02 Oct

Auguste Rodin, de Anne Cortey et Françoise de Guibert. Editions Hatier jeunesse. 19,50 euros.

   

Après Matisse, Picasso, Calder, de Vinci, Van Gogh ou encore Monet, Anne Cortey et Françoise de Guibert consacrent un nouveau livre animé de la collection Tout un art à Rodin, Auguste de son prénom. Au fil des pages et des animations ou manipulations, le lecteur découvre une oeuvre passionnante, puissante, riche, qui a parfois fait scandale avant de faire aujourd’hui l’unanimité. On pense bien entendu à sa sculpture la plus célèbre, Le Penseur, à laquelle Anne Cortey et Françoise de Guibert ont prêté une attention toute particulière mais aussi à toutes ces sculptures en terre cuite de danseurs qui se tordent ou s’étirent, et à ces fragments de corps que Rodin considérait comme des oeuvres d’art à part entière. En bonus, à la  fin de l’ouvrage, une pochette-surprise permet au lecteur de créer à son tour, à la manière de l’artiste, une nouvelle couverture au livre. Une collection ludique qui permet de s’initier à l’art ! E.G.

L’info en + :

Le musée Rodin, à Paris, accueille du 23 octobre 2009 au 28 février 2010 une exposition événement intitulée Matisse et Rodin.

http://www.museerodin.fr/

 

Dieu en personne, de Marc-Antoine Mathieu. Editions Delcourt. 14,95 euros.

   

Nom : Dieu. Prénom : Dieu. Le fonctionnaire d’état n’en saura pas plus. L’homme qui est devant son bureau n’a ni numéro de matricule, ni inscription au service de sécurité, ni référence de traçabilité, ni domicile, ni papiers d’identité. Simplement une identité : Dieu. Et une existence réelle, révélée au grand jour et au beau milieu d’une foule qui n’en croit pas ses oreilles et ses yeux. Dieu, en personne, a rejoint les hommes, ces pauvres mortels. Et très vite, Dieu devient une star. Une superstar. Un phénomène médiatique, une opportunité commerciale, un monstre de foire aux facultés cérébrales infinies, capable de calculer instantanément le nombre de molécules flottant dans une pièce, capable aussi « d’inverser l’évolution irréversible associée à la croissance de l’entropie, et ceci en manipulant chaque molécule individuelle ». Bon, comprenne qui pourra ! En attendant, Dieu, qui se dit à l’origine de tout, se retrouve inculpé et traîné devant la justice, non pas la justice divine mais celle des hommes. Un  »coupable universel » idéal qui devra répondre de nombreux chefs d’inculpation…

Profondément influencée par Kafka, Borges, Terry Gilliam ou encore David Lynch, l’oeuvre de Marc-Antoine Mathieu est à la fois surprenante, déroutante, excitante, forte et en tous cas absolument unique dans l’histoire du Neuvième art. Tout a commencé en 1987 avec l’album Paris-Mâcon, suivi des aventures de Julius Corentin Acquefacques (5 albums parus chez Delcourt), une série qui joue avec les codes de la bande dessinée et le révèle au grand public. Plus tard viendront les one-shot Le Dessin, Mémoire morte (éd. Delcourt) ou encore Les Sous-sols du révolu (éd. Futuropolis) et finalement aujourd’hui Dieu en personne, 120 pages de bonheur graphique et narratif dans lesquelles l’auteur s’empare d’un sujet pour le moins sérieux et le traite façon comédie intelligente, une farce qui prête à réfléchir sur notre monde, notre vision des choses et pas seulement de la religion. Dans l’organe officiel des éditions Delcourt, Planète 49, l’auteur confie : « J’avais envie de réaliser une fresque de l’état actuel de la pensée humaine en me posant une question : que se passerait-il si Dieu débarquait en chair et en os dans le monde d’aujourd’hui? Je voulais que ce soit drôle, parfois grotesque. Il s’agit avant tout d’une farce. Et comme toutes les farces, quand elles sont bien faites, il y a des questionnements qui vont plus loin que le rire » E.G.

Souvenirs de films, collectif. Editions Le Lombard. 29 euros.

    

Le Péril jeune, Sept ans de réflexion, Les Temps modernes, Lost in translation, Danse avec les loups, Easy rider, Il était une fois dans l’ouest, Mort à Venise, Retour vers le futur, Brazil, Les Tontons flingueurs, West side story… Chacun de ces films a marqué le septième art et laissé des souvenirs impérissables, voire révélé une fibre artistique, à nombre de spectacteurs. C’est tout au moins le cas pour Rabaté, Pinelli, Cosey, Blanc-Dumont, Boucq, Dany, Gibrat, Lepage, Servais, Taduc, Hermann, le Rouennais Vatine, Monge et quelques autres encore qui ont en commun le métier d’auteur de bande dessinée et la passion du cinéma. Dans les pages de ce beau livre, paru au Lombard, plus de cinquante auteurs ont ainsi été invités à livrer leurs souvenirs autour du film qui a compté pour eux ou provoqué quelque chose dans leur vie et à en revisiter à leur manière l’affiche. En plus de cent pages, Souvenirs de films établit une belle passerelle entre le septième et le neuvième art. Un beau cadeau pour tous les passionnés de bande dessinée ou de cinéma ! E.G.

Thierry Dedieu à fond les crayons…

  

Thierry Dedieu fait certainement partie des auteurs jeunesse les plus imaginatifs, les plus éclectiques et les plus prolifiques du moment. Chez Seuil jeunesse ou Gallimard jeunesse, son nom apparaît régulièrement  au catalogue des nouveautés et devient même le gage d’une certaine qualité. C’est en 1991 que l’auteur s’est lancé dans la littérature jeunesse. Quelques dizaines de titres et plusieurs récompenses plus tard, il s’amuse et nous amuse toujours autant avec des titres très différents les uns des autres. En mai dernier, il publie Bonne pêche, un petit livre charmant sur les désagréments d’un pêcheur qui, chaque jour qui passe, voit le littoral et la mer de plus en plus souillés, pollués, par l’homme. Plus on avance dans l’ouvrage et plus le fameux pêcheur ramène dans ses filets en lieu et place des poissons, des objets pour le moins hétéroclites, symboles de notre société de consommation  : aspirateurs, téléviseurs, vélos, bidons, jouets, pendules et même un tracteur… Le message est clair !

Dans un genre très différent, toujours au Seuil jeunesse, vient de sortir un nouveau, le troisième, volume des Fables de La Fontaine mises en scène par Dedieu. Au programme, six fables : Le Cerf se voyant dans l’eau, Les Deux mulets, Le Corbeau voulant imiter l’aigle, La Chauve-Souris et les deux belettes, Le Loup et le chien, Le Lièvre et les grenouilles. Chacune d’elles est mise en perspective dans des tableaux tout en dentelle d’ombre et de lumière qui se déploient à l’ouverture des pages. C’est splendide !  

Chez Gallimard jeunesse, cette fois, Zoo est une façon originale de voir les animaux. Ici, tout est inversé, jusqu’au titre de couverture. Au fil des pages, on découvre une jeune femme toute habillée de rose devant la cage des flamants, une géante devant l’enclos des girafes, un punk admirant des porcs-épics, un balayeur endormi sur son balai devant les paresseux et… devant les singes… une surprise ! C’est frais, drôle, coloré, original !

Enfin, retour au Seuil avec un livre cartonné pour les enfants à partir de 3 ans, un livre qui revisite le conte de Hans Christian Andersen, La Princesse au petit pois, qui raconte l’histoire d’un prince désireux de se marier avec une princesse – une vraie princesse – et qui pour la trouver  fera le tour du monde. Sans résultat ! C’est finalement dans son propre château qu’il la trouvera, grâce à un petit pois… Le livre est magnifique, les illustrations faites de montages photos sont franchement originales et le ton général reste bien entendu très frais, léger, pour ne pas dire drôle ! E.G.

Dans le détail :

Bonne pêche. Editions Seuil jeunesse. 13,50 euros.

Les Fables de La Fontaine mises en scène par Dedieu. Editions Seuil jeunesse. 18 euros.

Zoo. Editions Gallimard jeunesse. 15 euros.

La Petite princesse au petit pois. Editions seuil jeunesse. 13,50 euros