasion, de Chauvel, Denys et Hubert. Editions Delcourt. 16,95 euros
Et en prime, une somptueuse bande annonce…

20 Jan

« L’homme qui dessine », un livre d’entretiens avec Jirô Taniguchi

Qui est Jirô Taniguchi ? Si les amoureux du Neuvième art connaissent pour la plupart l’oeuvre de cet auteur japonais considéré comme une référence à travers le monde, peu peuvent prétendre connaître l’homme. Benoît Peeters, auteur de livres sur la bande dessinée et célèbre scénariste, souvent associé à François Schuiten, a eu la chance, comme il dit lui-même, de le rencontrer dès le milieu des années 90. En 2004, il le filme dans son atelier pour un documentaire produit par Arte. Vient plus tard l’idée de ce livre d’entretiens. Benoît Peeters le rencontre en août 2011 au Japon, quelques mois après le terrible séisme. Ensemble, ils reviennent en détail sur la trajectoire du mangaka. Divisé en six grands chapitres, ce livre aborde quantité de points, parmi lesquels son enfance, ses parents, sa famille, ses influences notamment européennes, ses débuts en tant qu’assistant, ses premiers pas dans le manga érotique, son travail mais aussi ses goûts en matière de littérature, de musique… Un ouvrage absolument passionnant et indispensable pour tous les inconditionnels de Jirô Taniguchi ! EGuillaud

Jirô Taniguchi l’homme qui dessine, de Benoît Peeters. Editions Casterman. 20 euros

19 Jan

Louca ou la naissance d’un héros sous la plume et le pinceau de Dequier

Une catastrophe internationale. Rien de moins ! Louca, c’est son ptit nom, peut se désoler. Il est nul en français, nul en maths, idem en histoire-géo, en espagnol, en arts plastiques… et même en foot, personne n’en veut dans son équipe. Côté filles ? C’est pire. Un cauchemar. Tout ce qu’il entreprend pour séduire la belle Julie tourne vinaigre. Rien à faire, Louca est un looser total. Jusqu’au jour où un prénommé Nathan, jeune garçon qui a tout pour lui, beau, intelligent et doué pour tout, apparaît dans sa vie et décide de le prendre sous sa coupe. Mais Nathan est mort et c’est en fait son fantôme qui va tenter de faire de Louca un grand footballeur. Et il y a du travail…

Louca serait-il le nouvel héros en vue du journal Spirou ? S’il ne l’est pas, il pourrait bien le devenir très rapidement. Bruno Dequier, son créateur, transfuge du monde de l’animation, réalise un premier album BD remarquablement fin, drôle, très drôle même et graphiquement enlevé. Le Journal L’Equipe ne s’y est d’ailleurs pas trompé en se faisant partenaire de la série. Vite la suite… EGuillaud

Coup d’envoi, Louca (tome 1), de Dequier. Editions Dupuis. 10,60 euros

Les 75 ans de Spirou, c’est parti !

Le 21 avril 2013, le journal Spirou et son héros en costume de groom auront précisément 75 ans. Mais c’est tout au long de l’année 2013, décrétée année groom, que les éditions Dupuis ont décidé de fêter l’événement. Au programme, des expos, une tournée promotionnelle, le lancement d’une application pour tablettes, un documentaire… et la publication de plusieurs ouvrages liés au patrimoine du journal.

La sortie du 53e album de la série mère des aventures de Spirou et Fantasio, intitulé Dans les griffes de la Vipère, a marqué le début des festivités. Vous pouvez retrouver la chronique de l’album mais aussi le reportage effectué dans l’atelier de Yoann (le dessinateur), son interview, un quizz et plein d’autres infos sur la page spéciale de France 3 Pays de la Loire.

Deux autres livres ont été publiés ce mois-ci. A commencer par La Véritable histoire de Spirou 1937-1946. Il s’agit du premier volet d’une enquête historique, réalisée par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault. 30000 kms parcourus, une foule de témoins entendus, un travail titanesque de dépouillement des archives de l’éditeur ainsi que des correspondances et des interviews d’auteurs. Et à l’arrivée, Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault nous offrent un somptueux ouvrage, du même rouge que le costume de Spirou, un ouvrage qui revient sur la genèse du personnage et du journal, sur ceux qui les ont rêvés, créés, animés, des gens comme Rob-Vel, Jean Dupuis, Jean Doisy… L’iconographie, les documents, le texte, les annexes… l’ensemble est d’une richesse absolument incroyable. Des heures de lecture pour enfin tout savoir d’un monument du 9e Art.

Le deuxième livre paru ce mois-ci concerne plus spécifiquement le personnage et ses premières aventures dessinées par Robert Velter, alias Rob-Vel. C’est le premier « titulaire » de la série Spirou et Fantasio, pour reprendre le terme employé par les éditions Dupuis. Il créa le groom sur les indications de l’éditeur Jean Dupuis qui souhaitait lancer un journal pour les enfants. Comme un document exceptionnel nous le prouve dans cet ouvrage, le groom a bien failli s’appeler Colibri ou Julot avant que le nom de Spirou ne soit finalement retenu. Le livre réunit toutes les aventures signées Rob-Vel sur près de 250 pages ainsi qu’un dossier très riche qui revient en détail sur la genèse du groom de service avec quantité de photos, d’illustrations inédites, de crayonnés, de documents d’époque…

EGuillaud

Dans les griffes de la Vipère, de Yoann et Vehlmann. Editions Dupuis. 10,60 euros

La Véritable histoire de Spirou (tome 1), de Pissavy-Yvernault. Editions Dupuis. 55 euros

Spirou par Rob-Vel, L’intégrale 1938 – 1943, de Rob-Vel. Editions Dupuis. 24 euros

13 Jan

Retour sur la Shoah avec « Le Boxeur » de Reinhard Kleist

L’auteur allemand Reinhard Kleist est connu des deux côtés du Rhin pour avoir mis en images quelques destins exceptionnels comme Elvis Presley chez Petit à Petit, Johnny Cash chez Dargaud ou Castro chez Casterman. Il s’attaque cette fois à la vie d’Hertzko Haft, personnage moins célèbre que les précédents mais dont l’histoire est tout aussi passionnante. Ce Juif polonais né en 1925 n’a pas encore 15 ans quand il est arrêté par les Allemands et envoyé dans un camp de travail, avant de finalement atterrir à Auschwitz. Repéré par un officier allemand, le jeune homme accepte de se former à la boxe dans l’unique but d’offrir aux SS des combats sans limite. Un jeu de massacre auquel il survivra et qui lui permettra de survivre aux camps. A la fin de la guerre, Hertzko s’installe aux Etats-Unis et continue à boxer avec la ferme intention de se faire un nom et de retrouver Leah, sa fiancée dont il perdu la trace depuis son arrestation…

Ainsi que nous le rappelle un dossier accompagnant l’album, Hertzko Haft n’était pas un cas isolé. Pour se distraire, les SS avaient effectivement « enrôlé » nombre de boxeurs professionnels parmi les déportés tels que Young Perez ou Leone Efrati, mais aussi des amateurs et parfois des hommes qui n’avaient jamais boxé comme Hertzko. Un récit passionnant et pétrifiant, où le trait de Reinhard Kleist, très proche du coup de griffe de Will Eisner, trouve toute sa force d’évocation. EGuillaud

Le Boxeur, de Reinhard Kleist. Editions Casterman. 16 euros

12 Jan

« Adam et elle » ou les affres de l’amour, un album de Gwen de Bonneval et Michaël Sterckeman

Ce n’est pas l’histoire d’Adam et Eve, même si lui s’appelle Adam. Ce n’est pas non plus l’histoire de Roméo et Juliette, même si elle s’appelle Juliette. C’est pourtant une histoire toute aussi universelle que nous racontent ici Gwen de Bonneval et Michaël Sterckeman. Adam, la trentaine ou peut-être moins, dessinateur de BD ou en passe de le devenir, sort à peine d’un chagrin d’amour quand il croise Juliette un soir de sortie entre potes. Mais on ne l’y reprendra plus. Cette fois, Adam s’interdit de retomber dans une histoire sérieuse. Adam et Juliette se voient, ok. Ils couchent, ok. Mais c’est tout… Enfin presque, car heureusement ou hélas, c’est selon, l’amour est souvent plus fort que les bonnes résolutions. Et très vite, notre héros romantique ne sait plus trop bien où il en est…

Une histoire banale, déjà vue, déjà vécue ? Oui, et je l’espère pour vous. Ce qui compte ici, c’est la manière de la raconter. Et nos deux auteurs s’en sortent pour le moins avec les honneurs. Adam et elle est un album léger mais pas tant que ça, sérieux mais pas tant que ça, parisien mais pas tant que ça. On y parle d’amour et de tout ce qui va autour sur des airs de Bashung et de Gainsbourg. Une histoire universelle, oui, remise au goût du jour et très certainement agrémentée d’une part autobiographique qui la rend encore plus sympathique. On n’aime pas, on adore et on attend le second volet avec impatience ! EGuillaud

Adam et Elle (première partie), de Gwen de Bonneval et Michaël Sterckeman. Editions Glénat. 12,25 euros

09 Jan

Pablo – Apollinaire (t1&2) de Julie Birmant & Clément Oubrerie – Dargaud

Pablo T2 Couverture - dargaud

Le Grand Paris de la BD n° 8

Pablo, vous le connaissez : c’est la figure emblématique de la peinture du XXème siècle. Mais ici pas question de nous présenter cette icône en maillot rayé sous laquelle notre imaginaire collectif se représente ce peintre. Ce Pablo Picasso là est un tout jeune homme qui découvre le Paris de l’expo universelle de 1900. Le Paris mythique de Montmartre et du Bateau-Lavoir, une ancienne manufacture de pianos transformée en repaire d’artistes fauchés.

Dans le premier tome intitulé « Max Jacob », c’est la rencontre avec le poète inspirateur de sa période bleue qui est décrite. Dans ce second opus, c’est celle avec un autre poète : Guillaume Apollinaire. Une rencontre tout aussi importante, dans une brasserie de la Gare Saint-Lazare, pour une nouvelle période de création : la rose. C’est le principe de cette surprenante série ; à chaque album correspond une période et une rencontre essentielle qui se transforme en amitié et contribue à faire évoluer la peinture de Pablo.

Pablo (t2) par Julie Birmant et Clément Oubrerie - Dargaud

Objectif atteint pour cette BD : faire vivre Pablo Picasso sans tomber dans l’académisme ou l’histoire de l’art didactique. Une réussite qui tient aux choix de la scénariste Julie Birmant, habituée des recherches historiques de par son travail de documentariste. Elle affirme ici que « tout est VRAI dans cette histoire ». Peu importe d’ailleurs si elle a pris quelques libertés avec le grand homme. Le plaisir est ailleurs : dans l’angle choisi pour entrer dans le récit.

L’auteur, qui avait livré de touchants portraits d’artistes dans Drôles de Femmes, privilégie ici aussi le point de vue d’une femme, celui de la première compagne du peintre, Fernande Olivier. Un point de vue original, puisé dans les Mémoires de ce modèle recherché des artistes parisiens. Nous apparaît alors un Pablo attachant, un amoureux fou, à la fois fleur bleue et dévoré par sa passion érotique, un gamin capable de faire feu avec un pistolet tout en martelant « A bas Laforgue ! Vive Rimbaud ! ».`

Pablo (t2) par Julie Birmant & Clément Oubrerie - Dargaud

La liberté de ton se retrouve aussi dans les dessins de Clément Oubrerie, l’auteur de la série à succès Aya de Yopougon. Une gageure pour un dessinateur que de se de mesurer au génie du peintre ! Pari réussi car Clément Oubrerie, avec son trait naïf, s’est en quelque sorte installé sur les épaules de ce géant pour nous donner à voir l’envers des toiles du maître. De l’impossibilité commerciale de départ de représenter un seul tableau de Picasso (on ne plaisante pas avec le droit de reproduction des œuvres chez ces ayant droits…), il en fait une force graphique très évocatrice. Il joue avec notre mémoire picturale avec brio.

Pablo (t2) par Julie Birmant & Clément Oubrerie - Dargaud

Une histoire dont on attend avec impatience les deux tomes suivants, pour se plonger avec délectation dans les planches grand format du Paris d’une époque en plein mutation : du premier métropolitain au cirque Médrano, en passant par le Grand Palais. Clément Oubrerie confie d’ailleurs que pour cette série, chacune des cases est réalisée en format A4 puis réduite pour créer des planches. Un choix qui lui autorise toutes les techniques : fusain, encre … et insuffle une vitalité détonante.

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Julie Birmant - Dargaud/Cécile Gabriel

Clément Oubrerie - Dargaud/Rita Scaglia

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Arthur H « Lily Dale » de l’ album Négresse Blanche


Pour découvrir les premières planches de l’album : Pablo

Le point de vue de la presse spécialisée :

PlaneteBD , ActuaBD , Télérama