Tournée générale ! La vieille Maggy vient de passer l’arme à gauche et ça se fête. Surtout ici, à Kingsdown, petite ville de la côte sud de l’Angleterre située à quelques encablures de Douvres où la politique d’austérité de la Première ministre britannique a fait des ravages et laissé des traces…
Tournée générale donc et c’est le patron du pub, David, qui paye, un patron heureux de voir enfin disparaître ce satané personnage des écrans radar. « Mesdames, c’est un grand jour pour l’Angleterre ! on va fêter ça et ce sera pour la maison! ». C’est vrai qu’il a de quoi être heureux le patron. Et de se rappeler ses souvenirs de jeunesse quand la Maggy tenait le pays d’une main de fer et que ses deux potes, Abby et Owen, partageaient encore son quotidien avant de devoir migrer pour Londres dans l’espoir de trouver un job.
Mais qu’importe, Margaret Thatcher est aujourd’hui morte et enterrée, pas mal d’eau a coulé sous les ponts et de bière à la pompe, l’heure est aux retrouvailles. David monte un stratagème pour faire revenir ses deux amis d’enfance à Kingston. Ils se retrouvent tous autour d’une autre dame de fer, une vieille bécane – une Norton Manx pour les connaisseurs – qui a bercé et accessoirement promené leurs fesses sur les routes de la région. Ensemble, ils décident de relancer l’économie du village en créant un camping écolo bobo. C’est à la mode et c’est une belle revanche sur la vie !
Non, La Dame de fer n’est pas une énième biographie sur la mère Thatcher mais une histoire d’amitié dans l’Angleterre thatchérienne et post-thatchérienne. Plus souvent au dessin qu’au scénario, Michel Constant signe ici les deux avec réussite et nous offre un récit à la fois intimiste et universel autour d’une génération marquée par le punk rock. À lire en écoutant The Jam, The Stranglers et ça passe bien aussi avec The Only Ones.
Eric Guillaud
La Dame de fer, de Michel Constant. Éditions Futuropolis. 15€