Elle s’appelle Inès mais elle pourrait aussi bien s’appeler Mathilde, Louise, Louna, Rosa ou encore Sarah, l’histoire de ce livre est l’histoire de quelque 220 000 femmes qui sont chaque année victimes de violences physiques ou sexuelles au sein de le leur foyer…
220 000 femmes victimes de violences chaque année, 146 tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2019. Le constat est terrible, les chiffres énormes et effrayants montrent l’ampleur du phénomène mais ne décrivent pas ce que ces femmes vivent au quotidien dans leur chair, la peur, la honte, les humiliations, la douleur…
L’album Inès de Loïc Dauvillier et Jérôme d’Aviau raconte justement ce qu’on ne voit pas, ce dont on ne se doute pas, en faisant pénétrer le lecteur dans le foyer d’un couple comme les autres, du moins en apparence. En se déshabillant, Inès laisse entrevoir des bleus un peu partout sur le corps, les marques de son enfer quotidien. Son mari est un homme violent, par les mots et les gestes. Alors elle s’enferme dans les toilettes ou se réfugie dans le lit de sa fille, en espérant que les choses se passent et que son mari se calme. Mais il ne se calme jamais !
« Le quitter ? Pour quoi ? Pour où ? Et si je suis obligée de revenir ? »
La problématique est la même pour beaucoup de ces femmes, rester malgré tout, parfois pour le pire.
Avec un dessin en noir et blanc qui suit l’intensité du récit, une mise en page simple mais efficace, Loïc Dauvillier et Jérôme d’Aviau nous font ressentir toute la violence de ces situations et la difficulté pour les femmes de s’en sortir, de refuser l’inéluctable. Inès est un récit choc qui bouleverse autant qu’il exaspère. Pourquoi au XXIe siècle en sommes-nous encore à ce stade primitif ?
Pour prolonger et compléter ce très bon récit, la sociologue Pauline Delage nous apporte son éclairage dans un dossier de quelques pages, suivi de quelques ressources utiles en cas de violences sexistes et sexuelles ainsi que de références bibliographiques. Un livre utile !
Éric Guillaud
Inès, de Dauvillier et D’Aviau. Éditions Glénat. 17,50€