Quoi de mieux qu’un beau pavé pour célébrer les cinquante ans de mai 68, un beau pavé de 192 pages et d’un peu plus de 800 grammes signé Patrick Rotman et Sébastien Vassant, conjointement édité par les éditions Delcourt et Seuil. Retour sur des événements qui ont façonné la société française…
L’imagination au pouvoir, sous les pavés la plage, la beauté est dans la rue…
Que reste-t-il de mai 68 à part ces slogans que tout le monde connaît ? Pas mal de choses finalement. À l’instar des deux guerres mondiales, de la guerre d’Algérie ou encore de l’arrivée au pouvoir de la gauche en 1981, les événements de mai 68 ont façonné la société française, ils ont même laissé dans la mémoire collective une onde de romantisme révolutionnaire encore vivace aujourd’hui.
Historien, auteur, réalisateur et scénariste, Patrick Rotman a vécu les événements de 68 aux premières loges. Il était alors étudiant à la Sorbonne. Depuis, il les a racontés à plusieurs reprises dans des livres, des films et aujourd’hui, pour la première fois, en BD. Avec une double approche explique-t-il en ouverture du récit : « L’une faite de vécu, de souvenirs personnels, nourrie d’anecdotes et de dialogues pris sur le vif. L’autre relève d’une démarche distancée et historique. Le résultat est ce récit du mois de mai en bas et en haut, dans la rue et au sommet du pouvoir, dans la Sorbonne occupée et à l’Elysée aux abois, chez Renault en grève et à Matignon à la manoeuvre ».
La Veille du grand soir n’est pas un livre d’histoire au sens strict du terme, d’autant que Patrick Rotman a injecté une petite part de fiction en mêlant à la réalité des faits une poignée de personnages imaginaires. Mais il relève plutôt bien le mécanisme qui a poussé la jeunesse puis les ouvriers, les employés, les fonctionnaires… dans la rue. Plus qu’une révolte, Sire, c’est une crise existentielle qui secoue le pays.
De Gaulle, Pompidou, Cohn-Bendit, Krivine, Weber, les ouvriers de Renault… et les étudiants bien évidemment, Patrick Rotman et Sébastien Vassant dont on relèvera l’excellent travail graphique nous glissent aux côtés des principaux protagonistes des événements avec une seule volonté pour Rotman : offrir en BD « le récit des journées de mai à Paris, vues par les yeux d’un très jeune étudiant dont tout ressemblance avec l’auteur de ces lignes ne pourrait être qu’accidentelle ». Et de ce côté-là, c’est plutôt bien réussi !
Eric Guillaud
La Veille du grand soir, Mai 68, de Patrick Rotman et Sébastien Vassant. Delcourt. 24,95€