03 Nov

Lapin poche : le premier numéro bientôt en librairie

Vous avez l’âge d’avoir lu et dévoré Pif Poche ? Alors ce petit livre au format carré et aux couleurs rouge et jaune devraient vous rappeler quelques doux souvenirs. Mais celui-ci s’appelle Lapin poche et sera prochainement disponible dans toutes les bonnes librairies…

Un petit format carré réunissant gags en une page, histoires courtes, devinettes et jeux, non ce n’est pas le retour de Pif Poche mais le lancement prochain de Lapin Poche.

Un lapin à la place du chien et une belle brochette d’auteurs actuels pour animer tout ça, depuis l’incontournable Lewis Trondheim jusqu’au non moins incontournable David B, en passant par Alfred, Jean-Luc Coudray, Fabrice Erre, Frantico, Olivier Texier ou encore Pascal Jousselin.

Un peu plus de 20 auteurs en tout pour 144 pages bien remplies et tenues par un fil rouge à deux têtes, l’enfer de l’écriture et le paradis de la lecture, à moins que ce ne soit le contraire, comme le suggère l’éditeur.

Retenez la date, le numéro 1 sera disponible en librairie le 18 novembre 2022.

Eric Guillaud

Lapin Poche n°1. L’Association. 8€. 

Pocahontas : Le regard de Patrick Prugne sur l’un des mythes fondateurs américains

On s’y est habitué maintenant, chaque nouvel album de Patrick Prugne est un ravissement pour les yeux, du carburant pour le cerveau. Le dernier en date s’attaque avec subtilité à un personnage mythique dont la vie a fait l’objet de nombreuses adaptations littéraires et cinématographiques, Pocahontas….

Pocahontas, les plus jeunes d’entre vous, les plus vieux aussi peut-être, vont immédiatement penser à l’adaptation de Disney. On en est loin même si le livre de Patrick Prugne paru aux éditions Daniel Maghen comporte derrière l’histoire d’amour entre une indienne et un blanc les mêmes messages de tolérance, de féminisme, de respect de l’homme et de la nature, et met en exergue la violence de la colonisation.

Loin de l’adaptation de Disney car bien évidemment, le Pocahontas de Prugne est dans une approche beaucoup plus réaliste avec un récit qui s’appuie sur une documentation historique rigoureuse rassemblée en amont par l’auteur, une documentation énorme mais qui ne vient absolument pas alourdir le propos, bien au contraire. Tout est dans le détail !

© Daniel Maghen / Prugne

Quant au graphisme, il vous suffit de jeter un œil sur les planches reproduites ici pour comprendre immédiatement à quoi on a affaire. Une merveille ! Une merveille qui laisse entrevoir à côté de la griffe personnelle très marquée de l’auteur des influences prestigieuses comme celles de Pratt ou encore Juillard avec des planches aquarellées de toute beauté, des décors somptueux, un découpage hyper efficace, des textes ramenés à l’essentiel et bien entendu des Indiens qu’il a appris à si bien connaître et représenter à travers ses divers récits amérindiens tels que Tomahawk, Iroquois, Pawnee, Frenchman ou encore Canoë Bay.

© Daniel Maghen / Prugne

L’histoire ? On la connaît. 1607, trois navires anglais accostent en Virginie. Certains Indiens Powhatan veulent rejeter ces intrus à la mer, d’autres souhaitent connaître avant tout leurs intentions. Erreur ! Les Anglais construisent le premier fort anglais en Amérique, aujourd’hui connu sous le nom de Jamestown. La confrontation entre les deux mondes ne fait que commencer. Seule Pocahontas, la fille du chef des Powhatan, tombée amoureuse du capitaine Smith, tentera de rapprocher les deux peuples…

Cerise su le gâteau, les éditions Maghen et Patrick Prugne proposent en fin d’album un cahier graphique réunissant aquarelles pleine page et recherches graphiques autour de personnages et d’objets divers.

Résultat d’une alliance parfaite entre un auteur talentueux et un éditeur perfectionniste, Pocahontas est du genre incontournable à offrir ou à s’offrir. Noël approche !

Eric Guillaud

Pocahontas, de Prugne. Éditions Daniel Maghen. 19,50€

© Daniel Maghen / Prugne

01 Nov

Utopiales 2022. Le palmarès complet

La 23e édition des Utopiales s’achève ce soir après quatre jours la tête dans les étoiles ou pas loin à explorer les limites, nos limites. Une thématique riche, des débats intenses, des rencontres infinies, des festivaliers venus en nombre, 108.000 selon le festival, 340 séances de dédicaces, 140 conférences, 60 séances de cinéma… et des prix pour couronner le tout.

Prix extraordinaire

 Jean-Pierre Dionnet

Prix littéraires

Prix utopiales : Les Oubliés de l’Amas de Florine Soulas (France), Éd. Scrineo

Prix utopiales jeunesse : Le troisième exode de Daniel Mat (Suisse), Éd. Scrineo

Prix utopiales bd : René·e aux bois dormants d’Elene Usdin (France), Éd. Sarbacane

Mention spéciale du jury (prix bd) : Le Grand Vide de Léa Murawiec (France), Éd. 2024

Prix du meilleur scénario de jeu de rôle

Blues Fighters de Ben Perrot dans l’univers du jeu Chroniques Oubliées aux Éditions Black Book.

Cinéma

Compétition internationale de longs-métrages

Prix du jury : Viking de Stéphane Lafleur (Canada)

Mention spéciale du jury : Unicorn wars d’Alberto Vásquez (Espagne | France)

Prix du public : Maurice le chat fabuleux de Toby Genkel & Florian Westermann (États-Unis | Royaume-Uni | Allemagne)

Compétition internationale de courts-métrages

Prix du Jury : Finito de Patrik Eklund (Suède)

Mention spéciale du jury : New Babylon de Gideon van der Stelt (Pays-Bas)

Prix Canal+ : Finito de Patrik Eklund (Suède)

Prix du public : Finito de Patrik Eklund (Suède)

31 Oct

Les 100 Comics à lire avant de mourir ?

Recueil précieux que l’on prend plaisir à consulter à de multiples reprises ou exercice ultra casse gueule car, par définition, très subjectif ? Un peu des deux. Même si un livre comme celui-ci ne peut pas de toute façon faire l’unanimité, il permet au moins de réviser ses classiques.

Bien sûr, tout le monde pourra y aller de son petit commentaire ou de sa petite raillerie, aussi bien sur le casting en lui-même – genre, ‘mais comment ont-ils fait pour oublier…. ? – que sur la définition même que ce collectif français donne au terme ‘comics’. On va nous-mêmes mettre une pièce dans la machine, tiens : on a du mal à voir réunis sous le même toit Batman et Calvin & Hobbes par exemple, alors que le lien entre les deux n’est pas franchement flagrant, à part le fait que tous les deux sont des purs produits de la bande dessinée américaine. Tout comme il nous parait difficile de retrouver au sommaire Frank Miller (Sin City), James O’Barr (The Crow) ou Wallace Wood (Cannon) mais pas John Buscema (X-men, Conan) ni Steve Ditko (Spider-man, Doctor Strange) par exemple pour ne citer qu’eux.

Mais le but ici n’est pas d’être exhaustif. L’éditeur en question, Ynnis pour ne pas les citer, s’est spécialisé dans des livres chorales offrant à chaque fois une vue d’ensemble sur son sujet du jour – avec récemment quelques beaux ouvrages sur l’histoire du jeu de rôles ou sur le mythe de Cthulhu. Or si le propos ici est de présenter un panorama de la diversité de la production étatsunienne entre 1966 et 2016, les super-héros se taillent (sans surprise) la part du lion et on a parfois l’impression que l’inclusion d’un Maus (l’œuvre culte d’Art Spiegelman sur la Shoah) pour ne citer que ce cas est là avant tout pour faire bonne figure.

Mais bon, malgré ses omissions et son iconographie limitée (pas de planches, sûrement pour une histoire de droits), on tient quand même là une belle somme d’anecdotes, assez accessible et pas trop technique. Avec son grand format et sa couverture semi-rigide, c’est aussi un potentiel beau cadeau pour les fêtes de fin d’année, à offrir aussi bien aux fans aguerris de comics qu’aux curieux désireux de se forger une base solide.   

Olivier Badin

100 Comics qui ont marqué l’histoire !, collectif. Ynnis Editions. 35 euros

Quartier lointain : le chef-d’œuvre de Jirô Taniguchi édité pour la première fois en sens de lecture japonais

Après L’Homme qui marche et Le Journal de mon père, les éditions Casterman poursuivent la réédition des ouvrages de Jirô Taniguchi en sens de lecture original avec cette fois le chef-d’œuvre absolu Quartier lointain

Quartier lointain n’a pas été le premier ouvrage de Jirô Taniguchi traduit en français mais c’est assurément le plus connu du grand public, le plus vendu aussi avec 500.000 exemplaires écoulés en 20 ans. Sorti initialement en deux volumes, à la fin des années 90 au Japon, au début des années 2000 en France, ce manga a remporté un succès public immédiat récompensé par de nombreux prix dont l’Alph-art du meilleur scénario au festival d’Angoulême en 2003. Il a par ailleurs été adapté au théâtre en 2009 et au cinéma en 2010.

© Casterman / Taniguchi

Alors pourquoi cette nouvelle édition ? Et que peut-elle apporter ? C’est peut-être un détail pour vous mais pour les amoureux du maître, les amoureux du manga en général, c’est déjà beaucoup. Même si, fondamentalement, ça ne change rien !

Réponse de normand donc mais c’est bel et bien la réalité.

C’est en effet la première fois que ce manga est édité en sens de lecture original. Lors de sa sortie en France il y a 20 ans, Taniguchi était identifié comme un auteur BD plus qu’un auteur spécifiquement manga, c’est ce qui a d’ailleurs permis son succès, rappelait l’éditeur Wladimir Labaere à l’occasion de la sortie des deux premiers titres de la collection en 2021. 

© Casterman / Taniguchi

Les lecteurs habituels de mangas retrouveront ici le plaisir de la lecture à la japonaise, les autres apprécieront le travail fait autour du livre et notamment de cette couverture couleur carton. Dans le détail, chacun des titres de la collection bénéficie d’un nouveau scan des planches originales, d’une révision de la traduction et parfois de planches ou illustrations inédites.

© Casterman / Taniguchi

Pour les réfractaires au sens de lecture japonais, pas de souci, la collection habituelle ne va pas disparaître, bien au contraire, l’idée pour l’éditeur étant de faire vivre cette œuvre auprès du public le plus large.

Reste l’histoire, bien évidemment inchangée, à la fois intime et universelle, poétique et réaliste, celle d’un homme qui au retour d’un voyage d’affaires, retrouve son corps d’adolescent et son passé avec peut-être la possibilité de changer le cours des choses et surtout de poser un regard d’adulte sur sa jeunesse, son histoire…

Eric Guillaud

Quartier lointain, de Taniguchi. Casterman. 24€

28 Oct

Utopiales 2022 : quinze BD de science-fiction pour se mettre dans le bain

Le Festival international de science-fiction se tient à partir de demain samedi 29 octobre et jusqu’au mardi 1er novembre à Nantes. Des centaines de chercheurs et d’auteurs, des milliers de visiteurs sont attendus pour débattre, imaginer, penser, l’avenir autour cette année de la thématique Limite(s). Histoire de se mettre dans l’ambiance, voici déjà une quinzaine de bandes dessinées de science-fiction parues en 2022 et pour certaines en lice pour le Prix Utopiales BD 2022…

1/ Bug général

Imaginez un monde où tous les réseaux sociaux, tous les disques durs du plus gros serveur à la plus petite clé USB, toutes les données, toutes les archives, toute la mémoire du monde, ont disparu. Comme ça, d’un coup. C’est l’histoire de Bug, un récit d’Enki Bilal dont le troisième volet vient de sortir. Un Bug Numérique Généralisé avec une conséquence directe et immédiate :  l’humanité est dans la merde ! Oui, dans la merde, avec la résurgence de figures et d’idéologies du passé, celles qui ont mis à feu et à sang notre planète au XXe siècle. Et dans cette merde, Kameron Obb, unique survivant d’une mission sur Mars, navigue à vue, tant il est l’objet de toutes les convoitises pour avoir développé une hypermnésie singulière, comme si toutes les données numériques, toute la mémoire du monde avaient migré dans son cerveau. Une série incontournable !

> Bug tome 3, de Bilal. Casterman. 18€

2/ Robot mon amour

Pièce de théâtre écrite en 1920 par l’auteur tchécoslovaque Karel Čapek, R.U.R. revient à la lumière un siècle plus tard grâce au talent de la jeune Tchèque Katerina Cupová qui en offre une bluffante adaptation BD aux éditions Glénat, un beau bouquin écrit par une humaine pour des humains… La suite ici

> R.U.R., de Katerina Cupova d’après l’oeuvre de Karel Capek. Editions Glénat. 25€

3/ Aventure intergalactique

Ils nous avaient emmenés dans un monde à la Jules Verne avec Le Voyage extraordinaire, Silvio Camboni et Denis-Pierre Filippi sont de retour avec Prima Spatia, de la SF de haut vol mettant en scène une jeune fille de 17 ans, Alba, cloitrée pour sa sécurité sur un astéroïde privé, loin de tout, loin même de ses parents, jusqu’au jour où elle est enlevée et se retrouve, elle et sa gouvernante, à errer pendant des mois à travers l’espace avant d’être finalement recueillie à bord de La Flèche, un navire cosmique conçu pour chasser les créatures stellaires… Dès les premières pages de ce volet d’ouverture, le ton est donné, Prima Spatia fait dans la grande aventure intergalactique tendance space opera avec un dessin, des couleurs, une galerie de personnages de toute beauté et un scénario relativement classique mais malin, glissant ici et là quelques problématiques contemporaines. Et que dire de ces créatures stellaires, aussi belles qu’inquiétantes ? À suivre…

> Prima Spatia (tome 1), L’Héritière, de Camboni et Filippi. Vents d’Ouest. 14,95€

4/ Thriller fantastique

Une banlieue triste, des adolescents incompris par leurs parents, et qui s’ennuient, une entreprise opaque cachant manifestement des choses, des rumeurs parlant de monstres aperçus ici et là… Le pitch d’un film fantastique des années 80 ou d’un épisode de la série Stranger Things ? En partie. Sauf qu’Immonde ! (oui, avec un point d’exclamation) va beaucoup plus loin que ça… La suite ici

> Immonde!, d’Elizabeth Holleville. Glénat. 22,50€

5/ Mafia spatiale 

2779, quelque part dans l’espace confédéré. La jeune fugueuse Kristina parvient à rejoindre clandestinement la planète Drenn grâce au cartel des Cimes pour qui elle est censée travailler un mois. C’est le prix à payer pour ce voyage. Mais une fois sur place, les quatre semaines se sont transformées en six mois. Et la brutalité du Cartel ne laisse aucune marge de manœuvre. Alors, Kristina plie l’échine un temps avant de se relever, de gravir les échelons des mafias extraterrestres et d’en devenir la reine… Spin off d’Orbital, une série de Runberg et Pellé, Outlaws nous embarque dans le monde des mafias galactiques en compagnie de la soeur de Caleb, héros d’Orbital. Un premier volet prometteur !

> Outlaws (tome 1), Le Cartel des Cimes, de Runberg et Chabbert. Dupuis. 14,95€

6/ Téléréalité martienne

Inspiré à la fois par la conquête spatiale et le poids de l’image dans notre société contemporaine, Phobos propose une épopée spatiale à forte dose de romance mais aussi de critique sociétale. Aux manettes de cette adaptation du best-seller de Victor Dixen, Victor Dixen lui-même pour le scénario et Eduardo Francisco pour le dessin. L’histoire ? Cap Canaveral a été racheté par Atlas Capital et sert dorénavant de base de lancement à une émission de télé-réalité, Genesis, dont le principe est simple : six filles et six garçons dans le même vaisseau, six minutes chaque semaine pour se rencontrer et plus si affinité, l’éternité pour créer la première colonie sur Mars. Et tant pis si tout ne se passe pas comme annoncé…

> Phobos tome 2, de Francisco et Dixen. Glénat. 16,90€

7/ Vertigineux 

On sait combien la vie tient parfois à un fil, dans cet album elle tiendrait plutôt à une pensée. Manel Naher est une jeune femme ordinaire, un peu trop peut-être, qui passe son temps à dénicher des récits d’aventure dans une vieille librairie pour s’évader du monde dans lequel elle vit, une espèce de mégalopole où chacun doit se battre contre l’anonymat en affichant son nom telle une publicité… La suite ici

> Le Grand vide, de Léa Murawiek. Éditions 2024. 25€

8/ Virtuellement vôtre

Bolchoi Arena le retour. Les auteurs Boulet et Aseyn nous embarquent toujours aussi habilement dans l’univers du monde virtuel. Les premières pages du premier volet paru en septembre 2018 sont à cet égard assez bluffantes, déstabilisantes, le lecteur ne sachant plus très bien sur quel niveau d’imaginaire il se trouve. Dans un futur proche, internet n’est plus. Mais pas de panique les geeks, le réseau mondial de réalité virtuelle, le Bolchoi, tel est son nom, l’a remplacé offrant des possibilités beaucoup plus infinies. Vous rêviez d’explorer l’espace aux commandes de votre propre vaisseau spatial ? Le Bolchoi vous le permet et sans bouger de votre canapé. Marje, jeune étudiante en astrophysique va y goûter et ne jamais s’en remettre. Une histoire bien ficelée, un trait léger, des couleurs pastel et une belle présentation avec jaquette transparente en rhodoïd. Le tome 3 est sorti en janvier de cette année. On attend la suite avec impatience. En attendant, vous pouvez explorer l’univers avec les bonus en réalité augmentée sur l’application Delcourt Soleil +.

> Bolchoi Arena tome 3, Révolutions, de Boulet et Aseyn. Delcourt. 23,95€

9/ Rencontres du troisième type

Dans un style très différent des autres albums présentés dans cette chronique voici Space connexion, de ElDiablo et Romain Baudy, une anthologie en deux tomes qui se propose de revisiter les codes de la science-fiction pulp, autrement dit de ces récits qu’on trouvait dans des petits magazines ou livres bon marchés édités au début du XXe siècle. Hommage appuyé à ce genre de littérature ou tentative de le remettre au goût du jour, les auteurs signent ici une petites dizaine d’histoires courtes nerveuses et franchement drôles avec pour point commun la rencontre entre des extra-terrestres bienfaiteurs et des Terriens un brin stupides.

> Space Connexion tome 2, de Eldiablo et Baudy. Glénat. 15,50€

10/ Monde vertical

2072. L’humanité a été décimée par une bactérie. Seuls 2746 hommes et femmes ont survécu, entassés dans une tour gigantesque du côté de Bruxelles, une tour indestructible, gérée par une intelligence artificielle et conçue pour être en totale autonomie alimentaire et énergétique. Mais, la vieille dame de 80 étages et de 30 ans d’âge commence à grincer de part et d’autre. À l’extérieur, le monde urbain est envahi par la végétation et les animaux sauvages. À l’intérieur, des tensions naissent entre les « anciens » qui ont connu le monde avant la bactérie et les « intrus » nés dans la tour et pas franchement prêts à accepter les règles imposées par leurs ainés. Des tensions exacerbées par l’explosion d’une serre et la perte d’un tiers de la production agricole… Pour ceux qui aiment les récits SF post-apocalyptiques dans le sillage du mythique Transperceneige

> La Tour, de Kounen, Mr Fab et Ladgham. Comix Buro / Glénat. 15,50€

11/ Entre mythe et réalité

René.e aux bois dormants est un magnifique album de 272 pages signé Elene Usdin, artiste française qui a débuté comme peintre pour le cinéma et illustratrice de presse et de livres jeunesse. René.e est son premier roman graphique… La suite ici 

> René.e aux bois dormants, d’Elene Usdin. Sarbacane. 29,50€

12/ L’illusion du bonheur

Aussi étonnant que celui puisse paraître, jamais Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley n’avait été adapté en bande dessinée. C’est chose faite et bien faite depuis cet automne avec ce roman graphique de Fred Fordham publié par Philéas, une maison d’édition spécialisée dans les adaptations en BD d’oeuvres cultes. Et pour être culte, Le Meilleur des mondes l’est assurément. Publié en 1932, cette dystopie « heureuse » comme la qualifie très justement Fred Fordham nous offre une vision cauchemardesque du futur avec un monde contrôlé et asservi par le confort. Du pain et des jeux, en somme, pour une parfaite illusion du bonheur ! Si le roman est toujours très actuel, son adaptation le projette définitivement dans le XXIe siècle avec un trait précis traité numériquement, une proposition visuelle très convaincante.

> Le Meilleur des mondes, de Fred Fordham d’après le roman d’Aldols Huxley. Philéas. 21,90€

13/ En plein rêve

Après Centaurus et Europa, les auteurs Leo et Rodolphe poursuivent leur exploration du futur avec le premier volet d’une série tout simplement baptisée Demain. Pas de voyage dans l’espace pour le moment mais un va et vient entre deux périodes, les années 50 d’un côté et un futur proche post-apocalyptique de l’autre, avec à chaque période son adolescent, Jo dans le passé et Fleur dans le futur. Rien ne les réunit pour le moment, rien sauf leurs rêves respectifs. Un premier album très mystérieux qui ouvre agréablement l’appétit. À suivre…  

> Demain Acte 1, de Leo, Rodolphe et Alloing. Delcourt. 13,50€

14/ L’avenir est ailleurs

Colonisation nous embarque dans un futur où l’homme a dû quitter la Terre surpeuplée pour coloniser d’autres planètes. Un exode de masse à bord d’une multitude de vaisseaux spatiaux dont certains se sont perdus dans l’immensité de l’espace et sont sujets à des pillages. Retrouver ces vaisseaux, c’est précisément la mission de Milla Aygon et de son équipe, une mission dangereuse qui les entraîne dans des recoins inhospitaliers de l’univers. Un scénario captivant, une mise en images sublime, toute en finesse et dynamisme, une très bonne série dont le 6e volume est sorti en février !  

> Colonisation tome 6, Unité Shadow, de Filippi et Cucca. Glénat.14,50€

15/ Retour sur le passé

On termine avec une réédition et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de l’album Métamorphoses initialement publié en 2007 chez Casterman et reprenant trois récits parmi les premiers de François Schuiten et Claude Renard : Aux Médianes de Cymbiola entièrement réalisé au crayon, L’Express qui était à l’origine un portfolio, et le récit de SF Le Rail d’une éblouissante modernité. Trois récits, autant de facettes du travail de Schuiten et autant de signes évidents d’un talent hors norme qui allait exploser peu de temps après avec Les Cités obscures, série réalisée en compagnie de Benoit Peeters.

> Métamorphoses, de Schuiten et Renard. Casterman. 29€

Eric Guillaud avec la participation d’Olivier Badin

24 Oct

Spirou et Fantasio, 421, Les Petits hommes, Mickey Mouse… Le temps des intégrales

Vacances ! Du temps pour lire et pourquoi pas pour renouer avec les héros et les aventures de notre passé. De Mickey Mouse version Floyd Gottfredson à Spirou et Fantasio par le tandem Morvan & Munuera, plus de 60 années de création nous contemplent…

On commence avec l’une des séries mythiques de la BD franco-belge, Spirou et Fantasio, plus de 80 ans d’existence, 56 aventures et une bonne quinzaine d’auteurs pour l’animer au fil du temps dont Morvan et Munurera. C’est à la contribution de ces deux derniers, dans les années 2000, que ce 17e volet de l’intégrale Spirou et Fantasio est consacré, une contribution qui se concrétise par quatre albums baptisés Paris sous-Seine, L’Homme qui ne voulait pas mourir, Spirou et Fantasio à Tokyo et Aux Sources du Z. Viennent s’ajouter dans cette intégrale plusieurs récits courts et, surtout, un imposant dossier rédactionnel qui revient sur la « délicate » passation de plumes et de pinceaux entre les tandems Tome & Janry et Morvan & Munuera, leur premier album Paris sous-Seine n’ayant pas reçu à l’époque l’accueil espéré, tant de la part de l’éditeur que des lecteurs. (Spirou et Fantasio, L’intégrale tome 17, de Morvan et Munuera. 33€)

Huitième volume d’une très belle collection consacrée à Floyd Gottfredson, l’une des grandes signatures de Disney et en l’occurrence de Mickey dont il dessina les aventures des années 30 à 70. Cette collection publiée aux éditions Glénat, qui font entre parenthèse un gros travail autour de Disney depuis des années, réunit l’intégralité des récits de Gottfredson dans un ordre chronologique, ici, dans ce huitième volume, Le Vaisseau fantôme, Le Monde de demain, La Maison du mystère, Billy Mouse et plusieurs autres histoires courtes, le tout en noir et blanc et dans un format à l’italienne respectant le format des strips d’origine. Pour les inconditionnels ! (Mickey Mouse tome 8, Le Monde de demain et autres histoires, de Floyd Gottfredson. Glénat. 35€)

Petits par la taille mais grands par la notoriété, les habitants de Ravejols, village touché par la chute d’une mystérieuse météorite, reviennent pour quatre dernières aventures, Opération QI, Au nom du frère, Castel Montrigu et l’ultime Eslapion 3. Très proche graphiquement de Franquin, le dessinateur Seron fut très longtemps un pilier « discret » de la rédaction de Spirou et Les Petits hommes une des séries phares du même journal. Après plus de 40 ans de bons et loyaux services, Pierre Seron décide d’arrêter la série. Le dernier volet est publié en 2011 chez un autre éditeur que Dupuis, Clair de Lune. L’auteur tente à diverses reprises de relancer la série. Sans succès. Il décède en 2017 en marquant d’une empreinte indélébile le neuvième art. (Les Petits hommes, Intégrale tome 11, de Seron. Dupuis. 29,95€)

Troisième et ultime volet de l’intégrale consacrée à l’agent 007, pardon 421, un héros un peu oublié de Maltaite et Desberg mais qui a marqué son époque, les années 80, avec des aventures d’abord gentiment parodiques puis liées à une réalité plus sombre. Le dessin lui-même gagne en réalisme au fil des histoires. Cette troisième intégrale réunit les titres Falco, Les Années de brouillard, Morgane Angel et Le Seuil de Karlov, le tout judicieusement accompagné en introduction d’un dossier signé Didier Pasamonik et en conclusion d’un cahier revenant sur les différents projets d’aventures restés dans les cartons. (421, intégrale tome 3/3, de Desberg et Maltaite. Dupuis. 29,95€)

Eric Guillaud

20 Oct

Dans le cœur gros d’Anouk : un album jeunesse sur la différence signé Mathou

On connaissait l’Angevine Mathou pour ses romans graphiques « feel good » autour du quotidien et de ses petits ou grands tracas, elle change de format, s’adresse aux plus jeunes, mais continue de poser un regard aiguisé sur la vie avec humour et sensibilité pour le plus grand bien de tous…

Mathou • © Christophe Martin

Elle a le cœur gros Anouk, très gros. Il faut avouer que s’entendre dire en pleine récré, devant tout le monde, qu’elle est grosse et moche ne peut pas rendre le cœur léger.

Le responsable ? Jules. Ah… ce Jules !

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Vacances de la Toussaint : dix BD jeunesse pour les jours de pluie

On a beau en avoir un grand besoin avec l’été qu’on vient de vivre, la pluie pendant les vacances, ce n’est jamais chouette. Histoire de ne pas être pris au dépourvu, voici une sélection de BD à lire sous le parapluie ou au fond de la couette…

Humour, aventure, intrigues policières… nous avons lu et retenu dix albums de bandes dessinées jeunesse aux styles graphiques et aux genres très différents. Ce n’est bien sûr qu’une sélection aussi subjective qu’assumée, restez curieux et filez vers votre librairie préférée pour en dénicher beaucoup plus…

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17 Oct

Refrigerator Full Of Heads : pour en prendre plein la tête !

Après un panier, c’est au tour d’un réfrigérateur d’accueillir tout un stock de têtes découpées ayant la fâcheuse tendance de toujours bavasser pendant qu’un tas de gens qui ne sont jamais ce qu’ils semblent être se découpent en rondelle pour récupérer une hache viking aux propriétés magiques.

Extrait de la couverture © Urban Comics – DC Comics / Rio Youers & Tom Fowler

Dans l’horreur, on aime les franchises. Ok, parfois un peut trop – avait-on vraiment besoin d’un énième remake (raté) de Massacre  La Tronçonneuse ? Ou de douze ( !) films Vendredi 13 ? Mais bon, malgré des résultats donc très divers, l’exercice permet quand même aussi de prolonger le plaisir et d’en parfois creuser plus profondément le sillon.

En juin dernier sortait Basketful Of Heads, une ‘première’ à plusieurs niveaux : première sortie en France d’une nouvelle collection baptisée ‘Hill House’ et première sortant sous cette bannière là avec un scénario signé Joe Hill (justement), fils du romancier Stephen King s’étant fait un nom grâce à la saga Locke & Key. En pleine mode revival horreur 80’s grâce au succès phénoménal de la série TV Stranger Things, le résultat était un joyeux pot-pourri de références cinématographiques à peine voilées, d’action très série B et de gore foutraque. Avec en guise de véritable héroïne de cette histoire une hache magique dont la lame a été prétendument forgée avec une dent de Fenrir, mythique loup géant de la mythologie scandinave. Sa particularité ? Les têtes qu’elle décapite restent en vie…

© Urban Comics – DC Comics / Rio Youers & Tom Fowler

Un pitch foutraque mais au final assez drôle. Enfin à condition d’aimer l’humour noir, et avec un final voyant la jeune June Branch partir au soleil couchant après avoir laissé un belle trainée de sang derrière elle alors qu’elle était à la base venue passer de tranquilles vacances avec son petit ami à la mer.

Refrigerator Full Of Heads en est la suite directe, l’action se déroulant un an après. Joe Hill a cédé sa place au romancier britannique Rio Youers mais le ton, presque potache, avec toujours ces clins d’œil appuyés : l’action se passe sur Brody Island, île fictive de la côte est américaine et la première ‘victime’ de la hache magique est un… Requin blanc. Cela ne vous rappelle un certain film des années 70 signé Steven Spielberg se passant sur une île nommée Amity et où un squale est chassée par un chef de la police locale nommé Brody ???

© Urban Comics – DC Comics / Rio Youers & Tom Fowler

Fidèle aux canons du genre, ce Basketful Of Heads : deuxième partie se pique donc de faire plus fort, plus violent et plus gore que son prédécesseur. Mission plus que réussie. On découvre notamment que la hache n’est au final qu’un seul élément d’une série de quatre artefacts magiques, détail qui aura son importance lors d’un final à la Brain Dead (le film culte de Peter Jackson, avant qu’il ne devienne quelqu’un de respectable avec la trilogie du Seigneur Des Anneaux) où l’hémoglobine coule tellement à flot qu’on frôle l’overdose.

Oui, on est volontairement dans l’excès et oui, c’est parfois délirant mais c’est assumé, même si le style graphique de Tom Fowler reste un chouia trop sage à notre goût et pas assez déstructuré.

© Urban Comics – DC Comics / Rio Youers & Tom Fowler

Pour faire un parallèle de circonstance, Refrigerator Full Of Heads est un peu à son prédécesseur ce qu’Evil Dead 2 fut Evil Dead. Une relecture plus plus, peut-être sans le charme de la nouveauté mais quand même bien fun. Et surtout bien gore, avec plein d’éclaboussures dedans ! Reste à savoir ce qui sera utilisé pour le prochain numéro : ‘un four micro-ondes plein de têtes’ peut-être ?

Olivier Badin

Refrigerator Full Of Heads de Rio Youers & Tom Fowler. Urban Comics/DC/Black Label. 15 euros

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