Largo Winch, édition spéciale. Editions Dupuis. 19,90 euros.

Alors que le second film inspiré des aventures de Largo Winch doit sortir en salles incessamment sous peu, le 16 février en France et le 23 février en Belgique pour être précis, les éditions Dupuis proposent une édition spéciale, à tirage limité, du diptyque qui a inspiré le scénario de ce nouveau long-métrage, diptyque qui réunit La Forteresse de Makiling et L’Heure du tigre. Un album qui ne présente pas grand intérêt pour les acheteurs assidus de la série puisqu’il ne comporte aucun complément, ni sur le travail de Francq et Van Hamme, ni sur le film en lui-même. Seule la couverture reprenant la trame de l’affiche du film avec Tomer Sisley pourra peut-être attirer quelques collectionneurs fous. Reste que cet album permettra aux néophytes de découvrir le milliardaire en blue-jeans dans sa forme papier aux prises avec son passé dans une aventure plus que tourmentée en Birmanie… E.G.
 

29 Jan

La Condition des crabes, La Marche du crabe (tome 1), d’Arthur de Pins. Editions Soleil. 17,95 euros.

On les appelle les Cancer Simplicimus Vulgaris ou plus communément les crabes carrés. Une espèce étonnante qui ne semble pas avoir évolué depuis des milliers d’années, que dis-je des centaines de milliers d’années. Et depuis ces temps immémoriaux, les crabes carrés, que l’on rencontre du côté de l’Estuaire de la Gironde, marchent en suivant toujours la même trajectoire puisque leur physionomie les empêche tout simplement de tourner. Au moins, me direz-vous, ils ne tournent pas en rond. Ni en carré. Ils suivent la ligne droite, la plus rapide il est vrai entre deux points, la plus risquée aussi, lorsqu’il s’agit de passer entre les jambes d’une bande d’humains énervés ou entre les pinces de quelques crabes évolués. Une injustice cruelle à laquelle deux jeunes crabes baptisés Soleil et Bateau vont vouloir mettre un terme…

Adapté du court métrage La Révolution des crabes, qui a remporté un nombre incroyable de prix dont le prix du meilleur film d’animation au Mouviz Festival à Nantes, La Marche du crabe se déclinera ici en trois albums sous la plume et le pinceau ou plus exactement sous la souris du Sieur Arthur de Pins, auteur par ailleurs de la série coquine Pêchés mignons chez Fluide glacial et de Zombillénium chez Dupuis. Avec son graphisme réalisé directement sur ordinateur et qui supprime le trait pour ne conserver que des formes, Arthur de Pins poursuit l’élaboration d’un univers très personnel, décalé et drôle. Un univers graphique que vous pouvez découvrir plus en détail dans l’ouvrage Monsieur Z Artbook publié chez Fluide glacial et chroniqué ici-même il y a quelques temps ! E.G.

23 Jan

Conventum, de Pascal Girard. Editions Delcourt. 13,50 euros.

Direction Québec pour une histoire signée Pascal Girard et qui met en lumière un phénomène très en vogue depuis quelques années : les soirées-retrouvailles entre anciens copains de classe. Pour Pascal Girard, l’auteur ET le personnage principal de cette bande dessinée, l’invitation est arrivée par courrier après que dix ans se soient écoulés depuis son année de secondaire, assez pour avoir effectivement envie de partager quelques souvenirs avec les copains d’alors autour d’un repas et d’une bonne bière. Pourtant, Pascal hésite avant de finalement accepter l’invitation, avec le doux espoir, il est vrai, d’y retrouver Lucie Coté dont il fut secrètement amoureux à l’époque. Mais avant tout, Pascal doit se reprendre en main. Sport, régime, nouvelle garde-robe… Il doit absolument faire bonne figure !

Quand vous aurez lu ce livre, vous réfléchirez à deux fois avant d’accepter une invitation pour une soirée en compagnie de vos anciens copains de classe. Avec beaucoup de lucidité, Pascal Girard y décrit en effet sa propre expérience de la chose et le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’est pas franchement positive. Publié dans la collection Shampooing, dirigée
par Lewis Trondheim, Conventum est un récit à l’esprit vif, drôle et léger.

L’info en +

Décidément, le Québec est à l’honneur en ce début d’année chez Delcourt et plus précisément dans la fameuse collection Shampooing, avec la publication d’un deuxième album directement issu de la production locale. Son titre, Comédie sentimentale pornographique, un récit sur des trentenaires en quête de sens et d’amour. Jimmy Beaulieu signe ici son premier album édité en France. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, cet auteur n’est pas un débutant dans le milieu de la bande dessinée. Il a été tour à tour directeur de collection, libraire, critique, commissaire d’exposition, conférencier et même éditeur. Sa structure, Colosse, propose une bande dessinée alternative aux comics anglophones. E.G.

20 Jan

Monsieur Jean, de Dupuy et Berberian. Editions Les Humanoïdes Associés. 19,95 euros.

C’est toujours avec un grand plaisir, un immense plaisir même, que l’on retrouve Monsieur Jean, personnage fortement sympathique imaginé par Dupuy et Berberian il y a maintenant plus de vingt ans. Monsieur Jean est ce qu’on appelle un anti-héros ou un héros du quotidien qui vieillit au fil des aventures comme nous-mêmes pouvons vieillir. Un peu moins vite peut-être ! Ses aventures, publiées un temps aux Humanoïdes Associés (5 volumes parus) sont aujourd’hui reprises par la maison Dupuis (2 volumes à ce jour). Le dernier album en date, Un Certain équilibre, nous permettait de partager avec Monsieur Jean les affres de la paternité. La Théorie des gens seuls qui vient d’être réédité aux Humanoïdes Associés n’est aucunement la suite mais un hors-série initialement publié en 2000 et prenant place entre le troisième et le quatrième tome de la série. Dans un format plus compact et en bichromie, Dupuy et Berberian y racontent des anecdotes non développées au cours de la série, explorant avec le même bonheur le petit monde de Monsieur Jean qui à ce moment précis se voit obligé d’héberger son ami Félix, un Félix totalement déprimé par le célibat et qui établit des théories à tour de bras comme la théorie des gens seuls ou celle des chaussettes trouées… On y parle d’amitié, d’amour, de sexe, de ces petites et grandes choses qui font le quotidien, le tout avec une certaine dose de légèreté et beaucoup d’humour. C’est fin, c’est intelligent, c’est drôle, c’est universel et quasi-intemporel… C’est du grand Dupuy et Berberian à découvrir ou à redécouvrir ! E.G.

18 Jan

Les amours insolentes, 17 variations sur le couple, de Loustal et Benacquista. Editions Casterman. 20 euros.

Comment les amours naissent et durent parfois une éternité ? Il y a forcément un mystère… et des secrets bien gardés ! Dans ces 17 variations sur le couple, Jacques de Loustal et Tonino Benacquista en lèvent d’ailleurs un certain nombre, des secrets incroyables, surprenants, et en même temps tellement humains. La passion, le désir, le sexe, les enfants, le mensonge, la séparation, la mort… et plus fort que tout l’amour…, c’est finalement la vie dont nous parlent ici les auteurs ! On y retrouve la plume savoureuse du scénariste des films aux multiples récompenses Sur mes lèvres et De battre mon cœur s’est arrêté, et un Loustal au meilleur de sa forme (New York Miami,  Barney et la note bleue,  Le Sang des voyous…) et qui reste fidèle à sa technique du texte off placé sous les dessins. Un petit bonheur dans lequel les histoires d’amour finissent plutôt bien… en général ! E.G.

17 Jan

Il sort quand ?, Animal lecteur (tome 2), de Libon et Salma. Editions Dupuis. 13,50 euros.

Il sort quand ? Il est sorti ! Le second volet de la série Animal lecteur imaginée par Libon et Salma vient effectivement d’être publié. Et pas de suprises, pas de mauvaises surprises du moins, les auteurs continuent de chambrer avec beaucoup d’humour et de finesse le petit monde de la BD, depuis les libraires spécialisés jusqu’aux festivaliers, en passant par les collectionneurs et autres lecteurs fous. Tout le monde en prend pour son grade dans une série de strips à la verticale à mourir de rire, des strips prépubliés dans le magazine Spirou depuis plus de quatre ans. Que vous soyez fan de Prat, Bilal, Cosey, Baru, Cauvin, Franquin ou Hergé, que vous aimiez les histoires à gros nez ou les récits introspectifs, Animal lecteur fera ressortir à coup sûr l’animal qui est en chacun de vous ! E.G.

12 Jan

Les Temps nouveaux (tome 1), de Warnauts et Raives. Editions Le Lombard. 14,95 euros.

Congo 40, Intermezzo, Fleurs d’ébène, A Coeurs perdus, Liberty, Les Suites vénitiennes… La liste des ouvrages réalisés à quatre mains par le tandem Warnauts – Raives est particulièrement longue, riche et éclectique. Avec ce premier volet des Temps nouveaux, paru au Lombard, les deux auteurs belges mêlent comme à leur habitude une belle histoire d’amour et un contexte historique fort, en l’occurrence celui de la fin des années 30 en Belgique. L’histoire ? Celle d’un jeune homme, Thomas, qui après huit ans passés au Congo belge, revient dans son village, quelque part dans les Ardennes. Il y retrouve son meilleur ami, un curé, et Alice, son amour de jeunesse. Mais huit ans, c’est long, et Alice est depuis devenue mère de famille et surtout elle a épousé Charles, le propre frère de Thomas. Et ce n’est pas le seul changement ! Alors que la guerre devient inéluctable, les deux frères se déchirent politiquement à l’image de la Belgique toute entière. Charles le notable est proche des rexistes pro-nazis de Léon Degrelle. Thomas, de son côté, combat farouchement l’Allemagne hitlérienne…

Ecrit, dessiné et mis en couleurs à quatre mains, ce nouvel opus de Warnauts et Raives est une totale réussite tant d’un point de vue graphique que narratif. Quand au fond, ils abordent ici une période noire pour la Belgique comme pour beaucoup de pays, une période de déchirements et de blessures profondes pour les peuples, ce qui en fait un récit forcément intéressant et prenant.On attend le second et dernier volet avec beaucoup d’impatience ! E.G.
 

En attendant que le vent tourne, de Blaise et Robin Guinin. Editions Casterman. 15 euros.

Cette histoire aurait pu être celle d’un été comme les autres dans un agréable coin de campagne accablé par la chaleur et seulement perturbé par quelques cris d’enfants au loin. Mais cet été là ne devait pas être comme les autres ! Pierrot, Florentin et Xavier, trois potes inséparables ont en effet décidé de construire une cabane dans un arbre. Une belle cabane qui va leur demander une semaine d’un travail acharné. Mais voilà, une fois achevée, quelqu’un va commettre l’irréparable en la détruisant. Persuadés que les auteurs de ce crime sont trois gamins d’un village voisin, une fille se prénommant Lucie et des jumeaux, Pierrot, Florentin et Xavier ne vont plus avoir en tête qu’une seule idée : se venger. Et bien sûr l’affaire tournera mal…

Paru dans la collection Univers d’auteurs, En attendant que le vent tourne est un petit bijou d’écriture et de dessin, de fraîcheur et d’intelligence. Au delà de l’histoire de ces gamins qui se querellent pour quelque chose d’à priori anecdotique, les deux jeunes frangins Blaise et Robin Guinin portent avec beaucoup de finesse un regard sur notre société et sur nous, les hommes, capables du pire comme du meilleur. Deux auteurs talentueux à découvrir d’urgence ! E.G.

11 Jan

Docteur Poche (intégrale 2), de Wasterlain. Editions Dupuis. 24 euros.

Un mélange d’aventure humoristique classique, de poésie, de fantaisie, de fantastique et de générosité : voilà comment la maison d’édition Dupuis présentait le travail de Marc Wasterlain lors de la sortie du premier volume de l’intégrale Docteur Poche. Et ce second tome, tout juste paru, en apporte une confirmation lumineuse en proposant aux lecteurs le fameux diptyque composé de La Planète des chats et du Géant qui posait des questions. L’auteur qui se sentait à l’étroit dans les formats habituels imposés par l’école belge trouva ici matière à libérer totalement son imagination et nous offrir un récit parodique en plein Moyen âge avec pour décor une planète ou les animaux se battent pour le pouvoir. Des animaux très humains en somme ! C’est dans les années 70 que Docteur Poche, personnage fétiche de Wasterlain, apparaît pour la première fois dans les pages du journal Spirou. Signe particulier : son nez. Pas rond, plutôt fin et long. Un nez qui fera dire à Jijé : « … un nez comme cela, c’est un trait esthétique qui ne correspond à rien ».  Pourtant, avec ce nez, son style graphique et sa façon de raconter, Wasterlain va s’imposer et influencer nombre d’auteurs comme Yslaire. En bonus, un dossier retrace la vie et l’œuvre de l’auteur dans le contexte de la fin des années 70 et du début des années 80 avec dessins, esquisses, croquis, photos… E.G.