L’Association des Critiques et Journalistes de Bande Dessinée (ACBD) a finalement choisi l’album d’Elene Usdin, René.e aux bois dormants, pour son Prix 2022. Un album que nous vous avions présenté il y a quelques semaines…
René.e aux bois dormants est un magnifique album de 272 pages signé Elene Usdin, artiste française qui a débuté comme peintre pour le cinéma et illustratrice de presse et de livres jeunesse. René.e est son premier roman graphique.
Il s’en dégage une atmosphère très particulière, un univers très coloré, très créatif où le quotidien le plus sombre côtoie le surnaturel le plus débridé. Aux origines du récit, ce qu’on appelle au Canada la rafle des années 60 : l’enlèvement de milliers d’enfants autochtones à leur communauté d’origine pour les faire adopter par des familles des classes moyennes blanches.
René est l’un d’eux. Il a dix ans, a été adopté, habite au dixième étage d’un immeuble dans une grande ville. Il ne ressemble pas à sa mère, les enfants de son âge le rejettent. Ils disent qu’il a été acheté.
Alors, René se laisse happé par les rêves. En pyjama, il part à la recherche de sa peluche Sucre Doux qui s’est enfui. Les rêves l’entraînent dans un univers peuplé d’étranges créatures au contact de qui il se métamorphose lui-même, devenant tour à tour fille, chatte ou arbre.
Et peu à peu, page après page, rencontre après rencontre, la déambulation de René révèle le drame qu’il a vécu. Un voyage entre mythe et réalité, un récit sombre et intense, un graphisme coloré, assurément un choc visuel.
Après Orignal, La Cire moderne, Bâtard ou encore Simon et Louise, Max de Radiguès est de retour et s’attaque cette fois à la SF. Et sans surprise, avec un égal bonheur.
Alerte 5 raconte comment une attaque terroriste commise contre un vol habité déclenche le passage en alerte 5, le niveau maximum en matière de sécurité, sur tous les sites et dans toutes les missions en lien avec les agences spatiales.
Sur la base martienne, les cinq astronautes reçoivent les consignes face aux menaces extérieures mais aussi intérieures. L’un d’entre eux, Amir, est musulman et donc suspect aux yeux de l’administration…
De la SF comme vous n’en verrez pas beaucoup usant d’un contexte très contemporain, les attentats islamistes et les réflexes racistes. Une histoire singulière, un dessin simple, minimaliste, mais rudement efficace !
Après Nada, La Princesse du sang et, Fatale, Max Cabanes poursuit son exploration, mieux son appropriation de l’univers de Manchette avec jamais très loin de lui Doug Headline, le propre fils de l’écrivain, pour un résultat bien évidemment savoureux…
Eugène Tarpon, ça vous cause ? Les prostituées du quartier l’appellent Bogart mais pour être franc Tarpon n’a pas vraiment la classe de l’acteur. Non, Tarpon serait même tout le contraire. Dans la vie, Tarpon était gendarme. Jusqu’à ce qu’il tue un manifestant. Une bavure. Depuis, il joue au détective privé. Il a ouvert son propre cabinet du côté du quartier des Halles à Paris mais les clients ne se battent pas devant la porte. Les enquêtes se font rares, un divorce par-ci par-là, un comptable qui ne sait plus compter… de quoi perdre la foi et décider un beau jour de tout quitter pour retourner chez sa maman.
C’est à ce moment précis que débarque une jeune et jolie fille dans son bureau répondant au doux nom de Memphis Charles. Sa colocataire a été égorgée. Et plutôt que d’appeler les flics qui pourraient l’accuser du meurtre, elle déboule chez Eugène… qui aurait été bien inspiré de ne pas mettre son nez là-dedans. Mais bon, on ne se refait pas…
Vous dire que l’adaptation est ici fidèle ou pas, j’en serais fichtrement bien incapable pour la simple et bonne raison que je n’ai pas lu les livres de Jean-Patrick Manchette et notamment ceux mettant en scène le personnage de Tarpon (je sais c’est mal!), à savoir Morgue pleine et Que d’Os!. Mais l’album, et c’est bien ici ce qui nous importe, est un très bon polar, haut en couleurs mais sacrément noir dans le fond, alliant un scénario dense, et un peu bavard à mon goût, une voix off, celle du héros, omniprésente, une ambiance années 70 bien sentie, un trait vif, sanguin, et bien sûr un personnage principal au charisme de fou, un mec qu’on a envie de suivre plus longtemps.
Après Nada, La Princesse du sang et, Fatale, Max Cabanes poursuit avec bonheur son appropriation de l’univers de Manchette. Doug Headline, le propre fils de l’écrivain, n’est pas crédité en couverture mais a bien mis la main à la patte ou le doigt sur la gâchette pour aider à l’adaptation de Morgue pleine comme il l’avait fait sur les adaptations précédentes. C’est racé, c’est violent c’est bon, très bon, à en souhaiter l’adaptation rapide de Que d’Os!. En attendant, vous pouvez ranger les flingues et courir chez votre libraire le plus proche.
Eric Guillaud
Morgue pleine, de Cabanes et Manchette. Editions Dupuis. 22€
Les monstres du titre, ce sont eux, nous, tout le monde. Fresque monumentale de 364 pages sur la folie des hommes, Monstres ne signe pas que le grand retour du trop souvent négligé Barry Windsor-Smith, c’est aussi l’un des romans graphiques les plus puissants de l’année 2021.
Barry Windsor-Smith est une exception, un électron libre dont ce volumineux roman graphique apparaît presque comme l’œuvre testamentaire. C’était surtout jusqu’à peu un auteur quasiment porté disparu qui, ici, réussit un brillant comeback à l’âge de soixante-douze ans.
Pour les fans de comics, cet anglais restera avant tout cet orfèvre au style presque préraphaélite et raffiné, tranchant fortement avec le reste de la production Marvel lorsqu’il fut choisi par le scénariste Roy Thomas pour illustrer la toute première série Conan en 1971. Même s’il n’en dessinera que les vingt-quatre premiers épisodes, citant le rythme « trop frénétique » de parution pour expliquer sa lassitude, il marquera de sa patte délicate la série, laissant le tôt baigner dans une atmosphère mystérieuse et envoûtante. Hélas, il disparaît par la suite progressivement des écrans radars, ne cachant pas sa désillusion face au marché « dévorant » des comics, ne laissant pas assez de place à l’artistique selon lui.
Monstres est d’ailleurs né d’une désillusion, un script a priori écrit d’abord pour la série HULK où il voulait explorer les potentiels traumas d’enfance de Bruce Banner qui auraient pu expliquer, en partie, sa transformation en géant vert fou furieux. Le refus de Marvel l’a forcé à réécrire progressivement l’histoire sur une période de plus quinze ans pour aboutir à un impressionnant volume qui ne cesse de surprendre le lecteur tout en dressant petit-à-petit un portrait d’une noirceur absolue de l’âme humaine, sentiment renforcé par le noir et blanc ultra-classieux et marqué de forts contrastes choisis par l’auteur.
Le titre et la toute première partie de l’histoire semblent pourtant d’abord presque mensongers. L’histoire commence lorsqu’on découvre et suit Bobby Bailey, jeune orphelin visiblement perdu et borgne qui se porte volontaire pour un programme top-secret de l’armée visant à créer un ‘super soldat’ du nom de Prométhée. Un point de départ ultra-classique rappelant forcément nombre de ‘naissances’ de super-héros célèbres : l’un des personnages n’est-il pas fier de montrer à son fils sa collection de comics des années 60 dessinée par Jack Kirby ? Captain America n’est-il pas né le jour où le maigrichon mais patriote Steve Rodgers a accepté de boire un sérum expérimental visant le même but ?
Sauf que le parallèle s’arrête là : alors que l’expérimentation tourne mal, on découvre que le scientifique qui en est à l’origine est en fait un ancien nazi réfugié aux USA. Pendant ce temps-là, l’officier recruteur qui a signalé le futur cobaye aux services secrets commence à avoir des remords, sentiment renforcé par ses visions de médium, don qu’il a légué à sa petite fille. Et lorsqu’il réussit finalement à faire évader Bailey, celui-ci est devenu un monstre grotesque de 4 mètres de haut, sorte de Frankenstein des temps modernes à la laideur absolue. Â partir de cette évasion, Windsor-Smith remonte ensuite le temps pour revenir au trauma originel de Bailey, celui qui lui a fait perdre son œil alors qu’il n’était qu’un enfant mais qui était, déjà, lié au projet Prométhée.
Malgré ses fréquents aller-retours entre plusieurs époques et ses longs dialogues, il fait preuve ici d’un vraie sens de la narration et surtout d’une attention peu commune aux détails, jusqu’à peaufiner les tapisseries au mur ou la collection de tubes à essai au troisième plan dans le laboratoire. Au-delà de cette façon de raconter très cinématographique, l’auteur fait surtout en sorte que dessins et scénario exaltent tout à tour subtilement ce qu’il y a de plus beau mais aussi de plus laid chez l’être humain. Monstres est aussi une dénonciation désespérée mais brillante de la façon dont de pauvres hères sont manipulés par le pouvoir en place pour asseoir leur soif de conquête, où comment il y a toujours des monstres pour donner naissance à d’autres monstres. Puissante, désespérée mais graphiquement et dramatiquement intense, voici sûrement l’une des plus belles BD de l’année 2021.
Olivier Badin
Monstres de Barry Windsor-Smith. Delcourt. 34,95 euros
Ça sent bigrement le sapin ! Et quand ça sent le sapin, l’inspiration pour les cadeaux peut s’en trouver fortement perturbée. Pas de panique, voici rien que pour vous notre sélection de bandes dessinées. Dix idées plutôt pour les grands, on vous laisse choisir la couleur du papier…
Les pieds sur Terre, la tête dans l’imaginaire, le scénariste Pat Perna, accompagné du dessinateur Fabien Bedouel, revisite l’histoire de la conquête de la Lune façon fake news avec pour objectif une bonne dose de divertissement et un brin de réflexion…
Et si, comme l’ont prétendu et le prétendent encore aujourd’hui certaines personnes pas toujours bien intentionnées, les Américains n’avaient pas foulé le sol de la Lune, ou du moins n’avaient pas été les premiers à le faire. S’inspirant des fausses nouvelles et autres théories du complot qui n’ont pas attendu les réseaux sociaux numériques pour inonder la planète, Pat Perna a imaginé le scénario de Kosmos, magnifiquement mis en images par son complice Fabien Bedouel.
Nous sommes le 20 juillet 1969, l’homme pose pour la première fois le pied sur la Lune. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité, les images font le tour du monde, les États-Unis s’imposent dans la conquête de l’espace. Et puis patatras… En rejoignant son module, Armstrong aperçoit au loin un drapeau soviétique et un véhicule lunaire russe, plus loin le corps d’un astronaute mort : une femme.
Les États-Unis coiffés au poteau ? Le sexe masculin humilié ? Sur 210 pages à couper le souffle, les auteurs nous livrent ici un grand récit d’aventure spatiale en même temps qu’une base de réflexion sur les fake news et leur capacité de nuisance…
Initialement publiés en France en 2013 et 2014 via deux volumes, tous les contes macabres réalisés par le regretté Richard Corben pour deux des meilleurs magazines de BD d’horreur outre-Atlantique dans les années 70 sont aujourd’hui réunis dans une édition de toute beauté.
Entre les années 50 et la fin des années 70, le marché américain est inondé de magazines plus ou moins éphémères entièrement consacrés à l’horreur et au macabre, à base de petites histoires de six ou huit pages à la conclusion souvent funeste et en général assez cruelles. The Haunt Of Fear, Tales From The Crypt, Nightmare, Horror Tales et autres Psycho abordaient souvent sous des couvertures plus ou moins osées selon l’époque (plus on se rapproche des 70’s et plus les femmes y exhibaient des tenues légères !) des thèmes flirtant avec délice avec l’interdit et la morale. Or si parmi elles, les publications Eerie et Creepy restent toutes les deux encore aujourd’hui des références dans le genre, c’est avant tout parce qu’elle ont eu le pif pour débaucher de vrais artistes. Et aux côtés de Frank Frazetta, responsable de nombreuses couvertures aujourd’hui iconiques, leur plus belle trouvaille se nommait Richard Corben.
Ce n’est pas la première fois que nous parlons dans ce blog du grand prix d’Angoulême 2018, qui nous a hélas quitté l’année dernière, ni du travail effectué depuis 2013 en France par DELIRIUM pour réhabiliter cet auteur trop souvent ignoré et aux œuvres semées jusqu’à lors aux quatre vents. Mais au milieu de leurs nombreuses collaborations, celle-ci est peut-être l’une des plus belles et les plus imposantes.
Alors qu’elles avaient été initialement réparties en deux volumes, les quarante et quelques histoires que Richard Corben a réalisé pour le compte des éditions Warren (éditeur de Creepy et Eerie) entre 1970 et 1978 ont toutes été ici réunies dans un seul et même volume costaud de près de 400 pages, relié avec bords cartonné et écrin luxueux. On peut presque parler ici d’édition ultime ici car au-delà de son côté exhaustif, impressionnant, l’éditeur français s’est démené pour ne numériser que des planches originales, soit fournies par Corben lui-même, soit par des collectionneurs d’à travers le monde. DELIRIUM a même fait appel à Frédéric Manzano, commissaire de l’exposition consacrée à Corben en 2019 au festival d’Angoulême, pour restaurer les planches les plus abimées et compléter là où il manquait une partie du texte, du second plan etc.
Mais tous ces efforts auraient bien vains s’il n’y avait pas le talent, immense, de Corben. Son style presque cartoonesque par moments et en même temps grotesque, sonsens du détail et surtout cette vision, grandiloquente, désespérée et superbe à la fois, capable aussi bien de mettre en images le poème d’Edgar Allan Poe ‘Le Corbeau’ que de revisiter certains grands mythes (le trio tragique mari-femme-amant, le loup-garou, la vengeance d’outre-tombe etc.).
Une édition d’autant plus indispensable qu’elle contient, en bonus, un cahier iconographique de ses plus belles couvertures et, surtout, les trois nouvelles histoires mises en images en 2012, et inédites jusqu’à lors en France, réalisées pour la nouvelle formule de Creepy en 2012.
Un MUST !
Olivier Badin
Eerie & Creepy : Intégrale Richard Corben de c, 60€.
Ceux qui ont dépassé la quarantaine n’ont pu y échapper. Au même titre que la chute du mur de Berlin ou que les attentats contre le World Trade Center, la fin expéditive du régime communiste roumain fait partie des moments forts de l’histoire mondiale contemporaine. Mais à quoi ressemble la Roumanie aujourd’hui, plus de trente ans après la révolution ? Une bonne question à laquelle répondent Romain Dutter et Bouqé dans ce roman graphique qui tient plus du documentaire que du carnet de voyage…
extrait de la couverture de Goodbye Ceausescu
À l’époque, il n’y avait pas de réseaux sociaux mais les images ont largement fait le tour du monde et marqué les esprits via la télévision. Depuis les immenses manifestations dans les rues de Bucarest jusqu’au procès suivi de l’exécution des Ceausescu, le monde occidental a pu vivre quasiment en direct la révolution roumaine et la disparition d’une des dictatures les plus dures des pays de l’Est.
Et depuis ? Depuis, le pays a choisi le camp des démocraties et rejoint l’Union européenne en 2007. Pour le reste et pour la plupart d’entre-nous, il faut bien l’avouer, la Roumanie est un mystère. Que savons-nous de son économie, de sa culture, de ses traditions, du quotidien de ses habitants ? Rien… ou presque, le presque incluant pas mal de clichés.
Partant de ce constat, Romain décide un beau jour de partir avec son seul sac à dos pour la Roumanie. Direction Constanza sur le bord de la mer Noire puis Bucarest, Timisoara, la Transylvanie et la région moldave, un beau périple qui nous ouvre les portes d’un monde injustement méconnu ou ignoré, à la rencontre d’une population accueillante, férue de culture française mais aussi et surtout, très souvent, attachée à son pays et à son développement.
Avec un titre en forme de clin d’œil au film Good Bye, Lenin! de Wolfgang Becker, et une mise en images pleinement inscrite dans le registre documentaire, Romain Dutter et Bouqé nous donnent une vision, leur vision, du pays. En bonus, un cahier documentaire d’une vingtaine de pages avec chronologie historique, références bibliographiques, cinématographiques et même musicales.
Eric Guillaud
Goodbye Ceausescu, de Romain Dutter et Bouqé. Éditions Steinkis. 20€
Faut-il être un brin loufdingue pour imaginer une bande dessinée autour du lancer de marteau ? Non, il suffit d’être passionné comme peut l’être Nicolas Cado, champion de Bretagne et coach en la matière. Avec Fabien Grolleau au scénario, il nous embarque dans un road-trip en kilt, direction les Highland Games en Écosse où une jeune bande de Bretons compte bien faire la différence…
Oui, enfin, si ils y arrivent ! Parce que pour le moment, les jeunes Bretons emmenés par leur coach Nico sont coincés à 23 miles de Glasgow, leur vieille Renault Estafette en surchauffe sur le bas côté de la route. 23 stupides miles. Après un trajet de plus 630 miles, c’est ballot !
Heureusement pour eux, un châtelain légèrement illuminé passe par-là, les recueille dans son château typiquement écossais et bien évidemment hanté, le temps pour le garagiste d’intervenir sur la camionnette et pour les jeunes Bretons de recevoir un entraînement digne de ce nom au lancer de marteaux mais aussi au lancer de troncs d’arbres, de rochers ou de bottes de foin, tous au programme des Highlands Games.
À l’image de la couverture, Highland Games est un récit plein de légèreté et d’humour autour d’une galerie de personnages sympathiques et d’un sport finalement assez méconnu. Mais le lancer de marteau et les Highland Games ne sont qu’un prétexte à une aventure humaine imprégnée de celtitude. En voiture Solenn !
Eric Guillaud
Highland Games, de Grolleau et Cado. Éditions Delcourt. 19,99€
Il l’avait lui-même annoncé sur les réseaux sociaux il y a quelques mois, ses jours étaient sérieusement comptés. Ce n’était malheureusement pas un de ses derniers gags, Raoul Cauvin est décédé le 19 août dernier, laissant derrière lui plusieurs générations de fans attristés et de nombreux héros de papier orphelins, parmi lesquels Blutch et Chesterfield des Tuniques Bleues dont il livre ici une dernière histoire…
Il en a scénarisé des albums les Raoul, des centaines, avec succès à chaque fois. L’Agent 212, Cédric, Pauvre Lampil, Pierre Tombal, Les Psys, Les Femmes en blanc… et bien évidemment sa pièce maîtresse, Les Tuniques Bleues, plus de 50 ans d’aventures, 64 albums, des millions d’exemplaires vendus à travers le monde et au bout du compte une légende – de l’Ouest – au ton foncièrement humoristique et légèrement anti-militariste.
Fort de de bel héritage, et peut-être de ses problèmes de santé, Raoul Cauvin avait décidé de se retirer il y a quelque temps. Il n’en fallut pas plus pour que Munuera et Beka soient chargés par les éditions Dupuis de reprendre la série le temps d’un épisode ou plus si affinité. Ainsi sortit le 65e album des Tuniques Bleues, intitulé L’Envoyé spécial. C’était en octobre 2020.
Mais Raoul n’avait pas dit son dernier mot et rendu son dernier souffle. Ainsi sort aujourd’hui le tome 64 – vous suivez ? – l’ultime scénario signé du prolifique scénariste, mais pas le dernier du dessinateur, Willy Lambil, qui devrait poursuivre sa chevauchée en compagnie d’autres auteurs.
Où est donc Arabesque ? est le nom de ce nouvel opus, franchement pas le meilleur du tandem Lambil – Cauvin, mais un on y retrouve tout de même ce qui fait le sel de la série, une belle démonstration de l’absurdité de la guerre sur fond d’anecdotes authentiques.
Eric Guillaud
Où est donc Arabesque ?, de Raoul Cauvin et Willy Lambil. Éditions Dupuis. 10,95€