25 Juin

Tif et Tondu de Blutch & Robber et Haïku de Cinna : deux cahiers Dupuis pour les vacances

Deux cahiers de vacances ? Non, deux cahiers pour les vacances, rien à voir avec l’école et les révisions pour la rentrée, on parle ici de plaisir pour les yeux et pour le mental, le troisième volet du Tif et Tondu d’un côté et le magnifique Haïku du regretté Olivier Cinna de l’autre…

Tif et Tondu sont de retour. Le mythique tandem imaginé par Fernand Dineur en 1938 pour le journal Spirou connaît une nouvelle aventure sous la plume et les pinceaux des deux frangins Blutch et Robber qui devrait s’appeler Mais où est Kiki ? et dont la parution un temps annoncée pour octobre 2018 devrait se faire finalement, du moins on l’espère, début 2020.

Un petit retard à l’allumage qui ne gâche en rien notre plaisir. Cette histoire traîne depuis 10 ans dans les cartons des auteurs mais l’écriture du scénario et sa présentation aux ayant-droits auraient imposé ce délais. D’autant que les auteurs, amoureux de la série, ne voulaient surtout pas la « singer », comme le confiait il y a quelques temps Blutch au site ligneclaire.

Et c’est vrai qu’on est assez loin du style graphique de Will et des histoires de Rosy, Tillieux ou même Lapière qui se sont succédés à l’écriture. De quoi faire hurler les intégristes de la série ? Peut-être mais Blutch et Robber apportent un vrai et nécessaire dépoussiérage à la série, les planches sont magnifiques, les décors soignés, l’histoire peut-être un peu plus adulte et le tandem toujours aussi savoureux.

Les trois cahiers aujourd’hui disponibles réunissent l’ensemble des planches en noir et blanc ainsi qu’un roman de Tif et Tondu rédigé par Robber, L’Antiquaire sauvage, qui est bien évidemment étroitement lié au scénario.

Très différent dans l’approche et le style graphique, le cahier du regretté Olivier Cinna, décédé le 24 mars dernier, rassemble une cinquantaine d’haïkus graphiques, autant de déclarations d’amour à la femme et au Japon, des croquis aussi troublants que poétiques, aussi simples que complexes, tous réellement magnifiques. Ceux qui connaissent l’album précédent de Cinna, Hibakusha, y retrouveront le même esprit, ce cahier s’inscrit d’ailleurs dans son prolongement. Un tirage unique limité à 2000 exemplaires accompagné d’un tiré à part numéroté et signé par l’auteur. Un talent fou qui vous embarque aussi loin qu’un dessin de Pratt.

Eric Guillaud

Cahiers Tif et Tondu 3, de Blutch et Robber. Dupuis. 14€

Haïku, Les Cahiers Aire Libre tome 3, de Cinna. Dupuis. 28€

15 Juin

Mickey all stars : cinquante auteurs, cinquante histoires pour fêter les 90 ans de Mickey

90 ans d’un côté, 50 ans de l’autre et un album au centre, Mickey fêté par Glénat dans un album collectif réunissant la crème de la bande dessinée contemporaine…

Deux anniversaires pour le prix d’un ! 90 ans pour la souris de Disney, 50 ans pour les éditions Glénat. Aucun lien entre les deux pensez-vous ? Justement si. D’abord, il y a la passion que voue depuis toujours Jacques Glénat pour Mickey, l’éditeur historique reconnaissant avoir appris à lire grâce à ses aventures.

Ensuite, il y a l’ambitieux programme de parution consacré aux héros de la maison Disney, un programme entrepris il y a quelques années maintenant et qui compte une bonne cinquantaine d’albums à ce jour.

Enfin, Jacques Glénat a réussi à convaincre le géant Disney de confier l’univers Mickey à quelques grands auteurs français, déjà connus et reconnus pour leur oeuvre. Résultat : une dizaine d’aventures inédites signées Cosey, Keramidas, Trondheim ou encore Tébo.

90 ans, ce n’est pas 100, mais c’est déjà pas mal. Pour marquer le coup, les éditions Glénat ont proposé à 50 auteurs parmi lesquels Brüno, Cestac, Clarke, Munuera, Pirus, Supiot ou encore Bouzard de réaliser leur propre histoire inédite en une page. Avec une contrainte tout de même : Mickey doit entrer par une porte dans la première case, sortir de la même manière dans la dernière, et vivre une aventure sans limite entre les deux. Intéressant !

Eric Guillaud

Mickey all stars, collectif. Glénat. 15€

The Killmasters : la Norvège, ses fjords, ses démons, ses huis clos sanglants…

L’été arrive, cela commence à sentir fortement les vacances, les shorts de bain, les paires de tongs… Et le Hellfest. Alors quoi de mieux que de se mettre dans l’ambiance avec The Killmasters ?

Le 21 Juin prochain, tous les chevelus de France et de Navarre (et d’ailleurs !) vont se retrouver du côté de Clisson pour célébrer la grande messe du metaaaaaaaal. Histoire de se chauffer un peu, certains ont opportunément (non ? Si !) choisi cette période pour sortir des one-shot comme ce Killmasters. Malgré tout, attention, on ne tient pas là une BD sur le metal, mais disons que le décor et une bonne partie des personnages sont issus de cet univers et parleront donc à ses fans.

D’ailleurs, dès la première page, le groupe norvégien de black-metal Darkthrone est cité. Le black-metal (‘le métal noir’), c’est la branche la plus extrême de la grande famille du metal, dans le sens musical et conceptuel on va dire, née en Scandinavie au début des années 90 et qui a connu son paroxysme en 1993 et 1994, époque tourmentée qui a vu plusieurs musiciens de cette micro-scène brûler des églises, se suicider voire s’entretuer entre eux. Vous voyez l’ambiance et cela colle pile-poil à celle de cette BD aux couleurs rouge-sang… C’est justement en 1995 et en Norvège que l’action démarre ici, quelque part sur une route solitaire entre deux pics enneigés où un groupe de quatre musiciens de metal esseulés essayent de retrouver leur chemin après un concert, avant qu’une rencontre fortuite avec un camion roulant à tombeau ouvert et d’où s’écoule du sang chamboule tout…

Si The Killmasters était un film, ce serait une série B d’horreur sans prétention, du genre qu’on loue en VOD le samedi soir, histoire de se vider la tête avec un seau de popcorns et un soda frais à portée de main. Sorte de huis clos mâtiné de fantastique où nos héros doivent s’allier avec des locaux d’abord pas très accueillants pour faire face à un démon particulièrement coriace (ah merde, on en a déjà trop dit !), l’accent est ici volontairement sur l’action. Pas de grande théorie, pas de grand scénario non plus il faut avouer, une fin un peu en queue de poisson (histoire de préparer la suite ?) : les deux auteurs, tous les deux originaires de Barcelone, misent tout ici sur l’action et y vont à fond ! D’ailleurs le style graphique de Javier est très dynamique et bizarrement anguleux, comme s’il dessinait toujours dans l’urgence, ses choix d’angles biscornus trahissant souvent sa culture cinématographique et les amateurs de la franchise espagnole friande de zombies ‘Rec’ s’y retrouveront par exemple. À lire en écoutant le dernier Darkthrone (Old Star) qui vient de sortir d’ailleurs, comme par hasard…

Olivier BADIN

The Killmasters de Damian et Javier, Ankama, 14,50 euros

12 Juin

On Mars, Colonisation, U.C.C. Dolores… trois séries SF sinon rien

Explorer et conquérir de nouveaux territoires, c’est finalement l’histoire de l’humanité. Mais c’est très certainement aussi son futur. Dans ces trois séries qui ont en commun une certaine approche de l’écriture, avec des scénarios accessibles à tous, les auteurs imaginent ce à quoi pourrait ressembler demain ou après demain…

On commence avec le deuxième volet de l’excellente série On Mars publiée par le non moins excellent éditeur Daniel Maghen. On vous avait déjà dit ici tout le bien qu’on en pensait à l’occasion de la sortie du premier volet, la suite est du même très bon niveau, un scénario simple et carré accessible à tous, un graphisme de toute beauté et une histoire qui nous embarque sur la planète Mars où les hommes ont décidé de jeter leur dévolu après avoir bien rincer la Terre. Et pour ce faire, pour créer les cités dômes qui doivent accueillir les colons, la main d’oeuvre est toute trouvée : les repris de justice. Mais bien sûr, tout ne se passe pas comme prévu… (Les Solitaires, On Mars tome 2, de Grun et Runberg. Daniel Maghen. 16€)

Dans le même esprit, Colonisation nous embarque dans un futur où l’homme a dû quitter la Terre surpeuplée pour coloniser d’autres planètes. Un exode de masse à bord d’une multitude de vaisseaux spatiaux dont certains se sont perdus dans l’immensité de l’espace et sont sujets à des pillages. Retrouver ces vaisseaux, c’est précisément la mission de Milla Aygon et de son équipe, une mission dangereuse qui les entraîne dans des recoins inhospitaliers de l’univers comme la planète X42F qui regorge de jolies bébêtes peu sympathiques. Un scénario captivant, une mise en images sublime, toute en finesse et dynamisme, une très bonne série !  (L’Arbre matrice, Colonisation tome 3, de Filippi et Cucca. Glénat.13,90€)

Didier Tarquin. Ce nom vous dit forcément quelques chose. C’est le dessinateur de l’une des séries phares de l’heroic fantasy en BD, Lanfeust de Troy. Il revient en auteur complet cette fois sur une aventure de SF dont le premier volet est sorti au début de l’année 2019. U.C.C. Dolores, c’est son nom, a tout du western intergalactique et peut-être déjà tout d’un classique du genre. « Quand on parle de western en bande dessinée… », explique l’auteur, « il y a une oeuvre qui vient immédiatement à l’esprit. Une et une seule : Blueberry. Avec, évidemment, la patte de Giraud. J’avais envie de retrouver ça, de faire quelques chose de très classique – de néo-classique, disons. Une BD moulée à la louche et au pinceau, c’était comme un besoin de revenir aux fondamentaux quelque part ».  Inutile de vous dire que le résultat est graphiquement sublime. Quand à l’histoire, celle d’une orpheline élevée dans un couvent qui se retrouve du jour au lendemain propriétaire d’un croiseur de guerre baptisé U.C.C. Dolores, on ne peut être que conquis. (U.C.C. Dolores, de Didier Tarquin et Lyse Tarquin. Glénat. 13,90€)

Eric Guillaud

10 Juin

Les Métamorphoses 1858 : le mythe de Frankenstein sous le Second Empire revisité façon gore?

Entre steampunk, fantastique merveilleux et horreur gothique, cette première œuvre d’un duo novice en BD nous replonge dans le Paris du milieu du XIXème siècle, plein de sociétés secrètes, de disparitions inexpliquées et d’apprentis sorciers sous couvert de faire avancer la science.

Cela commence presque comme une nouvelle horrifique de Gaston Leroux avant de prendre un détour du côté du quasi-contemporain ancien bagnard devenu policier Vidocq puis de passer par le fantastique merveilleux de Jules Verne pour retourner, sans prévenir, dans un cauchemar absolu faisant passer le ‘Docteur Jekyll et Mr Hyde’ de Stevenson pour une bluette…

Bien que ce soit leur première incursion dans le monde de la BD pour ses deux auteurs, toute la force de Métamorphoses, c’est bien l’incroyable richesse de son univers, nourri à la littérature populaire fantastique du XIXème siècle. Ça et sa description réaliste du Paris de l’époque, proche dans l’esprit de Londres avec ses mansardes mal chauffées, ses rues tortueuses et sa misère poisseuse.

En plus d’un gros travail sur les couleurs, le trait peu orthodoxe de Sylvain Ferret y est aussi pour beaucoup car assez singulier. À la fois nourri aux mangas, notamment dans sa façon de dessiner les visages, et à la BD franco-belge, son sens du cadre parfois baroque et son goût pour la foison de détails donne une épaisseur inhabituelle à un scénario qui multiplie les faux-semblants.

@ Delcourt / Ferret & Durant

Démarrant comme une simple enquête policière, deux amis d’enfance dont un détective amateur et son ami d’enfance et médecin sont engagés pour retrouver une jeune couturière qui a disparu sans laisser de trace, le tout prend assez rapidement une tournure beaucoup plus sombre et délirante, avec en filigrane des sociétés secrètes, des proto-androïdes et la recherche de la vie éternelle – à tout prix.

Rien ici n’est vraiment ce qu’il paraît être dans ce scénario assez touffu qui n’hésite à maltraiter la chair (comprendre : passages gore à foison). Et plus on avance et plus l’aventure prend de l’ampleur, quitte en contrepartie à parfois un peu perdre le lecteur à force de détours et de dialogues. Mais en choisissant cette époque charnière à l’aube de la révolution industrielle et à deux doigts du steampunk (couramment littéraire rétro-futuriste) tout en accentuant l’ambiance gothique, cette mini-saga réussit à accoucher de son propre univers, aussi luxuriant qu’angoissant. Les fans du jeu vidéo Bioshock par exemple s’y retrouveront totalement. Reste à savoir après comment ses auteurs ont réussi à raccorder tout ça dans le troisième et dernier volume à venir, tant le récit est dense. Mais on est assez impatient.

Olivier Badin

Les Métamorphoses 1858, tome I Tyria Jacobaeae et tome II Dinocampus Coccinellae, de Sylvain Ferret et Alexie Durant, Delcourt, 18,50 €

@ Delcourt / Ferret & Durant

07 Juin

Valhardi, Replay, Les Crannibales, Jodorowsky, Black & Mortamère, Aux Carrefours du destin… Un été en intégrales

Bien que le format ne soit pas franchement idéal pour le transport, c’est quand même en été quand les journées s’étirent et que les séances de farniente s’enchaînent qu’on peut apprécier à leur juste valeur les éditions intégrales. En voici quelques-unes qui pourraient bien ensoleiller vos vacances…

On commence avec un grand classique, Valhardi, Jean de son prénom, héros détective né en 1941 sous la plume de Jean Doisy et le pinceau de Jijé et publié dans les pages du journal Spirou tant que celui-ci eut l’autorisation par l’occupant allemand de paraître. Cette sixième intégrale réunit cinq aventures, les cinq dernières signées Jijé, Le Secret de Neptune, Rendez-vous sur le Yukon, Le Retour de Valhardi, Le Grand rush et Le Duel des idoles, toutes publiées entre 1959 et 1965, toutes délicieusement baignées dans l’atmosphère des sixties. Architecture, automobiles, mobiliers, décos… Un beau voyage dans le temps ! (Valhardi intégrale tome 5, de Philip, Jijé & Mouminoux. Dupuis. 35€)

Dans un tout autre genre, sortie à la fin de l’année 2018, l’intégrale Replay réunit les trois volets de ce récit paru au début des années 2000, à savoir Le début et la fin, Le Plein et le vide, La Fin et le début. Magnifique thriller signé David Sala et Jorge Zentner, tandem à qui l’on doit plus récemment Le Silence de Malka ou Le Joueur d’échecs, Replay nous embarque dans l’Amérique des années 90 mais aussi des années 70 par le jeu de flashbacks permanents. Replay comme retour en arrière, ou l’histoire d’une amitié à travers le temps et les destinées. Scénario fort, dessin magnifique. Indispensable ! (Replay, de David Sala et Jorge Zentner. Casterman. 23€)

Retour dans l’écurie Dupuis avec le deuxième et dernier volet de l’intégrale consacrée aux Crannibales. Sortez vos couverts, l’humour de Zidrou et Fournier se déguste saignant ou à point. Dans l’honorable – en apparence – famille Ducroc, tout est possible, tout est comestible, tous les plats sont à la carte, depuis le ragoût d’époux sur leur lit de noce jusqu’aux pieds de ballerine sauce Bolchoï, en passant par le pote au feu, les gens bons ou les gros lards fumés. Et si vous avez encore un petit creux après toutes ces aventures croquantes, alors jetez-vous sur le dossier très complet de Boris Henry en ouverture du volume : illustrations, planches, photos et anecdotes à gogo ! (Les Crannibales tome 2, de Zidrou et Fournier. Dupuis. 32€)

Réalisateur, acteur, mime, romancier et scénariste de bande dessinée, le Franco-chilien Alejandro Jodorowsky fête cette année ses 90 ans. À cette occasion, les Humanoïdes Associés ont lancé une collection anniversaire de 12 volumes reprenant tous les albums parus sous leur pavillon. Cinq ont d’ores et déjà été publiés, l’occasion de se replonger dans quelques-uns des chefs-d’oeuvres de la bande dessinée, depuis Les Yeux du chat jusqu’à Megalex, en passant par L’Incal ou Le lama blanc… (Alejandro Jodorowsky 90e anniversaire. Les Humanoïdes Associés. Prix variable)

Qui est capable de réunir dans une même bande dessinée Rahan, Blake et Mortimer, Bernard Prince,  John Difool, le comte de Champignac, Spiderman ou encore le Surfer d’argent ? Réponse : Pixel Vengeur dans Les aventures de Black & du suprême Mortamère récemment rééditées en intégrale par les éditions Rouquemoute, trois tomes réunis, cent pages inédites et des histoires toujours aussi déjantées qui nous offrent mine de rien un sacré voyage au pays du neuvième art. Indispensable ! (L’Intégrale de sa mère, de Pixel Vengeur. Rouquemoute. 34€)

On termine avec un polar ou plus exactement cinq polars réunis dans l’intégrale Aux Carrefours du destin, cinq polars signés Jean-Pierre Autheman, qui nous embarquent à travers le monde, de la Camargue à l’Océan indien, de la Toundra à la jungle sud-américaine pour des histoires noires, très noires, portées par un dessin ô combien efficace. L’occasion de retrouver l’oeuvre de cet auteur rare qui n’a pas signé d’albums depuis plusieurs années maintenant. (Aux Carrefours du destin, de Jean-Pierre Autheman. Glénat. 45€)

Eric Guillaud

04 Juin

Lino Ventura, l’oeil de verre : un très beau portrait signé Arnaud le Gouëfflec et Stéphane Oiry

C’est l’une des grandes figures du cinéma français, devenu acteur par accident, un homme de caractère, secret. Arnaud le Gouëfflec et Stéphane Oiry nous en dressent un portrait singulier et fascinant dans le roman graphique Lino Ventura et l’oeil de Verre paru aux éditions Glénat…

Roger le Catalan dans Razzia sur la Schnouf, brigadier Théo Dumas dans Un Taxi pour Tobrouk, Oncle Fernand dans Les Tontons flingueurs ou encore inspecteur Antoine Gallien dans Garde à vue… Des rôles de légende, des films mythiques, Lino Ventura a marqué le cinéma français d’une empreinte indélébile au point de susciter encore 33 ans après sa mort une admiration, voire une fascination générale…

Preuve en est ce roman graphique d’Arnaud Le Gouëfflec et Stéphane Oiry sorti aux éditions Glénat. Les auteurs racontent le personnage, sa première vie sur les rings de catch, sa rencontre avec la caméra de cinéma, l’œil de verre comme il aimait l’appeler,  son ascension, son premier film avec Gabin, sa pudeur qui lui faisait refuser certaines scènes, son exigence qui lui faisait de la même manière refuser certains films comme Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, La Chèvre de Francis Veber, Le Vieux fusil de Robert Enrico…

Mais il est comme ça Lino, entier, sans détour, avec sa façon de voir et de dire les choses. Alors, plutôt que d’écrire une biographie ordinaire enchaînant banalement les différentes étapes de sa vie, les auteurs ont imaginé un scénario qu’il aurait peut-être bien accepté de jouer de son vivant, un Lino Ventura pourchassé, harcelé même, par un journaliste désireux d’écrire sa biographie. Graphisme agréable et dialogues savoureux à la Lino. On sent la passion des auteurs pour l’acteur.

Une autre légende du cinéma, inventeur du western spaghetti celui-ci, je veux parler de Sergio Leone, fait également l’objet d’une biographie dans la même collection 91/2 chez Glénat. Elle est signée Noël Simsolo et Philan.

Eric Guillaud

Lino Ventura, l’oeil de verre, d’Arnaud Le Gouëfflec et Stéphane Oiry. Glénat. 22,50€

Sergio Leone, De Noël Simsolo et Philan. Glénat. 22,50€

@ Glénat / Le Gouëfflec & Oiry