11 Août

12 septembre, l’Amérique d’après. Collectif. Editions Casterman – Radio France. 22,50 euros.

Ils sont auteurs de bande dessinée, journalistes, peintres, dessinateurs de presse, musiciens, écrivains, français ou américains, et nous offrent dans ce très bel album co-édité par Casterman et Radio France un regard croisé sur l’Amérique d’après… d’après le 11 septembre 2001 bien sûr. Au moment où va être célébré le dixième anniversaire de la tragédie, l’idée lancée par Pascal Delanoy était que chacun s’interroge par l’intermédiaire de son média sur le sort du pays, sur ce qu’il est devenu, sur ce qu’il va devenir… Parmi la vingtaine d’intervenants, l’Américain Joe Sacco, journaliste et auteur de plusieurs BD-reportages primées dans les plus grands festivals (Palestine une nation occupée, Gaza 1956 en marge de l’histoire…), nous livre ici comme un avertissement de ce que pourrait bien être le futur des Etats Unis, un pays dirigé d’une main de fer par les industriels – Pepsi à la Maison Blanche – et par une poignée d’hommes qui n’auront d’autre but que d’avilir le reste de l’humanité en instaurant la précarité et la pauvreté maximum. Mais ceci n’est peut-être encore qu’un cauchemar ! Art Spielgelman, autre grand représentant de la bande dessinée, donne, dans une longue interview illustrée par Lorenzo Mattotti, sa vision de l’Amérique, de son Amérique, et surtout de celle de ses enfants. Et pour lui l’Amérique aurait beaucoup changé et ne serait plus aujourd’hui une démocratie ! Une chose est certaine, les Etats Unis passionnent, inquiètent, intriguent, énervent, surprennent… toujours autant. Et cette diversité de sentiments se retrouve dans les 200 pages de cet album augmenté à la veille de l’impression d’une double page réunissant des dessins de Plantu et de Daryl Cagle réalisés juste après l’élimination de Ben Landen… Une très belle initiative ! E.G.

L’info en +

Ils sont exactement dix-neuf à avoir prêté leur plume ou leur pinceau à cet ouvrage qui sera disponible dès le 17 août : Sophia Aram, Russell Banks, Enki Bilal, Daryl Cagle, Charlélie, Jérôme Charyn, Roger Cohen, Jacques Ferrier, Jean-Luc Hees, Barbara Hendricks, Miles Hyman, Jul, Lorenzo Mattotti, José Munoz, Plantu, Joe Sacco, Carlos Sampayo, Fabienne Sintes et Art Spiegelman.

09 Août

L’imagination au pouvoir ?, Jour J (tome 6), de Pécau, Duval, Blanchard, Mr Fab. Editions Delcourt. 14,95 euros.

Imaginez Paris, ses immeubles haussmanniens, ses monuments historiques et de-ci de-là des protubérances roses ou jaunes qui s’élèvent au dessus des toits. C’est le Paris post soixante-huitard qui se reconstruit aux couleurs vives de la flower power histoire de faire oublier la vieille république de de Gaulle morte avec lui le 31 mai 1968 et les années de guerre civile qui ont suivi. Nous voici donc en 1973. L’imagination est finalement au pouvoir. Les Situationnistes, Maoïstes et autres jeunes Communistes Marxistes Léninistes se partagent les places symboliques de la capitale. Daniel Cohn-Bendit, François Mitterrand et quelques autres font partie quant à eux du gouvernement d’union nationale qui se dissoudra le jour où sera promulguée la VIe république… C’est à ce moment précis que l’obscur organisateur en mai 1968 d’un casse de près 200 millions de francs se rappelle au bon souvenir de ses anciens complices désormais proches de la classe politique dirigeante. L’homme réclame son dû…

Après avoir revisité la conquête de la Lune, la Guerre froide, la Première guerre mondiale ou encore l’assassinat de Kennedy, Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Mr Fab imaginent un toute autre issue au fameux mois de mai 1968, une histoire alternative autrement appelée uchronie. Comme le précédent album de cette série franchement passionnante, celui-ci associe un scénario très élaboré, très documenté, et un graphisme racé relevé par les somptueuses couleurs de Fernandez qui joue ici sur les époques en passant d’une atmosphère grisâtre pour les années de guerre à des ambiances psychédéliques pour l’années 73. Prochain album en octobre 2011 sur Napoléon V avec… le Nantais Gess au dessin (Carmen Mc Callum, Teddy Bear…) ! E.G.

08 Août

La Croisière de l’Emile Bertin, L’or de France (tome 1), de Lefebvre, Pécau et Tibéry. Editions Le Lombard. 13,95 euros.

Brest, le 10 juin 1940. Les Allemand ne sont plus qu’à quelques kilomètres de la ville. Il faut se rendre à l’évidence, la guerre est pour l’instant perdue. Reste à sauver ce qui peut l’être et notamment l’or du pays. 2500 tonnes au total réparties dans plusieurs sites à travers la France. A Brest, les marins de l’Emile Bertin vont ainsi charger 254 tonnes sur leur vaisseau et prendre la direction d’Halifax, au Canada. Mais entre les Allemands, les mafieux et même les pays alliés qui aimeraient tous récupérer la précieuse cargaison, le périple de l’Emile Bertin s’annonce plutôt long et mouvementé… 

Prévu en deux volets, L’or de France permet au scénariste Jean-Pierre Pécau (Arcane majeur, Jour J, Moby dick, Nash, Zentak…) d’aborder un de ses thèmes de prédilection, l’histoire. Soucieux d’être au plus prêt de la réalité, le scénariste a collaboré sur cet album avec l’historien, Denis Lefebvre, auteur d’un essai portant justement sur cet or et qui devrait sortir en septembre aux éditions Vendémiaire. Côté graphisme, Tibéry (Le culte des ténèbres, L’Empire de la raison…) propose un trait réaliste parfois maladroit. Reste que l’immense mérite de l’album est de mettre en lumière un épisode peu connu de la Seconde guerre mondiale. Et rien que pour ça, son achat est vivement recommandé ! E.G.

L’info en+

Le blog de Denis Lefebvre à consulter ici-même !

06 Août

Comment je me suis fait plaquer… Collectif. Editions Dupuis. 19,95 euros.

Mais pourquoi Grégoire l’a donc quittée ? Parce qu’elle a mis des chaussettes vertes ? Parce qu’elle n’a pas voulu lui donner sa crème dessert ? Parce qu’elle est passée devant lui à la cantine ? Parce qu’elle n’est plus dans sa classe… ? Marilyne aura beau se poser toutes les questions du monde, elle ne saura jamais exactement pourquoi elle s’est fait plaquer. Ce sont les aléas de la vie et le point presque commun des histoires d’amour qui finissent mal en général… 15 histoires de rupture constituent ce sympathique recueil paru chez Dupuis. Un ouvrage collectif dans lequel on retrouve quelques signatures déjà bien connues comme Bastien Vivès (Polina…) ou Thomas Cadène (Les Autres gens…) et d’autre moins connues mais tout aussi talentueuses comme Lilla ou Corentin Penloup. Et chacun y va de sa petite ou grande histoire, autobiographique ou fantasmée, triste ou drôle, violente ou romantique… Une belle exploration du sentiment amoureux idéale pour une lecture sur la plage ! E.G.

L’info en +

Retrouvez le blog de Lilla ici, celui de Corentin Penloup , celui de Bastien Vivès par ici, celui de Thomas Cadène et des Autres gens quelque part par !

Je ne suis pas un homme (tome 1), de Usamaru Furuya. Editions Casterman. 18 euros.

Dans cette libre adaptation du roman intitulé La Déchéance d’un homme et signé d’Osamu Dazai, le mangaka Usamaru Furuya commence par se mettre en scène, à la recherche d’une idée pour son prochain manga. Il sèche… Il sèche jusqu’au moment où il découvre le site internet d’un jeune homme dénommé Yôzô Oba. Sur la page d’accueil, trois photos de lui à des âges différents et plus loin des confidences le tout regroupé sous le titre : Je ne suis pas un homme. Ce qui retient plus particulièrement l’attention d’Usamaru Furuya, ce sont ces photographies et notamment deux d’entre elles qui le montrent à 17 ans, rayonnant, élégant, puis à 25 ans, devenu une épave. C’est cette déchéance d’un jeune homme à qui tout semblait devoir sourire que l’auteur Usamaru Furuya entreprend de raconter dans ces pages…

Premier volet d’un diptyque, Je ne suis pas un homme est ici publié avec un sens de lecture à l’occidentale. Un récit fort et surprenant à découvrir chez Casterman ! E.G.

04 Août

Novikov (Intégrale), de Patrick Weber et Bruno Brindisi. Editions Les Humanoïdes Associés. 19,95 euros.

  

Cinq ans après une première publication en deux volumes distincts, les Humanoïdes Associés remettent Novikov à l’honneur en le sortant cette fois dans une version intégrale sous coffret. L’occasion pour nous de plonger ou de replonger dans la Russie des Tsars en compagnie de Novikov, un officier de la police impériale de Saint-Pétersbourg au service de Catherine II. Novikov qui ne s’est jamais remis de l’assassinat de sa femme met un point d’honneur à élucider les crimes les plus sordides et les plus mystérieux dans les bas fonds de la ville comme dans les salons dorés de l’aristocratie. « Mon travail… », dit-il à son supérieur, « n’est pas de protéger ces messieurs des beaux salons de Saint-Pétersbourg, mais de mettre à jour la vérité même si elle vous dérange… ». L’homme est déterminé ! Et il vaut mieux car pour mener l’enquête sur une série de meurtres perpétrés à l’aide d’un crucifix, l’homme va devoir bousculer l’ordre établi… De l’action, des jolies femmes, un dessin réaliste très réussi et un scénario plutôt bien ficelé… Novikov offre un bon moment de lecture et c’est bien là l’essentiel ! E.G.

Langoustines breizhées, Léo Loden (tome 20), de Arleston, Nicoloff et Carrère. Editions Soleil. 9,95 euros.

L’histoire commence par une tragédie quelque part au large des côtes européennes : un container bondé de clandestins africains jeté à la mer par des passeurs sur le point d’être appréhendés par les gardes côtes… L’horreur ! Et puis elle se poursuit à terre, en Bretagne plus exactement. Le détective privé marseillais Léo Loden et son acolyte Tonton Loco ont traversé la France pour enquêter au pays des bigoudènes sur le kidnapping d’une journaliste qui, justement, travaillait depuis des mois sur un trafic d’hommes entre l’Afrique et l’Europe…

Adieu Marseille et son pastis, bonjour Brest et son chouchen ! Voilà pour le décor, pour le reste, Arleston, Nicoloff et Carrère reprennent les différents ingrédients qui ont fait le succès de la série, à savoir des personnages principaux et secondaires attachants et caricaturaux, des dialogues très modernes, une bonne intrigue policière, un humour décapant, différents niveaux de lecture… Les amoureux de la Bretagne en profiteront pour s’offrir une petite promenade digestive du côté des îles d’Ouessant, du port de Brest, du phare d’Eckmühl, des rues de Quimper ou encore du parlement de Bretagne à Rennes… Une série à classer aux côtés des Spirou et Fantasio, Tintin et autres Astérix et Obélix ! E.G.

02 Août

Docteur Mengel, U-Boot (tome 1), de Jean-Yves Delitte. Editions 12Bis. 13,50 euros.

Jean-Yves Delitte n’est pas simplement passionné par tout ce qui touche de près ou de loin à la mer, c’est LE peintre officiel de la marine en Belgique ! Alors, bien sûr, ses ouvrages ont souvent pour cadre l’univers maritime, comme Black Crow ou Belem chez Glénat, et aujourd’hui U-Boot publié aux éditions 12Bis. Dans ce dernier, l’histoire prévue en deux volets nous ramène à la fin de la seconde guerre mondiale à bord d’un sous-marin allemand en route pour le Brésil avec à son bord 46 hommes d’équipage, un capitaine, une cargaison très mystérieuse et une série d’événements pour le moins effrayants. En 1957, soit 12 ans plus tard, une expédition de cartographes tombe sur la carcasse du sous-marin échoué quelque part sur les rives de l’Amazone. En 2059 cette fois, un étudiant fasciné par son histoire va faire une découverte sidérante… et mortelle. Avec beaucoup de talent, Jean-Yves Delitte insuffle à ce thriller d’anticipation qui se déroule sur trois époques un rythme et une tension qui va crescendo au point d’absorber le lecteur corps et âme. Un album angoissant, servi par un graphisme réaliste de très très bonne tenue ! E.G.

L’Ail des ours, Le Viandier de Polpette (tome 1), de Olivier Milhaud et Julien Neel. Editions Gallimard. 18 euros.

Branle-bas de combat à l’auberge du Coq Vert ! Le comte Eulpêtre Scaramanda a annoncé sa venue. Nettoyage des chambres et du linge, préparation de la salle de réception, inspection de la vaisselle, élaboration des menus… le travail ne manque pas et les clients eux-mêmes sont mis à contribution. Le comte Fausto de Scaramanda, fils du comte Eulpêtre et propriétaire de l’auberge est chargé pour sa part de ranger sa chambre et surtout de se préparer à cette entrevue. Il faut dire que l’un et l’autre ne se sont pas revus depuis des années. Fausto n’était qu’un enfant lorsque son père l’a envoyé dans cette auberge, une bulle à l’abri de tout…

Etonnant. Décalé. Elégant. Fantaisiste… Cet album est un petit bijou de scénario et de graphisme qui associe une histoire en bande dessinée et des recettes à mitonner chez soi après lecture. Aux fourneaux, le dessinateur Julien Neel connu pour avoir donné naissance à Lou, une célèbre héroïne des éditions Glénat qui lui rapporta deux prix au festival d’Angoulême, et le scénariste Olivier Milhaud dont c’est ici le premier livre. Mais attention, malgré son titre et ces recettes disséminées à travers le livre, Le Viandier de Polpette n’est pas un livre de cuisine. « Certes, la cuisine et les recettes sont importantes, mais je ne voulais pas que ce soit un gimmick. Le but est de donner faim au lecteur. Je souhaitais surtout écrire une histoire qui ne soit pas un récit d’aventures traditionnel. Ce premier tome nous permet de faire la connaissance des habitants du Coq Vert. On doit se sentir bien avec eux, avoir envie de vivre en leur compagnie ». Et c’est le cas ! Ce premier volet intitulé L’Ail des ours promet une belle série. Un album à savourer toutes affaires cessantes ! E.G.