Cet album là est resté quasiment trois mois sur ma table de chevet avant que je ne me décide finalement à l’ouvrir. Trois mois d’affinage en quelques sortes pour une savoureuse dégustation avec un petit verre de vin rouge bien entendu…
Vous, je ne sais pas mais personnellement, j’ai été bercé dans ma jeunesse par cette publicité qui, telle une horloge, donnait le rythme des soirées devant le petit écran. Com … Té … Com … Té … Com … Té. C’est un fromage qui prend son temps, disait la publicité. Et la BD de Fred Bernard mérite qu’on le prenne aussi.
Page après page, l’auteur de L’Ivresse du poulpe, Lily Love Peacock, La Paresse du panda et bien sûr des Chroniques de la vigne nous embarque dans l’histoire du Comté, son origine, ses secrets de fabrication, ses paysages, ses pâturages, ses vaches, ses fenaisons, ses fleurs – tout est important dans la Comté – et surtout ses hommes et ses femmes, producteurs de lait, fromagers ou encore affineurs.
Le comté, c’est avant tout une affaire de passionnés. C’est en tout cas ce qu’on ressent en lisant la bande dessinée de Fred Bernard. Faire du comté, ce n’est pas faire du camembert ou de la tome, aussi respectueux et délicieux soient ces fromages, non, faire du comté, c’est faire du comté. Une méthode unique pour un fromage unique.
Chroniques de la fruitière est un véritable voyage au coeur de la Franche-Comté et de ses exploitations agricoles, au coeur des caves d’affinage, au coeur des coopératives qu’on appelle ici les fruitières, au coeur d’une vie toute entière organisée autour de la fabrication de ce fromage. Une bande dessinée documentaire forcément passionnante, pédagogique sans être un instant ennuyeuse.
Eric Guillaud
Chroniques de la fruitière, voyage au pays du comté, de Fred Bernard. Editions Glénat. 19,50€