Bonne façon de rebondir sur la plan scénaristique pour certains, arnaque récurrente pour d’autres… Le ‘rebirth’ (ou ‘renaissance’ en bon Français) est un procédé désormais bien rodé de l’industrie des comics. Cette fois-ci, c’est DC (Batman, Superman, Wonder Woman etc.) qui s’y colle…
En langage cinématographique, on appellerait cela un « reboot », un nouveau départ en quelque sorte. Ou alors une sorte de remise à plat de tout ce que vous croyiez comme acquis. Et même si les éditeurs aiment bien alors se cacher derrière un soi-disant souci pédagogique, genre « comme ça on peut remettre les pendules à l’heure et accueillir les néophytes », ce genre d’opération, de construction/destruction, tient parfois à la limite du blasphème, tant tout est mis à bas. Et dans ces cas-là, aucune idole n’est épargnée. Même l’homme de Krypton lui-même qui, ici, est passé à trépas, laissant sa place à son double venu d’une dimension parallèle…
Vous vous sentez perdu ? Ce n’est que le début… Car même si ce copieux volume (près de 600 pages !) a l’intelligence de se découper en vingt-trois histoires, chacune étant consacrée à un personnage ou à une équipe (comme la Justice League ou Suicide Squad) bien précis, il est facile de se perdre dans ce labyrinthe scénaristique assez emberlificoté. Le point de départ de cette remise en cause ? Un super-héros justement, Flash, qui, en remontant le temps pour sauver sa mère assassinée, a perturbé sans le savoir l’espace-temps, entraînant ainsi toute une série de changements remettant complètement en cause un paquet de certitudes, comme Batman découvrant par exemple qu’en fait il n’y a pas un mais trois Joker ou Lex Luthor prenant la place de Superman dans la Justice League.
En fait, ce Rebirth est pratiquement un univers à part entière, avec ses séries propres et indépendantes où les cartes ont été redistribuées à tout va, ces vingt-trois chapitres étant autant de points de départ de nouvelles sagas.
Ce tour de passe-passe peut paraître assez fumeux, surtout comme tout prologue, le ton y est assez bavard et pas forcément bourré d’action tonitruante. Mais bien servi par une belle brochette de jeunes loups aux dents longues (dont Geoff Johns, ancien scénariste du film ‘Blade’ avec Wesley Snipes et vedette de chez DC), même si ici on reste dans les thématiques propres aux comics (sauver l’univers, tout bousiller sur son passage, des monstres à tout va etc.), le ton y est étonnement adulte et sérieux, loin, très loin de l’esprit manichéen des pionniers. Ici, les héros doutent de tout et surtout d’eux-mêmes, du bien fait de leurs actions ou encore si cette foutue planète mérite vraiment qu’on se batte pour elle.
Olivier Badin
DC Univers Rebirth, Urban Comics, 35 euros