Premier essai, essai transformé. Et au haut la main ! Beneath the Trees à la saveur d’une petite sucrerie comme on en lit finalement assez rarement, le genre de livre qui vous imprime durablement la rétine. Un album beau à l’extérieur et bon à l’intérieur, à découvrir toutes affaires cessantes…
Bienvenue dans le monde des Bisounours ! Enfin, en apparence seulement. Car même si Woodbrook a tout d’une petite ville fort sympathique avec de gentils habitants qui ne manquent jamais de se souhaiter le bonjour accompagné d’un large sourire, ce n’est que façade. Et la large traînée de sang qui marque le passage du sac trainé par le personnage sur la couverture de l’album aurait dû nous alerter !
« Un endroit où l’on peut vivre à son rythme, enivré par les parfums du cèdre, du romarin et du trèfle »
Certes, l’endroit a de quoi flatter les récepteurs olfactifs mais Woodbrook n’a rien d’une petite ville idéale. Et vous allez vite le comprendre. Dès la 11ᵉ page précisément lorsque la belle histoire tourne au tragique. Un tueur rôde, sauvage et sanguinaire, semant l’inquiétude parmi les habitants. Parmi eux, Samantha Strong, notre protagoniste principale à la tête de nounours, se retrouve au cœur de l’intrigue. Qui est ce tueur ? Un voisin ? Un ami ? Alors que chaque villageois semble au-dessus de tout soupçon, l’un d’eux cache un terrible secret.
« Avec un tueur en liberté et la police qui piétine, l’ambiance est morose ici, à Woodbrook », relate une journaliste envoyée sur place. Et ça ne risque pas de s’arranger de si tôt…
Réalisateur et scénariste pour le cinéma, Patrick Horvath n’avait pas dessiné depuis 20 ans quand il s’est remis à sa table à dessins pour créer Beneath the Trees where nobody sees, sa toute première bande dessinée. Et le résultat est tout simplement époustouflant ! Des personnages anthropomorphiques avec d’adorables têtes de peluches, un tait fin et délicat, des couleurs pastel, une voix off retranscrite sur des lignes de cahier d’écolier, une bonhomie générale… Dans le fond et dans la forme, tout évoque un conte pour enfants. Jusqu’à ce que Patrick Horvath, subtilement, l’air de rien, nous plonge dans le sordide total.
De quoi regarder nos voisins d’un autre œil car oui, vous l’aurez compris, tout se passe ici au cœur d’une petite communauté dans laquelle tout le monde se connaît. Ou croit se connaître. Admirablement terrifiant !
Eric Guillaud
Beneath the Trees where nobody sees, de Patrick Horvarth. Ankama. 19,95€