29 Fév

Cosmos ne répond plus, Big Crunch (tome 1), de Rémi Gourrierec. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Quel petit garçon n’a jamais rêvé de voir son père enfiler un costume de super-héros, se jeter du haut d’un building et voler au secours de tous les opprimés du monde ? Pour Virgile, oscar et Elias, la réalité a dépassé les rêves les plus fous lorsque leur père, qu’ils croyaient jusqu’ici simple chauffeur de bus, a révélé par accident sa véritable identité. L’homme s’appelle en fait Cosmos et se bat depuis quelques temps contre des phénomènes étranges qui menacent la planète. Et lorsque Cosmos disparaît mystérieusement, Virgile, Oscar et Elias tentent de prendre la relève. Mais tout le monde n’a pas l’étoffe d’un super-héros et les reins assez solides pour sauver le monde du big crunch.

Mais qu’est-ce que le big crunch vous demandez-vous ? Une super tablette de chocolat ? Pas vraiment, selon Wikipédia, le big crunch désigne « l’effondrement de l’univers à la fin d’une phase de contraction symétrique de la phase d’expansion faisant suite au Big Bang ». Pour faire simple, il s’agirait d’un Big Bang à l’envers. La menace est donc sévère…

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Découvrez l’interview de l’auteur ici

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Transfuge du monde de la communication, le Nantais Rémi Gourrierec signe ici son premier album BD, un récit imprégné de ses multiples influences et notamment du manga (pour le dessin et la narration), du comics (pour la thématique du super-héros) et de la bande dessinée franco-belge (pour les décors, l’environnement, les personnages bien de chez nous et pour la mise en page de certaines planches). Une série croustillante, à la fois légère et rythmée, prévue en six volumes dans la collection Shampooing ! E.G.

Le blog de l’auteur

27 Fév

Cinq questions à… Philippe Girard, auteur de Rewind aux éditions Glénat Québec

Auteur d’une dizaine d’albums parmi lesquels Jim le Malingre, Danger public ou encore Tuer Vélasquez, le Québécois Philippe Girard nous revient en ce début d’année avec Rewind, un récit construit autour d’un étonnant jeu d’écriture et enveloppant le lecteur dans une atmosphère de polar. Rencontre…


Quels ont été vos premiers coups de cœur BD ?

Philippe Girard. Gotlib et Hergé, sans doute. Ensuite Baru et Avril quand j’ai été plus vieux.
Quelle a été leur influence sur votre travail, sur votre démarche ?

P.G. Du premier, je retiens le désir d’égratigner et du second, un amour pour la ligne claire. Côté démarche, je suis vraiment partagé entre la méthode Hergé (très planifiée et bien organisée) et le côté un peu bordélique de Gotlib. J’ai tendance à osciller entre les deux selon le projet que je mets en chantier.

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retrouvez la chronique de l’album ici-même

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Comment qualifiez-vous votre propre style ?

P.G. Végétarien garni avec extra olives noires.

Quel a été l’élément déclencheur de votre album Rewind ?

P.G. En fait, c’est un livre qui clôt un cycle. Il y a quelques années, mon meilleur ami est mort d’un cancer et c’est un événement qui a eu une grande incidence sur mon travail d’auteur. Son décès a fait entrer la mort dans mon imaginaire. Les quatre livres que j’ai faits par la suite étaient tous placés sous le signe de la mort. Avec Rewind, j’ai enfin l’impression de m’être libéré de cette emprise au point où je peux enfin en rire.


Quels sont vos projets ?

P.G. L’année dernière, j’ai eu la chance d’être invité en résidence d’auteur à Bordeaux. Pendant mon séjour, j’ai adapté une anecdote tirée du journal personnel de ma grand-mère. Tout ça se déroule dans les années 30 à Québec. Avec l’éditeur, nous sommes en train de mettre la touche finale au livre, qui partira chez l’imprimeur dans quelques semaines. Autrement, j’ai passé les derniers mois à travailler sur un nouveau projet qui a pour thème la musique. C’est très emballant ! Ce sera un projet en deux tomes et en couleurs.

Propos recueillis par mail le 26 février 2012 – Eric Guillaud

25 Fév

Rewind, de Philippe Girard. Editions Glénat. 12,25 euros.

Imaginez un homme marchant dans la foule, deux tueurs à ses trousses qui lui tire dessus. Pour leur échapper, l’homme ne voit qu’une solution : se jeter dans les bras d’une jeune femme inconnue. Mais laquelle choisir ? La  petite grosse du genre complexée ? La grande lunatique à lunettes ? L’accro du téléphone portable ? Ou celle qui paraît le plus ordinaire possible ? Du choix qu’il fera dépendra sa survie…

Publiée dans la collection Glénat Québec, Rewind est une bande dessinée conceptuelle bâtie sur une succession de retours en arrière, nous offrant à chaque fois un angle différent en fonction du choix de la jeune femme chargée de sauver la peau du personnage principal et une remontée progressive vers la genèse de l’histoire. Philippe Girard, auteur québécois notamment responsable de Tuer Velasquez chez Glénat Québec ou encore de Danger public aux éditions La Pastèque, signe un récit singulier qui débute par une référence à la chanson de Neil Young « I’ve been waiting for you » : « I’ve been looking for a woman to save my life ». Un auteur à découvrir ! E.G.

Visitez le blog de de l’auteur

20 Fév

MetaMaus, d’Art Spiegelman. Editions Flammarion. 30 euros.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Art Spiegelman n’avait jamais envisagé le succès. Il pensait même que son œuvre serait appréciée à titre posthume ! On connaît la suite. Publié dans la revue Raw de 1981 à 1991, puis en album en 1986 et 1991, Maus recevra notamment le Prix Alfred du meilleur album étranger à Angoulême en 1988, le prix Alph’Art du meilleur album étranger en 1993 et le prestigieux prix Pulitzer en 1992 ! Résultat : des millions d’exemplaires vendus, des traductions dans le monde entier, des planches exposées dans les musées et un auteur, Art Spiegelman, mondialement consacré, au point de le rendre prisonnier de son œuvre…

30 ans après son lancement dans les pages de Raw, 25 ans après sa première parution en album, Maus est de nouveau sous les feux de l’actualité avec la parution de MetaMaus, un livre-DVD tout à fait remarquable tant par sa conception que par l’éclairage nouveau qu’il apporte sur le chef-œuvre d’Art Spiegelman. Le DVD, tout d’abord, propose une version numérisée des deux volumes de Maus, chaque planche pouvant être accompagnée par son brouillon, des esquisses ou des extraits sonores. Différents documents, des sources et des commentaires complètent cette offre numérique. Quant au support papier, MetaMaus réunit une série de conversations enregistrées avec Hillary Chute, professeur à l’université de Chicago. On y apprend bien évidemment comment Art Spiegelman a imaginé et réalisé Maus, comment il a vécu l’immense succès du livre, comment sa famille l’a elle-même vécu, pourquoi Art a représenté les juifs sous forme de rongeurs et les nazis en chats, pourquoi le livre a parfois soulevé la polémique. On y parle de la bande dessinée, de son choix pour ce médium, des techniques graphiques employées sur Maus… Un échange particulièrement dense sur près de 300 pages, accompagné d’une riche iconographie. En complément : l’arbre généalogique de la famille Spiegelman, la transcription d’entretiens avec son père, une chronologie, un index… Un ouvrage aussi fascinant et exigeant que Maus ! E.G.

Pour ceux qui n’auraient pas lu ce chef-d’œuvre, Maus traite de l’holocauste et est à la fois bâti à partir de l’histoire du père d’Art Spiegleman, déporté à Auschwitz, et des relations entre les deux hommes.

L’info en +

La bibliothèque du Centre Pompidou accueillera du 21 mars au 21 mai 2012 l’exposition consacrée à Art Spiegelman et présentée en avant-première au Festival international d’Angoulême en janvier dernier.

Plus d’infos sur le site du Centre Pompidou

18 Fév

Les 1001 BD qu’il faut avoir lues dans sa vie. Editions Flammarion. 32 euros.

La Nuit de Philippe Druillet, La Ballade de la mer salée d’Hugo Pratt, Mr Natural de Robert Crumb, Krazy Kat de George Herriman, Berlin la cité des pierres de Jason Lutes, Habibi de Graig Thompson, Palestine de Joe Sacco, Spirou le journal d’un ingénu d’Emile Bravo… Voici quelques uns des 770 albums répertoriés dans cet ouvrage de la collection 1001 réalisé sous la direction de Paul Gravett, coordonné par Nicolas Finet et préfacé par Benoît Peeters. 770 BD qui attestent de la richesse incroyable et de la diversité sans fin de ce médium mais aussi de sa capacité à se renouveler, à s’adapter, à explorer de nouveaux territoires, à survivre au cinéma, à la télévision et à internet.

Pour établir cette liste qui couvre plus de 170 ans d’histoires (de 1837 à 2011), Paul Gravett et Nicolas Finet se sont entourés de 67 grands spécialistes du genre originaires de 27 pays. Chaque BD sélectionnée est replacée dans son contexte de création avec un mot sur le style de l’auteur et sur son œuvre, offrant au final un large panorama d’un art résolument majeur. Un ouvrage sérieux et utile pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la bande dessinée ! E.G.

En vente le 14 mars

Congo-océan, de Loïc Malnati. Editions Glénat. 19,50 euros.

Brazzaville, 1934. L’esclavage a été aboli depuis longtemps. Ce qui n’empêche pas les employés noirs qui travaillent sur le chantier du chemin de fer Congo-océan d’être traités comme des moins que rien, humiliés, frappés et abattus à la moindre rébellion. Le sort de la faune locale n’est pas plus enviable. Les chasseurs blancs sont sans pitié allant jusqu’à massacrer les calaos, ces admirables oiseaux connus pour leur fidélité en amour. Et au milieu de ce monde de brutes, une fleur, Lisa, fille d’un puissant négociant colonial, amoureuse des animaux et amoureuse d’un homme, Paul, forcément différent de tous ces colons. Trop différent…

Direction l’Afrique noire pour ce récit de Loïc Malnati et cette très belle histoire d’amour contrariée par le poids colonial. Auteur notamment de Wounded chez Bamboo, d’Anahire pour Delcourt ou encore de la série Du plomb pour les garces aux éditions Soleil, Loïc Malnati, habitué à explorer un large champ de graphismes, se tourne aujourd’hui vers une simplification de son trait, un dessin au contour épais, des couleurs qui se limitent à des à plats, « Une ligne claire la plus radicale possible qui tend à universaliser le propos graphique », explique-t-il sur son blog. E.G.

Le blog de Loïc Malnati

17 Fév

Graine de champion, Le Roi du ring (tome 1), de Gigault et Rolland. Editions Dargaud. 13,95 euros.

Tobias n’a que dix ans lorsqu’il découvre l’univers du catch et en devient complètement amoureux. Son destin est dès lors scellé. Il se jure de devenir champion du monde de la discipline. Commence alors pour lui un long et difficile parcours rythmé par les entrainements, les coups, les blessures et les colères de sa mère qui ne voit dans le catch que violence et vulgarité. Mais très vite, l’enfant grandit, acquiert le physique et le mental d’une graine de champion. Il rejoint les rings japonais où il tombe une deuxième fois amoureux, d’une jeune fille cette fois, une jeune et jolie japonaise dont le père est yakusa…

Une bande dessinée dans l’univers du catch ! C’est suffisamment rare pour être signalé.  Et ce n’est pas la seule particularité de ce titre. Graine de champion est en effet l’un des premiers albums à être publié dans le cadre de My Major Company BD, une plateforme d’échange et de partage qui permet à de jeunes auteurs de bénéficier du soutien d’internautes passionnés et de grands éditeurs. A l’arrivée, Le Roi du ring premier des deux tomes prévus, est plutôt agréable à lire. Les personnages sont attachants, le graphisme et les couleurs sobres et efficaces.  Un premier album – et un sport – à découvrir chez Dargaud. E.G.

15 Fév

Békame (première partie), de Ducoudray et Pourquié. Editions Futuropolis. 17 euros.

Il se prénomme Bilel mais se fait appeler Békame. Békame, comme son idole. A trois lettres près ! Trois lettres qui font la différence. Car Bilel n’est pas un joueur de football professionnel, ni un milliardaire et il ne partage pas la vie d’une top model. Son seul luxe : une collection d’autocollants Panini sur les vedettes du ballon rond. Mais Bilel ne désespère pas de rejoindre lui aussi la terre promise, l’Angleterre, et peut-être d’y trouver sa place. Alors, direction Sangatte où il va tout d’abord tenter de retrouver son frère Ahmed arrivé deux ans plus tôt. Entre les hangars de regroupement et les squats sordides, entre la rapacité ou au mieux l’indifférence des uns et la générosité de quelques autres, Bilel découvre la vie de clandestin…

Békame est une fiction. Bilel n’existe pas. Mais le centre de Sangatte, les clandestins qui arrivent la peur au ventre, les mafieux qui rôdent autour avec l’espoir de se faire facilement de l’argent… tout cela est bien réel. Et les adolescents qui comme Bilel espèrent trouver ici un passage pour l’Angleterre, un passeport pour une vie meilleure, sont nombreux. Très nombreux ! Le scénariste Aurélien Ducoudray les a rencontré entre 2003 et 2004 alors qu’il était photographe de presse. « Nombre d’entre eux… », confie-t-il dans une interview réalisée par l’éditeur, « m’ont parlé de leur passé, des méthodes de traversée, de la galère en arrivant en France pour manger, dormir, faire les demandes nécessaires, tous les petits trucs de débrouille pour s’en sortir… Békame est né de l’envie de faire vivre tous ces témoignages, invisibles dans mes photos! ». Mais Békame est aussi une histoire d’amour entre deux frangins séparés par la misère. Auteur du magnifique Championzé, biographie du boxeur Amadou M’Barick Fall, et de La Faute aux Chinois, Aurélien Ducoudray aborde ici la BD sociale à la façon d’un Baru, avec beaucoup d’humanisme et d’acuité. C’est Jeff Pourquié (Des méduses plein la tête, Vague à l’âme…) qui signe la mise en images et en couleurs de l’album, un travail exceptionnel qui rend tangible la fragilité des protagonistes et donne au récit une réelle intensité dramatique ! E.G.

12 Fév

Castro, de Reinhard Kleist. Editions Casterman. 18 euros.

A ses amis qui se demandaient pourquoi il avait précisément choisi Cuba pour ce nouvel album et qui pouvaient lui reprocher d’être « un romantique de la révolution » ou une « victime incurable du kitch cubain », Reinhard Kleist répondait  : « Parce que c’est, précisément maintenant, un pays captivant […] Parce que Fidel Castro s’est retiré et qu’un tournant s’annonce dans un des derniers avant-postes du socialisme, fer de lance dans les flancs de l’Amérique du Nord ». Son livre publié dans la collection Écritures des éditions Casterman a nécessité des mois de préparation, de rencontres, de lectures, de contacts avec l’ambassade cubaine à Berlin et puis un voyage de quatre semaines pour tenter de trouver les réponses à ses nombreuses interrogations, sentir l’ambiance, approcher le mythe, comprendre aussi comment les cubains avaient vécu cette révolution et vivaient aujourd’hui l’après Fidel.

Et Reinhard Kleist, déjà responsable d’une biographie de Johnny Cash, parue chez Dargaud, approchera effectivement le mythe, le dépassera même pour s’intéresser à un homme, le charismatique Fidel Castro, un homme dévoué à une seule cause : la Révolution. Sur près de 300 pages, l’auteur s’empare des faits historiques pour développer une fiction autour d’un personnage inventé de toutes pièces, Karl Mertens, un jeune photographe allemand plongé dans le Cuba des années 50 et fasciné par l’histoire qui se joue en direct devant son objectif. On côtoie avec lui la pauvreté, la corruption, on suit le putsch des militaires, la prise de pouvoir par Batista, la prison pour Fidel, son exil, sa rencontre avec Ernesto Guevara, la guérilla, la victoire de la Révolution, les espoirs et les déceptions du peuple, les restrictions, le blocus américain, l’épisode de la Baie des cochons, l’expatriation de milliers d’opposants… 50 années d’histoire cubaine retracées avec beaucoup d’intelligence, d’exigence, de passion, d’objectivité et d’intensité graphique. Un album en tout point remarquable ! E.G.

Le blog de Reinhard Kleist en allemand

10 Fév

Cinq questions à… Bastien Vivès, auteur de l’album Le Jeu vidéo paru chez Delcourt

Sorti dans la collection Shampooing dirigée par Lewis Trondheim, Le Jeu vidéo nous permet de retrouver un jeune auteur en pleine ascension, Bastien Vivès, déjà remarqué pour ses romans graphiques, Le Goût du chlore et Polina, et pour sa contribution à la bédénovela Les Autres gens. Interview express…

©Olivier Roller
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Quel a été votre premier coup de cœur BD ?
Bastien Vivès. Mon premier vrai coup de cœur reste Calvin et Hobbes de Bill Watterson… Ça doit être les albums que j’ai le plus relus et surtout la première fois ou j’ai vraiment acheté des BD avec mon argent. A chaque strip, je me demandais: « mais comment fait-il pour être aussi génial ? ». Et le dessin y est si impressionnant !

Quelle a été son influence sur votre travail, sur votre démarche ?

B.V. Peut-être au niveau de l’écriture, le décalage consistant à faire parler un enfant comme un adulte et surtout le fait que Calvin et Hobbes c’est sérieux… j’ai beaucoup utilisé ce ton dans mes strips. La situation est absurde mais les personnages gardent complètement leur sérieux et leur aplomb.

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retrouvez la chronique de l’album ici-même !

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Comment qualifiez-vous votre propre style ?
B.V. Un mix d’influences de toute part : animation japonaise, Richard Corben, Russ Meyer, Paul Verhoeven, Capcom … Ensuite, je reste dans  une mise en scène assez réaliste dans l’ensemble.

Quel a été l’élément déclencheur pour votre dernier album et le but recherché ?
B.V. Le fait de m’être mis sérieusement sur Street Fighter, et de partager cette passion avec d’autres.

Vos projets ?
B.V. Avec Ruppert et Mulot, on va sortir « La Grande odalisque » chez Dupuis Aire Libre, un récit d’action avec des voleuses de tableaux…

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Interview réalisée par mail le 9 février 2012 – Eric Guillaud