31 Juil

Impostures, Pour tout l’or du monde (tome 1), de Hautière et Grand. Editions Soleil. 14,30 euros.

1850. Une époque en or ! Surtout du côté de la Californie où ont été découverts d’importants gisements du précieux minerai. Depuis, c’est la ruée ! Du monde entier affluent des aventuriers désireux de s’enrichir. En France, Louis Napoléon Bonaparte lance même une loterie pour financer le voyage vers la Californie des gagnants, histoire de favoriser l’entreprise dit-il lors d’une cérémonie dans la cour de l’Ecole des Mines. Etrange ! Stanislas de Rochebourg, élève dans cette fameuse école, n’est pas dupe mais de là à imaginer le machiavélique plan monté par le pouvoir en place autour de cette loterie…

Accords sensibles chez Glénat, Yerzhan chez Delcourt, Abélard chez Dargaud, Le Marin, l’actrice et la Croisière jaune puis Pour tout l’or du monde chez Soleil, 2011 s’annonce comme une belle année pour le scénariste Régis Hautière qui signe ici un récit d’aventure bien écrit, énergique et riche, dans le contexte de la Deuxième République. Côté graphisme, Alain Grand, transfuge de l’édition jeunesse, nous offre un graphisme semi-réaliste qui colle parfaitement bien à l’histoire ! E.G.

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Dans son blog, que vous pouvez découvrir ici, Régis Hautière dévoile des extraits de la prochaine couverture d’Aquablue, série mythique dont il a repris la destinée scénaristique en compagnie du dessinateur Reno. Sortie prévue vers la fin de l’année 2011…

29 Juil

Les Petites histoires viriles, de Jéromeuh. Editions Delcourt. 14,95 euros.

Quand il passe le fameux test des tâches d’encre chez son psy préféré, Jéromeuh y décèle des bébés lapins qui se font des bisous. C’est tout lui ! Ce trentenaire gay ultra-branché est un être certes névrosé, angoissé, hypocondriaque, dépensier (ce n’est pas moi qui le dit !)… mais attachant. Terriblement attachant. Et de se confier dans les pages de cet album, un peu comme si nous formions, nous lecteurs, une bande d’amis venus l’écouter. Au menu, ses amours, ses désamours, ses doutes, ses certitudes, tout ce qui fait les petits et grands moments du quotidien… toute une vie passée à la moulinette de l’humour et de l’autodérision. Avant de se retrouver sur le papier, ces expériences de vie faisaient le buzz – ou presque – sur internet. Jéromeuh, de son vrai nom Mehdi Jérôme Leprieur Bejani, a en effet imaginé ces Petites histoires viriles en 2007 pour un blog. Résultat : jusqu’à 12000 visiteurs par jour et de nombreuses portes qui s’ouvrent ! Publié dans la collection Humour de rire des éditions Delcourt, ce recueil nous offre donc un florilège de ces histoires remaniées pour le support. Un très bon moment pour tous, garçons et filles, filles et garçons ! E.G. 

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Retrouvez le blog de Jéromeuh ici-même ou bien  !

28 Juil

Fugitifs, Yerzhan (tome 1), de Hautière et Efa. Editions Delcourt. 13,50 euros.

Baïkonour, 2040. Le cosmodrome n’est plus qu’un immense champ de ruines. Et la ville ne vaut pas mieux. Envolées les belles années de l’aérospatiale qui faisait vivre des centaines de milliers de personnes. Aujourd’hui, la région se déchire sur des questions religieuses, militaires et politiques. Dans ce contexte, le jeune Yerzhan tente de garder la tête froide, de suivre son chemin. Jusqu’au jour où il se retrouve impliqué dans l’évasion d’un prisonnier du quartier de haute sécurité de la prison locale…

Le Breton Régis Hautière (Vents contraires, La Guerre secrète de l’espace…) et l’Espagnol Efa (Icariades, Rodriguez…) signent ici l’ouverture d’un récit d’anticipation tout au moins original par sa localisation, Baïkonour, et son contexte de conflit politico-religieux. Un récit rythmé et limpide, un dessin et des couleurs sobres, relativement peu de textes… Yerzhan devrait plaire aux inconditionnels de la collection Néopolis des éditions Delcourt (Aquablue, Arcanes, Carmen Mc Callum…). E.G.

27 Juil

Trauma, Synchrone (tome 1), de Delmas et Crosa. Editions Le Lombard. 11,95 euros.

Pouvez-vous imaginer un instant vivre vos émotions en différé ? Rire ou pleurer, s’attendrir ou s’énerver avec un temps de décalage plus ou moins long ! Impossible ? C’est pourtant bien ce qui arrive à Ian Mallory depuis l’attentat qui l’a plongé dans le coma et tué sa femme. A son réveil, trois ans plus tard, cet ancien flic va se reconvertir en romancier, se remarier, et apprendre à vivre avec cette étrange pathologie qui se révélera finalement bien utile dans certaines situations. Mieux, son ancien employeur, la NSA, voyant un intérêt certain dans cette désynchronisation émotionnelle lui proposera des missions particulièrement dangereuses…

Une très bonne idée de départ, un bon scénario, une narration qui a du punch, un graphisme efficace, des couleurs modernes… Trauma est un thriller séduisant et on attend la suite avec une certaine impatience ! E.G.

25 Juil

Scénario catastrophe, de Sable et Totino Tedesco. Editions Delcourt. 14,95 euros.

Alan Ripley est un célèbre romancier américain. Dans un de ses best-sellers qui vient d’être adapté au cinéma, il imagine un missile tiré d’un sous marin passer entre les Twin Towers et s’écraser un peu plus loin. Nous sommes alors en 1999. Deux ans plus tard, les tours s’effondrent dans un nuage de poussière et de sang. C’est pour éviter ou du moins prévoir ce genre de scénarios catastrophes qu’Alan Ripley est appelé à rejoindre une cellule de réflexion pour le compte d’une agence gouvernementale américaine. Enfin, c’est ce qu’il croit car les commanditaires de ce « labo d’idées » comme ils l’appellent ont d’autres ambitions…

Bientôt 10 ans que les tours jumelles de New York ont été prises pour cible par les terroristes. 10 ans et un événement qui appartient aujourd’hui à la mémoire collective. On dit que personne à Hollywood n’aurait imaginé un tel scénario. Mark Sable et Julian Totino Tedesco vont encore plus loin en imaginant ce sombre récit de conspiration finalement plausible, tellement plausible qu’il valu au scénariste d’être arrêté et mis en détention provisoire à l’aéroport international de Los Angeles, les policiers l’ayant pris pour un terroriste. Un album captivant ! E.G.

Lefranc, un héros pour l’éternité…

Jacques Martin est décédé il y a maintenant un an et demi mais ses héros lui ont survécu. Preuve en est cette deuxième aventure du reporter Guy Lefranc publiée depuis la disparition du créateur, une aventureintitulée Les Enfants du bunker, signée par le dessinateur Alain Maury et le scénariste Michel Jacquemart. On y retrouve bien entendu tous les ingrédients qui ont fait le succès de cette série créée en 1952 pour le journal Tintin, un graphisme ligne claire, des aventures flirtant avec le fantastique et des personnages principaux terriblement attachants. Et Justement, tandis que le journaliste Guy Lefranc se trouve en Algérie, rappelé sous les drapeaux en qualité d’officier de réserve de l’Armée de l’air, le jeune Jeanjean, lui, part pour des vacances sur la côte fleurie quelque part en Normandie. Là-bas, il explore avec ses amis scouts un bunker posé sur la plage lorsque surviennent d’étranges phénomènes…

Simultanément à cette nouvelle aventure pleine de mystères, les éditions Casterman ont publié un nouveau volume des Voyages de Lefranc consacré justement au mur de l’Atlantique. Sur plus de cinquante pages, photos d’archives et illustrations à l’appui, cet album nous explique la construction de ce système défensif conçu par l’Allemagne nazie, sa configuration, la vie quotidienne des soldats, son rôle dans le Débarquement… A noter l’admirable travail de recherche documentaire et les magnifiques illustrations, parfois pleine page, d’Olivier Weinberg qui signe ici son premier album chez Casterman… Valeur sûre ! E.G.

Dans le détail :

Les Enfants du bunker, Lefranc (tome 22), de Maury, Jacquemart et Martin. Editions Casterman. 10,40 euros.

Le Mur de l’Atlantique, Les Voyages de Lefranc (tome 2), de Weinberg et Martin. Editions Casterman. 12,90 euros.

21 Juil

En première ligne, Alamo (tome 1), de Dobbs et Pezzi-Perovic. Editions Soleil. 13,50 euros.

Sans être à bout de souffle, le western est un genre qui se fait plutôt discret dans la bande dessinée actuelle. Suffisamment discret pour qu’on ne passe pas à côté des quelques titres publiés de-ci de-là comme cet album intitulé En première ligne, volet d’ouverture de la série Alamo, nom ô combien magique et mythique qui suffit à lui seul à nous propulser au cœur même de la guerre d’indépendance de la jeune République du Texas et plus globalement au cœur de l’histoire des Etats Unis. Rendu célèbre à travers le monde par les multiples adaptations cinématographiques dont il a été l’objet, comme le fameux film de John Wayne réalisé en 1960, cet événement trouve sous la plume de Dobbs et les pinceaux du tandem Pezzi-Perovic une nouvelle respiration grâce à une approche mélangeant vérité historique et libertés d’écritures notamment autour de certains personnages comme Jim Bowie ou Louis Rose. A découvrir dans la collection 1800 ! E.G.

19 Juil

Le Fantôme de l’opéra (volume 1), de Christophe Gaultier, d’après l’oeuvre de Gaston Leroux. Editions Gallimard. 13,90 euros.

Sorti à la fin du mois de mars, ce premier volet de l’adaptation du Fantôme de l’opéra de Gaston Leroux nous permet de retrouver à la plume et à au pinceau un auteur singulier et talentueux : Christophe Gaultier. Banquise, Kuklos, Le Suédois ou Robinson Crusoé… autant d’albums qui nous ont déjà permis d’apprécier son travail et notamment son trait expressionniste d’une efficacité redoutable. Direction cette fois le Paris de la seconde moitié du XIXème siècle et plus précisément l’Opéra Garnier où un fantôme semblerait hanter les lieux jusqu’à exiger qu’on lui attribue en permanence la loge n°5 et 20000 francs par mois… Une très belle adaptation ! E.G.

18 Juil

Les Enfants terribles, Le droit chemin (tome 1), de Wilfrid Lupano, Tanco et Lorien. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Valard, Dusquennes et les frères Blondiau. Une fameuse bande ! C’est dans un établissement d’enseignement agricole pour pupilles de la nation qu’ils se sont rencontrés. Du côté de Merandac. Nous sommes en 1929 et les quatre lascars vont très vite se faire remarquer en multipliant les mauvais coups. On les considère déjà comme de la graine de voyous, des bagnards en puissance, mais c’est à Paris, pendant l’occupation, qu’ils vont vraiment trouver leur voie…

Après Alim le tanneur, L’honneur des Tzarom, Les aventures de Sarkozix et L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, le scénariste Wilfrid Lupano lance cette nouvelle série en compagnie de Tanco avec qui il a déjà réalisé L’Ivresse des fantômes. Si les deux premiers volets forment une histoire complète, les suivants seront, selon l’éditeur, des one-shots. On y retrouve d’emblée la touche humoristique de Wilfrid Lupano, grand admirateur de Franquin, Gotlib ou encore de Goscinny, et le trait souple et léger de Tanco. A découvrir ! E.G.

Mezek, de Juillard et Yann. Editions Le Lombard. 15,95 euros.

Israël, juin 1948. Tel-Aviv est à nouveau survolé par des Spitfire de l’armée égyptienne. Ils auront le temps de larguer plusieurs bombes et de faire couler le sang avant que les avions affichant la fameuse étoile bleue ne fassent leur apparition dans le ciel et finissent par les chasser. Il faut dire que les avions du jeune Etat hébreu ne sont pas de prime jeunesse. Soumis à un embargo international, Israël doit se contenter de quelques vieilles carcasses de Messerschmitt récupérées chez les Tchèques auxquels on a adjoint des moteurs de bombardiers Junker Jumo. Des avions lourds et dangereux pilotés la plupart du temps par des mercenaires appâtés par l’argent comme le jeune Suédois Björn…

Est-il nécessaire de présenter le scénariste Yann et le dessinateur André Juillard ? L’un et l’autre sont de très grands noms de la bande de dessinée franco-belge, responsables et coupables d’un certain nombre de petites pépites comme Les Innommables, Sambre, Pin-up, Spoon & White pour le premier, Masque rouge, Le cahier bleu, Le long voyage de Lena pour le second ! Avec Mezek, ils abordent un épisode de l’histoire étrangement peu connu du grand public, les débuts de l’aviation militaire israélienne et le recours à des pilotes mercenaires. L’un d’entre eux aurait même été allemand ! Bien sûr, Yann et Juillard profitent de ce contexte historique fort de la grande histoire pour nous raconter une petite histoire, de fiction cette fois, en l’occurrence une histoire d’amour. Un album impressionnant par l’émotion qu’il dégage, par l’écriture très travaillée, par la documentation aussi et, bien sûr, par le graphisme ligne claire unique du maître Juillard ! E.G.