Absent depuis trois ans, l’auteur suisse Bernard Cosendai, alias Cosey, fait un retour en force en compagnie de son personnage fétiche, Jonathan. Il y a d’abord la sortie de ce quinzième album de la série qui nous invite à un nouveau voyage en Asie. Plus précisément, cette fois, c’est en Birmanie, à May Myo, qu’on retrouve notre héros. Dans cette ancienne station climatique, perchée à 1050 m d’altitude, Jonathan fait la rencontre d’une jeune japonaise, Atsuko, qui enquête sur la disparition mystérieuse de sa grande tante au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Intrigué par cette histoire, Jonathan rejoint bientôt Atsuko dans les hautes montagnes japonaises. Là, dans un paysage blanc immaculé, comme les aime tant Cosey, Jonathan et la jeune femme sont les victimes d’un étrange rôdeur…
En créant Jonathan en 1975, Cosey ne pensait absolument pas l’animer encore aujourd’hui. Le destin en a voulu autrement grâce à un rédacteur en chef du journal Tintin, Henri Desclez, qui vit dans ces aventures là quelque chose d’inhabituel et donc d’indispensable au Neuvième art. Et c’est vrai que Jonathan est une série singulière, une œuvre forte, intelligente, sensible et humaniste, avec des personnages d’une richesse intérieure incroyable, des dialogues qui vont à l’essentiel et un découpage inclassable qui privilégie la suggestion et encourage l’imagination. Dans ces aventures profondément imprégnées de philosophies orientales, de sérénité, de calme, il y a forcément quelque chose de Cosey.
« Jonathan, c’était mon autobiographie imaginaire. Une sorte de moi fantasmé, une version améliorée », peut-on lire dans le second oouvrage portant la griffe de Cosey et sortant également ce mois-ci. Son titre : Jonathan: une autobiographie en BD. Sur 192 pages, ce magnifique ouvrage, à la fois art-book, monographie, recueil d’entretiens et carnet de voyages, nous invite à pénétrer l’univers de Jonathan à travers les propos de l’auteur recueillis par Antoine Maurel, les textes de Claude B. Lenvenson et les nombreuses esquisses, illustrations, aquarelles et photographies de Cosey lui-même. Au delà d’une mise en perspective de la série dans son contexte de création, ce livre nous parle du Neuvième art avec intelligence. Passionnant !
Enfin, deux expositions rendront hommage dans les prochaines semaines à la série Jonathan et à son auteur : la galerie Champaka à Bruxelles du 4 au 20 novembre et la galerie Daniel Maghen à Paris du 2 au 12 novembre. Chacune d’elles présentera notamment une vingtaine de planches encrées de la dernière aventure de Jonathan, Atsuko, et quelques illustrations en couleur. Pour plus d’information, consultez leur site respectif, ici pour Champaka et là pour Daniel Maghen. E.G.
Dans le détail
– Jonathan, une autobiographie imaginaire en BD, de Cosey. Editions Le Lombard. 15,95 euros.
– Atsuko, Jonathan (tome 15), de Cosey. Editions Le Lombard. 15,95 euros.