08 Avr

Et pour le pire : meilleur album de la série Jérôme K. Jérôme Bloche de Dodier ?

Bon ok, je l’avoue tout de suite, je ne serais pas objectif sur le coup, Jérôme K. Jérôme Bloche étant l’une de mes séries préférées. Alors si vous souhaitez lire une critique plus objective, passez votre chemin, sinon vous êtes les bienvenus…

Extrait de la couverture de l’album Et pour le pire. © Dupuis / Dodier

40 ans d’aventures, 28 albums, des centaines de planches, des milliers de cases et un héros qui crève la page, à la fois unique et ordinaire, un anti-héros répondant au doux nom de Jérôme K. Jérôme Bloche, détective privé de son état, un look à la Bogart avec imper et chapeau mou, un solex pour les longs trajets et des intrigues à lire le soir bien au chaud sous la couette. Aux chiffres près, mis à jour pour cette chronique, c’est ainsi que je commençais il y a exactement 10 ans l’interview d’Alain Dodier sur ce blog.

Et rien n’a changé, bien au contraire, les aventures de Jérôme K. Jérôme Bloche sont comme le bon vin, elles se bonifient avec le temps. Certes, le personnage ne vieillit pas, il est toujours un peu ado dans l’âme, un peu étourdit, un peu naïf, un peu beaucoup dans les nuages, mais tellement charmant, attendrissant, prévenant, généreux, sympathique, délicat… Bon j’arrête là pour ne pas vous lasser mais je vous avais prévenu, JKJB est unique.

© Dupuis / Dodier

Tellement unique qu’il se marie dès le début de cette nouvelle aventure. Oui, il se marie mais pas avec Babette, sa douce et tendre hôtesse de l’air. Non, il se marie avec une blonde inconnue, enfin il aurait dû se marier avec une blonde inconnue si Babette, justement, n’était intervenue et avait accidentellement blessé JKJB d’un coup de couteau au ventre. En pleine cérémonie. Vous n’en revenez pas ? Moi non plus.

Heureusement, cette scène incongrue occupe les deux premières pages de l’album. Dès la suivante, notre JKJB se réveille. Tout ceci n’était finalement qu’un cauchemar. Un cauchemar ? Oui mais éveillé…

© Dupuis / Dodier

Et je ne vous en dirai pas plus, histoire de ménager le suspense. Sachez tout de même que Dodier parvient à nous surprendre avec cette nouvelle enquête qui démarre sur les chapeaux de roue, Et pour le pire est un polar psychologique qui va vous bousculer et bousculer notre héros, lequel ira jusqu’à recevoir un gros coup sur la tête à l’aide d’une statuette qui ressemble étrangement à la mascotte dessinée par Trondheim pour les prix du festival la bande dessinée d’Angoulême. Simple clin d’œil ou véritable appel du pied ?

La réponse peut-être en janvier prochain, en attendant, vous pouvez retirer le point d’interrogation au titre de la chronique, ce nouvel album de JKJB est le meilleur… en attendant le prochain.

Eric Guillaud

Et pour le pire, Jérôme K. Jérôme Bloche tome 28, de Dodier. Dupuis. 13,95€

07 Avr

La Saison des pluies : une belle déclaration d’amour à nos animaux de compagnie les chiens signée Keum Suk Gendry-Kim

L’éditeur la présente comme la plus grande autrice coréenne contemporaine et force est de constater que chacun de ses albums nous subjugue. Après Les Mauvaises herbes et L’Attente, Keum Suk Gendry-Kim revient avec La Saison des pluies, un titre ô combien poétique pour un récit qui nous embarque une nouvelle fois du côté sombre de l’âme humaine…

Longtemps, la consommation de viande de chien a fait partie des pratiques traditionnelles en Corée du Sud. Vous allez vous demander pourquoi je vous raconte ça d’entrée et de si bon matin, si tant est que vous lisiez cette chronique de si bon matin. Tout simplement parce que ce nouveau livre de Keum Suk Gendry-Kim a été écrit en réaction à cette pratique. Et quel est le rapport avec le titre La Saison des pluies me direz-vous ? À en croire l’autrice, la saison des pluies serait une période favorable pour la disparition des chiens dans son pays.

Heureusement, cette pratique est semble-t-il en déclin. Le chien est de plus en plus, notamment auprès des jeunes, considéré comme un animal de compagnie. Près de 78% des Sud-coréens estimeraient ainsi que l’interdiction de la vente et de la consommation de viande de chien et de chat serait une bonne chose. Le président coréen Moon Jae-in en avait même fait un argument de campagne avant d’être battu lors de la dernière présidentielle par le conservateur Yoon Seok-youl qui, lui, estime qu’il s’agit là d’un choix personnel.

Quoiqu’il en soit, Keum Suk Gendry-Kim espère bien faire encore bouger les lignes avec ce très beau récit paru aux éditions Futuropolis et qui vous rappellera peut-être dans son esprit le travail de l’immense Tanigushi avec toutefois un trait beaucoup moins épuré, beaucoup plus expressif.

Sur quelque 250 pages, Keum Suk Gendry-Kim raconte sa vie à la campagne après avoir quitté Séoul. Un changement de vie radical qui lui permet de profiter pleinement de son chien, Carotte, lors de grandes balades dans la nature. Carotte et les autres car au fil des jours, l’autrice croise d’autres chiens, certains qui ont été abandonnés, d’autres enfermés dans des cages sans avoir touché le sol depuis des mois, peut-être des années, d’autres enfin attachés, maltraités, comme du bétail, prêts à être consommés.

Ici comme ailleurs, les mangeurs de chiens ne sont finalement pas rares pour le plus grand désespoir de Keum Suk Gendry-Kim et le nôtre…

Au-delà de dénoncer cette pratique, La Saison des pluies nous offre un tableau de la société coréenne contemporaine et une belle réflexion sur la place des animaux dans nos sociétés.

Eric Guillaud

La Saison des pluies de Keum Suk Gendry-Kim. Futuropolis. 26€ (en librairie le 13 avril)

© Futuropolis / Keum Suk Gendry-Kim

03 Avr

Immonde! d’Elizabeth Holleville ou l’histoire de trois ados en lutte contre des monstres et leur mal de vivre

Une banlieue triste, des adolescents – au mieux – incompris par leurs parents et qui s’ennuient, une entreprise opaque cachant manifestement des choses, des rumeurs parlant de monstres aperçus ici et là… Le pitch d’un film fantastique des années 80 ou d’un épisode de la série Stranger Things, ce qui revient au même ? En partie. Sauf qu’Immonde ! (oui, avec un point d’exclamation) va beaucoup plus loin que ça…

Il y a d’abord cet univers graphique, faussement simplifié mais qui permet au final d’exprimer beaucoup de choses. Puis cette colorimétrie particulière, dominée par des couleurs verdâtres, rosâtres ou encore violette maladives. Mais surtout il y a un double sous-texte, à la fois écologique et sociétale.

Morterre est l’une de ces innombrables petites villes industrielles tristes et paumées au milieu de nulle part, où le seul véritable employeur est une énorme entreprise d’extraction de minerais radioactifs, Agemma, dont on ne sait pas grand-chose mais sur laquelle on n’ose rien dire, tant son emprise sur la région est grande. Tout juste arrivée de Paris après le décès de sa mère, la jeune Nour, dix-sept ans, devient amie avec Jonas et Camille, deux élèves un peu à part du lycée local, victimes de brimades perpétuelles de leurs autres camarades et fanas de films d’horreur. Après une série de disparitions inexpliquées, les trois adolescents décident de découvrir ce qui se passe vraiment derrière les murs de l’Agemma… 

Ici, si les monstres (spoiler : il y en a) ont un côté à la fois maladif et en même temps presque poétique, ce qui intéresse l’auteure Elizabeth Holleville, ce sont ses personnages principaux. Et surtout comment ils vivent cette douloureuse période de transition qu’est l’adolescence, avec toutes les questions qui vont avec, notamment sexuelles. Ne pas savoir qui nous sommes vraiment, quelle est sa place, y a t-il autre chose à attendre de la vie que cette vie rangée dans une petite ville ennuyeuse… Autant de questions abordées ici avec pas mal de finesse, sans pour autant être ni didactique ni moralisateur. Et avec donc l’Agemma en guise de croque-mitaine, sorte d’hydre phagocytant tout et auquel nos trois héros veulent à tout prix échapper, comme une métaphore de ce que leur réserve, peut-être, la vie adulte à laquelle ils veulent absolument échapper.

Un roman graphique de genre comme on dit, au titre sans équivoque et qui, pourtant, reste profondément… Humain.

Olivier Badin

Immonde!, d’Elizabeth Holleville. Glénat. 22,50 euros

© Glénat / Holleville

02 Avr

Vous reprendrez bien un peu d’élection présidentielle ? Cinq BD pour se préparer à tout…

Ça n’aura échappé à personne, l’élection présidentielle arrive à grandes enjambées. À la radio, à la télévision, dans la presse écrite, on ne parle plus que de ça ou presque. Et si vous n’en avez toujours pas assez, alors direction les rayons de votre librairie préférée où vous attendent quantité de livres sur le sujet. Le neuvième art n’est pas en reste avec une bonne dizaine de titres. Où l’on prédit parfois un avenir à la noix…

Une noix de coco ! Non, vous ne rêvez pas, je peux vous le dire dès à présent, le président sera une noix de coco. Du moins si on en croit le Belge Marc Dubuisson, auteur de ces quelques pages parue dans la collection Pataquès des éditions Delcourt. Une noix de coco avec un noeud de papillon rouge tout de même. L’avantage, il faut bien en trouver, c’est qu’elle ne brassera pas l’air inutilement, ne promettra, ne mentira, ne provoquera, ne prévoira, n’ordonnera… rien, nada, nothing, peau de balle, que dalle. Alors bien sûr ses défenseurs verront en lui un vrai leader qui renonce à toute fioriture pour se concentrer sur les actes. Sauf qu’une noix de coco, pour ce qui est des actes, ça risque d’être tout autant compliqué. Vous voulez savoir ce qui nous, ce qui vous attend ? C’est ici, c’est franchement très drôle et en même temps assez glaçant ! (Le Président est une noix de coco, de Marc Dubuisson. Delcourt. 11,95€)

Et si le président n’était pas une noix de coco mais Éric Zemmour ? C’est ce qu’ont imaginé François Durpaire et Farid Boudjellal dans cette politique-fiction, premier livre d’une toute nouvelle maison d’édition baptisée Mourad Maurice Éditions, Mourad comme Mourad Boudjellal, fondateur des éditions Soleil, président du RC Toulon jusqu’en 2020. Avec la trilogie La Présidente paru aux éditions Les Arènes entre 2015 et 2017, les auteurs avaient déjà imaginé Marine le Pen au pouvoir. Ils envisagent cette fois Éric Zemmour à l’Élyzée, avec un z, appliquant son programme, notamment autour de l’identité nationale. Dans politique-fiction, il y a fiction, François Durpaire et Farid Boudjellal racontent en parallèle de cette intronisation du polémiste une autre histoire, celle d’une jeune femme qui pour fuir la pauvreté embarque sur un rafiot en compagnie d’autres migrants avec pour objectif la terre de France. Son nom : Saïda Zemmour…  (Élyzée, de Durpaire et Boudjellal. Mourad Maurice Éditions. 18,50)

Pas question de politique-fiction cette fois mais plutôt d’immersion. C’est en tout cas ainsi que Gérard Davet et Fabrice Lhomme présentent leur album intitulé L’Obsession du pouvoir. En compagnie du dessinateur Pierre Van Hove, les deux journalistes du Monde, auteurs par ailleurs de plusieurs ouvrages marquants tels que Sarko m’a tuer et le fameux Un président ne devrait pas dire ça…, ont souhaité ici décrire les coulisses de la politique mais aussi du journalisme d’enquête avec au centre de tout le pouvoir, à conquérir pour les uns, à en scruter les zones d’ombre pour les autres. Affaires, manœuvres, prises de pouvoir, coups bas, haines, déboires conjugaux, révélations explosives… Gérard Davet et Fabrice Lhomme remontent sur pratiquement 40 ans de vie politique et d’obsessions partagées par Nicolas Sarkozy et François Hollande, deux ex-futurs présidents qui rêvent toujours de retrouver une destinée nationale. Une obsession, vraiment ! (L’Obsession du pouvoir, de Davet, LHomme et Van Hove. Delcourt. 17,95€)

Pas de politique-fiction, pas plus d’immersion, cet imposant ouvrage de plus de 300 pages est l’œuvre de deux auteurs de bande dessinée et non des journalistes, David Chauvel au scénario, Malo Kerfriden au dessin, deux citoyens en colère désireux de « faire entendre ces voix si souvent couvertes par le vacarme médiatique dominant ». Res Publica est un documentaire vous l’aurez donc compris à la subjectivité assumée, l’un et l’autre répondant à leur émotion devant la révolte des gilets jaunes. L’histoire commence il y a longtemps dans un lycée d’Amiens, un amour naissant entre un jeune lycéen et une professeure, la suite vous la connaissez ou croyez la connaître… Res Publica raconte cinq ans de résistance à la politique néolibérale d’Emmanuel Macron. On y parle du combat des gilets jaunes mais pas que. C’est dense, très dense même, pointilleux sur les faits, mais c’est ce qui fait du livre un témoignage parmi d’autres de ces dernières années politiques et sociales en France. (Res Publica, 5 ans de résistance, de Chauvel et Kerfriden. Delcourt. 19€)

Impossible de parler politique en BD sans évoquer Mathieu Sapin, l’auteur de Campagne présidentielle en 2012, Le Château, Une année dans les coulisses de l’Élysée en 2015 et de Comédie française, Voyages dans l’antichambre du pouvoir en 2020 revient avec Douze Voyages présidentiels aux éditions Zadig, douze voyages qu’il a suivis entre 2018 et 2021 et dont il nous en restitue les coulisses avec une approche très humaine. Un album en immersion avec une bonne dose de recul et d’humour ! Et ce n’est pas fini, puisque le même Mathieu Sapin nous prépare avec cinq autres auteurs un album sur les coulisses de la campagne actuelle… (Douze Voyages présidentiels, de Mathieu Sapin. Zadig. 16€)

Eric Guillaud

01 Avr

BD. Naduah ou le destin tragique de Cynthia Ann Parker retracé dans un slow western du dessinateur nantais Vincent Sorel accompagné au scénario de Séverine Vidal

Vincent Sorel n’est pas un inconditionnel du western, il aurait même quelques retenues à l’égard du genre. Mais le jeune dessinateur nantais accompagné de Séverine Vidal au scénario nous livre avec Naduah un magnifique récit au coeur de la conquête de l’Ouest, le portrait d’une femme forte et déterminée au destin balloté entre deux mondes…

Extrait de la couverture de l’album Naduah

Encore un western diront certains. Mais non ! Ou du moins pas comme on pourrait l’imaginer. Naduah se déroule effectivement pendant la conquête de l’Ouest mais ne raconte pas une histoire de cowboys, de poursuite infernale ou de duel au soleil. Naduah est avant tout l’histoire d’une femme, Cynthia Ann Parker pour les colons blancs, Naduah pour les autochtones comanches, une femme au destin incroyable confrontée toute sa vie à la violence des hommes..

Cynthia Ann Parker n’a que 9 ans lorsqu’elle est enlevée et sa famille massacrée par les Comanches. Renommée Naduah, elle mène la vie normale d’une indienne, épouse Peta Nocona, a trois enfants quand en 1860, 24 ans plus tard, elle est à nouveau capturée, cette fois par une troupe de Texas rangers, et ramenée de force dans le monde des blancs, laissant derrière elle son foyer, son homme, ses enfants. Tout le reste de sa vie, Naduah n’aura qu’une obsession, fuir la communauté des colons pour retrouver les siens, les Comanches…

La suite ici

25 Mar

BD. Spirou et Fantasio changent de main mais restent un peu nantais…

Depuis une dizaine d’année, les aventures du mythique duo Spirou et Fantasio étaient animées par un duo nantais, Fabien Vehlmann au scénario et Yoann au dessin. Ils viennent de passer la main à d’autres auteurs mais le nouveau dessinateur n’est autre qu’Olivier Schwartz, un Nantais d’adoption…

© Dupuis / Schwartz

C’est dans les tuyaux depuis quelques semaines pour ne pas dire plusieurs mois mais la maison d’édition Dupuis qui fête cette année ses 100 ans a officialisé la chose lors d’une conférence de presse à Angoulême.

Après cinq albums et un peu plus de six années consacrées à animer les aventures du fameux tandem, les Nantais Fabien Vehlmann et Yoann ont passé la main à de nouveaux auteurs, histoire de se consacrer aux aventures de leur propre personnage, Supergroom, un super-héros qui se rêve ordinaire.

Après Rob-Vel qui a créé le personnage de Spirou en 1938, Jijé qui en a repris les aventures pendant la seconde guerre mondiale et créé Fantasio, Franquin qui a porté la série à des sommets de virtuosité graphique, Jean-Claude Fournier, Nic, Janry, José Luis Munuera ou encore Yoann, C’est le Nantais d’adoption Olivier Schwartz qui reprend les rênes en compagnie de deux jeunes scénaristes, Sophie Guerrive et Benjamin Abitan.

La suite ici

24 Mar

Silence radio de Xavier Bétaucourt, Bruno Cadène et Olivier Perret : dans la tête et le corps d’une victime d’un AVC

Que se passe-t-il dans la tête et dans le corps d’une victime d’un accident vasculaire cérébral ? C’est ce que nous raconte ce récit basé sur une histoire vraie, celle de Bruno Cadène, journaliste à France Culture, toujours par monts et par vaux jusqu’au jour où…

extrait de la couverture de Silence Radio

Bruno est comme foudroyé, allongé sur le sol, paralysé. Impossible de bouger son corps, seul son bras gauche parvient à agripper le téléphone glissé dans sa poche de pantalon. Il appelle sa femme, Galina, mais impossible de prononcer un mot, seul un râlement sort de sa bouche. À l’autre bout de l’appareil, Galina a compris l’urgence et prévient les pompiers. Bruno est sauvé mais il s’en est fallu de peu.

Sauvé mais dans l’impossibilité de bouger et de parler lorsqu’il se réveille à l’hôpital. Alors commencent de longs mois d’hospitalisation, de soins, de rééducation, 36 mois au total pour qu’il retrouve d’une manière ou d’une autre son travail, ses collègues, sa raison de vivre…

C’est ce long, très long parcours que raconte l’album Silence radio paru aux éditions Delcourt, un parcours qui a tout du combat contre soi-même, contre ce corps qui ne répond plus et surtout, pour un homme de radio, contre cette parole qui ne vient plus spontanément. Ne pas avoir peur, garder l’espoir, se lever, marcher, un mètre, deux, trois, prononcer une syllabe, un prénom, un mot, une phrase, dépasser l’envie de tout laisser tomber, croire à l’impossible…

© Delcourt / Bétaucourt, Cadène & Perret

« Je ne regarde pas vers le passé en pleurant, il ne m’intéresse pas et je n’ai pas que ça à faire. Il faut que j’apprenne à vivre et il faut que j’apprenne avec un corps au ralenti ».

Rien n’a été facile, ni pour lui, ni pour son entourage, mais lorsqu’il retourne à la Maison de la radio pour reprendre son activité de journaliste avec un poste aménagé au service web, Bruno sait qu’il a quelque part gagné même si le chemin est encore semé d’embuches…

© Delcourt / Bétaucourt, Cadène & Perret

L’album, écrit au fur et à mesure du rétablissement de Bruno Cadène, est au bout du compte un fabuleux témoignage et message d’espoir pour tous ceux qui sont victimes d’un AVC, 150 000 par an en France, et pour leurs proches. Habitués aux thématiques difficiles, leur BD précédente se déroulait dans les services de soins palliatifs, Xavier Bétaucourt et Olivier Perret livrent ici un récit d’une grande accessibilité, à la fois éclairé et pudique.

Eric Guillaud

Silence radio, de Xavier Bétaucourt, Bruno Cadène et Olivier Perret. Delcourt. 15,95€

22 Mar

Les Incroyables histoires de Miguel : de Twitch à la bande dessinée, le streamer ligérien Alexclick sort le grand jeu !

Alexis, plus connu sous le pseudo Alexclick, est un steamer bien connu dans l’univers du jeu vidéo. En compagnie du scénariste Maxe L’Hermenier et du dessinateur Antoine Losty, il vient de signer une BD désopilante, le récit d’un braquage à la mexicaine fortement épicé…

Extrait de la couverture « Les Incroyables histoires de Miguel »

En ces temps relativement anxiogènes, il est bon et même conseillé de rire un peu, beaucoup, voire énormément. C’est justement le but recherché et obtenu avec Les Incroyables histoires de Miguel, album paru en ce mois de février aux éditions Jungle.

Aux pinceaux, le Talençais Antoine Losty, à la plume, le Rémois Maxe L’Hermenier et le Ligérien Alexclick, jusqu’ici plus connu dans l’univers du jeu vidéo que dans celui de la bande dessinée.

Braquage à la mexicaine, tel est le nom du premier volet publié ces jours-ci, nous embarque dans une aventure complètement déjantée, l’histoire d’un braquage qui a tout pour capoter, à commencer par les costumes aussi ridicules que voyants portés par des malfrats plus bêtes que méchants.

On pense bien évidemment à Ocean’s Eleven ou à La Casa de Papel, et il y a de ça. Mais pas que ! Braquage à la Mexicaine est un concentré d’humour inspiré par le cinéma, les séries, le jeu vidéo et le théâtre d’improvisation façon Twitch où est né le personnage. Résultat : un récit survitaminé et drôle jusque dans le graphisme. Alexclick se déconnecte un instant de Twitch pour nous expliquer tout ça et plus encore…

L’interview ici

Spider-Man : six décennies à tisser sa toile

Et oui, soixante ans, ça se fête ! Surtout lorsqu’on est depuis peu une méga-star du cinéma et un véritable porte-étendard de la culture comics auprès du grand public. Â l’occasion de l’anniversaire de SPIDER-MAN, dix histoires sont donc rééditées dans la même collection à prix d’ami…

En juin prochain, cela fera soixante ans que SPIDER-MAN est pour la première fois apparu dans une publication MARVEL – dans le numéro 15 du magazine Amazing Fantasy pour être précis, au cas où vous tombez sur cette question Trivial Pursuit. De tous les héros de la Maison des Idées, il en fut pendant longtemps l’une des plus grosses stars incontestées, avec Les Quatre Fantastiques. Le coup de génie de ses créateurs, l’inratable Stan Lee et le dessinateur fantasque Steve Ditko, avait été d’en avoir fait un adolescent lambda, voire carrément nerd à ses débuts, alternant combats contre super-méchants sur les toits de New York City et problèmes existentiels, comme tout ado qu’il se soit. Pour le jeune lecteur, impossible de ne pas s’identifier à Peter Parker, lycéen sans le sou plus habile à affronter le Docteur Octopus qu’à parler aux jolies filles de son bahut qui lui préfèrent de toute façon le capitaine de l’équipe de foot.

© Panini Comics / Marvel

Mais depuis le début des années 2000, le tisseur a franchi un cap supplémentaire. Alors que les Quatre Fantastiques ont d’une façon inexplicable complètement raté (à trois reprises !) leur arrivée sur grand écran, depuis la sortie du Spider-Man réalisé par Sam Raimi en 2002, seuls les Avengers ont réussi à faire mieux que lui au box-office. Mieux : en dépassant cette année les 7 millions d’entrées, le dernier opus No Way Home est officiellement devenu le plus gros succès de l’histoire des films de super-héros en France, donnant à l’homme araignée un statut qui déborde désormais (très) largement le (petit) créneau des comics. Et cela se ressent dans cette collection anniversaire de dix tomes à prix cassés (6,99 euros par volume) rassemblant selon l’éditeur dix sagas (en général cinq ou six épisodes, soit environ 150 pages) « emblématiques » de sa carrière.

© Panini Comics / Marvel

Or un signe qui ne trompe pas est que sur dix tomes, deux seulement date d’avant 1986. Et aucun n’est signé Steve Ditko, pourtant à l’origine du personnage et aux manettes pendant ses quatre premières années. Non, clairement la volonté affichée ici est de s’adresser au jeune public et à ceux qui l’ont découvert par l’intermédiaire des films en mettant donc l’accent sur le ‘nouveau’ et plus moderne Spidey apparu au début des années 2000.

Cela dit, plusieurs de ces récits prouvent combien malgré son côté teenager à la base de son ADN, la série régulièrement a su s’imprégner de l’air du temps et aller plus loin. Le deuxième par exemple, au titre explicite La Mort de Gwen Stacy et paru en 1973, rappelle que la série fut l’une des premières, en plus d’abord frontalement le fléau de la toxicomanie, à ‘oser’ tuer la petite amie de son héros. Quant à Revelations, en plus d’être dessiné par John Romita Jr dont le père avait, en son temps, pris la suite de Steve Ditko, il traite du trauma du 11 Septembre 2001 dans la société américaine.

La collection permet aussi de rappeler par exemple que le bouffon Vert reste l’un de ses ennemis les plus tenaces ou que le désormais très populaire Venom (grâce au succès des deux adaptations cinés starring Tom Hardy) est, à la base, un symbiote extra-terrestre ayant initialement jeté son dévolu sur SPIDER-MAN. Elle réintroduit aussi le pour l’instant peu connu en France Miles Morales, jeune ado ayant pris la place de Peter Parker dans un univers parallèle.

Une collection donc peut-être un peu foutraque pour les fans purs et durs mais au prix défiant toute concurrence et qui permettra à certains de rattraper leur retard ou, au contraire, de creuser le psyché de ce héros fascinant qu’ils n’ont découvert que récemment.

Olivier Badin

Spider-Man, la collection anniversaire, 6,99 euros. Panini Comics/Marvel

19 Mar

Festival International de la BD d’Angoulême 2022: le palmarès complet

La 49e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême vient de dévoiler son palmarès 2022 et notamment son Fauve d’Or attribué à Écoute jolie Márcia de Marcello Quintanilha…

Écoute, jolie Márcia de Marcello Quintanilha, Fauve d’Or 2022

 

Fauve d’or :  Écoute jolie Márcia de Marcello Quintanilha aux éditions ça et là

Fauve spécial du jury : Des vivants (éditions 2024) de Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin.

Prix de la série : Spirou, l’espoir malgré tout (3e partie) d’Émile Bravo aux éditions Dupuis

Prix de l’audace : Un visage familier de Michael DeForge aux éditions Atrabile

Fauve Révélation :  La vie souterraine de Camille Lavaud Benito

Fauve des Lycéens : Yojimbot t.1 de Sylvain Repos aux éditions Dargaud.

Prix du Public France Télévisions : Le grand vide de Léa Murawiec aux éditions 2024.

Fauve Patrimoine : Howard Cruse pour Stick Rubber Baby, aux éditions Casterman

Prix Éco-Fauve Raja : Mégantic, un train dans la nuit d’Anne-Marie Saint-Cerny et Christian Quesnel.

Prix de la bande dessinée alternative : fanzine Bento du collectif RADIO AS PAPER

Fauve Polar SNCF 2022 : L’Entaille d’Antoine Maillard aux éditions Cornélius

Prix René Goscinny – Jeune scénariste :  Raphaël Meltz et Louise Moaty pour l’album Des Vivants dessiné par Simon Roussin aux éditions 2024.

Prix René Goscinny du meilleur scénario d’album : Jean-David Morvan pour Madeleine, résistante

prix Konishi de la traduction de manga : Nathalie Lejeune, pour la traduction de Blue Period de YAMAGUCHI Tsubasa chez Pika Edition

Prix de la Bande Dessinée du Musée de l’histoire de l’immigration : Kei Lam, pour Les saveurs du béton chez Steinkis.

Le Palmarès jeunesse

Prix des écoles d’Angoulême : La sentinelle du petit peuple, tome 1 de
Carbone, Barrau et Forns, Dupuis

Prix des collèges – rectorat de Poitiers : Urbex de Clarke et Dugomier, Le Lombard

Prix des lycées – rectorat de Poitiers : Grand silence de Théa Rojzman et Sandrine Revel, Glénat

Prix d’Angoulême de la BD scolaire : L’enterrement de Laure Leclech

Prix Espoir de la BD scolaire : ANI-mots de Théo Royant-Sanchez

Prix du scénario de la BD scolaire : La chose de Marine Barbery

Prix du graphisme de la BD scolaire : Orpheline de Cathleen Rosaz

Concours #FIBDCHALLENGE : Inbound de Pierre Cesca

Lauréats jeunes talents : Anto Metzger, Diana Vlasa, Vicent Ducamin

Lauréates jeunes talents région : Mathilde Groothaerdt, Manon Ruhrmann, Jade Charlet

Fauve d’Angoulême – Prix jeunesse 8-12 ans : Bergères guerrières de Jonathan Garnier et Amélie Fléchais, Glénat

Fauve d’Angoulême – Prix jeunesse 12-16 ans : Snapdragon de Kat Leyh, Kinaye

Eric Guillaud

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