C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode no-stress et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…
Sa famille faisait-elle partie des « racistes affameurs » ? C’est à cette question grave et essentielle que Joël Alessandra compte bien apporter une réponse lorsqu’il décide de s’envoler pour Constantine, la ville de ses ancêtres. C’est la première fois qu’il met les pieds là-bas, invité par l’Institut français. Pour lui, l’Algérie s’arrête aux souvenirs racontés par la famille, au couscous du dimanche et à quelques photographies jaunies. Un pays qui l’impressionne forcément par son histoire, par le terrorisme, par la pauvreté aussi et les élites corrompues. Un cliché ? Pas tant que ça. Pendant tout son séjour, Joël est encadré par un guide, parfois des policiers. Le petit-fils de pied noir est avant tout un Français, un occidental, une cible potentielle.
« Les tiens étaient tout sauf racistes… », lui confie une Algérienne qui fut proche de la famille, « ils parlaient couramment arabe ! Is aimaient l’Algérie, ils aimaient les Algériens ». Le voici soulagé, presque fier. En cherchant les traces de son passé familial, ici une maison, là un cinéma que son grand-père architecte a construit, là encore le caveau familial, Joël découvre une autre Algérie, presque apaisée, qui s’est peut-être décidée à faire la paix avec son histoire, si douloureuse soit-elle. Quête d’identité pour l’auteur, récit de voyage ou visite guidée pour le lecteur, Petit-fils d’Algérie paru en avril chez Casterman est un très beau roman graphique qui se savoure page après page, vignette après vignette. Le dessin d’Alessandra est un pur bonheur, il respire l’Algérie, restituant sa lumière, ses couleurs, presque ses odeurs…
Et si vous êtes sous le charme de cet album, je vous conseille L’Algérie c’est beau comme l’Amérique d’Olivia Burton et Mahi Grand. C’est un peu la même histoire mais bien évidemment racontée d’une autre manière. L’album est paru en janvier de cette année aux éditions Steinkis.
Eric Guillaud
Petit-fils d’Algérie, de Alessandra. Editions Casterman. 19 €