Après avoir surmonté un infarctus et partagé son expérience dans un album paru chez Glénat il y a tout juste un an, Hervé Bourhis revient avec une autre histoire de résurrection, celle de Paul McCartney au moment où l’aventure des Beatles s’est arrêtée, le laissant au fond du gouffre…
« J’étais un demi-Dieu et aujourd’hui, je suis un chômeur ». Paul McCartney a-t-il vraiment prononcé ces mots lors de la séparation officielle des Beatles ? Je ne suis pas assez spécialiste pour le savoir mais Hervé Bourhis, lui, l’est assurément et a bossé comme un dingue sur ce nouvel album.
Il en connaît pourtant un rayon sur les Fab Four, « une obsession depuis l’adolescence », reconnait-il, mais il a souhaité ici être au plus près de la vérité. Et la vérité est bien celle-là : un McCartney en dépression, au fond du fond du trou et sans argent, ses comptes étant bloqués pour une sombre histoire de droits !
Dans cet album, Hervé Bourhis retrace cette période qui se révélera finalement être une véritable résurrection pour McCartney. Assez rapidement, l’artiste rebondit, reprend le chemin de la création, sort un album solo, fonde le groupe Wings avec sa femme Linda, et retrouve la scène dans le cadre d’une mini tournée des universités largement improvisée. McCartney a 30 ans et il recommence à zéro !
Aucun doute, Paul est l’oeuvre d’un auteur de bande dessinée talentueux et profondément passionné par le sujet. Tout y est raconté avec précision, la fameuse réunion des Beatles chez Apple Records qui scelle la fin de l’aventure, la descente aux enfers de McCartney, le désamour du public, l’alcool, le retour en grâce, l’enregistrement du disque Band on The Sun à Lagos au Nigeria, sa rencontre avec Fela, le créateur de l’afrobeat…
Un album passionnant et émouvant, porté par un graphisme rock aux couleurs pop, notamment influencé par le graphiste américain Milton Glaser et l’illustrateur allemand Heinz Edelmann qui fut le directeur artistique du film Yellow Submarine.
Eric Guillaud
Paul, d’Hervé Bourhis. Casterman. 20€