Dans l’atelier d’Olivier Schwartz, auteur avec Yann d’une aventure de Spirou : “La Femme-léopard”

© Eric Guillaud

© Eric Guillaud

En plein marathon de dédicaces, entre deux déplacements et avant une bonne cure de sommeil, Olivier Schwartz a accepté de nous recevoir dans son atelier rezéen pour nous parler de son nouvel album, une aventure de Spirou au Congo…

Spirou au Congo ? Exactement. Plus de 85 ans après Tintin, Spirou prend lui aussi le bateau pour ce qui était autrefois la dixième province de Belgique.

Avec quelques clins d’oeil bien évidemment aux aventures du célèbre reporter à houppette, quelques clins d’oeil et surtout une aventure rocambolesque qui commence à Bruxelles au lendemain de la seconde guerre mondiale avec un Spirou ivre mort, une femme-léopard à la recherche d’un fétiche, un Fantasio complètement zazou qui traîne ses guêtres du côté de Saint-Germain-des-Prés, quelques scientifiques nazis qui tentent de poursuivre leurs sombres desseins sous d’autres horizons, une reporter de Life plutôt sexy, un missionnaire liégeois qui fait le tour de la brousse avec des films burlesques, un mégalomane qui veut atomiser Bruxelles… et un Congo qui crève la page, magnifique, sauvage.

Alors pourquoi ne pas avoir appelé cette aventure africaine « Spirou au Congo », plutôt que  » La Femme Léopard » ou « Le Maître des hosties noires », titre du deuxième volet sorti en ce mois de mars ? Une très bonne question, la première que nous avons posée au dessinateur Olivier Schwartz qui, en guise de réponse, a fièrement extirpé de sa bibliothèque l’édition bruxelloise de l’album (à droite sur la photo). Surprise : la couverture reprend dans les grands traits celle de « Tintin au Congo » et le titre est sans équivoque : « Spirou au Kongo Belche »…

La suite ici

18 Jan

Rencontre avec Hervé Tanquerelle, auteur de l’album « Groenland Vertigo » paru chez Casterman

Hervé Tanquerelle n’est pas vraiment du genre baroudeur. En 2011, pourtant, l’auteur embarque sur un voilier pour trois semaines d’expédition au Groenland. Il en tire aujourd’hui une bande dessinée, une fiction autobiographique. Nous avons poussé la porte de son atelier pour en savoir un peu plus. Rencontre…

Une vidéo et le reportage complet ici

13 Oct

Rencontre avec Marty Planchais, l’auteur de l’album Le Petit bourreau de Montfleury chez Sarbacane

c’est dans un blockhaus, oui oui, le DY10 situé à deux pas des Machines de l’île à Nantes que j’ai rencontré Marty Planchais, auteur du Petit bourreau de Montfleury paru aux éditions Sarbacane à la fin du mois d’août. Pourquoi dans un blockhaus? Tout simplement parce que c’est là qu’il a installé son atelier comme une vingtaine d’autres personnes, architectes, musiciens, dessinateurs. Un endroit surprenant, sans fenêtres, coupé du monde par des murs de deux mètres de large mais où règne une effervescence créative sans pareil. Marty Planchais m’y attendait pour parler de sa bande dessinée bien sûr mais aussi de ses influences, de Pratt, de la vie…

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Un peintre bourreau de père en fils, ce n’est quand même pas banal. Comment accouche-t-on d’une idée pareille ?

Marty Planchais. Un scénario, c’est 7 secondes d’intuition et ensuite 7 heures de travail par jour. Il y a eu beaucoup de lectures forcément. Des livres sur les bourreaux qui ont nourri mon scénario, des dizaines de livres, certains assez glauques qui relataient des exécutions et d’autres qui évoquaient plus simplement le quotidien de ces hommes. Et puis j’ai remarqué qu’il n’y avait pas d’autobiographies de bourreaux. Je pensais que ce serait intéressant de connaître leur quotidien, de partager leurs tracas et leurs passions, parce qu’ils ne tuent pas tous les jours ces gens-là. Et de fil en aiguille, j’en suis arrivé à ce bourreau post-impressionniste jaune et rouge, un peu à la Van Gogh, tourmenté, passionné par la peinture. Un bourreau qui n’a jamais tué et qui un beau jour doit choisir entre sa passion et son métier. Le Petit bourreau de Montfleury aborde cet aspect-là aussi : le choix, la liberté…

© Planchais - Recherches graphiques

© Planchais – Recherches graphiques

Ton album s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes me semble-t-il. C’est ce que tu souhaitais dès le départ ?

M.P. Tout à fait. Evidemment, l’esthétique, le dessin rond, s’adressent avant tout aux enfants et l’éditeur l’a voulu comme ça. Mais j’ai dés le début souhaité que le livre soit ouvert à un plus large public. Les plus jeunes y apprennent ce qu’est la peine de mort, les plus âgés y découvrent de nombreuses références historiques et culturelles, des clins d’œil au fameux discours de Badinter en 1981, à Rimbaud avec ce poème en ouverture qui amène une certaine sérénité apparente, aux peintures de Van Gogh bien sûr, au cinéma aussi et à la bande dessinée, à Pratt plus précisément et à son album Les Helvétiques. Je ne voulais pas d’une histoire sans fond, banale, d’un petit bourreau qui, le matin, va à son travail…

Un clin d’œil à Pratt. Marty Planchais nous explique en images… 

Le personnage du bourreau est magnifique. Entre le personnage moyenâgeux et le super-héros. Comment l’as-tu imaginé ?

M.P. Dès la couverture, on voit bien que ce n’est pas un bourreau ordinaire. Je l’ai longtemps cherché graphiquement, essayant plusieurs techniques de dessin. Je voulais un personnage qui soit dans la rondeur, un peu gentillet, tout rouge, masqué pour faire super-héros, un peu naïf mais pas trop quand même…

© Planchais - Recherches graphiques

© Planchais – Recherches graphiques

On le voit sur la couverture, il est assez attirant, en tout cas pas repoussant…

M.P. Vraiment ? Tant mieux, c’est vraiment ce que je voulais, ça fait plaisir..

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La chronique de l’album ici

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Un maire qui veut faire preuve de fermeté pour flatter ses électeurs, un croque-mort qui se frotte les mains, des commerçants qui espèrent en tirer quelques menues monnaies et un peuple qui en redemande comme au spectacle. Si l’histoire est drôle au premier abord, le fond est assez noir…

M.P. Oui mais en même temps, ça met en lumière le personnage, parce que c’est une belle personne ce bourreau. Il résiste, ne se trahit pas et finit par faire son choix.

© Planchais - storyboard

© Planchais – storyboard

Amnesty International a apporté son soutien à l’album. Comment cela s’est-il concrétisé ?

M.P. Ça s’est fait un ou deux mois avant l’impression de l’album, grâce au super boulot de l’éditeur. C’est la première fois que cette organisation soutient un livre jeunesse. D’habitude, c’est plutôt des BD adultes.

Ça donne quoi concrètement ?

M.P. On rentre dans leur catalogue et puis c’est un label de qualité pour les professionnels comme pour les lecteurs. C’est une belle reconnaissance…

C’est ton premier album. Tu signes à la fois le dessin et le scénario. Pas trop difficile ?

M.P. Le dessin, le scénario… et la couleur qui est très importante ! Oui, c’était assez périlleux mais en même temps une belle aventure. Un an de travail, classiquement je dirais. Après, l’idée en elle-même, je l’avais depuis 3 ou 4 ans en tête. Ça a mûri petit à petit.

© Planchais - encrage

© Planchais – encrage

Tu as pu bénéficier de conseils ?

M.P. Oui, surtout pour le scénario (merci Emmanuel Gaudin!). Je le faisais lire et relire avec les textes qui sont aussi très importants. C’est pour moi plus important que le dessin. Avoir un bon scénario et un bon texte est la base. Après c’est de l’exécution… J’ai donc pas mal montré le scénario, assez peu les planches finalement.

Quelle technique as-tu employé pour l’album?

M.P. J’ai d’abord fait le storyboard au lavis, je l’ai scanné, regardé si ça collait bien avec les textes. Je suis ensuite passé à la conception des planches définitives, je les ai scannées elles-aussi. J’ai refait chaque planche au lavis pour donner de la matière, du relief, des nuances. J’ai scanné tout ça et fignolé sur Photoshop. Un gros travail que ces effets au lavis mais qui offrent plus de sensibilité aux planches et adoucissent le propos.

© Planchais - matière

© Planchais – matière

Quel a été ton premier coup de cœur BD ?

M.P. Hugo Pratt. Vers 11 ou 12 ans, j’ai acheté La Jeunesse. Je pensais que c’était le premier album à lire de la série. Je ne comprenais pas tout mais je ressentais une sensation très agréable. J’adorais les ambiances. Après, j’ai acheté De l’autre côté de corto (un livre d’entretiens avec Pratt, ndlr) pour bien connaître l’auteur et son oeuvre. Puis Les Celtiques, Les Helvétiques… Aujourd’hui, je possède toute sa production, pas forcément en édition originale d’ailleurs, c’est pas ce qui m’importe.

Et plus généralement, quelles sont tes influences ?

M.P. Rabaté, Christophe Blain, le talentueux Al Severin, Emmanuel Guibert, Denis Bodart, Christophe Gaultier, Tardi, Sergio Toppi, Dino Battaglia, tout le noir et blanc de cette époque-là et une BD qui m’a beaucoup marqué, L’homme de Java de Pierre-Yves Gabrion, un déclic, un vrai, il y a un côté Corto dans ses pages… Et Cyril Pedrosa qui est un collègue de bureau au DY10. Enfin, il y a la peinture avec Turner, le cinéma bien sûr…

© Planchais - planche définitive

© Planchais – planche définitive

Des projets ?

M.P. Oui, notamment l’adapation d’une oeuvre littéraire et des projets jeunesse.

Nous, on espère une suite au Bourreau

M.P. Il y aurait de quoi faire..

Merci Marty

Interview réalisée le 11 octobre 2016 à Nantes par Eric Guillaud – retrouvez la chronique de l’album ici

© Planchais

© Planchais

04 Sep

Tyler Cross entre au bagne, Brüno passe aux aveux…

© éric guillaud

© éric guillaud

Vous n’avez jamais croisé Tyler Cross ? Heureusement pour vous. Ce personnage ne joue pas dans la catégorie bisounours. C’est un dur, un vrai, un tueur de sang froid, un gangster sans pitié. Fabien Nury et Brüno viennent de lui offrir une deuxième aventure. Pas sûr qu’il leur dise merci..

Nous n’avons pas eu besoin de le cuisiner longtemps pour qu’il passe à table. Il faut dire que nous étions venus en force ce jour-là, une équipe de la télé, une autre du Web. Une caméra, des micros, des smartphones, trois cerveaux, six yeux… de quoi enregistrer tout ce qui allait se dire dans la cellule du dessinateur, plantée quelque part dans le quartier Chantenay à Nantes. 

Une cellule, oui, l’image est assez juste, une cellule au fond d’un jardin, 10 m2 à tout casser, une porte blindée. Il va falloir se relayer. A l’intérieur, un bureau, un ordinateur, un tourne-disque, des vinyles… rien qui ressemble à un univers d’auteur de BD.

Et puis et puis, dans un coin, des grands classeurs noirs que Brüno attrape, pose sur le bureau et ouvre. A l’intérieur, la centaine de planches originales de l’album « Angola » fraîchement paru. Le choc…

Cette fois, la messe était dite. Pris la main dans le sac ou plus exactement le feutre sur la planche, Brüno ne pouvait plus se défiler. Tyler Cross, c’était donc lui, lui et son complice Fabien Nury. L’interrogatoire pouvait commencer…

La suite ici