28 Sep

La Guerre des boutons, de Thirault, Soleilhac et Merlet, d’après Louis Pergaud. Editions Delcourt. 10,50€.

C’est la guerre ! Sur les écrans, avec deux films sortis quasi-simultanément, et dans les librairies avec d’ores et déjà deux nouvelles adaptations en bande dessinée, l’une publiée aux éditions Dargaud, l’autre chez Delcourt. Tout le monde aura compris qu’en tombant dans le domaine public, l’œuvre de Louis Pergaud devient financièrement très intéressante et plus que jamais attractive pour les éditeurs et producteurs. Plus de droits à payer mais une œuvre à respecter ! Chez Delcourt, La Guerre des boutons est bien évidemment éditée dans la fameuse collection Ex-Libris, connue pour réunir des adaptations scrupuleusement fidèles aux œuvres originelles comme Tom Sawyer, Dom Juan, Frankenstein, L’Ile au trésor ou encore Tartuffe. Aux manettes, deux auteurs qui ont déjà signé chacun de leur côté l’adaptation en bande dessinée d’un classique de la littérature, Le Tour du monde de Jules Verne pour la dessinatrice Aude Soleilhac et Père Goriot d’Honoré de Balzac pour le scénariste Philippe Thirault. Autant dire que ces deux là n’en sont pas à leur coup d’essai et que le résultat s’en ressent. La Guerre des boutons version Delcourt est un album séduisant qui permettra aux plus jeunes de découvrir ce roman mythique ! E.G.

L’info en +

Les éditions De La Martinière Jeunesse viennent de rééditer sous la même couverture les deux premiers tomes de l’adaptation parue chez Petit à Petit en 2005 et 2008 et signée Mathieu Gabella pour les textes et l’adaptation, Vernay et Khaz pour le dessins et les couleurs. Une approche différente, peut-être plus à destination des très jeunes enfants (Editions De La Martinière, 12€).

21 Sep

Rencontre avec Barroux, l’auteur du roman graphique On les aura! publié au Seuil…

Auteur de livres jeunesse et de carnets de voyage, Barroux fait une entrée remarquée dans l’univers de la bande dessinée avec un roman graphique singulier tant d’un point de vue graphique que scénaristique. Il s’agit d’une adaptation – très réussie – du journal d’un poilu, journal qu’il a de ses mains sauvé de la destruction et donc de l’oubli. Explications…

Vous avez découvert le carnet de ce poilu dans une rue de Paris. Pouvez-vous nous préciser les circonstances ce cette fabuleuse trouvaille et comment l’idée de l’adapter en BD a germé dans votre esprit ?

Barroux. « Je marcherai, c’est pas si loin… » De la place de la Bastille à la place de la République, je marche. C’est une belle journée d’hiver, il fait un froid polaire mais le ciel est bleu sans nuage. Devant moi, deux hommes en bleu de travail vident une cave et déversent sur le trottoir, meubles fatigués, livres moisis, vieilles revues des années cinquante. Au milieu, une boîte en carton bouilli attire mon regard. A l’intérieur, se trouve un cahier d’écolier et une croix de guerre. J’ouvre le cahier et je lis ces lignes : « 3 août 1914, c’est le jour du départ, la mobilisation est décrétée, il faut partir… ». C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai glissé le cahier et la croix de guerre dans mon sac avec le sentiment d’avoir sauvé un bout d’histoire de la destruction. Plus tard, au calme, je me suis rendu compte que le texte retraçait les 3 premiers mois de la guerre de 14, jour après jour. L’idée d’illustrer ce journal commence à germer. Il aura fallu 2 ans de travail, entre la recherche iconographique, le découpage, les esquisses et les illustrations finales pour que le livre voit le jour.

Quel a été dès lors votre souci majeur pour donner naissance à cette adaptation ?

B. Respecter la mémoire de cet homme, réaliser des images fortes mais sans être redondantes avec le récit. Récit que j’ai décidé de laisser intacte, à la virgule près.

Une adaptation qui met en lumière un aspect peut-être moins connu, moins traité, moins vu, de la Grande guerre…

B. Ce texte, non censuré par l’armée, est un voyage dans le temps… J’ai l’impression d’avoir mis des images sur le récit d’un homme, avec ses doutes, ses craintes, ses peurs mais aussi des moments de joies.

La guerre de 14 est-elle une période qui vous passionne particulièrement ?

B. Non, pas vraiment. Mais j’avais mon fil conducteur, le texte. J’ai beaucoup travaillé en bibliothèque, j’ai amassé beaucoup de documents de toute sorte. Maintenant, je suis incollable.

Pouvez-vous nous expliquer la technique utilisée précisément pour cet album ?

B. J’ai travaillé au crayon, à la mine de plomb sur un papier aquarelle Arches 300gr. Le crayon est ensuite fixé et vernis avec un vernis teinte ou teinté « chêne clair ».

Pourquoi avoir choisi le noir et blanc et opté pour des textes placés au dessous des vignettes ?

B. Le noir et blanc s’est imposé dès le début du projet. Je trouvais que le texte placé de cette manière donnait une grande modernité à l’ensemble, comme un fil conducteur qui nous porterait à travers l’action, à travers l’histoire, à travers la guerre.

C’est votre première incursion dans l’univers de la BD. Qu’en retenez-vous et êtes vous prêt à renouveler l’expérience ?

B. J’ai pris beaucoup de plaisir à mettre en image ce récit vieux de 100 ans. Une nouvelle porte s’est ouverte dans ma carrière d’illustrateur et je suis déjà en quête de mon prochain « roman graphique ». J’ai déjà une petite idée.

Quel regard portez-vous sur la production du secteur jeunesse et comment vous y situez-vous ?

B. Beaucoup de livres, beaucoup d’histoires… Difficile de trouver sa place pour ma part. J’avance, j’expérimente, j’assemble, je teste, je doute beaucoup et quand j’ai trouvé, je recommence. Sur chaque livre, j’essaye de trouver le bon cadrage, la bonne technique, l’image la plus adaptée au récit sans coller au texte. Prendre de la distance par rapport au travail de l’auteur.

Des projets ?

B. Un carnet de voyage sur le Cap vert pour un éditeur parisien. Plusieurs livres pour enfants dont un pour Blue Apple Books à New York. Et j’espère, un prochain « roman graphique ».

Avez-vous déjà imaginé que quelqu’un tombe sur votre livre et reconnaisse l’histoire et le carnet d’un parent ?

B. Oui, bien sûr. Les notes prises dans le cahier continuent jusqu’en 1917. Après cette date, que s’est-il passé ? J’imagine qu’il a survécu, j’imagine qu’il habitait Paris. Qui était-il vraiment ? Sa famille ? Son métier ? Le reste de sa vie ? … Pour le moment, il garde tout son mystère.

Interview réalisée par Eric Guillaud le 21 septembre 2011.

Retrouvez la chronique de l’album On les aura ! en cliquant ici.

20 Sep

Love is in the air guitare, de Yann le Quellec et Romain Ronzeau. Editions Delcourt. 25 euros.

Comptable ? Sûrement pas ! Avec son bac tout juste en poche, Paul Nasseri rêve de tout autre chose pour son avenir, au grand désespoir de son frère aîné qui lui a dégoté un stage dans son service. Non, Paul veut devenir une rock star, une vraie, comme son idole Jimi Hendrix, et mettre le feu à sa guitare pour enflammer le public. Surtout le public féminin ! Oui mais voilà, Paul ne sait absolument pas jouer de la guitare et du coup laisse les filles plutôt indifférentes. Jusqu’au jour où il rencontre Ernest, le fondateur de la Air family, une communauté pacifique qui se bat pour l’air révolution et un monde dans lequel chacun jouerait de l’air guitare, c’est à dire de la guitare sans guitare sur de la musique enregistrée. Pour Paul, c’est la révélation. Quelques séances d’entrainement intensif plus tard, le jeune homme s’envole pour la Finlande où se déroule le championnat du monde de cette discipline…

Lequel d’entre nous peut jurer de n’avoir jamais mimé seul dans sa chambre un solo de guitare endiablé ? Personne ou presque. Sans le savoir, nous faisions de l’air guitare qui est aujourd’hui tout un art et possède réellement son championnat du monde à Oulu en Finlande. C’est d’ailleurs à cet endroit précis qu’est venue l’idée de Love is in the air guitare au Rennais Yann le Quellec. Attiré par la curiosité, il en reviendra fasciné. Fasciné par les gens, par l’atmosphère, par la compétition en elle-même.  » A travers la BD… », explique Yann le Quellec, « j’ai cherché à explorer un thème qui m’est cher : l’airness. Les compétitions d’air guitare sont notées sur trois critères : la technique (la virtuosité sur l’air manche), la scénographie et l’airness. Ce dernier critère est le plus intrigant mais aussi le plus important. De quoi s’agit-il ? Il est évidemment ici question de grâce, d’une certaine poésie, qu’avec Romain [Romain Ronzeau le dessinateur, ndlr] nous avons essayé d’intégrer dans l’univers de comédie de la BD ». Initialement pensé pour être un film, ce scénario s’est finalement transformé en bande dessinée avec toute la difficulté de retranscrire le mouvement et de suggérer la musique. Sur ce point, Romain Ronzeau a réussi son pari. Ses planches, réalisées par ordinateur, nous permettent de découvrir toutes les facettes de cet univers avec un dessin plutôt aéré, des couleurs douces et un découpage tantôt posé, tantôt dynamique. Un thème rarement abordé en bande dessinée à découvrir dans la collection Mirages ! E.G.

Pour en finir avec le cinéma, de Blutch. Editions Dargaud. 19,95 euros.

Pour en finir avec le cinéma ? Christian Hincker, alias Blutch, aurait-il définitivement décidé de tourner le dos au Septième art ? Lui, le passionné de la première heure, le cinéphile averti ? Non, bien sûr, derrière ce titre se cache en fait un hommage appuyé aux acteurs, aux réalisateurs, aux films, aux grands s’entend, à ceux qui ont marqué une époque considérée aujourd’hui comme l’âge d’or du cinéma. Paul Newman, Jean-Luc Godard, Burt Lancaster, Luchino Visconti, Michel Piccoli, King Kong, La Grande bouffe, Sacha Guitry, John Wayne, Les Choses de la vie, Le Guépard… hantent les pages de cet album comme autant de pièces qui ont bâti notre patrimoine cinématographique et alimenté notre imaginaire collectif. Blutch, dans une série de scénettes à la façon des films à sketches italiens des années 60, s’interroge sur cet art. Serait-ce un « filet à papillons pour attraper les petites filles », comme le fait dire l’auteur à un de ses personnages, ou bien « un art illustratif et déclamatoire et, pire que tout, sentimental » ? Et ces acteurs, « un jour vedettes, le lendemain aux oubliettes ». Le cinéma serait-il simplement un art « où les hommes se font aligner et polir les dents, où les durs se font poudrer pour masquer leur couperose, où les cow-boys se font épiler la poitrine et frisotter les mèches ». Et s’il ne s’agissait pas d’un art mais plutôt d’une industrie. Le propos est parfois dur, le plus souvent subjectif, mais Blutch nous dévoile dans un style qui est le sien, avec un trait à fort caractère, vif et épais, son rapport intime avec le cinéma. Cela pourra paraître parfois un peu hermétique à certains mais un album de Blutch se mérite et supporte allégrement la relecture ! Alors, n’hésitez pas… E.G.

L’info en +

Du 16 septembre au 29 octobre 2011, la galerie Martel, 17 rue Martel à Paris, accueille une exposition-vente des planches de l’album Pour en finir avec le cinéma. Comptez tout de même 1500 euros pour une planche en noir et blanc. Plus d’infos ici !

Portugal, un album exceptionnel signé Pedrosa aux éditions Dupuis

Simon Muchat n’est pas du genre à s’embarrasser du passé ! De fait, au fil des ans et des déménagements, le jeune homme n’a gardé aucun contact avec ses amis d’enfance, pas plus avec sa famille si ce n’est son père qu’il peut encore croiser de temps en temps. Mais rien de très profond ! Côté cœur, ce n’est guère mieux. Claire, sa petite amie, en a assez de le voir végéter dans son boulot d’animateur scolaire et le pousse à reprendre la bande dessinée. Mais Simon n’a plus confiance en lui. Bientôt, Claire le quittera ! Et sa psy en fera autant, lassée d’entendre les mêmes choses depuis des mois… C’est dire ! Mais une invitation à participer à un festival de BD au Portugal va changer la donne et lui offrir une deuxième chance, une renaissance. Le Portugal ! Un pays dont il ne connaît rien ou presque et qui est pourtant le sien. Ses origines familiales, ses racines, sont là ! Et il va s’en rendre compte au cours de ce voyage plein d’émotions, de rencontres, de découvertes et en même temps d’impressions plus que familières. Plus rien ne sera alors comme avant, à commencer par sa relation à l’autre, au monde, à la vie…

Exceptionnel. Aussi exceptionnel qu’imposant ! Imaginez plutôt, 260 pages, l’équivalent de 4 albums, constituent ce one-shot. L’auteur nantais des Coeurs solitaires, de Shaolin Moussaka ou encore de Ring Circus a pris l’espace nécessaire pour raconter une histoire qui lui tenait particulièrement à cœur, une fiction mais une fiction largement inspirée de sa propre vie. Cyril Pedrosa est effectivement originaire du Portugal, pays qu’il a lui aussi redécouvert à l’occasion d’un festival BD. Un récit introspectif particulièrement émouvant et captivant mis en image d’une manière très singulière, l’auteur s’autorisant une grande liberté de styles et d’expériences graphiques. Indispensable ! E.G.
Découvrez le blog cool chic décomplexé de Cyril Pedrosa ici et un reportage de France3 Pays de la Loire ci-dessous!

17 Sep

Une expo Humano à la Galerie 9ème art…

Les Humanoïdes Associés et la Galerie 9ème art présentent les œuvres originales d’Igor Baranko, François Boucq, Corentin, Jaouen Salaün, Saverio Tenuta et Laura Zuccheri, des œuvres issues de leurs séries respectives, toutes publiées chez Les Humanoïdes Associés, à savoir Princesses égyptiennes, Bouncer, Milan K., Carthago Adventures, La Légende des Nuées écarlates et  Les Epées de verreEn couleurs directes ou en noir & blanc, de styles et de thématiques aussi différents que complémentaires, les œuvres exposées offrent un spectaculaire panorama de la création contemporaine en bande dessinée française et européenne. Une expo à découvrir à la Galerie 9ème art, 4 rue Crétet, Paris 9ème, jusqu’au 21 septembre 2011.

12 Sep

Coucous Bouzon, de Anouk Ricard. Editions Gallimard. 16 euros.

Vous recherchez un emploi ? Envoyez donc un CV à l’entreprise Coucous Bouzon, spécialiste du coucou suisse, et vous aurez peut-être, comme Richard, la chance d’être retenu, non pas pour vos compétences intellectuelles mais pour vos capacités à toucher vos pieds les jambes tendues. Je sais, ça désarçonne, ça interroge, ça peut même effrayer, mais ici, rien n’est comme ailleurs. A commencer par le patron, un doux dingue, plus dingue que doux d’ailleurs, qui vous demandera d’entrée ce que vous pouvez bien apporter à l’entreprise. Ne parlez surtout pas de compétences, d’idées novatrices ou d’une éventuelle augmentation du chiffre d’affaire mais plutôt d’un ordinateur ! Parce qu’ici, on ne fournit pas le matériel. Drôle d’entreprise tout de même et drôles d’employés qui acceptent tout sans protester, y compris que certains d’entre eux disparaissent de la circulation du jour au lendemain…

Lisez Coucous Bouzon et vous ne verrez plus votre patron et vos collègues de la même façon ! Ici, l’humour est caustique, absurde, les situations totalement loufoques, les dialogues décalés, les personnages – des animaux anthropomorphes – savoureux et le style graphique délicieusement enfantin et profondément joyeux. Anouk Ricard, qui a précédemment écrit la série Anna et Froga (3 nominations dans la sélection officielle du festival d’Angoulême) ou encore Commissaire Toumi chez Sarbacane, signe avec ce nouveau one-shot une satire du monde de l’entreprise et en même temps un thriller psychologique délicieusement horrible. Coup de cœur assuré ! E.G.

L’info en +

Pour en savoir plus sur l’auteur, c’est par ici ou bien  !

11 Sep

Sophie, Théodore Poussin, Pauvre Lampil… Une rentrée en intégrale !

Trois intégrales de choc pour cette rentrée 2011 chez Dupuis avec, pour commencer, dans un élan mal contrôlé de favoritisme, le deuxième volet des aventures du génial Théodore Poussin, un personnage créé en 1984 par le non moins génial Frank Le Gall et qui fait partie, tout à fait objectivement, du cercle très fermé des cents, que dis-je des cinquante plus grands héros et anti-héros réunis de la bande dessinée franco-belge. Subtile mélange de Tintin et de Corto Maltese, ce voyageur malgré lui nous entraîne en mer de Chine avec les titres Le Trésor du Raja blanc et Un Passager porté disparu avant de nous dévoiler sa jeunesse dans le magnifique album intitulé La Vallée des roses et ses aspirations les plus intimes dans La Maison dans l’île. Comme dans toutes les intégrales Dupuis, un cahier graphique accompagne ce recueil et permet au lecteur de découvrir la genèse de ces récits avec photos, illustrations, esquisses et témoignages à l’appui ! Pour les amoureux d’aventures teintées de poésie et de mystère… Un bonheur !

Deuxième intégrale et deuxième bonheur ! Pauvre Lampil réunit sur près de 350 pages la totalité des gags réalisés par le fameux tandem Lambil-Cauvin autour du quotidien d’auteur de bande dessinée. Imaginés au début des années 70 pour alimenter la rubrique Carte blanche du journal de Spirou, ces gags vont connaître un grand succès auprès des lecteurs et finalement être publiés en albums. C’était la première fois que le Neuvième art se retrouvait ainsi croqué. Dans chacun de ces gags, les auteurs Lambil et Cauvin n’hésitaient pas à s’y mettre en scène jouant à fond sur les cordes de l’autodérision et de l’humour caustique. Auteurs mais aussi éditeurs, lecteurs, libraires ou fans de BD, c’est tout un monde qui se croisent dans ces pages. Un défouloir pour les auteurs et un déridoir pour les lecteurs !

Elle est née avant Natacha et Yoko Tsuno et fut de ce fait la toute première héroïne de la bande dessinée franco-belge. Son nom : Sophie. Son créateur, Jidéhem. Grande figure du journal de Spirou, Jidéhem fut un proche collaborateur de Franquin et un des animateurs de la fameuse chronique automobile du journal pour laquelle il inventa donc ce personnage féminin. Au fil des pages qu’elle partage avec le mécanicien et pilote Starter, la jeune Sophie s’émancipe et finit par éclipser Starter, vivant pendant près de trente ans ses propres aventures. Dans ce premier volume de l’intégrale consacrée à ce personnage, sont rassemblés trois récits présentés comme le socle de ce que deviendra plus tard la série Sophie : à savoir Starter contre les casseurs, L’œuf de Karamazout et La Maison d’en face. En prime, bien entendu, l’habituel et indispensable cahier graphique avec photos, illustrations, couvertures…

Dans le détail :

Intégrale Théodore Poussin (tome 2), de Le Gall. Editions Dupuis. 24 euros.

Intégrale Pauvre Lampil, de Lambil et Cauvin. Editions Dupuis. 39 euros.

De Starter à Sophie, Intégrale Sophie (tome 1), de Jidéhem. Editions Dupuis. 28 euros.

La Comtesse Eponyme, Les lumières de la France (tome 1), de Sfar. Editions Dargaud. 13,95 euros.

Monsieur le comte pratique le commerce triangulaire et tire par conséquent profit de l’esclavage. Toute sa fortune en dépend ! Mais Monsieur le comte, adepte des idées des lumières et de la nouvelle philosophie, ne peut que condamner cette pratique et espérer qu’elle disparaisse au plus vite. En attendant, Monsieur le comte va s’assurer que sa compagnie pratique bien un esclavage à visage humain. On croit rêver ! Mieux, il envisage d’utiliser une partie de son immense fortune à la diffusion de ses écrits contre cette affreuse pratique… comme il dit. Et pendant ce temps, Madame la comtesse, Eponyme, ne rêve que d’une chose : se taper le cuistot du palais…

Avoir des idées, c’est bien. Se les appliquer, c’est autre chose ! Politiques, collègues de bureau, famille, nous sommes tous les jours confrontés à des gens forcément intelligents qui ont des idées, de fabuleuses idées, mais qui ne se les appliquent pas en prétextant qu’un acte individuel ne peut changer le monde. C’est universel ! Aussi universel que ce nouveau récit de Sfar qui nous parachute au cœur du siècle des Lumières et met en scène les contradictions de ce noble esclavagiste et humaniste. Auteur d’une centaine d’albums (La Fille du professeur, Le Chat du rabbin, Sardine de l’espace…) et réalisateur de cinéma (Gainsbourg, vie héroïque…), Sfar s’est imposé comme un auteur complet et unique, aussi à l’aise dans l’écriture que dans le dessin. Preuve en est le premier volet de cette nouvelle série, un album revigorant, drôle et léger, libertin et philosophique, en un mot jubilatoire, idéal pour une rentrée en douceur ! E.G.

L’info en + :

Retrouvez l’univers de Sfar sur son site internet ici-même !

07 Sep

C’est comment qu’on freine ?, de Mardon. Editions Dupuis. 18 euros.

C’est comment qu’on freine ? Sous ce titre qui sonne comme une urgence absolue, Grégory Mardon poursuit son exploration de L’Extravagante comédie du quotidien – nom de la trilogie commencée avec Leçon de choses – autour d’un nouveau personnage prénommé Cyril, un trentenaire hyperactif qui enchaîne les jobs dans la journée et les fêtes branchées la nuit. Une vie de célibataire joyeux et insouciant jusqu’au jour où, en l’espace de quelques minutes, le jeune homme apprend que sa compagne est enceinte et que son père a fait un infarctus. Coup de frein ! Cyril doit maintenant regarder la vie en face… et commencer à assumer !

Après Les Poils qui nous interrogeait sur la résistance du couple face à l’usure du quotidien, C’est comment qu’on freine? met en scène avec autant de justesse le passage parfois brutal de l’adolescence attardée à l’âge résolument adulte. Une comédie de mœurs extraordinaire de légèreté, de sensibilité, d’humour aussi, et en même temps de questionnements, le tout servi par un graphisme très actuel, un trait spontané qui s’inscrit dans la même famille qu’un Blutch ou qu’un Dupuy-Berberian. Grégory Mardon est une valeur sûre de la bande dessinée francophone et nous on adore ! E.G.