30 Mai

Le Vent des cimes, un récit aérien de Buche et Perrissin chez Glénat

Cette nuit là, Rachel Wiezman n’arrive pas à dormir. Quelque chose l’inquiète. Un mauvais pressentiment. Son fiancé, Jack, avec qui elle doit se marier dans quelques heures, devrait être quelque part dans les airs entre Santiago du Chili et Buenos Aires. Il devrait même déjà apercevoir les lumières de la capitale argentine. Mais il n’en est rien. Pris dans une tempête, le jeune et valeureux pionnier de l’aéropostale a du se poser quelque part dans la Cordilière des Andes avec une chance de survie quasi-nulle. Voltigeuse de métier, Rachel décide de s’envoler pour le retrouver et le ramener à la maison…

Basée sur une histoire vraie, celle du pilote Henri Guillaumet qui s’écrasa dans les Andes en 1930 et ne dû sa survie qu’à son incroyable courage, Le Vent des cimes est avant tout une très belle histoire d’amour, de celles à déplacer les montagnes comme le revendique si justement le communiqué de presse de l’éditeur. Aux manettes : un duo qui se connaît bien puisque Eric Buche et Christian Perrissin ont débuté ensemble dans les années 90 avec les Aventures d’Hélène Cartier. Depuis, chacun a taillé sa route, Perrissin travaillant sur la série mythique Barbe Rouge et sur l’excellente trilogie Martha Jane Cannary, Buche signant de son côté Carapace, Francis Cabrel – les beaux dessins, Franky Snow… EGuillaud

Les Vent des cimes, de Buche et Perrissin. Edtions Glénat. 25,50 euros

26 Mai

Douce France, un récit de Simon Rochepeau et Lionel Chouin aux éditions Futuropolis

Douce France, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre, celle de Christian, jeune cadre ambitieux dans une entreprise de BTP, et de Raymond Langlade, 92 ans, ancien résistant et homme politique, toujours influent. C’est aussi la confrontation de deux périodes de notre histoire proche. D’un côté, les années noires de la Seconde guerre mondiale, de l’autre le début du XXIe siècle avec son lot de tensions sociales nées de la crise économique internationale. Si Christian n’a pas connu la guerre, il lui doit sa carrière. Christian vient en effet d’être propulsé à la tête du chantier d’un mémorial dédié à la Résistance dans la petite ville de Saint-Yves, d’où il est d’ailleurs originaire. Une belle promotion et un gros chantier. C’est à cette occasion qu’il rencontre Raymond Langlade qu’il érige aussitôt en héros de la Résistance. Un modèle, un homme courageux, droit. Enfin presque… Au fil des rencontres, Christian apprend à mieux connaître l’homme et découvre peu à peu ses zones d’ombre. Mais qui n’en a pas ? Lui-même, issu d’un milieu plus modeste, est constamment sur le fil, prêt à renier les siens, parents et amis, pour faire carrière, rejoindre les nantis…

Un dessin épais, charbonneux, proche de l’esquisse, une histoire dense, très dense, des personnages entre ombre et lumière… le scénariste Simon Rochepeau – qui signe ici son premier album de bande dessinée – et le dessinateur Lionel Chouin (Les Mémoires mortes, Colt Bingers l’insoumis…) nous offrent un récit âpre mais très intéressant sur l’ambivalence de l’être humain. Raymond hier, Christian aujourd’hui, quelque soit l’époque, quelque soit le contexte, l’homme est un être complexe qui peut le meilleur comme le pire… EGuillaud

Douce France, de Simon Rochepeau et Lionel Chouin. Editions Futuropolis. 19 euros

25 Mai

Spéciale Fête des Mères

Vous appréciez la bande dessinée ? Alors, pourquoi ne pas la faire découvrir à votre maman pour sa fête ? Florilège de l’actualité BD coté maternité et à tous les ages de la vie. 3 albums pour vivre autrement la fête des mères.

Tueurs de Mamans par Zidrou, Borecki et Ers – Dupuis

Tueurs de Mamans par Zidrou, Borecki et Ers -Dupuis

« Ne maudissez jamais votre mère cela pourrait lui coûter très cher. » La couverture emprunte des codes graphiques bien loin de ceux de la BD jeunesse : fond noir angoissant – un personnage seul et terrorisé – pas de nom d’auteur, juste un titre percutant : Tueurs de Mamans.

C’est un trio inattendu qui signe cet album : entre Zidrou, l’auteur de L’élève Ducobu, Borecki qui a participé à l’évolution des Schtroumpfs et Ers le dessinateur de Muriel et Boulon. Chacun d’entre eux apporte la preuve que leurs univers n’est pas limité et que la BD jeunesse peut pousser très loin la réflexion avec des questions sur la responsabilité de ses actes, les conséquences d’une action sur internet dans la vie réelle et que faire quand on ne contrôle plus rien.

Tueurs de maman réussit son pari avec 5 héroïnes bien définies, aux caractères forts et aux problématiques de vie propres à chacune d’entre elles : homoparentalité, monoparentalité, couple mixte, immigration, handicap. Ce qui facilitera l’identification de toutes les lectrices et même lecteurs.

Ce premier tome appelle une suite aussi réussie, je l’espère.

Tueurs de Mamans par Zidrou, Borecki et Ers – Dupuis

Pour lire les premières planches : Dupuis

Le point de vue le presse spécialisée : BDgest

 

La Tectonique des Plaques par Margaux Motin – Delcourt

La Tectonique des Plaques par Margaux Motin – Delcourt

« Ride or diiie mother fucker !!! » tel est le cri de guerre de cette jeune mère divorcée – et parisienne jusque dans le moindre de ses accessoires. Le style et l’univers de Margaux Motin n’est pas sans rappelé celui de Pénélope Bagieu et de sa Joséphine. Mêmes origines : la blogosphère !

Son alter ego féminin de papier est diablement séduisant, comme en témoigne ses tatouages fait main, présentés en couverture de l’album. Un album riche en humour et au ton libre, à l’image de son coup de crayon sensuel et vivant.

Même si Margaux Motin revendique de la distance avec son personnage qui porte son prénom, elle reconnait son coté femme féminine qui assume son langage cru et son intimité pipi caca.

Margaux Motin – Delcourt

« Je me reconnais tout à fait dans les films d’Apatow ! J’aime tout, son univers, ses acteurs, le fait qu’il fasse jouer sa femme, ses filles… En voyant 40 ans, mode d’emploi, je me suis dit « Mon dieu, ça y est, je suis vieille ! », alors qu’en fait non, je suis juste adulte…Quant au côté cru, pour moi, c’est naturel, j’ai été élevée de cette façon. Mes parents étaient très déconneurs, ils adoraient faire la fête avec leurs potes. À la maison, l’important, c’était les valeurs de l’éducation comme l’ouverture d’esprit, la curiosité, le respect de l’autre. Mais péter à table, on s’en foutait! Dans ce domaine, j’ai toujours joui d’une grande liberté. Ma mère préférait qu’on pose toutes les questions possibles à la maison plutôt qu’aller chercher les réponses ailleurs. »

La Tectonique des Plaques par Margaux Motin – Delcourt

Pour lire les premières planches : Delcourt

Le point de vue le presse spécialisée : PlanéteBD

Le Démon du Soir par Florence Cestac – Dargaud

Le Démon du Soir ou la Ménopause Héroïque par Florence Cestac – Dargaud

Dans Le Démon du soir ou la Ménopause héroïque, Florence Cestac aborde, avec l’humour qui lui est propre, un sujet jusqu’alors inédit dans la bande dessinée : le cap de la soixantaine…

Cela lui est arrivé. Florence Cestac est ainsi quand le démon de midi la travaille en 1996, elle le raconte, puis quand celui de 16h frappe à sa porte en 2005, elle continue. Alors quand maintenant c’est celui du soir, la sexagénaire rugissante n’oublie pas davantage les 3 premières lettres de sa nouvelle tranche d’âge. A chaque décennie correspond un nouvel album pour raconter sa vie de femme avec ses tourments (un possible cancer du sein), ses tracas (un mari oisif) et surtout ses petits bonheurs (un gîte à la campagne). Enlevée, échevelée et pas encore tout a fait calmée, Florence Cestac est ainsi : elle sait parler de sa vie de femme avec humour, des histoires qui entrent en résonnance avec celle de ses lectrices. Mesdemoiselles, mesdames, une fois régalées, n’hésitez pas à laisser l’album en évidence. Je ne serais pas surpris qu’il soit aussi instructif pour votre moitié.

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Maman par Christophe Miossec

Pour lire les premières planches : Dargaud

Le point de vue le presse spécialisée : BDzoom

Le Démon du Soir par Florence Cestac – Dargaud

23 Mai

Tueurs de mamans, un thriller signé Zidrou, Borecki et Ers chez Dupuis

Voilà bien un titre surprenant à quelques jours de la fête des mères, surtout de la part des éditions Dupuis. Un titre qui fait froid dans le dos. Et une couverture noire (magnifique!) qui nous met tout de suite au parfum. Tueurs de mamans commence comme une chronique lycéenne, 5 copines qui trainent leur adolescence comme elles peuvent, fondent une congrégation et se retrouvent régulièrement dans une cachette secrète, la chapelle désaffectée de leur école. Là, elles parlent de tout et de rien et bien sûr de ce qui les rapproche : le père qu’elles n’ont pas et cette mère qu’elles maudissent. C’est à l’occasion d’une de leurs réunions qu’elles tombent sur le site internet Castigo. « Ils vous tourmentent ? Nous les châtions ! » promet celui-ci. Et les voilà à passer commande, inconscientes de ce qu’elles vont provoquer. Aucun retour en arrière n’est possible, la machine est lancée, chaque mère va recevoir sa punition : une claque pour la première, une overdose de choux de Bruxelles pour la seconde et puis tout dérape…

Prévu en deux volumes, publiés à un petit mois d’intervalle, ce récit du scénariste Zidrou et des dessinateurs Ers et Borecki est un petit bijou de suspense qui, mine de rien, aborde pas mal de problèmes de société, à commencer par la crise de l’adolescence, la différence au sein du groupe, le handicap, la monoparentalité… et bien sûr les dangers d’internet. Mais tout ceci reste de l’ordre de la fiction, enfin pour le moment, et Tueurs de mamans nous offre un bon moment de détente ! C’est le principal… EGuillaud

Tueurs de mamans (tome 1), de Zidrou, Ers et Borecki. Editions Dupuis. 12 euros

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22 Mai

3 Festivals BD en 1 WE

Festival Formula Bula 2013

Le dernier week-end de mai est-il statistiquement le meilleur pour organiser un festival ? C’est ce que semblent penser les amateurs de BD à Saint-Ouen (93), à Puteaux (92) et à Mantes-la-Jolie (78).

Trois rendez-vous pour buller à foison ! A vous de choisir une journée dans chacun des trois ou 3 jours dans un seul. Tout est possible et voici quelques indices pour vous aider à choisir entre Formula Bula 2, la 5ème  édition de Bulles de Mantes et le 10ème festival BD de Puteaux …

Festival Formula Bula 2013

FORMULA BULA 2 du 23 au 26 mai 2013, le festival le plus original

L’intention : « Ici pas de défilés, de chars, ni de chateaux gonflables, mais une programmation à la fois populaire et pointue, car nos experts, en véritables forains du 9ème art, ont décidé de transformer la ville en parc d’attractions pour vos rétines. Manéges d’expositions, ateliers pour petits et grands, rencontres tamponneuses avec des auteurs de la scène internationale, cinéma visionneuse, concert dans la nuit et il n’y aura que des gagnants à la grande Tambola Bula ! »

Le programme : formulabula.tumblr

Le plus : Conçu par l’équipe de Ferraille, le magazine de BD souffle un vent décoiffant dans les allées sérieuses des festivals culturels, comme le suggère sa liste d’invités :

Mezzo & Pirus, Kim Deitch (USA), Peter Kuper (USA), Fabio Zimbres, (Brésil), Gilles Rochier, Le Dernier Cri, Nine Antico, Farid Boudjellal, Franky Baloney, Isabelle Merlet, Stripburger (Slovénie), Audrey Spiry, Jean-Pierre Dionnet, Lisa Mandel, Gwen de Bonneval, Fabien Vehlmann, Bill Kartalopoulos (USA), Guillaume Long, Florian Py, Angil & the Hiddentracks, Savon Tranchand, Unison, Tremorrag, Dirty Beaches (Canada), Justin Broadrick (UK), Dérive Urbaine, la revue CUT, François Schuiten, Killoffer, Winshluss, Anouk Ricard, Henning Wagenbreth, Brecht Vandenbroucke, Morgan Navarro, Le Gentil Garçon, Vincent Pianina, Audrey Spiry, Martes Bathori, Charles Berberian, Aurélie William-Levaux & Moolinex, Yassine de Vos, Chamo et Matthias Picard.

Bulles de Mantes 2013

Bulles de Mantes 5ème édition, le Festival dans le plus beau cadre

L’intention : « Comme pour les quatre précédentes éditions, le festival c’est plus de cinquante auteurs qui viennent en dédicace pendant les trois jours d’ouverture, des concerts, des animations, un cosplay, des marchands pour trouver la BD qui manque à votre collection, etc…
C’est aussi une douzaine d’expositions sur place et à travers toute l’agglomération. »

Le programme : bulles-de-mantes.asso.fr

Le plus : L’invité d’honneur Jean Dufaux, l’auteur belge entre autre de Jessica Blandy, Murena, Le Bois des Vierges

« Dans le cadre historique et prestigieux de l’Hospice Saint-Charles à Rosny-sur-Seine, Bulles de Mantes produit à chaque printemps une imposante exposition consacré à un grand auteur de bande dessinée. A chaque fois 100 à 160 œuvres de l’auteur sont montrées pendant quatre semaines, occupant la totalité de l’Hospice Saint-Charles, et composent généralement la plus grande et la plus belle exposition jamais consacrée à l’artiste. »

10ème Festival de BD de Puteaux, le festival le plus enlevé

BD de Puteaux 2013

L’intention : « Les dédicaces ne sont qu’une des facettes du Festival de Puteaux. Il y aura de nombreuses animations, des ateliers pour les enfants, des fanzines, des micro-éditeurs, des projections de film sur la BD, des conférences/débat, des expositions, des stands de BD et para BD. »

Le programme : bdessonne.org

Le plus : En plus d’Achdé, l’auteur de l’affiche et surtout le continuateur de l’oeuvre de Morris, un Lucky Luke au trait bien trempé, ne manquez pas Frank Pé, l’incomparable dessinateur de Broussaille, qui, pendant la durée du festival, réalisera une fresque géante comme lui seul sait le faire.

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Daft World Party May 2K13 par dj PhilemoN

Broussaille par Frank Pé - Dupuis

17 Mai

Le sourire de Mao, un récit de Jean-Luc Cornette et Michel Constant chez Futuropolis

Oubliez la Belgique telle que vous avez pu la connaître, oubliez par la même occasion les revendications séparatistes car oui le pays a finalement succombé à la tentation du mal en se scindant en deux états. Voilà le point de départ du récit de Jean-Luc Cornette et Michel Constant, une politique fiction qui a pour décor la République Démocratique de Wallonie, une dictature nazillarde où tous les moyens sont bons pour éradiquer une opposition déjà exsangue et donner au pays une image d’avenir radieux par l’achat aux Chinois de la dépouille de Mao Tsé-Toung. Rien que ça ! Et dans cette belle république démocratique bien propre, bien unie, la jeune Ludmilla avec son tee shirt à l’effigie de Mao va rejoindre ses collègues des Fauves de Hesbaye, formation scoute aux ordres, pour dresser une haie d’honneur au président avant de se faire tirer dessus par un jeune contestataire dont elle finira par tomber amoureuse…

Prépublié dans le quotidien belge Le Soir, Le Sourire de Mao ne cache pas ses intentions : inviter les Belges à réfléchir à ce qu’ils perdraient dans une aventure séparatiste. Et rien que pour ça, Le Sourire de Mao est une bande dessinée utile et nécessaire. EGuillaud

Le Sourire de Mao, de Cornette et Constant. Editions Futuropolis. 16 euros

15 Mai

Ouessantines, un récit iodé de Weber et Nicoby chez Vents d’Ouest

C’est décidé, Soizic part s’installer sur l’île d’Ouessant avec la ferme intention d’y vivre et d’y travailler. Et personne n’y pourra rien changer, pas même sa mère légèrement envahissante qui accepte à contre coeur de la véhiculer jusqu’au bateau. Soizic est une vraie Bretonne, têtue comme un bloc de granit. Une heure de traversée seulement et la jeune femme pourra enfin changer de vie. Le bonheur !  Enfin presque… car Ouessant est un île au bout du bout du monde. Et les autochtones pas toujours faciles faciles. Alors, avec son idée de maison d’hôtes, Soizic va très vite se retrouver au coeur des sujets de conversations et confrontée à quelques réactions pour le moins hostiles. Jusqu’au jour où Marie, une vieille Ouessantine qui l’avait prise d’affection se suicide…

Direction la terre la plus occidentale de la France, Ouessant, pour un récit qui relève à la fois de la chronique sociale et du polar. Sur Cette île bercée par les tempêtes aux paysages de caractère mais à la vie souvent rude, le scénariste Patrick Weber et le dessinateur Nicoby développent une histoire captivante sur fond de secrets et de croyances traditionnelles. EGuillaud

Ouessantines, de Weber et Nicoby. Editions Vents d’Ouest. 18,25 euros

Le bleu est une couleur chaude par Julie Maroh – Glénat

Le Bleu est une couleur chaude par Julie Maroh - Glénat

Le saviez vous ? Le bleu est une couleur chaude, celui de l’amour entre une adolescente et une jeune femme. Sous le titre La vie d’Adèle chapitre 1 & 2 (Blue is the warmest colour), cette BD remarquée de Julie Maroh a été adaptée au cinéma par Abdellatif Kechiche, avec Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux dans les rôles principaux. Le film se retrouve en sélection officielle au Festival de Cannes 2013. Salué par la critique, il est en bonne place dans la course à la palme d’or.

« – Quand tu tomberas amoureuse, ce mec sera le plus chanceux de toute la terre.                 – Comment as tu pu me dire ça, Emma ? Ce mec, c’est toi. »

Le Bleu est une couleur chaude par Julie Maroh - Glénat

C’est une première oeuvre réussie que nous livre là Julie Maroh. Un roman graphique sensible sur l’homosexualité. Comme souvent après l’échange d’un premier regard, Clémentine, lycéenne de 15 ans, tombe amoureuse d’une fille différente, Emma 30 ans. Les Anglais utilisent l’expression poétique « out of the blue » pour décrire des moments de grâce comme celui-ci. D’ailleurs, coïncidence ou non, Emma a les cheveux bleus (clin d’oeil peut-être aussi à Bilal et son héroïne Jill Bioskop, elle aussi à la chevelure couleur bleu intense, dans la trilogie Nikopol Froid Equateur). Emma va faire découvrir à Clémentine toutes les facettes du désir.

La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche avec Léa Seydoux © ©WILD BUNCH

Dans la version cinéma du réalisateur Abdellatif Kechiche (L’esquive, La Graine et le Mulet), Clémentine devient Adèle, du nom de son interprète principale Adèle Exarchopoulos. Cette native de la région parisienne a grandi à Clichy (92). Pas encore connue, Cannes la découvre et lui rêve déjà un prix au palmarès 2013. Elle partage l’affiche avec l’actrice reconnue Léa Seydoux. Selon le cinéaste, le film est « une très libre adaptation de la BD » :

Adèle Exarchopoulos & Léa Seydoux © ©WILD BUNCH

« Je n’avais rien à dire de militant sur l’homosexualité. Je ne cherchais pas à la définir et durant toute la fabrication du film je ne me suis jamais posé la question : « ah oui, ce sont deux femmes… ». J’avais plus le sentiment de traiter, de raconter l’histoire d’un couple, du couple. La problématique de l’homosexualité, je ne voyais pas pour quelles raisons je l’aborderai spécialement, car la meilleure façon, si je devais avoir un discours sur ce sujet, ce serait de ne pas en avoir, de filmer cela comme n’importe quelle histoire d’amour, avec toute la beauté que cela comprend. »

Le film est en lice pour la 66ème palme d’or à Cannes.

Le Bleu est une couleur chaude par Julie Maroh - Glénat

Pour en revenir au graphisme de l’oeuvre initiale, les traits du visage, comme celui des corps à corps, sont dessinés avec une grande finesse. Ils illustrent parfaitement les sentiments contrastés propres à l’adolescence et à la découverte de son homosexualité. Le récit tend vers l’aquarelle au fur et à mesure que la jeune héroïne doit faire face à l’homophobie de certains lycéens et à l’hostilité de ses parents. Cet album a reçu la récompense la plus forte du festival d’Angoulême en 2011 : le Grand Prix du Public.

Une oeuvre forte sur une histoire d’amour absolue entre deux femmes, à lire ou relire en attendant la sortie du film le 9 octobre 2013.

Deux premiers extraits du film :

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Baby can I hold you par Tracy Chapman

Le site de Julie Maroh

Pour lire les premières planches : Glénat

Le point de vue le presse spécialisée : BDgest

13 Mai

Vivre vieux et gros: les clés du succès, un guide pour chats signé Leslie Plée chez Delcourt

Michel est un chat, un chat roux originaire de Nantes. Jusque là, rien de bien original. Des chats nantais, il y en a des milliers, roux plusieurs centaines et qui s’appellent Michel, au moins trois ou quatre. Mais ce chat-là n’est pourtant pas comme les autres. C’est le chat de Leslie Plée, auteure de BD, et sa seule ambition dans la vie est de vivre vieux et gros. Comment chaparder dans les assiettes tout en évitant les colères de sa maîtresse ? Comment manger comme un cochon, croquer tout ce qui traîne au sol, avaler le contenu de la poubelle sans vomir, apitoyer le maître pour avoir plus de croquettes… Bref, autant de questions existentielles et bien d’autres qui trouveront ici, dans ce guide d’un genre nouveau, de brillantes réponses.

Parue dans la nouvelle collection Tapas:-*, Vivre vieux et gros : les clés du succès est une petite pépite d’humour à consommer entre deux paquets de croquettes. EGuillaud

Vivre vieux et gros : les clés du succès, de Leslie Plée. Editions Delcourt. 14,95 euros

11 Mai

Pablo – Matisse (t3) par Julie Birmant & Clément Oubrerie

Pablo (t3) par Julie Birmant et Clément Oubrerie - Dargaud

Le Rouge est de mise dès la couverture. Le sang chaud de l’ibère, l’amour viril, les braises  … Pour patienter jusqu’à la réouverture de son musée fin 2013 à Paris, découvrez comment un jeune espagnol nommé Pablo, fraîchement arrivé dans la capitale française à 19 ans, est devenu Picasso. 10 ans plus tard il aura inventé l’Art Moderne et le Cubisme. Le tome 3 de cette aventure en 4 volets vient de paraître.


Comme pour les deux précédents albums, la qualité graphique de Clément Oubrerie, amplifiée par le talent de sa coloriste Sandra Desmazières, se confirme – tout comme le point de vue original choisi par la scénariste Julie Birmant : le récit des premières années parisiennes de Pablo à travers le regard de son modèle, son premier grand amour Fernande Olivier. La grande absente des biographies de Picasso a pourtant partagé pendant près de 10 ans, une période charnière de sa vie : ses années de formation.

Pablo (t3) par Julie Birmant et Clément Oubrerie - Dargaud

Chaque volume est ponctué par une rencontre qui lie le futur Picasso à un grand nom de l’art moderne. Après Max Jacob et Guillaume Apollinaire, c’est au tour d’Henri Matisse surnommé C.M., Cher Maître. Mais cette fois-ci le défi est de taille. Fernande est sous le charme de l’auteur du Nu Bleu et de La Danse. Henri Matisse devient le rival et le modèle à dépasser. Pablo part à la chasse à l’inspiration jusqu’au fin fond de sa Catalogne natale. Il en revient avec l’idée de peindre un bordel : celui des Demoiselles d’Avignon, la toile fondatrice du cubisme. Pour s’opposer à l’idéal esthétique de Matisse, il peint une œuvre provocante, choquante et délibérément inachevée. Sous ses pinceaux jaillit l’Art Moderne, sous l’influence de vestiges anciens et de statues africaines.

Pablo (t3) par Julie Birmant et Clément Oubrerie - Dargaud

Au final ce nouvel opus continue d’être une magnifique description du mécanisme de création à travers le regard d’une femme amoureuse. L’art est en marche et l’aventure n’est pas terminée : de grandes oeuvres restent à être inventées.

Julie Birmant & Clément Oubrerie - Dargaud/Cécile Gabriel

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Baïa – Matthieu Chedid

Pour découvrir les premières planches de l’album : Dargaud

Le point de vue de la presse spécialisée : La Ligne Claire BDgest