31 Juil

Pages d’été : Dolorès de Bruno Loth aux éditions La Boîte à bulles

Couv_271040C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Une enfant accrochée à une bouée de fortune au beau milieu de l’océan. L’image nous fait inévitablement penser aux migrants tentant la traversée de la Méditerranée ces derniers mois, 10 000 morts depuis 2014 selon le HCR, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. Mais c’est à une autre tragédie qu’elle fait ici référence, la guerre civile espagnole qui fit entre 1936 et 1939 des centaines de milliers de morts et d’exilés.

Cette histoire, la grande, est abordée dans cet album à travers la petite histoire de Nathalie qui, à cinquante ans, découvre les origines espagnoles de sa mère. La vieille femme qui perd la tête s’est brusquement mise à parler espagnol en demandant qu’on l’appelle Dolorès et non plus Marie. Et puis, il y a ces cauchemars incessants qui la hantent, des histoires de fascistes et de bateau. Personne n’avait jamais entendu parler de ce passé. Troublée, Nathalie se met en quête de cette vie inconnue. Direction l’Espagne où elle découvre le passé de sa mère et du pays, la guerre civile, les morts, les exécutions, l’exil pour beaucoup. Elle y découvre aussi l’Espagne d’aujourd’hui, le mouvement des Indignés, Podemos…

Bruno Loth aime raconter l’humain bousculé par les grands épisodes de notre passé, que ce soit le Front populaire et l’Occupation avec Apprenti et Ouvrier ou, déjà, la guerre d’Espagne avec Ermo, une série de 6 albums auto-éditée entre 2006 et 2013.

Par son format, par son approche et son graphisme, Dolorès offre un récit intime en forme de témoignage sur l’Espagne d’hier et d’aujourd’hui.

Eric Guillaud

Dolorès, de Bruno Loth. Editions La Boîte à Bulles. 18€

© La Boîte à Bulles / Loth

© La Boîte à Bulles / Loth

29 Juil

Festival Spirou : une troisième édition les 2, 3 et 4 septembre à Bruxelles

13626380_10153961571793732_8756649427730590518_nDédicaces, dessins en direct, ateliers, expositions, animations diverses et variées, débats, rencontres… ça aurait pu être un festival comme un autre mais ce n’est pas un festival comme un autre, c’est LE festival Spirou, autant dire le festival des éditions Dupuis. Il se tiendra pour la troisième année consécutive au Parc Royal de Bruxelles du 2 au 4 septembre en présence d’une quarantaine d’auteurs maison…

Eric Guillaud

27 Juil

Pages d’été : Un Juste de Patrice Guillon et David Cénou

album-cover-large-29727C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

L’album Un Juste est sorti il y a maintenant deux mois mais vous devriez le trouver sans peine dans toutes les bonnes librairies BD de France. Comme son titre le laisse très justement suggérer, le récit de Patrice Guillon au scénario et David Cénou au dessin a pour thème la Seconde guerre mondiale, l’occupation allemande, la déportation juive et la résistance de certains Français à la barbarie nazie.

C’est une histoire vraie que nous raconte Un Juste, une histoire qui met en scène deux familles, les Lévy d’un côté et les Cénou de l’autre, plus particulièrement Fernand Cénou, l’arrrière-grand-père de l’auteur David Cénou. C’est aussi quelque part l’histoire de toutes ces familles juives qui ont cherché à échapper à la déportation et de toutes ces familles non juives qui ont accepté de les y aider, en dépit des risques de représailles.

Il est facile de dire aujourd’hui, depuis notre – très relatif – environnement pacifié, que nous aurions été résistants, que nous aurions sauvé des vies innocentes. Fernand Cénou, lui, l’a fait, comme quelques autres, en restant qui plus-est très discret sur cet acte héroïque durant toute sa vie.

© La Boîte à Bulles / Cénou & Guillon

© La Boîte à Bulles / Cénou & Guillon

En 1942, l’arrière-grand-père de David Cénou ne cachait pas sa haine pour Pétain, « le premier collabo de France […] Ah, il est beau le héros de Verdun« , lui font dire les auteurs. Lui préférait clairement écouter Radio Londres à Radio Paris, filer un coup de main à la Résistance plutôt que de cirer les bottes des Allemands.

C’est donc presque naturellement qu’il accepta de cacher la famille Lévy en 1942 dans un appartement contigu au sien. La famille Lévy y resta jusqu’au débarquement des troupes alliées sur les plages de Provence, en août 1944. De longs mois avec la peur au ventre avant le soulagement puis l’envie d’oublier toute cette folie dans un réflexe de survie.

Et c’est bien des années plus tard, en retombant sur une correspondance entre ses parents et la famille Cénou, que Myriam entreprenait une action pour que Fernand et sa femme, Aurélie, soient reconnus Justes parmi les nations. Ils le seront en 2012. Leur dossier porte le numéro 10368.

Soutenu par le Comité français pour Yad Vashem et la Fondation pour la mémoire de la Shoah, Un Juste apporte un témoignage et un éclairage remarquable sur l’époque, les atrocités des uns mais aussi les élans de solidarité et de générosité des autres, un véritable outil pédagogique intelligemment complété par un dossier de quelques pages revenant sur la notion de Justes parmi les nations, sur le statut des juifs pendant la guerre et sur leur persécution.

Pour ne jamais oublier…

Eric Guillaud 

Un Juste, de Patrice Guillon et David Cénou. Editions La Boîte à bulles. 18 €

© La Boîte à Bulles / Cénou & Guillon

© La Boîte à Bulles / Cénou & Guillon

 

26 Juil

La Poste : Les Légendaires de Patrick Sobral complètement timbrés

BLOC_TIMBRESÀ la rentrée, une bonne surprise attend tous les amoureux des Légendaires de Patrick Sobral. Le 19 septembre précisément, La Poste éditera des timbres mettant à l’honneur les héros de la série culte d’héroic fantasy alors qu’un 19e tome est annoncé pour octobre chez Delcourt. 

Dans un communiqué de presse, les éditions Delcourt précisent : « Ces 4 visuels dont 2 timbres, sont une création originale de Patrick Sobral, représentant ses héros Danaël, Gryf, Jadina, Shimy, et Razzia ». Cerise sur gâteau, « un QR code permettra de visionner un cours de dessin proposé par Patrick Sobral ainsi que des extraits de BD et une vidéo animée présentant les personnages ».

Cinq millions d’albums vendus

Les légendaires ont été créés en 2004 par Patrick Sobral, dans le style manfra (contraction de manga et français). Cette série raconte les aventures de 5 héros redevenus par accident des enfants de 12 ans, soudés par l’amitié, l’héroïsme et le respect. Leur devise est : « Légendaires unis un jour, Légendaires unis
toujours ». Près de 5 millions d’albums ont été vendus depuis la création de la série en 2004. En octobre 2016 sortira le 19e tome, « Artémus le Légendaire ».

Les Légendaires, c’est aussi un site internet, un club, des milliers de fans qui se partagent des infos sur les réseaux sociaux comme ici ou

Eric Guillaud

24 Juil

Pages d’été : De rien ou le délire graphique de Geoffroy Monde aux éditions Delcourt

DE RIEN - C1C4.inddC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Résolument délirant, déjanté, absurde, cinglé, barjot, timbré, déroutant, voire dément. « De rien » est tout ça à la fois et même plus, il est affreusement drôle. Un album qui aurait pu naître de la rencontre de Raymond Devos pour le décalé, Gotlib pour l’humour, Goossens pour le détournement des codes narratifs de la BD et Bastien Vivès pour le dessin. Mais c’est Geoffroy Monde qui l’a écrit et dessiné avec ses deux petites mains et son esprit ouvert à 360°.

« C’est par le langage de l’absurde que l’on peut le mieux évaluer et mettre en lumière l’écart tragi-comique séparant la nullité de signification du réel de la géniale boursouflure sémantique de notre monde« .

Tout est dit dans ces quelques mots plaqués en quatrième de couverture. Un dangereux illuminé Geoffroy Monde ? Pas du tout, l’auteur sait garder raison même s’il est prêt à exploser la vitre du libraire situé en bas de chez lui si son bouquin n’est pas rapidement exposé en bonne place dans la vitrine. Comme un réflexe ! Et on ne peut lui en vouloir…

Et que trouvons-nous dans son livre de 160 pages ? Une galerie de personnages. 28 paraît-il, pour ma part je n’ai pas compté. 28 personnages donc plus déjantés les uns que les autres : un ange du Paradis qui s’empiffre de petits fours dans les soirées, un cow boy prêt à flinguer tout le monde, son cheval et lui-même compris, pour ne pas avoir à partager son magot, le génie de la lampe qui ne supporte plus les voeux débiles et pervers de la nouvelle génération, un Jackie Chan à qui un réalisateur demande de ne pas faire du Jackie Chan, un écrivain qui voudrait une machine à écrire avec une touche « ziziboule » du nom de son héros… bref que du grandiose, des esquintés du ciboulot

Coté dessin, on pense au travail de Bastien Vivès, notamment sur la série Bastien Vivès de la collection Shampooing. Mais le dessin de Geoffroy Monde, en plus d’être épuré et stylé, est numérique et donc un peu froid. Une très belle découverte !

Eric Guillaud

De rien, de Geoffroy Monde. Editions Delcourt. 17,95€

© Delcourt / Monde

© Delcourt / Monde

 

19 Juil

Pages d’été : L’inversion de la courbe des sentiments, un roman graphique de Jean-Philippe Peyraud chez Futuropolis

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C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Robinson, c’est le jeune homme qui court sur la couverture, un peu à la manière de Tintin. Sauf que lui ne court pas après les méchants mais après les aventures féminines. Il sort d’ailleurs du lit d’une conquête d’un soir quand il croise deux amoureux sur le pont des Arts affairés à accrocher leur cadenas d’amour. « Vous pouvez me dire ce que ça signifie ? », leur lance-t-il, avant de continuer « y-a-t-il une explication sensée au fait de symboliser votre amour par un cadenas ». Lui aurait volontiers vu un boulet chaîné ou une ceinture de chasteté. Mais pas un cadenas. Et de jeter, rageur, leur appareil photo dans la Seine.

Pas commode le Robinson, Il faut dire que sa journée à mal débuté, viré manu militari par sa fameuse conquête. Et il ne sait pas encore que son ex l’attend au pied de son immeuble pour récupérer ses affaires, que son père va débarquer, mis à la porte lui-aussi par la mère de Robinson, que son neveu Gaspard a mystérieusement disparu, qu’il va passer la nuit prochaine avec MissCampingLaBaule grâce au site pechounkeum.com, qu’il va rencontrer un garçon qui prétend être son fils… Une journée pour le moins chargée imaginée par Jean-Philippe Peyraud, à qui on doit déjà quelques comédies sentimentales sur fond de chroniques sociales – ou l’inverse – telles que Grain de beauté (Treize Etrange, 1999), Première chaleurs (Casterman, 2001) ou encore D’autres larmes (Glénat, 2012).

On y parle d’amour bien sûr, de désamour, d’illusions et de désillusions, d’amitié et de famille, de sentiments d’une façon générale autour d’un personnage légèrement désabusé plongé dans une atmosphère que l’auteur qualifie lui-même d’aigre-douce, une « bédénovela » qui enchaîne les rebondissements « parfois dignes de sitcoms ou du théâtre de boulevard », explique Jean-Philippe Peyraud dans une interview accordée à bdzoom.com.

Avec L’Inversion de la courbe des sentiments, Jean-Philippe Peyraud nous offre une exploration sensible du quotidien, aussi légère qu’essentielle, aussi juste qu’habile, 192 pages de bonheur à partager. Caractères des personnages, dialogues, dessin, narration… un album qui fait mouche.

Eric Guillaud

L’inversion de la courbe des sentiments, de Jean-Philippe Peyraud. Editions Futuropolis. 26 €

© Futuropolis / Peyraud

© Futuropolis / Peyraud

12 Juil

Pages d’été : Un maillot pour l’Algérie ou l’histoire de combattants en short racontée par Rey, Galic et Kris

kSC98R5cmgH57R33hvf9AICXWOMvLkaw-couv-1200C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Un instant, je me suis demandé s’il était opportun de parler de cette bande dessinée au lendemain de la défaite des Bleus face au Portugal. Un instant seulement. Car, si Un Maillot pour l’Algérie parle de football, il parle aussi et surtout de la lutte du peuple algérien pour son indépendance, sa liberté. Et nous rappelle que le football, le sport plus généralement, a parfois d’autres enjeux qu’une simple victoire dans un tournoi. Nous sommes en 1958, à la veille d’un autre grand rendez-vous footballistique, la Coupe du monde. Nous sommes aussi en pleine guerre d’indépendance de l’Algérie, de simples « événements » comme on les désigne à l’époque du côté français. Et c’est à ce moment précis que douze footballeurs algériens en contrat avec des clubs français de Première Division décident de rejoindre les rangs du FLN pour créer la première équipe nationale de ce qui n’est pas encore un pays, l’Algérie.

Parmi ces douze joueurs, on trouve Mokhtar Arribi (entraîneur à Avignon), Abdelhamid Kermali (Lyon), Abdelhamid Bouchouk (Toulouse), Mustapha Zitouni (Monaco), Amar Rouäi (Angers) ou encore Rachid Mekhloufi (Saint-Etienne). Tous quittent la France en avril 1958 et se retrouvent à Tunis pour lancer cette équipe de combattants d’un genre nouveau, une bande de révolutionnaires en short que d’autres rejoindront par la suite…

Entre 1958 et 1962, année des Accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie, l’équipe du FLN aura joué 83 matchs pour 57 victoires et 14 nuls, marqué 349 buts pour 119 encaissés. Elle aura surtout représenté un peuple en lutte et une certaine idée de la liberté un peu partout sur la planète, depuis le Maroc jusqu’au Vietnam, en passant par l’Irak, la Roumanie ou encore la Russie.

Si comme moi, vous n’êtes pas assez passionné par le football pour en connaître son histoire dans les moindres détails, Un maillot pour l’Algérie vous permettra d’en découvrir un épisode étonnant, une aventure incroyable mettant en scène non pas des guerriers ou des terroristes, mais de simples footballeurs qui vont se battre pour l’indépendance avec leur talent et un ballon pour unique arme. Le résultat est passionnant, parfois surprenant, toujours très documenté, raconté et mis en images avec passion par trois vrais fans du ballon rond, le Bruxello-barcelonais Javi Rey et les deux Bretons Bertrand Galic et Kris.

Vous avez aimé Invictus de Clint Eastwood ? Alors vous aimerez Un maillot pour l’Algérie. Tous deux, dans des contextes très différents, démontrent avec force que le sport fait partie intégrante de nos sociétés, de notre histoire commune…

Eric Guillaud

Un maillot pour l’Algérie, de Galic, Kris et Rey. Editions Dupuis. 24 €

L’info en + Un dossier documentaire d’une quinzaine de pages accompagne le récit en bande dessinée. On y trouve une chronologie, une présentation des footballeurs algériens, une interview de Rachid Mekhloufi, des photos… pour un éclairage complet du contexte.

© Dupuis / Rey, Galic et Kris

© Dupuis / Rey, Galic et Kris

05 Juil

Pages d’été : Homicide, une immersion au sein de la brigade criminelle de Baltimore signée Philippe Squarzoni et David Simon

HOMICIDE 01 - C1C4.inddC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

240 meurtres par an. C’est énorme, à peine croyable, et c’est pourtant bien la réalité de Baltimore, ville du nord-est des États-Unis située dans l’État du Maryland. 240 meurtres par an et une brigade criminelle sur les dents. En 1988, David Simon, reporter au Baltimore Sun, décide de partager le quotidien de cette brigade pendant un an. Il en tire un livre, A year on the killing Streets, qui a servi de base à la série télévisée Homicide et largement contribué à une autre série culte, The Wire, diffusée sur HBO.

L’auteur français Philippe Squarzoni, connu et reconnu pour ses albums politiques, tels que Garduno en temps de paix, Zapata en temps de guerre, Dol ou encore Saison brune, a choisi d’adapter ce livre en bande dessinée, en conservant les choix narratifs de David Simon qui s’est évertué à effacer le travail du journaliste et donner la parole aux inspecteurs de la brigade.

« Je voyais les pages de bande dessinée apparaître à mesure que je lisais… », explique Philippe Squarzoni, « Je sentais quel type de narration il faudrait développer. Dans Homicide, David Simon a fait le choix de ne pas se mettre en scène, mais plutôt de privilégier la voix collective des détectives de la brigade (…) Et la perspective de faire un album sans recours à la première personne, la nécessité de renouveler mon approche de la BD documentaire, était une raison supplémentaire pour adapter ce livre ».

© Delcourt / Squarzoni

© Delcourt / Squarzoni

Le résultat est là. Homicide, contrairement aux BD documentaires habituelles qui prennent le lecteur à témoin, nous place en immersion totale au sein de la brigade. On a parfois l’impression d’être dans une fiction mais la description du quotidien des détectives nous ramène très vite à une réalité brute et banale, le manque de moyens, les bâtiments mal ventilés, bourrés d’amiante, les sonneries de téléphones qui font un bruit de ferraille, les cadavres qui s’ajoutent aux cadavres, empêchant tout travail de fond, rien de très glamour, de très sexy, de très hollywoodien.

« Je crois…« , confie David Simon, « que personne ne s’intéresse à comment David Simon voit la vie d’un inspecteur de la crim’. Ce que les gens veulent savoir, c’est comment cet inspecteur pense, ou même comment il perçoit et exprime ce qu’il vit ».

Son avis sur l’adaptation de Philippe Squarzoni ? « Mon seul sujet d’interrogation portait sur le fait qu’il était absolument nécessaire que le roman graphique soit l’exacte mise en image des faits, car bien évidemment, on allait parler de vrais inspecteurs, de vraies victimes et de vrais événements. On allait utiliser leurs noms, leurs identités, sans maquiller quoi que ce soit. Et il a su me rassurer à ce sujet ».

Page après page, l’adaptation de Philippe Squarzoni nous interpelle, nous surprend, nous effraie sur l’état de la société, de la justice et de la police américaine. Un ouvrage absolument passionnant, beaucoup moins âpre que ses précédents, au graphisme, au découpage, aux dialogues tout à fait exemplaires. À dévorer d’urgence…

Eric Guillaud

Homicide, de David Simon et Philippe Squarzoni. Editions Delcourt. 16,50 €

© Delcourt / Squarzoni

© Delcourt / Squarzoni

02 Juil

Fantasio se marie : avec Feroumont, un vent de folie souffle sur la série Spirou

spirou-feroumont-couve_GDUne chose est sûre, cet album-là ne fera pas que des heureux… et des heureuses. D’abord pour toutes celles qui voyaient jusqu’ici en Fantasio un héros célibataire et donc éventuellement un coeur à prendre, ensuite et plus sérieusement parce que l’aventure proposée par Benoît Feroumont met à mal quelques codes élémentaires établis dans la série mère en 78 ans de bons et loyaux services…

On nous promettait un scoop, c’en est un ! Fantasio est amoureux et va se marier. Non, vous ne rêvez pas. Terminées les aventures effervescentes avec son compagnon Spirou, terminés les voyages à travers le monde et terminée la traque des méchants. Fantasio a quitté le domicile conjugal, pardon le domicile qu’il partageait jusqu’ici avec Spirou pour une maison de ville confortable en compagnie de sa tendre et douce, son petit chou, son sucre, son petit coeur de beurre, Clothilde, un fille de bonne famille, de très bonne famille même. De quoi faire tourner les têtes…

© Dupuis / Feroumont

© Dupuis / Feroumont

Et les têtes vont tourner. Nos deux tourtereaux veulent une noce grand format avec beaucoup d’invités dans un cadre idyllique, du beau linge comme on dit, du beau linge qui va mettre Fantasio dans de beaux draps, l’obligeant  à emprunter de l’argent à la mère de Spirou.

Et justement, Spirou dans tout ça ? Rien de changé si ce n’est un petit détail. Seccotine s’est installée chez lui. On ne parle pas de mariage mais plus simplement de colocation. Pour l’instant…

N’empêche, pour certains, le scoop vire au scandale. Sexualiser ainsi les héros, faire réapparaître la mère de Spirou qu’on donnait jusqu’ici pour morte, rendre le personnage de Fantasio à moitié benêt, faire de Seccotine la nouvelle faire-valoir de Spirou… c’est, pour certains puristes, aller un peu loin !

© Dupuis / Feroumont

© Dupuis / Feroumont

Pas de panique, Fantasio se marie s’inscrit dans le série Le Spirou de…, une série parallèle à la série mère aujourd’hui menée par les excellents Yoann et Vehlmann. Et justement, Le Spirou de… permet aux auteurs de réaliser leur rêve le temps d’un album et de donner leur propre vision de Spirou.

Après Tehem, Makyo et Toldac (La Grosse tête), Emile Bravo (Le journal d’un ingénu), Schwartz et Yann (Le groom vert-de-gris)…, Le Spirou de Feroumont revisite les aventures du mythique Spirou avec audace mais aussi beaucoup de légèreté, d’imagination et d’humour. Une aventure qui s’adresse aux plus jeunes mais aussi aux plus grands avec cette forte présence féminine qui, mine de rien, permet d’aborder les relations hommes femmes. Une idée pour le prochain album : Spirou change de sexe !

Eric Guillaud

Fantasio se marie, Le Spirou de… Benoît Feroumont. Editions Dupuis. 14,50 €

L’info en + Benoît Feroumont est en dédicace samedi 2 juillet à la librairie Bulle au Mans. Toutes les infos ici…

© Dupuis / Feroumont

© Dupuis / Feroumont