29 Juin

Les Femmes, de Liberatore. Editions Drugstore. 30 euros.

Les fans de Liberatore sont à la fête en ce mois de juin 2011 avec la parution simultanée de deux magnifiques albums, l’un étant une réédition et l’autre une nouveauté. La réédition tout d’abord. C’est en 1997 qu’est initialement publié Les Femmes, un livre d’images clairement dédié au beau sexe et réunissant sur plus de 160 pages des portraits en noir et blanc ou en couleur, esquissés ou peints, dans un style hyperréaliste qui a fait la renommée de l’auteur. Cette nouvelle édition enrichie comporte des dessins inédits. La nouveauté ensuite avec cet album portant le titre du célèbre texte érotique d’Apollinaire : Les Onze mille verges. Liberatore, qui peint les corps comme personne, a réalisé une cinquantaine d’illustrations pour accompagner le texte intégral du célèbre poète, un texte publié en 1907 sous les initiales G.A. C’est beau, c’est violent, c’est cru et c’est bien évidemment réservé à un public averti !E.G.

Dans le détail :

Les Onze mille verges, de Apollinaire et Liberatore. Editions Drugstore. 35 euros.

Les Femmes, de Liberatore. Editions Drugstore. 30 euros.

The Prodigies, Une voie nouvelle dans le cinéma d’animation, de Antoine Charreyron et Viktor Antonov. Editions Glénat. 35 euros.

Actuellement à l’affiche dans les meilleures salles de l’hexagone, The Prodigies, adapté de La Nuit des Enfants rois de Bernard Lenteric, est un film d’animation dernière génération qui offre dit-on une manière radicalement nouvelle d’entrer dans les images. De fait, à regarder de près la bande annonce, disponible ici, on peut déjà avoir un aperçu du fantastique travail réalisé par le créateur de l’univers, Viktor Antonov, et par le réalisateur, Antoine Charreyron. On s’éloigne ici très certainement des codes classiques du cinéma d’animation pour se rapprocher du rendu photo. L’animation est particulièrement fluide, les personnages quasi-réels, les expressions finement travaillées, les cadrages photographiques, les décors travaillés à la façon de peintres comme Edward Hopper… Bref, The Prodigies est une petite merveille, certainement une nouvelle étape dans l’histoire du cinéma d’animation européen… Le livre publié ce mois-ci par les éditions Glénat permet justement de pénétrer le processus de fabrication, depuis la création des personnages jusqu’au travail autour de la lumière, en passant par les décors, les cadrages, les couleurs, l’architecture, avec toujours cette volonté profonde de s’inspirer de la photographie contemporaine et de la peinture classique. 160 pages qui réunissent des croquis, des recherches graphiques ou d’ambiances, des éléments de documentation… A lire avant ou après avoir vu le film ! E.G.

27 Juin

La Douceur de l’enfer (tome 1), de Olivier Grenson. Editions Le Lombard. 15,95 euros.

San Francisco, avril 2005. Martha Summer est sous le choc ! Deux représentants du gouvernement viennent de lui annoncer que le corps de son défunt mari venait d’être identifié et allait être transféré pour recevoir les honneurs militaires. Martha Summer est d’autant plus sous le choc qu’elle est aujourd’hui une femme âgée et fragile et que son mari a disparu pendant la guerre de Corée il y a un peu plus de cinquante ans ! Invitée à se rendre à Séoul pour la cérémonie, Martha n’aura malheureusement pas le temps. Sur son lit de mourante, elle demande à son petit fils de la représenter. Billy Summer accepte la mission mais ne s’attend absolument pas à la découverte qu’il fera sur place…

Prévu en deux volets, La Douceur de l’enfer aborde la thématique du secret de famille avec une histoire revenant sur un épisode un peu oublié, la guerre de Corée. Olivier Grenson, qui a auparavant dessiné Carland Cross, La Femme accident ou les aventures de Niklos Koda, signe ici à la fois le dessin et le scénario, se révélant un auteur complet talentueux. Habituellement adepte d’un graphisme réaliste très travaillé, Olivier Grenson parvient à laisser filer son trait et à donner un aspect plus jeté à l’ensemble, notamment dans les scènes de guerre. « Avec cet album… », confie-t-il, « je voulais me libérer du beau dessin, de certaines retenues, même si le naturel revient au galop. Lâcher les choses, c’est un véritable combat, pour moi. ». Un album entre douceur et enfer ! E.G.

22 Juin

Mojo, de Rodolphe et G. Van Linthout. Editions Vents d’ouest. 20 euros.

Dans la vie, certains naissent avec un mojo obscur, d’autres avec un mojo lumineux, traduisez qu’il naissent sous une bonne ou sous une mauvaise étoile. Au moment d’enterrer son pote Charley, un gars justement né sous le signe de la poisse, Slim Whitemoon se dit qu’il a finalement un bon mojo et qu’il serait peut-être temps d’en profiter, de quitter sa misérable terre natale pour devenir une star. C’est pour ça que lui et sa guitare ont un beau jour pris la tangente comme il dit. Direction Chicago où son talent de bluesman allait forcément être reconnu. Il deviendrait alors riche, graverait de nombreux disques et pourrait enfin s’acheter ce costume et ces chaussures bicolores dont il rêve depuis si longtemps. Mais la route va se révéler malheureusement plus sinueuse que prévue, Slim passant des juke-joints les plus minables (clubs blues du Mississippi) aux scènes les plus prestigieuses et vice-versa. Un destin chaotique, fait de petits larcins, de séjours en prison, de filles, de beuveries, de vagabondage, de succès, de solitude et de rencontres magiques avec quelques légendes du blues, Blind Lemon Jefferson, Sonny Boy Williamson ou encore Robert Johnson…

Sur plus de 180 pages d’une somptueuse signature graphique, Mojo nous raconte le destin incroyable de cet homme qui a vécu pour le blues. Serait-ce une biographie ? Non ! Une fiction ? Pas tout à fait non plus ! Car Slim Whitemoon n’a pas existé. Mais aurait très bien pu exister ! « Avons-nous inventé pour autant ? Sûrement pas ! », précisent les auteurs,« L’essentiel du parcours de Slim est au contraire tout ce qu’il y a de véridique, d’authentique, d’historique : de l’évocation de sa naissance, à l’orée d’une gigantesque plantation de coton dans le haut du Delta du Mississipi, à son arrivée à Chicago sans un sous vaillant […] en passant par le quotidien âpre et souvent sordide des noirs… ». Et de fait, le scénariste Rodolphe qui a d’ailleurs consacré un ouvrage au bluesman Blind Lemon Jefferson, paru aux éditions Nocturne , et le dessinateur Georges Van Linthout (La Nuit du lièvre, Conquistador…) nous offrent bien plus qu’un simple portrait de bluesman. Mojo est une plongée sans concession dans l’Amérique du début du XXé siècle, une Amérique riche et misérable à la fois, libre et ségrégationniste, terreau d’une musique universelle : le blues. Un ouvrage magnifique, un récit passionnant, un personnage hors norme, une atmosphère qui donne envie d’approfondir nos connaissances sur le blues… E.G.

13 Juin

Zapping génération, Le Petit Spirou présente… des albums pour rire !

Imaginez un monde sans écran plat, sans ordinateur, sans iphone, sans ipod, sans Wii et autres Xbox… L’horreur absolue ! Pour Juju, c’est carrément l’enfer sur Terre lorsqu’il découvre un matin au réveil que toutes ces belles technologies n’existent effectivement pas. Pas encore du moins ! Même son grand-père regarde la télévision sur un poste en noir et blanc à tube… et sans zappette ! Juju croit rêver… Effectivement, il vient de faire un cauchemar. Le plus horrible cauchemar de sa vie. Déjà que la fin des vacances a sonné et que la rentrée des classes s’annonce des plus ennuyeuses, il ne manquerait plus que le monde fasse marche arrière et le prive de tout ce qui rend la vie plus ludique…

Dans la série Le Petit Spirou présente, Tome et Janry nous invitent à découvrir ou redécouvrir les meilleurs gags de l’enfant terrible du Neuvième art autour de quelques amis à quatre pattes. Chiens de toutes races, daims, chevaux, gorilles, poules, serpents, grenouilles, ânes… partagent en effet l’affiche de cette « compil au poil » avec les habituels Monsieur Mégot, Mademoiselle Chiffre ou encore Grand-Papy. Comme toujours, les histoires sont drôles, fraîches, les personnages espiègles et le graphisme irréprochable ! E.G.

Dans le détail :

Trop voyant ! Zapping génération (tome 5), de Ernst et Noblet. Editions Dupuis. 10,45 euros.

Mes amis à poils, Le Petit Spirou présente (tome 4), de Tome et Janry. Editions Dupuis. 7,50 euros.

La Quatrième dimension et demie, Seuls (tome 6), de Gazzotti et Vehlmann. Editions Dupuis. 10,45 euros.

Dodji, Leïla, Camille, Yvan et Terry viennent enfin de comprendre : ils sont morts ! Livrés à eux-mêmes dans une ville qu’ils pensaient jusqu’ici désertée par ses habitants, les cinq enfants vont avoir peu de temps pour tenter de comprendre ce qui leur arrive exactement et pourquoi il se sont tous retrouvés à cet endroit, dans cette ville, dans ce monde appartenant à la quatrième dimension et demie. En effet, Saul, leur ennemi de toujours, et sa mauvaise bande sont en train de s’approprier la ville à coup de tags sur les murs. Un soleil  dessiné au coin de la rue et c’est un quartier acquis ! Avant que Saul ne devienne le seul maître des lieux, Dodji, Leïla, Camille, Yvan et Terry vont devoir réagir. Plus rien dès lors ne pourra empêcher l’escalade de la violence…

Le dessinateur Bruno Gazzotti, qui animait précédemment la série Soda, et le scénariste Fabien Vehlmann, qui vient quand à lui de reprendre la destinée de Spirou et Fantasio en compagnie de Yoann, nous offrent ici un sixième album très rythmé et plaisant à lire. Une série tous publics ! E.G.

L’info en +…

Les éditions Dupuis vous proposent de devenir l’un des héros de la BD et de tenir un véritable rôle dessiné et scénarisé par les auteurs dans le prochain tome. Pour celà, il vous suffit de vous rendre sur le site www.seuls-labd.com et de relever le défi !

12 Juin

Coluche, Dossier Michel Vaillant, de Gillet, Courly et Graton. Editions Graton – Dupuis. 19,95 euros.

Après Ayrton Senna, Jacky Ickx, Gilles Villeneuve, Enzo Ferrari, James Dean ou encore Alain Prost, la collection Dossier Michel Vaillant revient avec ce nouvel album sur l’histoire d’un mec pas franchement ordinaire, un mec généreux, drôle, passionné, adulé aussi par des millions de Français : Coluche. Personne ne l’aura oublié, le génial humoriste était aussi un amoureux de la belle mécanique sur deux roues, un fan des VMax, Honda et autres Harley, un roi du tuning et un pilote chevronné qui fréquenta quelques circuits, notamment pour établir le record de vitesse en 750 cc. Un vrai record, comme ça, pour la beauté du geste ! La moto, c’était sa vie, un style de vie même… et elle marquera aussi sa mort. En juin 1986, un camion coupe la route à Coluche quelque part dans le sud de la France… On connaît la suite… Ce Dossier Michel Vaillant revient donc sur la vie de ce personnage hors du commun avec des textes signés de son copain Bruno Gillet, des témoignages, des photos d’archives personnelles, des images de presse et des dessins. 20 planches de BD signées par le studio Graton reconstituent les scènes clés de ce parcours… E.G.

11 Juin

Pour la vie, de Stassi et Goupil. Editions Casterman. 14 euros.

C’est une de ces petites histoires comme il s’en vit des millions par jour à travers le monde. De ces petites histoires qui font au mieux deux ou trois lignes dans le journal, écrites par un correspondant local. Généralement, on ne s’y attarde pas et on oublie aussitôt la page tournée. Jacky Goupil n’a pas oublié, lui, l’histoire de Fernand et Edith, deux octogénaires qui après avoir fêté leur cinquantième anniversaire de mariage se sont jetés ensemble sous les roues d’un train. Et ne voyez pas là un geste désespéré mais plutôt un geste d’amour. Car après 18250 jours de vie commune, de bonheur partagé, de difficultés surmontées, les deux tourtereaux ne supportaient pas l’idée que la mort puisse les séparer et condamner l’un d’eux à la solitude. Pour la vie raconte donc le parcours ordinaire de ce couple bien décidé à mourir par amour. Un parcours qui nous replonge dans la France depuis les années 50 jusqu’au début des années 2000 avec en arrière plan les événements qui ont fait cette fois la grande histoire, tels que la mort de de Gaulle ou d’Humphrey Bogart, l’élection de François Mitterrand, la sortie du film Les Tontons flingueurs, l’enterrement de la môme Piaf, l’appel de l’Abbé Pierre, l’éclipse du soleil du 11 août 1999 ou encore Mai 1968… Un récit passionnant ! E.G.

08 Juin

Fête des morts, de Olivier Cinna et Stéphane Piatzszek. Editions Futuropolis. 18 euros.

Bienvenue au Cambodge, son soleil, ses plages… et ses pédophiles ! La réalité est là, dure, implacable, visible à chaque coin de rue, plus palpable encore pour Serge, un flic français. Il est chargé de collaborer avec la police cambodgienne dans la traque de ces touristes sexuels. Et Serge n’est pas tendre avec eux. Il a même plutôt la main lourde, ce qui ne plaît guère aux voyous qui vivent de cet odieux business. De fait, Serge se fait lui aussi régulièrement tabassé… Drôle de pays ! Trois semaines qu’il a atterri ici, lui qui aime le froid. « Ici… », dit-il, « c’est comme être dans un four avec une casserole d’eau sur la tête ». Serge croit que c’est la chaleur qui le tuera. Peut-être… Peut-être pas ! En attendant, Serge poursuit son boulot dans un univers glauque et nauséabond…

Après Cavales, Neverland et Commandant Achab, Stéphane Piatzszek s’associe à Olivier Cinna pour nous offrir un polar inhabituel par sa géographie mais radicalement noir. « J’aimais l’idée d’un polar sous les tropiques… », précise le scénariste, « Ca donne tout de suite un contraste à l’histoire qu’on raconte : le grand soleil, l’Océan indien immense et la noirceur du monde des pédophiles ». L’histoire est bien évidemment très dure et le graphisme très enlevé d’Olivier Cinna, proche de l’esquisse, nous plonge dans une atmosphère lourde, poisseuse, au milieu de personnages franchement peu recommandables. « J’aime son trait, pas loin de l’épure, qui va à l’essentiel, qui ne s’encombre de rien et fait toujours mouche… Et puis, bon sang, il n’a jamais été en Asie et il la dessine comme s’il y était né, ça me dépasse ! ». Un voyage au coeur des desseins les plus sombres de l’humanité ! E.G.

01 Juin

Jerry Spring, Buck Danny… le bonheur en intégrale !

Trois partout ! D’un côté, le cowboy Jerry Spring. De l’autre, l’aviateur Buck Danny. Des dizaines d’aventures à eux deux, des années de métier, plusieurs générations d’aficionados et la parution en ce mois de juin du troisième volume de leur intégrale respective. L’Intégrale Jerry Spring pour commencer réunit quatre aventures parues en album au début des années 60, Fort Red Stone, Le Maître de la sierra, La Route de Coronado et El Zopilote, accompagnés d’un cahier graphique contenant de nombreux documents inédits, photos, peintures de l’auteur, couvertures, illustrations… A noter que ces quatre grandes aventures présentées ici sont aussi les premiers scénarios de Philip, le propre fils de Jijé. Par ailleurs, l’histoire La Route de Coronado a été encrée par un autre grand du Neuvième art et du western, Jean Giraud, qui animera plus tard les aventures du célèbre Lieutenant Blueberry

Charlier et Hubinon… Un tandem magique pour une série mythique ! C’est à la fin des années 40 qu’ils imaginent leur personnage en prenant pour modèles des héros de la Seconde guerre mondiale. 60 ans après, Buck Danny n’a pas pris une ride, évoluant dans un monde qui a lui radicalement changé tant sur le plan géopolitique que technique ! 52 épisodes, des milliers de planches, des heures et des heures de vol… et Buck Danny fait toujours rêver les amoureux de l’aviation comme les inconditionnels de l’Aventure avec un grand A. Ce troisième volume de l’intégrale qui lui est consacrée réunit quatre grandes aventures : Les Trafiquants de la mer rouge, Les Pirates du désert, Les Gangsters du pétrole et Pilotes d’essai. A l’instar des différents volumes des intégrales Dupuis, celui-ci comporte en ouverture un cahier de 24 pages rassemblant témoignages, photos, illustrations, notes de travail…

Du grand classique ! E.G.

Dans le détail :

L’intégrale Jerry Spring (tome 3), de Jijé et Philip. Editions Dupuis. 24 euros.

L’intégrale Buck Danny (tome 3), de Hubinon et Charlier. Editions Dupuis. 24 euros.