31 Oct

La Nuit de la goule, Le Droit chemin (tome 2), de Lupano, Tanco et Lorien. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Valard, Dusquennes et les frères Blondiau. Ils sont tous les quatre orphelins et forment une fameuse bande ! C’est dans un établissement d’enseignement agricole pour pupilles de la nation qu’ils se sont rencontrés. Du côté de Merandac. Nous sommes en 1929 et les quatre lascars vont très vite se faire remarquer en multipliant les mauvais coups. On les considère déjà comme de la graine de voyous, des bagnards en puissance, mais c’est à Paris, pendant l’occupation, qu’ils vont vraiment trouver leur voie…

Six mois à peine après la parution du premier volet intitulé Les Enfants terribles, le scénariste Wilfrid Lupano, le dessinateur Tanco et le coloriste Lorien livrent la suite et fin de cette aventure qui se déroule dans l’entre deux guerres. De cette ouverture devrait-on plus logiquement écrire puisque des one-shots devraient suivre ce diptyque de mise en place et permettre aux quatre énergumènes de côtoyer des personnages emblématiques de notre Histoire avec un grand H !

De son côté, selon quelques indiscrétions, Wilfrid Lupano, à qui on doit déjà Alim le tanneur, L’honneur des Tzarom, Les aventures de Sarkozix ou encore L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, travaillerait aujourd’hui sur un nouveau projet, un conte tragi-comique d’après une histoire vraie, Le Singe de Hartlepool prévu dans la collection mirages courant 2012. A suivre… E.G.

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30 Oct

Gallipoli, Le Temps du rêve (tome 1), de Antoni, Ormière et Blancher. Editions Delcourt. 13,50€.

Les récits ayant pour cadre la Première guerre mondiale sont nombreux dans la bande dessinée. Ceux mettant en scène l’engagement de l’Australie et plus encore l’engagement du peuple aborigène sont beaucoup plus rares. Pour ne pas dire inexistants ! Le Temps du rêve, dont le premier volet vient de sortir aux éditions Delcourt, rattrape un tant soit peu cette « injustice ». C’est le scénariste Stéphane Antoni qui en a eu l’idée. Ce grand passionné d’histoire contemporaine et de culture aborigène a effectué plusieurs voyages en Australie. Ceci explique cela ! Cette série prévue en trois volumes s’ouvre sur un épisode peu glorieux de l’histoire de l’Australie, celui des générations volées, ces enfants d’Aborigènes australiens et d’indigènes du Détroit de Torres enlevés de force à leurs parents par le gouvernement australien. Il se poursuit par le débarquement d’un bataillon de jeunes engagés australiens, parmi lesquels figure justement un aborigène, sur les côtes turques en 1915. Le trait réaliste et plutôt soigné d’Olivier Ormière ainsi que les couleurs bien senties de Virginie Blancher participent pleinement à plonger le lecteur dans cette histoire d’hommes confrontés à la violence, celle de la guerre, celle aussi du colonialisme et du racisme ! E.G.

28 Oct

Sanctuaire (intégrale), de Xavier Dorison et Christophe Bec. Editions Les Humanoïdes Associés. 39,95€.

Publié il y a très exactement 10 ans, le premier volet de ce récit d’aventure signé Xavier Dorison pour le scénario, Christophe Bec pour le dessin et Homer Reyes pour les couleurs, faisait forte sensation dans le monde du Neuvième art. L’histoire, claustrophobique et angoissante à souhait, nous transporte en juin 2029, quelque part au large des côtes syriennes. L’USS Nebraska, le plus gros et le plus sophistiqué de tous les sous-marins américains en activité, capte alors sur ses écrans radars le signal d’une balise de détresse émettant depuis quelque 1200 mètres de profondeur. Arrivés sur place, les hommes du Nebraska découvrent l’épave d’un vieux sous-marin d’attaque soviétique gisant sur les ruines d’un sanctuaire. Décision est prise d’envoyer une équipe en reconnaissance, une hardiesse qu’ils ne tarderont pas à regretter…

Cette très belle intégrale sous coffret, publiée en octobre aux Humanoïdes Associés, réunit bien évidemment les trois volumes de la série ainsi qu’une dizaine d’illustrations pleine page parmi lesquelles figurent les couvertures des albums. Une très belle idée de cadeau, une manière aussi de découvrir ou de redécouvrir ce qui fait aujourd’hui figure de grand classique du suspense et de l’horreur. Pour ceux qui n’ont pas peur d’une véritable descente aux enfers en apnée et sans palmes. Paliers de décompression à prévoir pour le retour à la vie réelle ! E.G.

27 Oct

Vol de nuit, de Antoine de Saint-Exupéry, illustré par Bernard Puchulu. Editions Futuropolis. 20€.

Après Voyage au bout de la nuit, Casse-pipe, Mort à crédit, Cœur des ténèbres, Meurtres pour mémoire, la collection Futuropolis-Gallimard propose une édition illustrée de Vol de nuit. Ce roman, écrit par Antoine de Saint-Exupéry il y a maintenant plus de 80 ans raconte le quotidien des premiers pilotes de ligne, prêts à tout pour mener à bien leur mission, y compris à sacrifier leur vie. C’est Bernard Puchulu qui signe les illustrations. Professeur de dessin, dessinateur publicitaire et auteur de plusieurs bandes dessinées dont La Boîte morte, le vengeur et son double ou La Jeune copte, le diamantaire et son boustrophédon chez Dargaud, Bernard Puchulu utilise ici la technique du clair obscur pour mettre en images les fameux vols de nuit qui devaient imposer l’aviation pour le transport du courrier. Un best-seller de la littérature à découvrir ou redécouvrir autrement ! E.G.

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Indien, mon frère, Les Tuniques bleues (tome 55), de Lambil et Cauvin. Editions Dupuis. 10,45€.

La cavalerie nordiste a un problème. Un sérieux problème ! Elle n’a quasiment plus de chevaux. Et ceux qui restent sont dans un état déplorable. Les uns sont malades, les autres, blessés ou trop vieux pour charger convenablement l’ennemi. Vous avez déjà vu une cavalerie sans canassons ? Ridicule ! Il faut réagir. Le caporal Blutch et le sergent Chesterfield sont désignés volontaires pour aller chercher des chevaux chez les Comanches, quelque part au fin fond du Texas. Et pour cela, ils se déguisent en colons. Mais sur leur route, nos deux compères rencontrent les Confédérés et leur chef, le lieutenant colonel James Bourland, dit Le Bourreau du Texas. Pas commode ! Ils vont aussi tomber sur un drôle de zigue indien qui ressemble comme deux gouttes de bourbon à Blutch. Un sosie ? Non, un frère jumeau…

Plus de quarante ans d’existence, 55 albums, des milliers de planches publiées, des dizaines de milliers de chevaux dessinés et toujours ce même appétit pour entraîner le lecteur dans le Far West et lui faire vivre des aventures alliant humour et réalité historique, le tout surmonté d’un nuage d’antimilitarisme. Lambil et Cauvin sont des stars du Neuvième art, des stars qui travaillent énormément et produisent des albums avec une régularité exemplaire. Le scénario de ce dernier opus publié tout juste un an après Miss Walker, est basé sur une révélation surprenante. Blutch aurait donc un frère ! Comme toujours, le découpage est somptueux, les dialogues clairs et nets. Le trait, lui, semble plus sombre et encore plus précis que d’habitude. Indispensable ! E.G.

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Sous l’entonnoir, de Sibylline et Natacha Sicaud. Editions Delcourt. 17,50€.

Se battre pour ne pas devenir comme eux, pour afficher une normalité rassurante, pour espérer sortir… peut-être un jour. Mais sortir de cet endroit est beaucoup moins facile que d’y entrer ! Aline, 17 ans, va très vite le comprendre. Internée dans le service psychiatrique de l’Hôpital Sainte-Anne à la suite d’une tentative de suicide, la jeune fille découvre un univers qu’elle n’imaginait même pas. Des couloirs vides et sans fin, des réfectoires et des chambres sans âme, des silences interminables soudainement rompus par les cris de ces malades, parfois lourdement atteints, qui déambulent dans leur pyjama en attendant… que le temps passe. Bien qu’assommée par les médicaments, Aline reste lucide, écrivant son ressenti. « J’ai eu un pyjama bleu mais pas d’entonnoir », confie-t-elle. Pas d’entonnoir et une peur bleue comme son pyjama de devenir folle, vraiment folle. « C’est difficile de s’affranchir d’une histoire », écrit-elle. Une mère qui se suicide, un père qui perd pied et menace de mettre fin à ses jours, une grand-mère qui fait ce qu’elle peut… et pour Aline, une vie qui aurait pu basculer définitivement…

Dès les premières pages, Sous l’entonnoir nous rappelle un autre album de la même veine. Il s’agit de La Parenthèse d’Elodie Durand qui a remporté le prix Révélation 2011 au Festival international de la bande dessinée. Comme Elodie Durand, Sibylline raconte ici un épisode totalement dramatique de sa vie, une épreuve qu’elle a réussi à surmonter, « l’histoire d’une fille qui trébuche et qui repart », résume la dessinatrice Natacha Sicaud. C’est en récupérant son dossier médical quinze ans après cette sinistre expérience que lui vient l’idée de raconter son histoire en BD, une démarche pas toujours facile, reconnaît-elle, mais peut-être nécessaire. « Quand l’écriture du scénario s’est achevée, j’ai eu une immense bouffée de panique, sur ma légitimité à parler de tout ça. De l’hôpital, des traitements, des patients. J’ai pris rendez-vous, pour récupérer mon dossier. Le temps passant, les événements sont moins vifs, et tout à coup, ça me paraissait assez banal, bien trop intégré. Se replonger dans cet endroit le temps d’une après-midi, se sentir touriste curieuse alors que j’avais fait partie des murs pendant quelques semaines, c’était assez déconcertant […]. Quant au partage, la perspective de faire lire, oui, ça a été un questionnement difficile. Mais aujourd’hui, c’est comme si c’était quelqu’un d’autre que moi qui est raconté. C’est certainement pour ça que j’ai choisi de l’appeler Aline plutôt que Sibylline ». Pour mettre son histoire en images, Sibylline a fait appel à Natacha Sicaud, transfuge de l’illustration jeunesse, auteure notamment de J’ai vu une fée sur un vélo chez Nathan ou de L’Arbre qui chante chez Hatier. Avec son trait direct et expressif, ses décors minimalistes, sa représentation des malades et des soignants très travaillée, très documentée, et ses couleurs froides, Natacha Sicaud colle parfaitement au sujet ! Une autobiographie prenante et émouvante ! E.G.

26 Oct

Un album BD, une monographie et deux expos : Cosey et Jonathan font un retour en force…

Absent depuis trois ans, l’auteur suisse Bernard Cosendai, alias Cosey, fait un retour en force en compagnie de son personnage fétiche, Jonathan. Il y a d’abord la sortie de ce quinzième album de la série qui nous invite à un nouveau voyage en Asie. Plus précisément, cette fois, c’est en Birmanie, à May Myo, qu’on retrouve notre héros. Dans cette ancienne station climatique, perchée à 1050 m d’altitude, Jonathan fait la rencontre d’une jeune japonaise, Atsuko, qui enquête sur la disparition mystérieuse de sa grande tante au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Intrigué par cette histoire, Jonathan rejoint bientôt Atsuko dans les hautes montagnes japonaises. Là, dans un paysage blanc immaculé, comme les aime tant Cosey, Jonathan et la jeune femme sont les victimes d’un étrange rôdeur…

En créant Jonathan en 1975, Cosey ne pensait absolument pas l’animer encore aujourd’hui. Le destin en a voulu autrement grâce à un rédacteur en chef du journal Tintin, Henri Desclez, qui vit dans ces aventures là quelque chose d’inhabituel et donc d’indispensable au Neuvième art. Et c’est vrai que Jonathan est une série singulière, une œuvre forte, intelligente, sensible et humaniste, avec des personnages d’une richesse intérieure incroyable, des dialogues qui vont à l’essentiel et un découpage inclassable qui privilégie la suggestion et encourage l’imagination. Dans ces aventures profondément imprégnées de philosophies orientales, de sérénité, de calme, il y a forcément quelque chose de Cosey.

« Jonathan, c’était mon autobiographie imaginaire. Une sorte de moi fantasmé, une version améliorée », peut-on lire dans le second oouvrage portant la griffe de Cosey et sortant également ce mois-ci. Son titre : Jonathan: une autobiographie en BD. Sur 192 pages, ce magnifique ouvrage, à la fois art-book, monographie, recueil d’entretiens et carnet de voyages, nous invite à pénétrer l’univers de Jonathan à travers les propos de l’auteur recueillis par Antoine Maurel, les textes de Claude B. Lenvenson et les nombreuses esquisses, illustrations, aquarelles et photographies de Cosey lui-même. Au delà d’une mise en perspective de la série dans son contexte de création, ce livre nous parle du Neuvième art avec intelligence. Passionnant !

Enfin, deux expositions rendront hommage dans les prochaines semaines à la série Jonathan et à son auteur : la galerie Champaka à Bruxelles du 4 au 20 novembre et la galerie Daniel Maghen à Paris du 2 au 12 novembre. Chacune d’elles présentera notamment une vingtaine de planches encrées de la dernière aventure de Jonathan, Atsuko, et quelques illustrations en couleur. Pour plus d’information, consultez leur site respectif, ici pour Champaka et pour Daniel Maghen. E.G.

Dans le détail

– Jonathan, une autobiographie imaginaire en BD, de Cosey. Editions Le Lombard. 15,95 euros.

– Atsuko, Jonathan (tome 15), de Cosey. Editions Le Lombard. 15,95 euros.

Les aventures de Tintin : le secret de la licorne de Spielberg dans les salles…

L’adaptation cinématographique des aventures de Tintin signée Steven Spielberg est sortie ! Inutile de présenter l’un et l’autre, ce sont deux stars incontestées, l’histoire d’une recontre qui aboutit à un film singulier, réalisé selon une méthode révolutionnaire dans l’animation – la « motion picture » – consistant à tourner les scènes avec de vrais acteurs puis de les convertir en images de synthèses. Résultat : même si les avis divergent principalement du côté des inconditionnels d’Hergé, le résultat est tout de même surprenant, pour ne pas dire bluffant ! En attendant de juger par vous-même, nous vous laissons découvrir quelques images…

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24 Oct

La Médecine et Le Sport (intégrales), de Serre. Editions Glénat. 12,50€ le volume.

Ses dessins ont fait le tour du monde ! Impossible pourtant de les regarder aujourd’hui encore sans éprouver un sentiment de crainte, de crispation, d’angoisse, de mort subite. Qu’il s’agisse du cycliste qui perd sa selle en pleine ascension, de l’escrimeur qui se coupe la tête en deux en voulant saluer son adversaire, de ce bloc opératoire d’où s’échappe une rivière de sang ou de ces poubelles regorgeant de boyaux en tout genre… Serre s’est fait une spécialité de l’illustration d’humour noir. Très noir ! Et en trente ans de carrière, l’homme a abordé tous les thèmes, depuis le bricolage jusqu’à la l’automobile, en passant par la musique, les vacances ou encore le savoir-vivre… Parce que son œuvre est universelle et intemporelle, les éditions Glénat rééditent une nouvelle fois mais dans un format plus actuel deux opus thématiques intitulés Le Sport et La Médecine. Un délice d’humour et de graphisme ! E.G.

La Face cachée du Z, Les aventures de Spirou et Fantasio (tome 52), de Yoann et Vehlmann. Editions Dupuis. 10,45 euros.

Z, alias Zorglub, aurait-il désormais des intentions vertueuses comme il le prétend ? En tout cas, Spirou, Fantasio, Spip et le compte de Champignac ont bien du mal à le croire. Et ce n’est pas sa dernière facétie qui va les faire changer d’avis. Téléportés pendant leur sommeil sur la Lune, sur ordre de Zorglub, nos quatre amis découvrent à leur réveil un immense laboratoire où le savant fou envisage de mener de nouvelles expériences « vitales » pour l’humanité. On tremble déjà ! Mais le plus surprenant est ailleurs. Sur la face cachée de la Lune ! Pour financer ce fameux laboratoire, soi-disant de façon légale, Z a en effet créé un immense parc de loisirs pour milliardaires épris de tourisme spatial. On y croise tout le gotha international, depuis le chanteur Zapata jusqu’au prince de Mantoue, en passant par le joueur de basket Mike Adibok ou la star hollywoodienne Blythe Prejlowieky. Mais que nous prépare donc l’affreux Zorglub ? De ce côté là, le mystère s’épaissit…

Avec une volonté affichée de modernité et une touche de tradition, le dessinateur nantais Yoann et le scénariste Vehlmann ont repris la destinée des célèbres Spirou et Fantasio il y a maintenant plus de deux ans, succédant en cela au tandem Munuera – Morvan. La Face cachée du Z, cinquante-deuxième épisode de la série, deuxième opus de Yoann et Vehlmann, nous offre une histoire rocambolesque et lunaire avec un Spirou qui par un jeu d’écriture retrouve son costume traditionnel de groom et un Zorglub encore plus fourbe et insaisissable que d’habitude. Un dessin dynamique, des décors célestes, un scénario bien ficelé, de l’humour… Yoann et Vehlmann impriment leur marque sur l’une des séries les plus mythiques de la bande desssinée franco-belge ! EGuillaud