21 Fév

Nouveauté 2025. Aquablue : retour sur la planète bleue avec Fred Duval, Stéphane Louis et Véra Daviet

N’ayons pas peur des mots : nous avons là l’une des plus grandes séries de science-fiction de la bande dessinée francophone qui a inspiré et continue d’inspirer aujourd’hui encore de nombreux auteurs, Aquablue est de retour avec un dix-neuvième épisode emmené une nouvelle fois par Stéphane Louis au dessin et par un petit nouveau qui n’en est pas vraiment un au scénario, Fred Duval…

Les choses ont bien changé depuis le lancement de la série en avril 1988. À commencer par la révolution numérique qui a profondément modifié nos vies. Mais une chose n’a pas évolué, ou plutôt si, elle a empiré, c’est cette capacité qu’ont les hommes à détruire l’environnement pour posséder toujours plus.

Retour vers le futur ! Un futur imaginé par Thierry Cailleteau au scénario et Olivier Vatine au dessin avec, dans le rôle-titre, Aquablue, une planète bleue, couverte essentiellement d’océans et habitée par une communauté de pêcheurs pacifiques. Le seul terrien dans les premières pages de l’album d’ouverture s’appelle Nao. Il est l’unique rescapé d’un naufrage spatial et a été élevé par les indigènes. Une vie de rêve jusqu’à l’arrivée d’autres Terriens ambitionnant de créer sur la planète un complexe industriel aux conséquences environnementales forcément désastreuses. Pour Nao et le peuple d’Aquablue, c’est le début d’une longue résistance à armes inégales.

© Delcourt / Duval, Louis & Daviet

Trente-sept ans et quelques péripéties plus tard, Nao reste au cœur des aventures, malgré les multiples changements d’auteurs et le décès de Thierry Cailleteau. Pour ce 19ᵉ volet, Stéphane Louis, déjà présent sur l’épisode précédent, reprend les pinceaux, tandis que Fred Duval, auteur prolifique de près de 200 albums, dont de nombreux récits de science-fiction (Carmen Mc Callum, Travis, Renaissance, Apogée…), signe le scénario. Un parcours impressionnant qui lui a valu d’être nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2020.

Un parcours qui a surtout débuté dans les années 90 dans le petit cercle formé alors par quelques auteurs rouennais dont faisaient partie Olivier Vatine et Thierry Cailleteau, les créateurs d’Aquablue. Autant dire que ce n’est pas tout à fait un hasard si on le retrouve aujourd’hui à la tête de la série, Fred Duval était l’homme de la situation.

© Delcourt / Duval, Louis & Daviet

Et l’histoire de ce nouvel épisode ? On retrouve avec plaisir l’univers qui a fait le succès de la série, les personnages, les décors, les vaisseaux spatiaux, une bonne dose d’action, une pointe d’humour et la belle petite touche écolo qui a fait la différence depuis le début, ici la mort mystérieuse de plusieurs Uruk Uru, ces monstres marins vénérés par la population locale. Pour en découvrir les raisons, Nao va devoir enfreindre l’interdiction qui lui est faite de mettre les pieds sur Aquablue et tenter par la même occasion de renouer le dialogue avec son fils Ylo. Et l’affaire ne sera pas des plus simples !

Côté graphisme, Stéphane Louis s’en sort très bien avec un dessin qui ne joue pas l’esbroufe mais vise l’essentiel, l’efficacité avant tout, les couleurs de Véra Daviet faisant le reste du boulot. Du divertissement avec un D majuscule !

Eric Guillaud

Clandestin, Aquablue tome 19, de Duval, Louis, et Daviet. Delcourt. 15,50€

15 Fév

Nouveauté 2025. L’Abîme de l’oubli : Paco Roca et Rodrigo Terrasa exhument l’histoire de la guerre d’Espagne

Pourquoi s’entêter à remuer le passé ? Pour ne jamais oublier ! C’était précisément l’objectif des exhumations des victimes de la guerre civile espagnole entreprises dans les années 2000 sur plusieurs fosses communes à travers le pays. Et c’est encore l’objectif de cette bande dessinée qui retrace justement l’une d’entre elles

Plus d’un million de morts, des dizaines de milliers de disparus, autant d’exilés, plus de 4000 fosses communes, un pays en ruine, déchiré pour des années, pour des dizaines d’années.

L’Espagne aussi a connu ses heures sombres au milieu du XXe siècle, laissant le pays exsangue et longtemps enclin à préférer la politique de l’oubli, une amnésie nécessaire au retour de la démocratie selon certains, une amnésie aussi impardonnable que les crimes commis, selon les autres.

Il faut attendre les années 2000, soit plus de 20 ans après le rétablissement de la démocratie, pour que des exhumations soient initiées à travers le pays avec pour ambition de rendre les corps des victimes de la guerre civile aux familles. Mais leur réalisation est demeurée intermittente, soumises aux aides accordées selon les partis au pouvoir.

Cet album signé par Paco Roca, auteur multi-récompensé, et Rodrigo Terrasa, journaliste au El Mundo, raconte l’histoire d’une de ces exhumations. La fosse commune porte le numéro 126, se trouve dans le cimetière de Paterna, du côté de Valence. Il raconte le travail des archéologues, le combat des familles pour récupérer les ossements de leurs proches, il raconte surtout la répression franquiste, les fusillades à la chaine, les milliers de morts, les corps jetés dans l’abîme de l’oubli avec de la chaux pour unique linceul.

Dans un pays qui ne parvient toujours pas à regarder son passé en face, qui se déchire politiquement autour de sa mémoire, Paco Roca et Rodrigo Terrasa entendent donner à travers ces quelques 300 pages « une voix à tous ceux que l’histoire a réduits au silence ».

Pour la réalisation de cet album, les auteurs ont consulté des archéologues, des historiens, des journalistes, recueilli des témoignages de familles de victimes, exploré de nombreuses archives et visité divers sites d’exhumation. Ce travail minutieux de documentation en fait aujourd’hui un témoignage précieux et incontournable pour la mémoire collective.

Eric Guillaud

L’abîme de l’oubli, de Roca et Terrasa. Delcourt. 29,95€

Delcourt / Roca & Terrasa

13 Fév

Nouveauté 2025. Lune de miel de Bastien Vivès : en route pour de nouvelles aventures

Après La Vérité sur l’affaire Vivès, une bande dessinée satirique qui revenait sur les accusations d’apologie de l’inceste et d’éloge de la pédopornographie portées contre lui, Bastien Vivès retourne à la fiction avec le premier volet d’une nouvelle série intitulée Lune de miel, voulue comme un hommage aux films d’action des années 80…

« Dis à mamie de remonter le téléphone, je vois juste vos pieds ». C’est avec cette phrase, qui résonnera sans doute auprès de nombreux parents ayant laissé leurs enfants pour quelques jours de vacances au soleil, que s’ouvre Le Baiser du Sphinx, premier volet de la nouvelle série Lune de miel emmenée par Bastien Vivès. Et de fait, Sophie et Quentin sont partis en amoureux pour une île grecque faire le plein de soleil et le vide autour d’eux.

« Et si le paradis, c’était juste une plage déserte, le soleil, faire l’amour, manger des saganakis… »

Le problème avec le paradis, c’est qu’il n’est jamais très loin de l’enfer. Il suffit d’un hasard malheureux, d’une rencontre imprévue, pour que tout bascule. Ce hasard malheureux s’appelle Olivier Troimil. Sophie et Quentin ne le reconnaissent pas tout de suite, lui très bien. Et de les inviter sur son bateau pour un dîner avec « des gens sympas ».

Enfin son bateau… pas vraiment. Le véritable propriétaire, Jacques Vermulen, est un grand collectionneur de bandes dessinées et accessoirement un trafiquant d’armes. Et les « gens sympas » conviés pour le dîner ? Des barons de la pègre. Sophie et Quentin ont à peine le temps de comprendre dans quelle situation ils se sont fourrés que la soirée dérape et tourne au carnage…

Terminées les gentillettes vacances de papa et maman ! Comme dans ses deux albums de Corto Maltese, Océan noir et La reine de Babylone, l’aventure, la grande aventure, ne pouvait être qu’au bout de la rue de Lune de miel, le tout premier album de 48 pages de l’auteur plutôt habitué jusqu’ici aux romans graphiques au nombre de pages plus conséquent. Et quelle aventure : une belle brochette de narcotrafiquants surarmés et cocaïnés, un papillon tropical tueur, un yacht qui finit par exploser, des requins qui nous rejouent Les Dents de la mer… bref, un vrai récit d’action qui ne manque ni de rythme ni d’humour.

Eric Guillaud

Le Baiser du sphinx, Lune de miel tome 1, de Bastien Vivès. Casterman. 14,95€

© Casterman / Vivès

11 Fév

Vacances d’hiver : 12 mangas à lire sur les skis ou dans un lit

Vacances, on oublie tout… ou presque ! On n’oublie pas de lire, et pourquoi pas de lire des mangas. Vous n’y connaissez rien mais vous êtes un brin curieux, alors voici une petite sélection de nouveautés rien que pour vous…

Attention, pépite ! L’œuvre culte de Taiyô Matsumoto, Frères du Japon, fait son grand retour dans le catalogue Delcourt / Tonkam avec une édition prestige qui devrait ravir les amoureux des univers poétiques et oniriques du Mangaka. Ce recueil est composé de neuf nouvelles, neuf histoires singulières où se mêlent réalisme et imaginaire. Il y explore ses thèmes fétiches, notamment l’enfance, la folie et la mort, avec un graphisme époustouflant, immédiatement reconnaissable par ses influences européennes à chercher notamment du côté de Moebius. Un trait racé, des planches à la composition parfaite, un noir et blanc à tomber par terre et des personnages qui nous embarquent dans leur histoire, Frères du Japon prouve si besoin est l’immense talent de Matsumoto. (Frères du Japon, de Taiyô Matsumoto. Delcourt Tonkam. 19,99€)

Comme nous l’avons vu avec Taiyô Matsumoto, certains auteurs japonais s’inspirent de la bande dessinée européenne, tandis qu’à l’inverse, des auteurs européens puisent leur inspiration dans le manga. C’est le cas d’Ariane Astier, qui signe avec Moody Rouge son premier livre, un manga qui conserve néanmoins un sens de lecture occidental. Côté histoire, Moody Rouge s’inscrit, nous dit l’éditeur, dans la filiation des mangas horrifiques de Naoki Urasawa avec pour personnage un enfant adopté, Ben, qui décide de partir à la recherche de sa famille biologique et tombe sur un secret de famille qui va bouleverser sa vie. (Moody Rouge, d’Ariane Astier. Casterman. 18€)

Le 109e tome de One Piece, la série culte d’Eiichiro Oda, est annoncé pour début avril aux éditions Glénat. En attendant, vous pouvez toujours vous replonger dans son univers avec le magazine qui lui est entièrement consacré. Le tome 14 vient de sortir avec au sommaire un énorme dossier sur les rivaux de Luffy qui l’ont poussé à se surpasser et à devenir le roi des pirates, un manga signé Boichi, une interview de Pone-piglyphe, des illustrations en pagaille… (One Piece magazine, tome 14. Glénat. 19,90€)

Plus de quarante ans d’existence, autant de volumes publiés, plus de 330 millions d’exemplaires écoulés, ce qui en fait le deuxième manga le plus vendu au monde derrière One Pièce!… Bref, Dragon Ball méritait bien son guide officiel et c’est chose faite depuis 2021 avec Dragon Ball – Le super livre qui vient de s’enrichir d’un quatrième volume en décembre dernier avec au menu LE dictionnaire de la série. Personnages, techniques, lieux, objets… tout y est répertorié et classé avec pour commencer un tableau chronologique du monde de Dragon Ball. Une bible pour les fans ! (Dragon Ball – Le Super livre tome 4, de Akira Toriyama. Glénat. 32€)

On reste dans l’univers de Dragon Ball avec la parution du septième volume de la collection Full Color grand format, dont la publication a débuté en mai 2024. Sept tomes en moins d’un an : une cadence impressionnante pour une édition somptueuse qui ravira aussi bien les fans de la première heure que les nouveaux convertis. (Dragon Ball Full Color tome 7, d’Akira Toriyama. Glénat. 14,95€ le volume)

Changement radical d’ambiance graphique avec cette nouvelle édition du cultissime Dorohedoro de la Mangaka Q-Hayashida que vous avez peut-être découvert avec la série Dai Dark en cours de publication aux mêmes éditions Soleil. Dans un univers post-apocalyptique, le personnage principal à tête de reptile, Caiman, navigue entre la cité-décharge des humains et le monde des mages dans une quête acharnée pour retrouver son identité perdue. Une histoire joliment gore passée à la moulinette de l’humour noir serré ! (Dorohedoro, Chaos édition, de Q-Hayashida. Soleil Manga. 19,99€)

Lancée en septembre 2023, la nouvelle édition du manga de Hiroaki Samura, L’Habitant de l’infini, s’est enrichie d’un septième volume en janvier dernier, avec un huitième attendu pour avril. Prévue en 15 volumes doubles, cette réédition offre l’opportunité de découvrir ou redécouvrir l’œuvre dans un format généreux et de retrouver Manji, le samouraï immortel, au cœur de combats de sabre tout à fait spectaculaires, sublimés par un graphisme réaliste brut saisissant. Une œuvre incontournable ! (L’Habitant de l’infini, Immortal editions Tome 7, de Hiroaki Samura, Casterman. 13,95€)

Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité ! Telle était la promesse, mais elle ne se réalisera pas. Alors que la paix entre la Terre et ses colonies semblait sur le point d’être signée, un attentat frappe la station Laplace, où se tient une cérémonie officielle. Le Premier ministre terrien est tué en plein discours, et le conflit millénaire repart de plus belle. Une histoire palpitante pour les passionnés de science-fiction, de vaisseaux spatiaux et de robots emmenée par le mangaka Kozo Ohmori sur un scénario de Harutoshi Fukui ! (Mobile suit Gundam Unicorn, 2 tomes parus, de Fukui et Omori. Vega. 15,50€)

On continue avec les rééditions et la série Rave. Dix-huit tomes attendus, 5 sont d’ores et déjà disponibles, une réédition en grand format et volumes doubles, de quoi profiter pleinement du dessin de Hiro Mashima et de cette histoire à la Dragon Ball qui débute dans un monde sur le point de basculer dans les ténèbres, cinquante ans après une guerre qui a opposé les Rave, les pierres sacrées, aux Dark Bring, les pierres maléfiques et vu la victoire des Rave. Pour éviter que les Dark Bring reprennent le dessus, il faut un sauveur, ce sera Haru, un jeune garçon aux cheveux argentés plein de ressources, doté d’une épée gigantesque et toujours accompagné de Plue, un petit animal qui ressemble étrangement à un bonhomme de neige. Ensemble, ils vont lutter contre les Dark Bring et l’organisation criminelle Demon Card. La première grande série de l’auteur de Fairy Tail ! (Rave tome 5, de Hiro Mashima. Glénat. 14,95€ le volume)

C’est une histoire d’épicier. Mais d’épicier épicé. Du genre qui ne vend pas que des légumes. Taro Sakamoto, c’est son nom, a beau avoir un léger embonpoint, une moustache à la papa, des lunettes de myope, il est à lui seul un mythe, une légende, un ex-tueur admiré de tous ses congénères, craint par tous les gangsters. Oui, Sakamoto l’épicier avait le flingue facile avant de raccrocher, de se marier, d’avoir un enfant et de s’installer comme épicier. Une vie pépère jusqu’au jour où le jeune assassin télépathe Sin débarque dans la supérette. Vous voulez de l’action ? Alors vous en aurez, Sakamoto Days est un concentré d’énergie au rythme de parution effréné. Le tome 16 est sorti en ce mois de janvier et six épisodes sont d’ores déjà disponibles sur Netflix. (Sakamoto Days tome 16, de Yuto Suzuki. Glénat. 7,20€) 

Et si l’économie devait penser l’humain avant de penser l’argent. C’est en tout cas ce qu’enseigne le professeur d’économie Yohei Kamo. Un doux dingue pour certains, un génie pour d’autres, un gars qui va en tout cas jusqu’au bout de ses idées, n’hésitant pas à s’installer dans la rue pour se mettre dans les conditions d’un exclu. C’est d’ailleurs là que Nisaki Natori, étudiante en deuxième année d’économie, le rencontre. Mais c’est dans son bureau, à l’université, qu’elle recevra un cours dont elle risque bien de se souvenir toute sa vie avec des théories révolutionnaires qui pourraient signer la fin du système. Pour tous ceux qui rêvent d’un autre monde ! (La fin du système tome 1, de Shinobu Kaitani. Delcourt / Tonkam. 8,50€)

Inspiré du titre d’une chanson du groupe de rock japonais RC Succession, « Sing Yesterday for Me » raconte l’histoire d’Uozumi, un jeune homme sans réelle ambition, se décrivant lui-même comme un marginal. Fraîchement diplômé de l’université, il travaille dans une supérette pour subvenir à ses besoins. Côté cœur, Uozumi est tiraillé entre Haru, une mystérieuse jeune femme toujours accompagnée d’un corbeau, et Shinako, une ancienne camarade de l’université. Une histoire d’amour avec un supplément d’âme. (Sing Yesterday for me, de Kei Toume. Moon Light. 8,50€)

Eric Guillaud

09 Fév

« Personne n’est condamné à souffrir en silence », rencontre avec Alix Garin, lauréate du Fauve d’Angoulême Prix du public France Télévisions 2025

Chaque année, le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême met en lumière les talents du neuvième art, et le Prix du Public France Télévisions en est l’un des moments forts. Pour cette édition, le jury a récompensé Impénétrable d’Alix Garin, une œuvre intime et audacieuse qui brise les tabous autour du vaginisme…

© Eric Guillaud / Alix Garin recevant son Fauve Prix du Public France Télévisions sur la scène du théâtre d’Angoulême

Pour la sixième année consécutive, France Télévisions s’est associé au Festival International de la Bande Dessinée pour décerner le Prix du Public. Huit albums étaient en lice cette année, sélectionnés par un comité de journalistes et de spécialistes de la littérature de France Télévisions, et proposés à un jury public composé de neuf lecteurs et lectrices passionnés.

Après Chloé Wary, Léonie Bischoff, Léa Murawiec, Sole Otero, le jury a cette année souhaité remettre le prix à l’autrice belge Alix Garin pour son album Impénétrable paru au Lombard, un témoignage profondément intime, audacieux et sans tabous sur un trouble sexuel méconnu dont elle a souffert pendant des années : le vaginisme, qui rend tout rapport sexuel impossible et affecte la libido.

Pour les membres du jury de lecteurs, Impénétrable est une BD « émouvante, courageuse, lucide, sincère, elle porte sur le désir, sur le plaisir, mais c’est encore plus que ça, c’est aussi une recherche de sens dans la vie et dans le couple ».

La suite ici

08 Fév

De Buck Danny à Chakipu, dix BD jeunesse à dévorer pendant les vacances d’hiver

Pirates, aviateurs, mousquetaires ou chats au charme sauvage, l’aventure est au bout de la page avec cette sélection de bandes dessinées récentes que nous vous avons concoctée avec passion. Dix albums, autant d’invitations à s’évader… sans bouger de son lit. Merci qui ?

1. Pirates en galère

Des fous, des voleurs, des assassins, des ivrognes, de misérables vermines. Voilà de quoi est constitué l’équipage du bateau pirate Carcoma, tous unis par un serment leur interdisant de reposer un pied sur terre : « Je suis né du sel, et au sel je retournerai ». Et plus vite qu’ils ne pensent car après avoir échoué lamentablement sur un caillou en pleine mer, une drôle de créature s’immisce à bord et perturbe leurs plans, si tant est qu’ils en aient eu un jour…

Dessinateur sur Danse avec moi aux éditions Jungle et sur Love Love Love aux éditions Dupuis, l’Espagnol Andrés Garrido se fait ici auteur complet autour d’une histoire alliant une aventure de piraterie et une bonne dose de fantastique. Le résultat graphiquement est plutôt intéressant, l’histoire ravira les amoureux du genre !

Carcoma, de Garrido. Dupuis. 27,95€

La suite ici

05 Fév

Nouveauté 2025. Sibylline, un regard sensible sur la prostitution étudiante signé Sixtine Dano

inconnue jusqu’ici dans le monde de la bande dessinée, mais déjà reconnue dans les domaines de l’illustration et de l’animation, Sixtine Dano aborde pour son premier roman graphique un phénomène de société qui touche les plus précaires : la prostitution étudiante.

Même s’il n’existe pas vraiment d’étude sur le sujet au niveau national, on estime le nombre d’étudiants et d’étudiantes se prostituant en France à plusieurs dizaines de milliers. Un véritable fléau qui touche bien évidemment les plus précaires et serait aujourd’hui facilité, comme l’expliquait Libération dans un article paru en novembre 2024, par l’explosion des plateformes prostituantes.

C’est justement par l’intermédiaire d’une de ces plateformes que Raphaëlle, l’héroïne de Sixtine Dano, met un pied – et pas seulement – dans le monde de la prostitution. Tout juste débarquée à Paris pour des études en Archi, la jeune femme prend rapidement conscience du cout élevé de la vie. Est-ce la promesse d’un peu d’argent ou bien la curiosité, Raphaëlle finit par accepter de rencontrer un homme beaucoup plus âgé qu’elle.

Sur la plateforme, elle se fait appeler Sibylline et ne cache pas ses prétentions :

« Étudiante, j’aime l’art, je suis ouverte, naturelle et curieuse. Je cherche à financer mes études tout en m’amusant »

C’est dit ! Mais pas si facile à faire. Raphaëlle enchaîne les cours, les nuits blanches à peaufiner ses maquettes ou à faire la fête avec son amie Leïla, le tout entrecoupé d’aventures amoureuses et de passes d’un soir…

Librement inspiré de témoignages recueillis par l’autrice, notamment auprès de jeunes femmes ayant débuté dans le sexe tarifé dès l’âge de 15 ou 17 ans, Sibylline évite toute caricature pour livrer un récit subtil, sensible et empreint de bienveillance. Sans jugement, mais avec acuité, l’album met en lumière le poids du patriarcat dans notre société et surtout la précarité qui pousse certains étudiants et étudiantes, parfois encore mineurs, vers la prostitution. Si celle-ci est légale en France, rappelle Sixtine Dano en postface, le cas des mineurs est une exception : leur prostitution est interdite, et les clients encourent des amendes de plusieurs milliers d’euros ainsi que des peines de prison.

Subtil dans le propos, subtil dans le trait, Sibylline est une petite douceur graphique réalisée à l’encre et au fusain. Un premier album qui en appelle d’autres !

Eric Guillaud

Sibylline, Chroniques d’une escort girl, de Sixtine Dano Glénat. 22,50€

© Glénat / Dano

02 Fév

Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2025: le palmarès complet en un clic

La 52e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême s’achève ce dimanche après quatre jours de découvertes, de rencontres, de discussions, de contestations aussi et une ribambelle de prix dont voici le détail…

Le comité de sélection et le jury public France Télévisions 2025 © Katia Martin-Gilis

 

Avant toute chose, le Grand Prix d’Angoulême a été attribué cette année à Anouk Ricard

 

Compétition officielle

 

Fauve d’honneur – John Romita Jr

Prix Konishi de la traduction de manga japonais en français

Yohan Leclerc pour la traduction de Les Saisons D’Ohgishima de Kan TAKAHAMA (Glénat)

Prix René Gosciny en faveur de la promotion des scénaristes de bande dessinée

Meilleur scénariste : Serge Lesman pour Les Navigateurs, Dessin de Stéphane DE CANEVA (Delcourt)

Jeune scénariste : Elizabeth Holleville pour Les Contes de la Mansarde, dessin d’Iris POUY (L’employé du moi)

Fauve jeunesse :

Retour à Tomioka, de Michaël Crouzet, Laurent Galandon, Clara Patiño Bueno, Andrès Garrido Martin (Jungle)

Fauve de la bande dessinée alternative :

Fanatic Female Frustration et Hairspray Magazine

Fauve polar SNCF Voyageurs : 

Revoir Comanche, de Romain Renard (Le Lombard)

Eco-Fauve Raja : 

Vert de Rage, Les enfants du plomb, Martin Boudet & Sébastien Piquet (Michel Lafon)

Fauve Prix du Public France Télévisions : 

Impénétrable d’Alix Garin. Le Lombard

Alix Garin, Fauve d’Angoulême Prix du Public France Télévisions  © Eric Guillaud

Fauve des Lycéens :

Les Contes de la Mansarde, d’Iris Pouy et Elizabeth Holleville (L’employé du moi)

Fauve Patrimoine : 

Come over Come over de Lynda Barry, traduction de Fanny Soubiran (Éditions çà et là)

Fauve Révélation :

Ballades, de Camille Potte (Atrabile)

Fauve de la série : 

Dementia 21 – Vol.2  de Shintaro Kago, Traduction de Baptiste Neveux (Huber Éditions)

Fauve spécial du Jury : 

En territoire ennemi, de Carole Lobel (L’Association)

et

Les Météores, Histoires de ceux qui ne font que passer, de Redolfi et Deveney (Delcourt)

Fauve d’or Meilleur album : 

Deux Filles nues, de Luz (Albin Michel)

 

Prix découvertes 2025

 

Prix des écoles d’Angoulême 2025 :

Léonarde T1 – La barbe du Houéran de Anne-Catherine Ott et Isabelle Bauthian (Drakoo)

Prix des collèges 2025 :

Mardival de Yann Cozic (Glénat)

Prix des lycées 2025 :

Bobigny 72 de Carole Maurel et Marie Bardiaux-Vaïente (Glénat)

 

Concours de la BD scolaire

 

Prix d’Angoulême de la BD scolaire – Prix d’Angoulême
Sur le fil, Emma LARGE

Prix d’Angoulême de la BD scolaire – Prix Coup de cœur MGEN
La chambre hantée, Louise STEPHANT

Prix d’Angoulême de la BD scolaire – Prix Espoir
Vie de chat, Levan TCHKOTOUA

Prix d’Angoulême de la BD scolaire – Prix du scénario
Surpoids, Melchior SOLEILHAC

Prix d’Angoulême de la BD scolaire – Prix du graphisme
Le joueur de flûte, Oskar SHRECK

 

Prix jeunes talents 

 

Lise RÉMON, Endorphines

Sophia BAIDOURI, Non chef

Matthieu DINA, Des nuages à la terre

 

Prix Jeunes talents Région Nouvelle Aquitaine 

 

Chloé RAVENEL, Pré carré

 

Prix Hippocampe 

 

Hippocampe Or Individuel enfant
Lauréat Or Individuel enfant
Notre vie de gourmandise au Fast-food
Joyce GOIMIER

Hippocampe Or Individuel adolescent
Lauréat Or Individuel adolescent
Le Tour du Monde
Sarah JAOUEN

Hippocampe Or Individuel adulte
Lauréat Or Individuel adulte
Reinette et Gourmandine
Alex BOROWIEC

Hippocampe Or Collectif enfants
Lauréats Or collectif enfants
Albert Lingot
Lydia, Enzo, Ethan, Giovanni et Djoulian

Hippocampe Or Collectif adolescents
Lauréats Or collectif adolescents
La gourmandise est un vilain défaut
Alexandre, Hugo et Théo

Hippocampe Or Collectif adultes
Lauréats Or collectif adultes
Cuisines et dépendance
Bernard, Charlotte, Christelle, Christine, Elodie, Jean-Marc
et Noémie

Prix Fred Coulaud

 

Gourmandise de velours, Arthur COULON

 

Prix Europe

 

Cupcake Time, Inès SÁNCHEZ ROYANT

30 Jan

Le PTSD de Guillaume Singelin ressort dans une édition anniversaire au format réduit

Il a rencontré un beau petit succès et raflé pas mal de prix en 2023 et 2024 avec son album Frontier sorti aux éditions Rue de Sèvres, Guillaume Singelin est de retour en 2025 avec une réédition de PTSD initialement sorti en 2019 chez Ankama…

On n’a pas tous les jours 20 ans, les éditions Ankama ont en tout cas décidé de marquer le coup avec la réédition de dix titres en petit format et à prix réduit. Parmi eux, on retrouve PTSD du talentueux Guillaume Singelin, celui-là même qui a signé en 2023 l’un des plus beaux récits SF de l’année, Frontier, largement plébiscité par le public et récompensé par le milieu de la bande dessinée.

Alors oui, le format réduit pourra en frustrer certains tant les planches de Singelin regorgent de détails et méritent une meilleure exposition mais à 11 euros, soit pratiquement la moitié du prix de l’édition originale, cette version offre une belle occasion à ceux qui ont aimé Frontier d’explorer un peu plus l’univers de l’auteur.

Et L’histoire ? PTSD signifie Post Traumatic Stress Disorder ou stress post-traumatique dans la langue d’Obélix. Bandeau noir sur l’oeil droit, cheveux roses, la protagoniste principale du récit, Jun, en est atteinte depuis son retour de la guerre et tente de survivre tant bien que mal dans un monde hyper-violent où les anciens combattants ne sont pas franchement les bienvenus. Pourtant, malgré la brutalité ambiante, il subsiste encore quelques éclats d’humanité…

Eric Guillaud 

P.T.S.D., de Guillaume Singelin. Ankama. 11€

© Ankama / Singelin

Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2025 : 10 bonnes raisons d’y aller

C’est LE rendez-vous de la bande dessinée en France et plus largement en Europe, un festival unique en son genre qui se tient cette année du 30 janvier au 2 février et où se côtoient des dizaines de milliers de passionnés et de professionnels. Dédicaces, expos, concerts de dessins, rencontres, conférences, projections… le programme est gargantuesque. Que faire ? Que voir ? Comme chaque année, on vous donne quelques bonnes raisons d’y aller faire un tour. Mais il y en a beaucoup d’autres…

© Eric Guillaud / Le stand Dupuis Angoulême 2023

 1 – La ville d’Angoulême et le farci charentais

On ne le répétera jamais assez, le cadre d’une manifestation comme celle-ci est important. La ville d’Angoulême s’y prête bien, ni trop grande, ni trop petite, de vastes places pour dresser chaque année les fameuses bulles du festival, mais aussi des petites placettes qui ont conservé le charme d’antan, des restos sympas pour se restaurer, une vieille ville avec des ruelles tortueuses, une gare, des hôtels… et une atmosphère paisible, du moins en temps normal. Parce que, bien sûr au moment du festival, ça se bouscule un peu beaucoup énormément. Reste que la ville est belle, levez les yeux, admirez l’architecture, profitez-en pour visiter les monuments et manger du melon charentais. Bon ok, ce n’est pas vraiment la saison. Par contre, le farci charentais… Peut-être une piste pour un partenariat futur !

2. Une ville entièrement dédiée au neuvième art

Casterman, Glénat, Delcourt, Les Requins Marteaux, L’Employé du Moi, Dupuis, çà et là, Futuropolis, Artrabile, Cornélius, Rouquemoute, Ici Même… les plus grands éditeurs, les plus petits aussi, seront présents pour accueillir le public sur des stands répartis sur plusieurs espaces, Le Monde des Bulles au Champ de Mars pour les éditeurs plutôt mainstream, Le Nouveau monde près de l’Hôtel de ville pour les indépendants, Manga City près de la gare pour les mangas, la Place du 9ᵉ Art près des Halles pour la para-BD.

Stands d’éditeurs, expositions, musée de la BD, animations… C’est toute la ville qui est aux couleurs de la BD. Pour vous y retrouver, munissez-vous d’un plan disponible à l’accueil du festival ou sur son site internet ou en pdf ici : 2025-plan-programme

3. Un espace dédié au manga

Une bande dessinée sur deux vendues en France est un manga. Impossible donc de passer à côté de l’espace qui lui est consacré du côté de la gare. Manga City réunit l’ensemble des éditeurs de mangas dans un décor japonisant et dispose de sa propre scène accueillant projections et rencontres.

© Eric Guillaud / L’entrée de l’espace Mangas Angoulême 2023

4. Du soleil venu d’Espagne

Les habitués le savent, Angoulême à la fin du mois de janvier, ce n’est pas chaud chaud ni même sec sec. Mais, cette année, un peu de soleil et de chaleur pourraient bien nous venir d’Espagne, le pays est en effet l’invité d’honneur du festival. Une centaine d’auteurs devrait traverser les Pyrénées pour venir nous prouver, si besoin est encore, la bonne dynamique de la bande dessinée espagnole. Au programme : des expositions, des rencontres, un pavillon dédié en centre-ville…

5. Des héros en pagaille et même un super-héros…

Et pas des moindres puisqu’il s’agit de Superman, LE super-héros par excellence, imaginé par Jerry Siegel et Joe Shuster en 1938, devenu depuis bien longtemps maintenant une icône culturelle mondiale ou presque, est l’objet d’une exposition qui reviendra sur les différentes étapes de son existence. (Vaisseau Moebius)

6. Huit expositions officielles

Au-delà de celle consacrée à Superman, le festival propose comme chaque année une dizaine d’expositions officielles affirmant le caractère international de l’événement avec notamment une immersion dans l’univers du Japonais Makoto Yukimura et de sa série culte, Vinland Saga (Alpha Médiathèque), ou dans celui de la Britannique Posy Simmonds (Musée de la Ville d’Angoulême) ou encore dans celui de la Française Julie Birmant, Prix Goscinny 2024 pour son album Dali paru chez Dargaud. Toutes les expos ici

© Eric Guillaud – Stand Le Lombard 2024

7. Des dédicaces mais aussi…

Le FIBD, c’est aussi un concours de la BD scolaire réputé, une vente aux enchères de planches et d’illustrations originales, des rencontres, des masterclass, des tables rondes, des conférences qui donnent la parole aux auteurs, aux éditeurs, aux spécialistes, une soirée électro le 31 janvier, des concerts dessinés…

8. Une compétition officielle

Le palmarès officiel du Festival international de la bande dessinée récompense des livres publiés en langue française, quel que soit leur pays d’origine, et diffusés dans les librairies des pays francophones entre début décembre et fin novembre de l’année suivante. 

Les lauréats des Fauves d’Angoulême composant le palmarès officiel du Festival sont dévoilés sur la scène du Théâtre d’Angoulême lors de la cérémonie des Fauves, samedi 1ᵉʳ février à 19 h. Soirée très très très attendue et courue par le tout neuvième art, il est bien évidemment très difficile de décrocher une place. Mais qui sait ? 

9. France Télévisions aime la BD

Pour la sixième année consécutive, France Télévisions décernera le Fauve d’Angoulême – Prix du public. Huit albums ont été présélectionnés par un comité de journalistes et de spécialistes de la littérature de France Télévisions, le lauréat sera choisi par un jury de neuf lecteurs samedi 1ᵉʳ février…

Dans la sélection cette année, huit petites pépites qui reflètent la richesse du 9ᵉ art…

Pour en savoir plus sur la sélection, c’est ici

10. Du In et du Off

Dans la lignée du Spin Off, le Future Off est le pendant underground du festival d’Angoulême. Il réunit la microédition et l’autoédition, un véritable laboratoire de recherche tous azimuts… Ici, les auteurs peuvent expérimenter en toute liberté et chercher à décloisonner la bande dessinée, à en repousser les limites en la confrontant aux techniques, aux nouvelles technologies et aux autres expressions artistiques. Le Off a sa propre programmation, un salon aux Ateliers Magelis, des expos, des concerts…. Toutes les infos ici

Plus d’infos sur le festival ici