28 Nov

L’embranchement de Mugby, de Rodolphe et Meyrand d’après l’oeuvre de Charles Dickens. Editions Delcourt. 10,50 euros.

Après Scrooge un chant de Noël, Rodolphe et Estelle Meyrand adaptent un autre conte de Charles Dickens intitulé L’Embranchement de Mugby. Et c’est tout simplement un bonheur, un bonheur de graphisme, d’ambiances et de mise en scène. Un bonheur identique à celui dont on parle justement dans ce récit, celui qu’on cherche souvent au bout du monde alors qu’il peut se trouver là, juste sous nos yeux. L’histoire est celle d’un homme qui n’a jamais pris, jusque là, le temps de se poser, de réfléchir, d’envisager son avenir. Un chef d’entreprise qui avait toujours rêvé d’être riche et important. Il le fût ! Et soudain, le voilà débarqué en gare de Mugby, un coin paumé au milieu de nulle part, le point de départ  vers plusieurs destinations plus ou moins lointaines, plus ou moins incertaines et inconnues. Mais laquelle prendre ? « Aller par ici ?  Ou au contraire par là, faire ceci ou cela, aimer un tel ou une telle, travailler ici, habiter là-bas… », s’interroge-t-il. Et l’homme hésite, tournicote, finit par rencontrer une jeune femme paralysée des jambes qui va tout changer, l’aider à décider de sa vie à venir… Si on connaît Rodolphe, auteur de quelque 80 albums mis en images par des gens comme Ferrandez, Juillard ou encore Léo, Estelle Meyrand est à la tête d’une œuvre beaucoup plus modeste et pourtant déjà très affirmée, entre ses travaux parus aux éditions Petit à Petit ou dans la presse jeunesse et bien entendu ces deux adaptations de l’un des plus grands écrivains anglais ! E.G.

24 Nov

La Chair de l’araignée, de Hubert et Caillou. Editions Glénat. 15 euros.

25 kcal pour 100g d’asperges, 220 kcal pour 100g d’avocat, 36 kcal pour autant de carottes… Les deux personnages de ce récit, un jeune homme et une jeune femme, connaissent sur le bout des doigts, pour ne pas dire sur le bout de la langue, la valeur calorique de chaque aliment. Et ce n’est pas par gourmandise, bien au contraire. Nos deux personnages souffrent de troubles du comportement alimentaire. Ils ne s’alimentent à vrai dire pas. Ou très peu. Se font vomir. Sont mal dans leur peau. Ne supportent plus leur chair… C’est à la sortie d’une consultation psy que ces deux personnages vont se rencontrer et partager leur expérience. Une amitié naîtra de cette souffrance commune, une belle et triste amitié…

La chair de l’araignée, récit au sujet particulièrement délicat, a été rendu possible grâce à la rencontre entre deux auteurs, le scénariste Hubert (Les Legs de l’Alchimiste, Miss Pas Touche, La Sirène des pompiers…) et la dessinatrice Marie Caillou, transfuge du cinéma d’animation. « C’est un thème sur lequel j’avais déjà essayé d’écrire... », confie Hubert, « mais je ne trouvais pas l’angle exact. C’est le dessin de Marie, qui est extrêmement tendu et poétique, derrière une apparence première de froideur, qui a été la clef, qui a imposé la distance exacte vis à vis du sujet ». D’inspirations diverses, depuis l’école US jusqu’à la ligne claire franco-belge en passant par le manga d’auteur, le trait de Marie Caillou maintient effectivement une certaine distance entre le lecteur et les personnages. Et cette distance, suffisante pour y introduire un peu de poésie et de douceur, permet d’éviter le pathos et le voyeurisme. Même s’il a de fortes résonances autobiographiques, comme le concède Hubert, La Chair de l’araignée met en scène des personnages imaginaires plongés dans une maladie quant à elle bien réelle et effrayante, l’anorexie. Après le magnifique album  La Parenthèse, paru aux éditions Delcourt, La Chair de l’araignée prouve que le Neuvième art peut aborder des thèmes sensibles et graves comme la maladie avec intelligence et humanité ! E.G.

L’Enragé, Le Sursis, Seuls, Buck Danny, Tout Jijé, Green Manor… une avalanche d’intégrales pour Noël !

Depuis plusieurs années, les éditions Dupuis se sont engagées dans une politique de réédition en intégrale, une façon pour le lecteur de découvrir ou redécouvrir les œuvres essentielles de la bande dessinée francophone…

Et parmi celles-ci, L’Enragé, récit mythique paru initialement en deux volets et qui nous entraîne dans l’univers de la boxe avec un gamin prénommé Anton, prêt à tout pour quitter sa banlieue pourrie, y compris à jouer des coudes ou plus exactement des poings. Véritable cador du ring, Anton va grimper rapidement, parfois grillé les étapes, devenir riche et célèbre, arrogant et détestable. A 21 ans seulement, il n’a déjà retenu que le pire de la boxe, dira de lui un journaliste. Mais l’ascension aura une fin et la chute sera pour le moins brutale… Déjà auteur d’un album autour de la boxe, intitulé Le Chemin de l’Amérique, Baru aime avant tout parler des gens de la vraie vie et plus précisément de la classe ouvrière avec une acuité et un humanisme extraordinaires. Un auteur talentueux et engagé qui sera en janvier prochain l’heureux président du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

Autre réédition en intégrale, et non des moindres, Le Sursis. Passionné par la période de la Seconde guerre mondiale, Jean-Pierre Gibrat raconte ici l’histoire d’un jeune homme, Julien, censé être mort dans le train qui l’emmenait en Allemagne et qui, en réalité, se cache dans une maison de son village. Bien décidé à attendre ainsi la fin de la guerre, Julien va observer la vie quotidienne des villageois, les actes de collaboration des uns, les actes de résistance des autres, les haines, les amours, les mensonges et autres lâchetés, et surtout la belle Cécile dont il est secrètement amoureux… Avec un graphisme délicat, raffiné, des scènes riches en émotion, et une narration paisible, Jean-Pierre Gibrat nous prouve qu’il est un auteur complet de grand talent.

Dans un style semi-réaliste et pour un lectorat plus jeune, l’intégrale Seuls propose de retrouver les cinq premières aventures de Dodji, Leïla, Camille, Yvan et Terry, cinq enfants livrés à eux-mêmes dans une ville mystérieusement désertée par ses habitants. Ils devront tour à tour affronter un fou du couteau, des singes kidnappeurs, des animaux échappés d’un cirque et autres « rescapés » plus ou moins belliqueux… Avant de se lancer dans cette aventure, le dessinateur Gazzotti animait la série Soda, d’où la proximité graphique que vous ne manquerez pas de constater. Vehlmann, pour sa part, vient de reprendre la série mythique Spirou et Fantasio en compagnie de Yoann.

Retour au réalisme avec le dernier volume de l’intégrale Tout Jijé et le premier de l’intégrale Buck Danny, le célèbre pilote d’avion. L’ultime volume Tout Jijé tout d’abord, dix-huitième dans l’ordre de parution, troisième dans l’ordre chronologique, réunit des récits de Joseph Gillain, dit Jijé, publiés entre 1942 et 1945, époque marquée par la guerre bien sûr, par l’interdiction du journal Spirou en septembre 1943, par sa renaissance à la Libération, par la création de deux personnages aujourd’hui mythiques, Jean Valhardi et Fantasio et par la publication de la biographie de Christophe Colomb. ce quinzième volume contient trois aventures de Spirou, l’aventure Jean Valhardi détective, la biographie sur Christophe Colomb, plusieurs illustrations de romans et un dossier d’une vingtaine de pages, passionnant, qui replace la création des différents récits dans le contexte de ces années troubles en s’appuyant sur nombre d’illustrations parfois inédites. Ce dernier volume, publié presque six ans après le dix-septième a nécessité un travail de restauration en profondeur. Il marque la fin de la réédition en intégrale des travaux de Jijé réalisés entre 1938 et 1977 pour les éditions Dupuis.

Une intégrale se termine, une autre débute… C’est en 1947, le 2 janvier pour être très précis, que Buck Danny apparaît pour la première fois dans les pages du journal Spirou. Aux manettes, un tandem de choc composé de Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon. Grâce à un savant dosage d’action, de références historiques et de détails très réalistes, la série Buck Danny va connaître un succès fulgurant auprès des jeunes lecteurs. Aujourd’hui Buck Danny comporte 52 titres, le dernier réalisé par Francis Bergèse datant de 2008. Dans ce premier volume de l’intégrale sont réunis les récits Les Japs attaquent et Les mystères de Midway ainsi qu’une histoire inédite intitulée L’agonie du Bismark. En outre, comme dans toutes les intégrales des éditions Dupuis, un dossier revient sur le contexte de création.

Une très belle intégrale pour finir, celle de Green Manor. Sous une couverture imitation cuir craquelé par le temps, les éditions Dupuis nous proposent un voyage dans le passé, direction l’Angleterre victorienne en compagnie de quelques meurtriers, escrocs, bandits et autres fripouilles de la pire espèce. Au menu, 16 charmantes historiettes criminelles écrites par un spécialiste de la chose, Fabien Vehlmann, et mises en images par Denis Bodart, 16 petites perles noires, autant de drames, d’événements étranges et d’actes violents à dévorer sans attendre et en se souvenant que « le meurtre n’est rien sans un peu d’élégance… ». E.G.

Dans le détail :

L’Enragé, de Baru. Editions Dupuis. 24 euros.

Le Suris, de Gibrat. Editions Dupuis. 24 euros.

Seuls, intégrale du cycle 1, de Gazzotti et Vehlmann. Editions Dupuis. 30 euros.

Tout Jijé (tome 15), de Jijé. Editions Dupuis. 28 euros.

Buck Danny l’Intégrale, de Charlier et Hubinon. Editions Dupuis. 19 euros.

Green Manor (intégrale), de Bodart et Vahlman. Editions Dupuis. 35 euros.

23 Nov

Immigrants, témoignages mis en récits par Christophe Dabitch. Editions Futuropolis. 18 euros.

Ils viennent du Laos, du Portugal, d’Iran, de Turquie, du Maroc, d’Uruguay, de Sierra Leone ou encore d’Angola. Leur point commun : être des immigrés… ou des immigrants comme l’écrit Christophe Dabitch en ouverture du livre, un terme qu’il juge moins saturé d’usages et de significations. Cet album collectif, réunissant 13 auteurs de bande dessinée, parmi lesquels Davodeau, Flao, Hureau, Gaultier… et 6 historiens donne la parole à ces hommes, ces femmes et ces enfants venus d’ailleurs à travers 11 récits courts, basés sur des témoignages recueillis par Christophe Dabitch. Ces récits nous racontent pourquoi ils ont quitté leur pays, ce qu’ils sont venus chercher en France, ce qu’ils y ont trouvé, parfois des conditions de vie terribles, la misère, le racisme, parfois une terre d’accueil et de paix inespérée. Porter un regard neuf sur le sujet était l’objectif de ce livre. Objectif atteint, Immigrants évite les stéréotypes et préjugés de toutes sortes pour s’intéresser à l’aspect humain de la chose, en considérant l’immigration comme quelque chose de normal, un élément à part entière dans l’histoire de notre pays. Une très belle initiative ! E.G.

Trois Largo Winch sinon rien…

A quatre semaines des fêtes de fin d’année et à trois mois de la sortie du très attendu second long métrage, le rouleau compresseur Largo Winch débarque dans les rayons de toutes les librairies de France et d’ailleurs. Et impossible de passer au travers, le héros de Philippe Francq et Jean Van Hamme est partout, non seulement à l’affiche d’une nouvelle aventure intitulée Mer noire mais également à la tête du huitième diptyque de la collection Gold et d’un magnifique artbook collector, des albums bien évidemment indispensables pour les amoureux de la bande dessinée en général, pour les inconditionnels de Largo en particulier. On voit tout ça dans le détail…
  

 Aucune surprise ou, plus précisément, aucune mauvaise surprise avec cette nouvelle aventure de notre milliardaire préféré. Mer noire présente le même cocktail que les précédents volets, un cocktail savoureux à base d’action et de glamour. Et cette fois Largo qui doit déjà se battre contre la crise financière afin d’éviter des licenciements dans son groupe, se retrouve mêlé à une sombre affaire de trafic d’armes et de terrorisme international. Inquiété par le FBI, il doit lui-même prendre les choses en main. Direction les ports de la Mer noire où il tentera de comprendre qui peut bien lui en vouloir de cette façon… Inutile de vous dire que le scénario, le graphisme, les dialogues, les premiers et seconds rôles, les couleurs, les décors… sont tout simplement dignes des plus grands films hollywoodiens… Si la perfection en bande dessinée existait, elle ressemblerait certainement à ça !
  

Et voici finalement le huitième et dernier volume de la fameuse collection Gold initiée en janvier 2010 pour fêter les 20 ans de la série. Au menu, une aventure initialement publiée en deux albums ici réunis, Les trois yeux des gardiens du Tao et La Voie et la vertu, deux albums qui nous emmènent en Orient où Largo va être confronté à une réalité immédiate et impressionnante : l’éveil économique de la Chine. Un Orient qui coure après la modernité tout en restant très attaché aux traditions ancestrales. Comme les volumes précédents, celui-ci comporte en supplément un cahier graphique qui nous invite aux sources de la création avec de nombreuses illustrations inédites (esquisses, études de personnages…) et extraits d’interviews.
  

Sous le titre Largo Winch, images en marge 1990 – 2010, Philippe Francq et Jean Van Hamme proposent aux lecteurs de découvrir vingt ans de travaux graphiques pour différents supports et médias, une sélection de dessins parfois inédits, souvent inconnus, depuis les incontournables ex-libris jusqu’aux dessins publicitaires, en passant par les cartes de vœux, les couvertures, les marque-pages, les sérigraphies, les illustrations pour des journaux ou des pochettes de disque…, Bref, un album collector somptueux qui permet d’admirer au plus près le graphisme élégant et racé de Philippe Francq. Et c’est bien entendu Jean Van Hamme qui signe la préface, préface dans laquelle le scénariste confie qu’ils sont tous deux des « perfectionnistes obsessionnels », recherchant sans arrêt l’efficacité « … indispensable pour que l’émotion et la compréhension que nous espérons offrir à notre lecteur atteignent leur but sans se perdre dans d’inutiles scories ». Un très bel album à commander sans plus attendre au Père Noël ! E.G.

  

Dans le détail :

Artbook Largo Winch, de Francq et Van Hamme. Editions Dupuis. 28 euros.

Largo Winch (Diptyque 8/8), de Francq et Van Hamme. Editions Dupuis. 22 euros.

Mer noire, Largo Winch (tome 17), de Francq et Van Hamme. Editions Dupuis. 11,50 euros.

18 Nov

Feux et Murmure, de Lorenzo Mattotti. Editions Casterman. 30 euros.

Docteur Jekyll & Mister Hyde, Caboto, Carnaval, L’Homme à la fenêtre, Stigmates… Lorenzo Mattotti fait partie du cercle très fermé des plus grands auteurs de bande dessinée de ce siècle. Il est responsable de nombreux albums de bande dessinée mais aussi de livres pour enfants et de recueils d’illustrations, une œuvre particulièrement riche, éclectique, foisonnante et innovante tant sur le plan graphique que narratif, une œuvre poétique aussi couronnée par de nombreux prix et traduite dans le monde entier ou presque. Dans cet ouvrage, publié chez Casterman, les lecteurs auront plaisir à découvrir ou redécouvrir deux récits, et non des moindres puisqu’il s’agit de Feux, considéré par la critique comme l’un des chefs d’œuvre du Neuvième art, et de Murmure. Ces récits, respectivement écrits en 1985 et 1989, ont pour point commun la couleur, utilisée comme élément narratif, une aventure insulaire et la rencontre avec des êtres étranges, invisibles et flamboyants pour le premier, joyeux et colorés pour le second. Un très bel album présenté sous jaquette, indispensable pour les inconditionnels, recommandé pour les autres ! E.G.

17 Nov

Le Mec du milieu, de Sophie Awaad. Editions Delcourt. 13,95 euros.

La séduction n’est pas une évidence, même pour une fille ! La preuve avec cet album paru dans la collection Shampooing des éditions Delcourt. Sophie Awaad, jeune femme de même pas trente ans y relate sa vie amoureuse. Ou plus exactement sa non-vie amoureuse car, pour elle, conquérir un garçon a longtemps été mission impossible. Et avant que ça le soit, c’était pire encore puisqu’elle refusait tout simplement l’idée d’être une fille. « Ca pleure tout le temps, ça joue à des trucs nuls, ça sait pas se défendre, ça met des robes et ça regarde Princesse Sarah », se disait-elle. A l’époque de la primaire, Sophie s’habillait, parlait et jouait comme un garçon. Avec le temps, son regard évolua quelque peu sur les filles et sur elle-même. Mais côté garçon… Rien. Nada. Même sur internet… Le néant total ! Et c’est ce néant qu’elle nous livre ici avec beaucoup d’humour bien sûr et une pointe de souffrance que ne manqueront pas de ressentir certaines lectrices au souvenir de quelques râteaux et amours cachés. Pour les hommes, Le Mec du milieu reste un album drôle et forcément instructif sur le fonctionnement de la gent féminine… Une auteure à découvrir ! E.G.

16 Nov

Bouncer (intégrale), de Boucq et Jodorowski. Editions Humanoïdes Associés. 69,90 euros.

Bien évidemment, 69,90 euros, autant dire 70 euros, représente une somme conséquente. Mais ce qui nous est proposé ici représente également une somme de travail pour ceux qui l’ont réalisé, une somme de plaisir pour ceux et celles qui vont le découvrir ou redécouvrir. Les éditions Humanoïdes Associés nous invitent donc à retrouver le Bouncer dans une somptueuse intégrale de 408 pages sous coffret réunissant les trois cycles et les sept volumes de la série. Et de se replonger sans attendre, avec une frénésie compréhensible, dans ce western qui, à l’époque, avait marqué les lecteurs par sa singularité tant graphique que scénaristique, annonçant l’émergence d’un nouveau western. Jerry Spring, Blueberry ou encore Comanche avaient enfin trouvé leur fils spirituel ! Mais qui est donc ce fameux Bouncer si ce n’est un personnage imaginé en 2001 par le dessinateur François Boucq et le scénariste d’origine chilienne Alexandro Jodorowski ? Pour ceux qui n’auraient peut-être jamais croisé son chemin, le Bouncer est un drôle de cow-boy, tour à tour bourreau insensible, justicier au grand cœur, petit truand, patron de saloon, un homme capable du pire comme du meilleur, capable d’être un tueur froid et solitaire comme un véritable héros soucieux de justice. Des scènes et des décors à couper le souffle, des personnages à fort caractère, un graphisme expressif, des dialogues sans concession, une action intense et violente comme le monde dans lequel se déroule ce récit… Bouncer est un petit chef d’œuvre, du western en particulier, du Neuvième art en général. 408 pages à dévorer d’un trait ! E.G.

10 Nov

Local, de Brian Wood et Ryan Kelly. Editions Delcourt. 27,50 euros.

Le point de départ de cette histoire est une séparation. Megan ne supporte plus son petit copain junkie qui l’envoie dans toutes les pharmacies de la région pour tenter d’arracher un peu de diamorphine, médicament contenant comme son nom l’indique de la morphine. Elle décide donc de le quitter et de partir loin. Très loin ! Direction Minneapolis, dans le Minnesota. Une première étape, simplement, car Megan va ainsi traverser l’Amérique du Nord de part en part. Richmond, en Virginie, Missoula dans le Montana, Brooklyn dans l’état de New York ou encore Norman dans l’Oklahoma, son périple comptera en tout douze étapes, autant d’aventures, de rencontres, de petits bonheurs, de déceptions aussi. Et au bout du chemin, une existence qui prend corps, une vie nouvelle qui s’offre à elle…

Réalisé par le scénariste Brian Wood (DMZ, Demo, Northlanders…) et le dessinateur Ryan Kelly (DMZ, The Vinyl underground, American virgin…), Local est ce qu’on appelle un road-trip, une aventure intérieure en même temps qu’une aventure au grand air. Une histoire captivante, une narration limpide, un graphisme efficace et une héroïne attachante, Local réunit tous les ingrédients nécessaires pour passer un bon moment ! E.G.

09 Nov

Tous des idiots sauf moi et autres considérations du même ordre, de Peter Bagge. Editions Delcourt. 17,50 euros.

Si vous aimez les bandes dessinées prolixes et acides, alors vous aimerez Tous des idiots sauf moi et autres considérations du même ordre. Le titre à lui seul annonce la couleur. La guerre, le sexe, l’art, le business, la politique, les Etats-Unis… Peter Bagge aborde tous les sujets avec la même verve, dressant un portrait au vitriol de son pays. Issu de la bande dessinée underground, Peter Bagge est publié dès 1981 dans la revue  Weirdo, dirigée par Robert Crumb. L’influence de ce dernier sur le travail de Peter Bagge est d’ailleurs incontestable. Puis il devient dans les années 90 le dessinateur de la jeunesse grunge de Seattle avant de se lancer dans le journalisme en BD, publiant ses billets dans le magazine Reason. Présenté comme un libéral, un anarchiste de droite, Peter Bagge est en tout cas un fin observateur de notre société. Les billets réunis dans cet album le prouvent !  E.G.