30 Nov

Des gaffes et des chats, Gaston s.1, de Franquin. Editions Dupuis. 10,45 euros.

Une renaissance ? Non, une simple résurgence. André Franquin est mort et personne ne pourra le remplacer. Surtout sur le personnage Gaston Lagaffe qui contrairement au tandem Spirou et Fantasio, est une des ses créations. Les gags réunis dans cet album hors-série sont donc issus des différents albums de la série et mettent en avant un des innombrables et merveilleux seconds rôles : le Chat Dingue. Mais pas seulement, l’auteur, grand amoureux des animaux, a truffé ses pages de bestioles parfois envahissantes, surtout dans cet univers de bureau, comme la fameuse mouette rieuse, quelques souris aussi, des perroquets, des chevaux ou encore des chiens. Plitch, toc, boum, twiip, tonc, burp… gaffes et bévues à tous les étages. Un grand classique du rire ! E.G.

Retrouvez Gaston sur son site officiel

Retour aux sources, Aquablue (tome 12), de Hautière et Reno. Editions Delcourt. 13,50 euros.

C’est le temps des retrouvailles pour Nao, sa femme et son fils. Huit mois qu’ils ne s’étaient pas vus ! C’est aussi le temps des retrouvailles pour Nao et son peuple d’adoption vivant sur Aquablue. Et Nao a une nouvelle à lui annoncer, ou plus exactement une requête à lui exposer. Sa fondation vient de faire une découverte extraordinaire : un vaisseau spatial primitif prisonnier des glaces sur la planète Terre. Et cette découverte accréditerait l’hypothèse selon laquelle certaines espèces terriennes pourraient trouver leur origine sur Aquablue. Pour confirmer cela, une équipe de scientifiques et de techniciens doit s’installer quelques temps sur la planète bleue, le temps de faire des recherches sur la faune et la flore. Mais le dernier passage des Terriens a laissé un très mauvais souvenir, des villages détruits, des hommes massacrés, des femmes et des enfants réduits à l’esclavage et une planète transformée en désert de glace. Alors bien sûr, la décision est cette fois très difficile à prendre…

C’est un double retour aux sources que nous propose cet album. Un retour aux sources pour le personnage Nao tout d’abord. Un retour aux sources, ensuite, pour les auteurs, Régis Hautière et Reno, qui renouent avec les aventures de la grande époque, lorsque Thierry Cailleteau signait le scénario et Olivier Vatine, le dessin. C’était dans les années 80/90 du siècle dernier, il y a donc une vingtaine d’années. Le temps passe…

Après une pause de 5 ans, Aquablue prend donc un nouveau départ. Et un très bon départ ! L’histoire de ce douzième épisode est brillante, la narration, efficace, le graphisme et les couleurs tout simplement sublimes. De quoi nous faire oublier ou presque le tandem choc des origines et de nous tourner définitivement et sereinement vers l’avenir. Aquablue est et restera, maintenant c’est sûr, une des meilleures séries SF de la bande dessinée contemporaine ! E.G.

Plus d’infos sur le blog de Régis Hautière

Ecoutez chanter les drôles de petits oiseaux, de Antoon Krings. Editions Gallimard jeunesse. 15,70 euros.

Ah le doux chant des oiseaux un matin d’été ! C’est quand même mieux de se faire réveiller par quelques mésanges ou moineaux en plein concert que par la sonnerie forcément stridente d’un réveil. Certes ! Mais l’hiver, les oiseaux se font plutôt rares et le clapotis de la pluie a provisoirement remplacé le cui-cui de nos amis à plumes. Pas de panique, pas de déprime, Antoon Krings, le célèbre créateur des Drôles de petites bêtes a pensé à nous, enfin à nos oreilles, et nous propose pour Noël ce coffret en forme de nichoir. A l’intérieur, un mobile à fabriquer et à accrocher ainsi qu’un livre sonore à puce qui reproduit les chants de 6 oiseaux comme le moineau, le merle ou encore la mésange, des chants enregistrés dans la nature. C’est drôle, frais et coloré, à l’image des Drôles de petites bêtes et c’est le plein de soleil assuré en plein mois de décembre. Et rien que pour ça, on aime ! Pour les enfants de 4 à 8 ans, aucune contre-indication pour les adultes. E.G.

26 Nov

Comme un poisson dans l’eau, Carnet de curiosités de Magnus Philodolphe Pépin (tome 2), de Thierry Dedieu. Editions Petite plume de carotte. 16 euros.

Magnus Philodolphe Pépin ! Avec un nom pareil, c’est sûr, l’homme est au moins un scientifique ou quelque chose dans ce goût là ! Un savant peut-être. Un savant fou. Non… Magnus Philodolphe Pépin n’est pas plus savant que vous et moi, il est botaniste, minéralogiste, entomologiste… et un peu fou, ça c’est certain. Et ces derniers temps, Magnus Philodolphe Pépin ne rêve que d’une chose : devenir un poisson pour observer à loisir la faune aquatique locale. En attendant, notre petit bonhomme se lance dans des inventions complètement loufoques comme ce costume de grenouille si ressemblant qu’un oiseau tentera de le manger. C’est sûr, Magnus Philodolphe Pépin a de la suite dans les idées…

Drôle, poétique, original, intelligent… ce nouvel opus de Thierry Dedieu est une petite merveille de graphisme et d’écriture. Véritable boulimique de la création, ce biologiste de formation a réalisé plusieurs dizaines d’albums jeunesse dans des styles très différents. L’Arche de Noé, Aagun, Le roi des sables Le Maître des estampes, Un Océan dans les yeux, La Princesse au petit pois… autant d’ouvrages signés Thierry Dedieu que je vous engage vivement à découvrir après celui-ci bien entendu. A noter que Thierry Dedieu est aussi le relais en France de Tatsu Nagata, un chercheur, expert mondial des mutations des batraciens, professeur honoraire du « Tokyo Scientific Institute » et auteur de livres jeunesse autour des sciences naturelles. E.G.

Plus d’infos sur le site de Thierry Dedieu

18 Nov

La Maison de Pénélope, de Anne Gutman et Georg Hallensleben. Editions Gallimard jeunesse. 24,90 euros.

Une chambre avec lit en mezzanine, une cuisine avec table et placards, une salle de bain avec douchette et toilettes et un petit coin de jardin avec toboggan et balançoire, voici la maison de Pénélope, une incroyable maison en pop-up accompagnée d’une vraie peluche et d’accessoires pour jouer et se raconter des histoires pendant des heures. Publié chez Gallimard jeunesse, cet album émerveillera les plus jeunes de vos enfants et les sensibilisera aux dangers de la maison grâce à une affichette qui en fait un  recensement et qu’on peut placarder sur un mur. Une bonne idée de cadeau pour les enfants qui connaissent forcément l’univers de Pénélope. C’est à ce jour près de 300.000 albums vendus, de nombreux produits dérivés et un dessin animé diffusé sur France 5. E.G.

17 Nov

Carnet intime, de Zep. Editions Gallimard. 25 euros.

Une porte rongée par la moisissure, un arbre tordu par le vent, une église éventrée par le poids des années, des toits qui s’enchevêtrent et s’entrechoquent, une tortue qui traine sa carcasse vieille de plusieurs dizaines d’années, des temples envahis par la végétation… Voilà ce qu’on peut trouver dans ce carnet de voyage pas comme les autres, un carnet intime en fait qui réunit une centaine d’illustrations réalisées par Zep au cours de ses multiples voyages. Comme une thérapie ! « J’ai commencé ces carnets il y a une vingtaine d’années. J’étais angoissé à l’idée de voyager et j’avais trouvé ce truc pour me calmer. Je capturais un fragment du lieu dans lequel je me trouvais, une porte, une bouche d’égout, un réverbère… et cela le rendait familier, moins hostile. Petit à petit, l’angoisse de la destination inconnue a disparu et a fait place au plaisir explorateur de dessiner ». Et Zep le voyageur aime avant tout ce qui est marqué, blessé, torturé, outragé, par les éléments, par le temps. « Je suis fasciné par ce moment où la nature reprend possession des constructions humaines… », confie-t-il, « Quand le bois semble vivre à nouveau, quand l’érosion donne une allure de montagne aux murs. J’aime la rouille, le lierre, l’oxydation. J’aime quand la nature gagne ». A une jeune femme qui le voyant faire un croquis sur la place de Porquerolles lui demande de la dessiner, Zep lui répond de repasser dans 50 ans. Le temps nécessaire pour qu’apparaissent quelques rondeurs, quelques rides aussi sur le visage et peut-être des cheveux blancs. Zep est ainsi ! De Porquerolles au Népal en passant par la Tanzanie, le Japon, l’Italie ou encore Québec, ce nouvel opus nous offre une approche différente du voyage et révèle dans le même temps une autre facette de l’auteur de Titeuf. Un album dépaysant et poétique ! E.G.

12 Nov

Le Petit prince, collectif. Editions Glénat. 11,50 euros le volume.

En route pour les étoiles ! Le Petit prince est de retour avec de nouvelles aventures disponibles simultanément en série animée, actuellement diffusée sur France 3 dans l’émission Ludo, et en bande dessinée avec une création originale de 24 albums édités chez Glénat. Quatre tomes sont d’ores et déjà parus avec Guillaume Dorison au scénario, Didier Convard en conseiller éditorial, Didier Poli à la Direction artistique, Diane Fayolle, Lucy Mazel ou encore Zedarkerystal au dessin. Chacun de ces albums est dérivé de la série d’animation mais également très largement inspiré du chef d’œuvre originel. On y retrouve donc la tonalité poétique, philosophique et initiatique qui a fait le succès du Petit prince de Saint-Exupéry, un chef d’œuvre de la littérature mondiale vendu à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires à travers la planète. A noter l’invitation lancée à de grandes signatures du Neuvième art pour donner leur propre vision du Petit prince sur quelques pages situés en fin d’album. Parmi les premiers noms : Tebo, Mathieu Bonhomme, Convard, Griffo et Moebius. Des aventures pour rêver ! E.G.

Le Chat potté : le maître d’armes de Rancho Castillo, collectif. Editions Glénat. 9,95 euros.

Il aurait pu s’appeler le Chat botté et jouer les héros de légende. Mais il s’appelle le Chat potté. Une lettre, une seule lettre, qui fait la différence ! Car même s’il possède le chapeau à plume, la cape, le ceinturon, l’épée et les fameuses bottes de son ancêtre, le Chat potté n’a fait jusqu’ici que de rares apparitions dans notre imaginaire collectif. Pour tout dire, il n’a tenu qu’un second rôle dans les aventures du fameux Shrek réalisées par les studios Dreamworks. Mais les choses vont changer ! D’abord parce qu’il enfile pour la première fois le costume de personnage principal dans un film d’animation des mêmes studios Dreamworks. La sortie en salle est prévue pour le 30 novembre. Ensuite, parce que les éditions Glénat déclinent d’ores et déjà ses aventures en bande dessinée. Un premier album sort le 23 novembre avec, au menu, deux histoires inédites aux graphismes radicalement différents mais à l’humour tout aussi dévastateur. Ca va ronronner dans les chaumières ! E.G.

11 Nov

Bienvenue à Hoxford, de Ben Templesmith. Editions Delcourt. 14,95 euros.

C’est évident, le loup-garou présent sur la couverture tient lieu quelque part d’avertissement. Mais les 40 première pages, bien que plongées dans une atmosphère plus que sordide, ne laissent absolument pas présager une telle suite. Le calme, en quelque sorte, avant la tempête ! Une tempête ? Que dis-je, un cyclone, un typhon, un ouragan tant le scénario de Ben Templesmith tourne au cauchemar, à l’orgie sanguinaire avec dans le rôle du maître des cérémonies, le loup-garou, et dans celui des petites victimes sans défense, une poignée de criminels américains de la pire espèce, tellement ingérables que les Etats Unis ont fini par les confier à un établissement privé russe aux méthodes peu orthodoxes. Bienvenue à Hoxford…

Après 30 Jours de nuit, Fell et Wormwood, le citoyen du monde comme il se définit lui-même, Ben Templesmith, nous offre un album au graphisme tout simplement sublime qui, rien que pour ça, le rend totalement indispensable même pour ceux et celles qui détestent – j’en fais partie – les histoires de loups-garous et autres vampires. Ben Templesmith, lui-même n’affectionne guère ces sombres bestioles. « Pour moi… », écrit-il en préface, « ce sont des rebus d’un autre âge tout juste bons à jouer les monstres de seconde zone ». C’est un concours de circonstance qui va finalement l’amener à imaginer cette histoire. Et il aurait été dommage qu’il en soit autrement. Un album à dévorer sans attendre ! E.G.

Découvrez le site de Ben Templesmith

07 Nov

Les Ignorants, d’Etienne Davodeau. Editions Futuropolis. 24,50 euros.

Mais qu’est ce qui a bien pu réunir ces deux là ? D’un côté Richard Leroy, vigneron à Rablay sur Layon, dans le Maine et Loire. De l’autre, Etienne Davodeau, auteur de bande dessinée, originaire de ce même Maine et Loire. A priori, rien de commun. A priori seulement ! Car, à y regarder de plus près, on finit par distinguer comme un point de convergence évident entre les deux hommes, une certaine idée de la vie, dictée par la passion, la curiosité et le plaisir de partager !

C’est Etienne Davodeau qui a proposé à Richard Leroy de s’initier mutuellement à leur savoir-faire, pour ne pas dire leur art. Ainsi, pendant plus d’un an, l’auteur de Rural!, de Lulu femme nue ou encore des Mauvaises gens a troqué ses pinceaux contre un sécateur -pas à temps plein je vous rassure – et pris la direction des vignes où Richard Leroy lui a transmis ses connaissances, son respect de la terre et son amour du vin. Taille, décavaillonnage, tonnellerie, vendanges… Etienne Davodeau a pu participer à toutes les grandes étapes et approcher les techniques au plus près. Quant à Richard Leroy, qui ne connaissait absolument rien à la bande dessinée, Etienne Davodeau lui a fait découvrir les principaux courants, les grands maîtres scénaristes ou dessinateurs, les héros et anti-héros, quelques techniques aussi…  A chacune de leurs entrevues, Etienne lui a apporté une pile d’albums à lire, comme un instituteur donnerait une liste de devoirs à faire à la maison. Ensemble, ils se sont rendus dans certains festivals, ont visité des expositions, assisté au travail d’un imprimeur et rencontré plusieurs auteurs phare du Neuvième art comme Marc-Antoine Mathieu, Emmanuel Guibert ou Jean-Pierre Gibrat. Rien que ça !

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Retrouvez l’interview d’Etienne Davodeau ici

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Au fil des albums lus et des bouteilles bues, Etienne Davodeau et Richard Leroy ont donc pu approcher, observer, comprendre un peu mieux le métier de l’autre tout en conservant un regard d’ignorant et donc une liberté de parole bien agréable. Et ça donne parfois des échanges savoureux, exemple avec Richard Leroy qui s’exclame devant une série de dessins signés Moebius : « Non. C’est pas bon. Ses planètes, ses bestioles, ses élucubrations, tout ça, pfpf… c’est… fatigant ». Moebius est prévenu, il n’a plus qu’à changer de métier !

En revanche, Etienne Davodeau nous étonne à nouveau avec cet album passionnant de bout en bout, de bouteilles en bouteilles serait-on tenté d’écrire, un album qui nous permet de retrouver l’auteur dans un exercice qu’il affectionne particulièrement, la bande dessinée reportage, avec ce petit quelque chose de chaleureux et d’humain en plus qui fait la différence. Comme un grand cru ! E.G.

Plus d’infos sur le site internet d’Etienne Davodeau