05 Nov

The Rolling Stones en BD

The-Rolling-Stones-en-BDEt dire que tout a commencé sur le quai d’une gare, par la rencontre entre deux dingues de musique, l’un portant une guitare sous le bras, l’autre quelques vinyles dans une sacoche, des signes évidents pour qu’ils se reconnaissent sans même se chercher. En se parlant ce jour-là, Mick Jagger et Keith Richards venaient sans le savoir de créer l’un des plus grands groupes de rock’n’roll au monde…

C’est bien évidemment sur cette anecdote véridique que s’ouvre ce livre réédité aux éditions Petit à Petit dans une version revue et augmentée. Car oui, c’est ainsi qu’est né le groupe. Par cette rencontre improbable. Imaginez un instant s’ils ne s’étaient pas adressé la parole sur ce fameux quai de gare, ou dans ce wagon comme le suggère la BD. Pas de Satisfaction, pas de Jumpin’Jack Flash, pas de Sympathie for the Devil, pas de Gimme Shelter… aucun des vingt-trois albums studio dont certains ont révolutionné la musique et, n’ayons pas peur de l’écrire, changé la face du monde. Que serions-nous aujourd’hui sans les Stones ? Qu’écouterions-nous comme musique ? Combien de groupes n’auraient tout simplement pas existé, combien de vies n’auraient pas été bousculées par leur attitude de mauvais garçons qui fera école dans le rock ? Vous êtes plutôt Beatles ou Rolling Stones ? C’est la question essentielle, presque existentielle, qui agitait les années 60.

Bref, entre récits en bande dessinée et textes biographiques, The Rolling Stones en BD nous fait revivre la formidable épopée du groupe qui, il y a encore quelques jours, était sur la scène de la U Arena de Nanterre. Au scénario, un seul homme, Ceka, au dessin, plusieurs dessinateurs parmi lesquels Bruno Loth, Lapuss, Joël Alessandra…, 19 dessinateurs en tout, autant de styles graphiques, autant d’angles d’approche d’une légende vivante, depuis la rencontre de Richards et Jagger jusqu’à la tournée No Filter Tour de 2017, en passant par les débuts du groupe, l’arrivée de Ron Wood, les filles et le sexe, les guitares de Keith, la noyade de Brian Jones, la drogue, l’origine du nom…

Le truc en + . Fruits d’un partenariat avec Deezer, trois QR codes à flasher sur un smartphone permettent d’accéder à la bande son de la BD.

Eric Guillaud

The Rolling Stones en BD, Ceka, collectif. Éditions Petit à Petit. 19,90€ (en librairie le 17 novembre)

04 Nov

Utopiales 2017 : le palmarès complet

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Après 4 jours de festival, les Utopiales,  Festival International de Science-fiction de Nantes, annonce une partie des prix décernés pour sa 18e édition. Parmi ceux-ci le Prix Extraordinaire attribué à Pierre Bordage et le Prix Utopiales Bande dessinée attribué à La Terre des Fils de Gipi aux éditions Futuropolis. Les autres prix ci-dessous….

PRIX DU MEILLEUR SCÉNARIO DE JEU DE RÔLE

La Main Ouverte de Tristan Verot pour le jeu Delta Green dans l’univers de L’Appel de Cthulhu

PRIX DU MEILLEUR JEU VIDEO REALISÉ À LA GAME JAM

Canola Wars, développé par Rémi Gourrierec, Michel Belleperche, Raphaël Beuchot et Louis Godart

PRIX DU JURY // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE COURTS-MÉTRAGES

Ex-Aequo

Hybrids de Florian Brauch, Matthieu Pujol, Kim Tailhades, Yohan Thireau, Romain Thirion

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Metube 2 : August sings Carmina Burana de Daniel Moshel

PRIX DU JURY CANAL + // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE COURTS-MÉTRAGES

The Last Schnitzel, de Ismet Kurtulus

PRIX DU PUBLIC // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE COURTS-MÉTRAGES

Einstein-Rosen, de Olga Osorio

MENTION SPECIALE DU JURY // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE LONGS-MÉTRAGES

Cold Skin, de Xavier Gens

GRAND PRIX DU JURY // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE LONGS-MÉTRAGES

Salyut 7, de Dmytri Kiselev et Klim Shipenko

PRIX DU PUBLIC // COMPÉTITION INTERNATIONALE DE LONGS-MÉTRAGES

Salyut 7, de Dmytri Kiselev et Klim Shipenko

PRIX JOËL-CHAMPETIER (prix hébergé par Les Utopiales)

Feldrik Rivat pour sa nouvelle Le Contrat Antonov-201

LITTÉRATURE // PRIX UTOPIALES JEUNESSE

Le Jardin des Épitaphes, T1 : Celui qui est resté debout de Taï-Marc Le Thanh, Éditions Didier Jeunesse, 2016

LITTÉRATURE // PRIX UTOPIALES

L’installation de la peur de Rui Zink, Éditions Agullo, 2016

PRIX JULIA VERLANGER (prix hébergé par Les Utopiales)

Voyageurs, L’Espace d’un an (T1) et Librations (T2), Becky Chambers, Éditions L’Atalante, 2016

Les 60 ans de Gaston Lagaffe fêtés en grandes pompes

Un anniversaire fêté en grandes pompes ou plus exactement en espadrilles, une partie non négligeable de l’accoutrement hippiesque de notre Gaston national. Deux albums viennent de sortir pour ses 60 ans, Biographie d’un gaffeur et La Galerie des gaffes, les deux chez Dupuis bien sûr, la maison d’édition qui l’a vu naître en 1957…

9782800157085-couv-M800x1600Mais c’est qui ce gars avec des espadrilles, un pull-over vert et une tignasse ébouriffée qui traîne dans les couloirs de Spirou depuis le printemps 1957 ? Beaucoup de lecteurs se sont légitimement posé la question à l’époque. On disait qu’il avait été embauché. Sans savoir vraiment par qui et surtout pour quoi. Gaston rêvait de faire le héros dans une série mais toutes les places étaient prises. Alors, il s’est retrouvé à glandouiller à droite et à gauche, à multiplier les inventions foireuses, parfois désastreuses, voire dangereuses, à jouer de la musique un peu fort, à passer et repasser dans tous les bureaux sans but vraiment précis, à inviter des animaux peu compatibles avec la concentration nécessaire au bouclage du journal. Et malgré tout, avec le temps, Gaston a fini par s’imposer, par faire partie des meubles, au point de décrocher ses propres aventures.

Gag de poche 1965

Gag de poche 1965

Tout ça grâce à un génie de la bande dessinée, que dis-je un maître absolu du neuvième art, je veux bien évidemment parler d’André Franquin.

André Franquin a débuté dans le Journal de Spirou dès les années 46/47 en se voyant confier la destinée du tandem Spirou et Fantasio. Ce qu’il assuma avec talent jusqu’à la fin des années 60. Mais l’homme qui débordait d’imagination rêvait d’un personnage différent, un anti-héros, un gars qui ferait tout de travers, un gaffeur, un marrant, un original, un beatnik qui se moquerait bien des convenances et des horaires, des finances et des apparences. Gaston est arrivé à un moment clé de notre histoire, dans une société qui allait connaître des changements économiques, sociaux et culturels profonds. De là à penser qu’il en était un signe annonciateur, il n’y avait qu’un pas que nous avons allègrement franchi depuis. 9782800170688-couv-M800x1600-1La mort d’André Franquin survenue en 1997 a mis un terme à ses aventures mais Gaston n’a jamais disparu des écrans radars, ni quitté les étagères de nos bibliothèques. L’anti-héros est devenu un héros pour plusieurs générations de lecteurs, un personnage intemporel aux gags universels.

Deux livres viennent donc de sortir pour fêter les 60 ans du personnage. Biographie d’un gaffeur, signé Franquin et Jidéhem, paru initialement en 1965 dans la collection Gag de poche, reprend les planches du mythique Gaston 0 au format à l’italienne ainsi que des pages inédites à l’époque. La Galerie des gaffes est un hommage collectif au personnage. 60 auteurs ont pris leur plume et/ou leur pinceau pour redonner vie à Gaston le temps d’un album. Parmi les auteurs : Yoann, Vehlmann, Cossu, Bourhis, Nicoby, Dodier, Nix, Trondheim, Blutch… Deux livres indispensables pour les amoureux de Gaston et les autres !

Eric Guillaud

La Galerie des gaffes, collectif. Éditions Dupuis. 12,50€

Biographie d’un gaffeur, de Franquin et Jidéhem. Éditions Dupuis. 28€

01 Nov

Nos amis les bêtes. Crapule, une histoire de chat griffée Jean-Luc Deglin, et Chats Chats Chats, un recueil d’histoires courtes de Lapuss et Larbier

Si vous êtes limite burn-out à cause des félins d’appartement et de ce qui va avec, les poils sur le canapé, les réveils nocturnes, les coups de griffes sur la tapisserie neuve, alors fuyez, cette chronique n’est pas faite pour vous… ni pour moi d’ailleurs !

9782800174006-couv-M800x1600Je l’avoue, je ne suis pas un inconditionnel des chats. Sauf peut-être de ceux en papier, ceux qui font leur vie ailleurs que chez moi. Celui dessiné par Jean-Luc Deglin est petit, tout petit, noir, très noir, et s’appelle Crapule. Du moins c’est ainsi que sa maîtresse l’a nommé. Enfin quand je dis sa maîtresse, ce n’est pas vraiment sa maîtresse plutôt sa maîtresse par intérim, le temps des vacances. Sauf que les vacances de sa maîtresse, la vraie (vous suivez?), vont s’éterniser. Elle est un peu morte en fait. « Et son chat j’en fais quoi, moi? », se demande la maîtresse par intérim devenue maîtresse pour la vie. C’est là que les ennuis commencent. Sa maîtresse par intérim devenue maîtresse pour la vie va devoir l’éduquer, lui apprendre où on fait pipi popo, comment on fait sa toilette, pourquoi on doit laisser les 71DnTqnDieLhumains se reposer le matin si on veut des caresses et des croquettes… bref la base de la vie en société. Pas sûr qu’il comprenne du premier coup ! Un petit livre poilant au sympathique format carré réunissant 125 gags en une page et quatre cases. (Crapule, par Jean-Luc Deglin. Éditions Dupuis. 14,50€)

Vous en voulez encore ? Alors voici le deuxième volume de Chats Chats Chats de Lapuss, Philippe Larbier et Magali Paillat paru aux éditions Delcourt. Comme son nom l’indique, cet album ne se contente pas de raconter l’histoire d’un chat. Non, ils sont toute une tripotée à se partager les pages de l’album et les gags. Qu’ils soient roux, tigrés, gris, siamois, persans, mignons ou grognons, plutôt gros matous ou petits minets… tous sont bien décidés à vous montrer qui est le vrai patron à la maison. Un format classique, une trentaine de gags dessinés à hauteur de chats. (Chats Chats Chats (tome 2), de Lapuss, Larbier et Paillat, Éditions Delcourt. 10,95)

Eric Guillaud

30 Oct

Serum : Pedrosa et Gaignard disent la vérité toute la vérité dans un récit d’anticipation paru chez Delcourt

serumParis, 2050. L’Arc de triomphe est toujours en bonne place, la Tour Eiffel aussi, offrant une vision rassurante de la capitale. Pourtant, Paris et plus largement le pays n’ont plus grand chose à voir avec ce que nous connaissons aujourd’hui. Cyril Pedrosa et Nicolas Gaignard ont imaginé un monde où le devenir de l’humanité se joue à grands coups de sérums de vérités… et de mensonges !

Les uns parlent d’une véritable purge, les autres d’un procès équitable, le résultat est le même, les grandes têtes pensantes de la Ve République ont dû quitter le pouvoir et répondre de leurs actes. Nombreux sont ceux qui ont pris le chemin de l’exil, en l’occurrence l’Allemagne. Pour les autres, ceux qui sont restés, le nouveau régime, dictatorial, leur a concocté un monde pas franchement joyeux joyeux, déshumanisé, aussi fliqué que flippé, avec couvre-feu, pardon période de veille obligatoire chaque nuit, histoire dit-on d’économiser l’énergie produite par des centaines, des milliers, d’éoliennes. L’écologie au service d’une dictature.

Bracelet d’identification et de localisation au bras, Kader fait partie de ce monde-là, un monde dont il ne rêvait absolument pas. Est-ce parce qu’il a travaillé autrefois sous les ors de la République, ou pour une toute autre raison, Kader a reçu une injection de sérum de vérité comme le veut le programme Vérité-Sécurité. Et Kader ne peut plus mentir. Alors forcément, sa vie privée en prend un sacré coup, sa vie professionnelle aussi, sa vie tout court tourne au cauchemar. « Avec ce putain de sérum… », dit-il, « je suis devenu tellement transparent que je n’existe même plus ». Mais qui est vraiment Kader ? Juste un homme asservi par le nouveau régime, sans plus aucune volonté, ni capacité de jugement? Pas si sûr…

C’est la première fois que le Nantais Cyril Pedrosa, auteur de Portugal ou Equinoxes pour ne citer que deux de ses plus récents albums, écrit pour un autre. Nul besoin d’une injection du fameux sérum pour vous dire la vérité, l’album paru aux éditions Delcourt offre un récit d’anticipation psychologique et politique assez captivant autour de cette course permanente à la transparence et à la vérité, assez captivant mais également assez cafardeux, âpre, en tout cas très sombre. Côté dessin, Nicolas Gaignard signe un premier album réussi en optant pour des ambiances glacées, des décors austères, parfaitement appropriés au scénario de Pedrosa.

Eric Guillaud

Serum, de Pedrosa et Gaignard. Éditions Delcourt. 18,95€

 © Delcourt / Pedrosa & Gaignard

© Delcourt / Pedrosa & Gaignard

27 Oct

Un pigeon à Paris, Les Enfants de l’araignée et L’île errante : trois mangas à savourer pendant les vacances

pigeon-paris-glenat-1Un pigeon à Paris ? Il y en a des milliers, des dizaines de milliers même, des gros, des maigres, des beaux, des moches, mais un pigeon comme celui-ci vous n’en verrez pas beaucoup, il est tout blanc, tout rond et parle japonais. C’est le personnage imaginé par Lina Foujita pour raconter son séjour en France dans ce manga tout juste sorti chez Glénat. Partie sur un coup de tête ou presque de son Japon natal, Lina Foujita débarque à Paris avec une énorme valise sur le dos et son tout jeune métier de mangaka dans les doigts. Lorsqu’elle découvre les nombreuses subtilités de la société française et les petites complications quotidiennes de la vie parisienne, elle entreprend de raconter ça en dessin à ses compatriotes dans un manga hyper coloré, drôle et,9791032701850_1_75 j’imagine, très instructif pour ceux qui sont restés du côté du soleil levant. Pour nous aussi d’ailleurs ! Un peu ovniesque mais franchement original, un manga documentaire en quelques sortes qui met en scène le choc des cultures ! (Un pigeon à Paris, Lina Foujita, Glénat. 10,75€)

Livraison express en moins de 24 heures ! C’était comme ça du temps de son grand père, ça continuera comme ça après sa mort. Mikura a décidé de prendre la relève et d’effectuer en un temps record les livraisons entre les différentes îles éloignées de la préfecture de Tokyo. Avec le vieux coucou du grand père. Mais en triant les affaires du défunt, Mikura découvre des carnets de notes et une lettre adressée à Ms Amelia, île Electriciteit. Le problème est que cette île lui est parfaitement inconnue. C’est l’Île Errante lui explique un vieux marin. Certains disent qu’elle grouille de grands singes, d’autres que ceux qu’y s’en sont approchés ne sont jamais revenus, une île en tout cas qui ne figure sur aucune enfantsaraigneecarte. Mikura est pourtant bien décidée à la retrouver et livrer son courrier.  Entre réalité et fantastique, une aventure captivante dont on soulignera la mise en page et le graphisme raffinés. (L’île errante, de Kenji Tsuruta, Ki-oon, 15€)

Pour les plus grands cette fois, ados et adultes, Les Enfants de l’araignée est un récit d’anticipation qui a fait l’effet d’une bombe au moment de sa publication au Japon, un choc graphique et narratif sans précédent que l’on doit à Mario Tamura. 2187, 50 ans après la guerre nucléaire qui a dévasté l’Extrême-Orient, trois ados, Sorao, Kenji et Mita, de s’enfuir du centre de redressement dans lequel ils sont enfermés, dans l’une des rares villes encore debout, Gothic Town, administrée par une junte militaire. Dans leur fuite, les trois ados tombent sur une ville souterraine peuplée de rebelles… Cet univers post-apocalyptique, noir, violent, sans valeurs, permet à Mario Tamura de nous parler d’écologie, d’escalade nucléaire, de relation humaine, des peurs et des rêves de chacun, le tout avec une petite touche d’érotisme. (Les enfants de l’araignée, de Mario Tamura, Casterman, 27€)

Eric Guillaud

26 Oct

Comic Con : le rendez-vous parisien des fondus de comics du 27 au 29 octobre

Entre le festival Quai des Bulles à Saint-Malo et le Paris Games Week la semaine prochaine, ça bouscule niveau manifestations consacrés aux hommes masqués à cape du neuvième art.

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Bien qu’il se définisse comme « un rendez-vous de la pop culture » et que ses organisateurs mettent très en avant la venue d’invités « prestigieux » venus essentiellement de l’industrie des séries télé ou ses concours de Cosplay, la version française du Comic Con, pendant européen de l’édition américaine qui a lieu chaque année à San Diego, reste avant tout centrée autour des comics et de la culture geeks en général.

En dehors d’un certain nombre d’avant-premières, c’est surtout l’occasion de rencontrer pour les fans de comics pas mal d’auteurs européens et américains de la nouvelle garde, dont plusieurs dessinateurs de l’écurie Valiant dont on ne cesse de vous dire du bien (le chef d’orchestre de la sage Imperium Josh Dysart, l’espagnol Pere Pérez, Fred Van Lente) mais aussi Elsa Charretier, l’une des rares auteures françaises à avoir réussi à s’imposer aux Etats-Unis avec sa série Infinite Loop ou encore Djet, nantais d’origine réunionnaise qui vient de signer le très horrifique mais réussi Croquemitaines chez Glénat. Cela dure trois jours de vendredi à dimanche, cela se passe pour la troisième fois à la Grande Halle de Villette à la Paris et pour tous les détails, c’est là qu’il faut aller !

Olivier Badin

Plus d’infos sur le festival ici

24 Oct

La Horde du Contrevent : après le roman d’Alain Damasio, la BD signée Eric Henninot

hordeDuContreventT1Adapter un roman en bande dessinée n’est déjà pas chose aisée mais adapter un roman dont l’un des personnages principaux est le vent relève d’un pari pour le moins audacieux. Pari relevé et gagné haut la main par l’auteur Éric Henninot…

Vous avez déjà essayer de dessiner le vent ? La sécheresse, la pluie, la neige, la chaleur, le froid… oui mais le vent ! C’est forcément compliqué, on ne le voit pas, on ne peut que le deviner à une coiffure en désordre, à un arbuste penché.

Alors, imaginez un instant mettre en scène et en images un monde rongé par les vents, un monde, peut-être le nôtre demain, inhospitalier au point que des hommes et des femmes s’organisent pour remonter à la seule force de leur volonté et de leur abnégation jusqu’en extrême-amont, là où les vents naissent. En espérant y trouver peut-être le paradis après l’enfer !

Et c’est comme ça depuis des siècles, régulièrement, pour sauver le monde et peut-être apprivoiser le vent, ces hommes et ces femmes organisent des hordes. Mais aucune d’elles n’est parvenue en extrême-amont, toutes ont été détruites par le vent, décimées par les bandes de pillards quand elles n’ont pas tout simplement disparu sans laisser de traces.  

 © Delcourt / Henninot

© Delcourt / Henninot

C’est l’histoire de ce monde et d’une de ces hordes, la 34e, que raconte ce livre, une horde unie comme un seul homme au départ, confrontée très vite aux éléments déchaînés et peu à peu aux conflits internes.

Bien sûr, la difficulté de cette adaptation ne réside pas seulement dans la figuration du vent, c’est tout un univers pensé en mots qu’il faut mettre en images. En ne respectant bien évidemment pas ce que chaque lecteur a en tête. Dans une préface à l’album, l’auteur du roman Alain Damasio écrit : « De toute façon, on ne juge pas la valeur d’une adaptation à a sa fidélité au support original ; on la juge à la qualité de sa trahison », ajoutant un peu plus loin « La trahison n’est jamais un problème en adaptation ; c’est même un prérequis. Chez les meilleurs, comme Eric, ça devient un art ».

 © Delcourt / Henninot

© Delcourt / Henninot

Et de fait, ce premier volet de 74 pages offre un récit au rythme soutenu, captivant de bout en bout, un texte allégé de certaines complexités du roman, un graphisme réaliste d’une très grande finesse et bien sûr un vent omniprésent si bien suggéré qu’il rendrait presque chèvre le lecteur. Le travail effectué par Éric Henninot est en tout point admirable. On attend la suite avec une certaine fébrilité !

Eric Guillaud

Le Cosmos est mon campement, La horde du Contrevent (tome 1), une adaptation de l’oeuvre d’Alain Damasio, par Eric Henninot. Éditions Delcourt. 16,95€

L’info en +

Eric Henninot figure parmi les invités des Utopiales, le festival de science fiction de Nantes qui se déroulera du 1er au 6 novembre.

 © Delcourt / Henninot

© Delcourt / Henninot

23 Oct

« Le Dernier assaut » : la guerre vue par Jacques Tardi exposée au Mans

Près du Mans, l’abbaye d’Épau accueille dès le 22 octobre l’oeuvre dessinée de Jacques Tardi. L’auteur des « Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-sec » était présent, au vernissage, dimanche…

© Daireaux

© Daireaux

« Accueillir Jacques Tardi à l’Abbaye Royale de l’Épau, c’est poser un regard sur la guerre de 14-18 en s’intéressant aux hommes et femmes qui l’ont traversée, au front et à l’arrière, en France ou ailleurs ». Dans sa présentation de l’exposition, l’Abbaye Royale de l’Épau rappelle les grandes lignes du travail de Jacques Tardi, dont une partie des éminents travaux concerne la première guerre mondiale.

Avec Didier Daeninckx, il a signé en 1997 et 1999 deux albums dans cet environnement : « le der des der », puis « Varlot Soldat ». En 1993, il dédiait à son grand-père « C’était la guerre des tranchées », mise en scène de témoignages de la première guerre mondiale.

La suite ici

Simon Auffret

22 Oct

Tu Pourrais me remercier : Maria Stoian raconte le harcèlement et les violences sexuelles en 20 récits, autant de témoignages effarants

Tu-pourrais-me-remercierCe livre aurait pu s’appeler #balancetonporc s’il n’avait pas été pensé et réalisé bien avant l’épisode Harvey Weinstein et surtout s’il avait eu pour but de balancer des noms à la vindicte populaire. Mais il n’en est rien, Tu Pourrais me remercier réunit 20 histoires, autant de témoignages anonymes de victimes de violences sexuelles et de harcèlement sexuel…

Dans une note en fin d’ouvrage, l’auteure Maria Stoian, dont c’est ici le premier roman graphique, explique que les témoignages réunis dans Tu Pourrais me remercier ont pour la plupart été recueillis en ligne de manière anonyme et certains sous forme d’entretiens.

Elle écrit surtout son effarement devant la « banalité » dans le sens de la généralisation des actes de violences sexuelles et de harcèlement. « Au cours de ce partage d’expériences en continu, de nouvelles personnes réagissaient invariablement à la discussion pour confier : « ça m’est arrivé aussi ». Il est à la fois inquiétant que ces anecdotes soient si communes et encourageant que l’on puisse, grâce au partage, aider les survivants à gérer leur expérience et créer une société qui ne tolère pas la violence sexuelle ».

En attendant, les actes de violences ou de harcèlements sexuels sont innombrables. Les témoignages, eux, beaucoup moins jusqu’à ce qu’une affaire comme celle qu’on connaît aujourd’hui avec le producteur de Miramax ait un effet libérateur de la parole.

Dans son ouvrage, je le rappelle pensé et réalisé bien avant l’affaire Weinstein, les témoignages sont accablants, allant du harcèlement de rue au viol collectif. Des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes… Il n’y a pas de profil pour être victime, ni d’ailleurs pour devenir un prédateur.

Tu Pourrais me remercier ne balance personne mais rappelle par ces récits que les faits d’agression ou de harcèlement ne sont pas sans gravité, que les victimes sont bien des victimes même si elles peuvent un temps se taire, développer même un sentiment de culpabilité.

L’album réunit un total de 20 histoires, autant de styles graphiques pour des témoignages tous différents mais essentiels, des témoignages qui peuvent libérer la parole mais aussi éveiller les consciences. D’ailleurs, l’auteure termine sur les cinq bons réflexes à avoir : écouter et soutenir les victimes, observer les situations, interrompre celles qui semblent inappropriées et tendre la main… Du bon sens qu’il est aujourd’hui bon de rappeler !

Eric Guillaud

Tu Pourrais me remercier, de Maria Stoian. Éditions Steinkis. 15€

 © Steinkis / Maria Stoian

© Steinkis / Maria Stoian