17 Déc

Festival international de la bande dessinée d’Angoulême : « Vive la marée! » de Prudhomme et Rabaté et « Cher pays de notre enfance » de Davodeau et Collombat dans la sélection officielle

VisuelAfficheOtomoQuarante albums très précisément ont été retenus dans la sélection officielle de la 43e édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Parmi eux L’Arabe du futur 2 de Riad Satouf, Combats de Goossens, Le piano oriental de Zeina Abirached, La République du catch de Nicolas de Creécy… ainsi que deux productions ligériennes, Vive la marée! de Prudhomme et Rabaté et Cher pays de notre enfance de Collombat et Davodeau.

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14 Déc

Spirou décroche le sabre laser et nous offre un numéro spécial Star Wars

IMG_1719À moins de revenir d’un stage intensif de macramé en Sibérie centrale, vous ne pouvez décemment pas ignorer que le nouvel épisode de Star Wars, Le Réveil de la force, sera à l’affiche de toutes les salles obscures de la galaxie dès mercredi prochain.

En France comme ailleurs, il est quasi-impossible de passer à côté du phénomène Star Wars qui depuis des semaines, voire des années-lumière envahit notre quotidien. Tout le monde en cause, y compris le très sérieux journal économique Les Echos qui résume assez bien la situation en comparant « Star Wars VII » a un blindé qui « devrait faucher sur sa lancée les longs-métrages qui auraient commis l’erreur de se trouver sur sa route au moment de leur sortie« .

Le quotidien Les Echos en parle, Spirou aussi. Mieux, il offre à ses lecteurs un numéro spécial à paraître le mercredi 16 décembre. Derrière une très belle couverture signée Arthur de Pins, les héros habituels, Dad, Nelson, Les Femmes en blanc, l’Atelier Mastodonte… revisitent le mythe en BD avec une bonne dose d’humour. Que la farce soit avec vous !

Eric Guillaud

13 Déc

Chroniques de Noël : Eloge de la névrose en 10 syndromes de Leslie Plée

eloge-de-la-nevrose-en-10-syndromesAïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

A quoi reconnaît-on un adulte ? C’est simple, selon Leslie Plée, l’adulte est sérieux, fiable, rarement malade, sans angoisses, il fait du ménage régulièrement, aime les endives, écoute France Inter le matin, regarde Arte le soir, paie ses impôts, prend le temps de faire de la cuisine… Bon, autant dire que vu comme ça, ça ne fait pas forcément très envie. Enfin pour ceux qui n’y sont pas encore arrivés. Ça ne fait pas très envie et pourtant les adolescents passent leur temps à mimer l’âge adulte. C’est le syndrome de l’adultisme, l’un des dix syndromes des névroses du quotidien que décortique Leslie Plée dans ce livre paru en août aux éditions Delcourt. C’est fin, c’est drôle, ça se mange sans faim comme tous les albums de l’auteure, depuis Moi vivant vous n’aurez jamais de pauses à Michel un chat sauvage en passant par Vivre vieux et gros : les clés du succès ou L’Effet kiss pas cool. Parmi les autres syndromes abordés, celui de la personne normale, volonté malsaine d’être une personne dite normale en dépit de sa personnalité fantasque ou celui de l’imposteur procrastinateur, trouble psychologique semi-permanent rencontré par un sujet inhibé qui se reconnaît aucun talent. Bref, il y en a pour tout le monde…

Eric Guillaud

Eloge de la névrose en 10 syndromes, de Leslie Plée. Editions Delcourt. 15,95€

12 Déc

Luc Warnant en dédicaces chez Bulle au Mans dimanche 13 décembre

soda-lettres-a-satanMais qui est donc ce Luc Warnant annoncé en dédicaces demain dimanche au Mans ? Vous aurez beau regarder sur les milliers d’albums parus depuis vingt ans, vous ne trouverez nulle part son nom. Et pour cause, Luc Warnant a arrêté de faire de la bande dessinée il y a exactement 28 ans après avoir, tout de même, créé graphiquement un personnage de légende, Soda.

Luc Warnant a non seulement créé Soda avec le scénariste Tome mais il en a aussi assuré les deux premières aventures, Un ange trépasse et le magnifique Lettres à Satan dont l’édition originale s’arrache aujourd’hui à prix d’or.

Et s’il vient à la librairie Bulle au Mans, ce n’est pas pour parler de sa reconversion dans la publicité ou plus tard dans l’image de synthèse mais pour dédicacer un tirage spécial de Lettres à Satan justement.

Ouverture des portes à 11h00

Chroniques de Noël : Le Piano oriental de Zeina Abirached

9782203092082Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Pour faire de l’effet, cet album-là, sorti en septembre, devrait assurément en faire. D’abord parce qu’il est beau, beau comme un piano à queue. Ensuite parce qu’il raconte une drôle d’histoire, véridique, celle de l’arrière grand-père de l’auteure, Abdallah Chahine, pianiste, accordeur de piano et inventeur du piano oriental à Beyrouth dans les années 60. Qu’est-ce qu’un piano oriental me direz-vous ? Un instrument qui permet de rapprocher les musiques d’Orient et d’Occident, une histoire de ruse mécanique et de quart de ton. Un piano bilingue en fait dont il n’existera au final qu’un prototype d’usine, toujours conservé par la famille d’Abdallah Chahine.

Mais le récit ne s’arrête pas à ce destin déjà singulier à cheval sur deux cultures. Il raconte aussi l’histoire de l’auteure, Zeina Abirached, née en 1981 à Beyrouth, étudiante à l’Académie libanaise des Beaux-Arts durant cinq ans, et arrivée en France à l’âge de 23 ans. Il y a donc une dizaine d’années.

Parfaitement bilingue, comme le piano de son arrière grand père, Zeina établit un pont entre les deux pays, les deux cultures, avec ses deux histoires racontées en parallèle. « Je me suis rendu compte que le Français et l’arabe sont intimement liés en moi, inextricables, le français et l’arabe sont ma langue« . Bilingue ou plutôt trilingue car le graphisme, reconnaît-elle, est « comme une troisième langue« .

Ce graphisme justement, un noir et blanc -comme les touches d’un piano- comparé parfois et à juste titre à celui de Marjane Satrapi, l’auteure de Persepolis. Il est à la fois simple et très appliqué, très élaboré, ornementé, inventif et poétique. Le Piano oriental est un bonheur aussi bien visuel qu’intellectuel, un petit bijou franco-libanais.

Eric Guillaud

Le Piano oriental de Zeina Abirached. Editions Casterman. 22€

@ Casterman / Zeina Abirached

@ Casterman / Zeina Abirached

10 Déc

Le Courant d’art de Bezian, une curiosité qui parle de Byrne, Mondrian, de la peinture abstraite, du Bauhaus

Courant-dart-723x1024Irruption de l’art dans la bande dessinée ou l’inverse, Le Courant d’art de Bezian est un ouvrage pour le moins singulier, une véritable curiosité même, tant dans la forme, un livre accordéon qui se lit d’un côté et de l’autre, puis d’un côté et de l’autre, autant de fois que vous le souhaitez, que dans le fond.

De Byrne à Mondrian, de Mondrian à Byrne, l’auteur de Aller-retour, Docteur Radar tueur de savant ou encore de Gardes-fous explore ici les liens entre le mathématicien Oliver Byrne et le peintre Piet Mondrian. Entre les deux, un petit siècle de différence mais un même accaparement des lignes et formes géométriques rouges, jaunes et bleues. Elles permettront au premier d’illustrer la géométrie d’Euclide dans l’édition de 1847 des Éléments d’Euclide, livre considéré comme le plus étrange et le plus beau du XIXe siècle. Elles permettront au second, très certainement inspiré par ce livre, de devenir l’une des figures majeures de l’art abstrait avec ces compositions géométriques associant les trois couleurs primaires à un fond blanc et à des lignes noires.

En dépliant Le Courant d’art, d’un côté puis de l’autre, le lecteur plonge dans ce qui aurait pu être le cheminement du mathématicien et du peintre, une vision parcellaire bien sûr limitée à une dizaine de scènes, autant de tableaux, pour chacun d’eux. Le trait anguleux et sombre de Frédéric Bezian associé aux aplats bleus rouges et jaunes apporte à l’ouvrage une tonalité moderne à la croisée des arts. Pour les amoureux de la peinture, de l’architecture, de la bande dessinée, des arts en général.

Eric Guillaud

Le Courant d’art de Bezina. Editions Soleil. 18,95€

08 Déc

Le cerveau peut-il faire deux choses à la fois ? Réponse avec Fiamma Luzzati

Le-Cerveau-peut-il-faire-deux-choses-a-la-foisTout est dans le titre ou presque ! Fiamma Buzzati a créé en 2010 un blog de vulgarisation scientifique aujourd’hui hébergé par le site du Monde. Oui le site du Monde. Il faut dire que son approche de la science, même si elle se fait par le graphisme, la bande dessinée et quelques touches d’humour a tout de sérieuse.

Il suffisait jusqu’ici d’aller sur son blog, L’Avventura, pour s’en rendre compte, vous pouvez dorénavant retrouver son travail dans un livre paru aux éditions Delcourt. Plus de 250 pages pour comprendre comment fonctionne la mémoire, pour mieux connaître l’autisme, l’univers, le cerveau, la philosophie, la mozzarella, oui oui, la mozzarella, bref autant de questions essentielles pour notre vie quotidienne et pour lesquelles elle est allée chercher des réponses auprès de quelques scientifiques. En fin d’album, l’auteur fournit toutes ses sources, livres, sites internet mais aussi noms des chercheurs consultés. Une véritable approche de vulgarisation que 25 000 lecteurs suivent quotidiennement sur son blog. Ça fait rêver !

Eric Guillaud

Le Cerveau peut-il faire deux choses à la fois ? de Fiamma Buzzati. Editions Delcourt. 19,99€

07 Déc

Chroniques de Noël : Spooky et les contes de travers, un livre pour filer droit sous la couette

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Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Voilà un bien étrange journal intime que celui de Spooky, une gamine grande comme trois pommes en extension. Originaire du pays des contes de fées – c’est elle qui le dit – Spooky est une grande amatrice de ces sombres histoires qui font peur. D’ailleurs, son journal intime est voué à devenir un grand livre de contes. En attendant, on y croise trois petits cochons, propriétaires d’une pension pour monstres à Londres, mais aussi un miroir magique, un stylo d’enfer qui écrit noir et fait des tâches de couleurs, un tee-shirt avec des ailes dans le dos, des bestioles en pagailles, des lieux dépaysants et exotiques, des chats croquants, une tourte de l’horreur, des plans affreusement machiavéliques, des mystères radicalement mystérieux, des affaires pas vraiment claires, un bouquet écarlate et des centaines d’autres petites choses qui pourraient bien changer vos jours et vos nuits.

Bon, pas de panique, keep calm comme diraient les English, la lecture de cet ouvrage ne devrait pas vous perturber plus que ça, ni vous coller la frousse aux trousses pour l’éternité et au delà. C’est plutôt drôle et frais, imaginé par deux auteurs passionnés du genre, Carine-M et Élian Black’Mor, responsables et coupables par ailleurs de L’Epouvantable Encyclopédie des fantômes et de L’Effroyable encyclopédie des revenants. Monstrueusement drôle !

Eric Guillaud

Spooky & Les contes de travers, de Elian Black’Mor et Carine-M. Editions Glénat. 25,50€

05 Déc

Chroniques de Noël : Buck Danny, Marsupilami, Jeremiah, Michel Vaillant, Les Tuniques Bleues, Le Petit Spirou… ces héros qui ne meurent jamais

51RNaAM74SL._SX361_BO1,204,203,200_Ils s’appellent Buck Danny, Chesterfield, Blutch, Michel Vaillant, Jeremiah, le Marsupilami ou Le Petit Spirou et nous accompagnent depuis pas mal d’années, depuis notre naissance pour certains d’entre eux et d’entre nous. Les héros ne meurent jamais, et surtout pas au moment de Noël…

On commence par le petit dernier, le plus jeune de notre sélection, 25 ans tout de même de bons et loyaux services, 17 albums et un hors série intitulé Sans interdits depuis toujours paru cette année pour fêter ce cap hautement symbolique. 25 ans d’aventures mais le héros, lui, n’a pas encore 9 ans, même si dans ce dernier épisode Le Petit Spirou devient grand, plus grand que 25 ans, en avalant un soi-disant élixir de jouvence. Vous suivez ? Non ? Il devient grand mais sans devenir Spirou, le vrai, celui du journal. C’est un autre grand. Oui, je sais c’est compliqué. Le mieux pour tout le monde c’est de le lire. Tout le monde te regarde est le titre de ce dix-septième album toujours signé Tome et Janry. Un titre accrocheur, des gags ravageurs, un 9782800164588graphisme rieur, c’est la recette du succès. (Le Petit Spirou tome 17, de Tome et Janry. Editions Dupuis. 10,60 €)

Un peu plus âgé, 36 ans et toutes ses dents ou presque, 34 albums au compteur, Jeremiah est de retour pour une nouvelle aventure dans cet univers post-atomique et crépusculaire que nous construit album après album l’un des maîtres de la bande dessinée franco-belge, Hermann. Relevant à la fois du récit fantastique et du western, les aventures de Jeremiah sont à chaque fois l’occasion de dénoncer les dérives de notre société, ici le capitalisme sauvage. Nouvelle étape donc pour Jeremiah et son ami Kurdy qui débarquent à Jungle City, nom de ce nouvel épisode, où se joue une guerre autour du contrôle de l’eau potable et donc de toute la population. Une histoire en forme de panier de crabes, une galerie de gueules d’atmosphère, des méchants vraiment méchants, une implication bien involontaire de nos deux héros dans le conflit, une maîtrise graphique époustouflante… tous les Les_Quatre_Evangelistes_Les_Tuniques_Bleues_tome_59ingrédients qui ont fait le succès de la série sont encore là. (Jeremiah tome 34, de Hermann. Editions Dupuis. 12 )

47 ans, non vous ne rêvez pas, 47 ans et 59 albums, ça roule pour Les Tuniques Bleues, ça roule ou plus précisément ça galope. Apparus dans le journal Spirou en 1968, le caporal Blutch et le sergent Chesterfield ont renouvelé le genre du western comique en insufflant une légère dose d’antimilitarisme. Au fil de leurs aventures, nos deux héros ont participé à toutes les plus grandes batailles de la guerre de Sécession sans jamais perdre la vie. C’est justement pour ça, pour leur longévité qu’ils ont été choisi pour une nouvelle mission impossible : déguisés l’un en religieux, l’autre en idiot du village, ils vont tenter de mettre hors de service une batterie d’artillerie confédérée placée sous le commandement d’un certain William N.08188906-photo-bd-et-automobile-michel-vaillant-collapsus Pendelton, ancien pasteur de l’église épiscopale. Seront-ils là pour une 60e aventure ? Réponse dans cet album. (Les Tuniques Bleues tome 59, de Lambil et Cauvin. Editions Dupuis. 10,60 )

Toujours plus vieux, 58 ans (ouf je n’étais pas né!), toujours plus d’albums, 74, Michel Vaillant s’est rangé des voitures pendant cinq petites années entre 2007 et 2012 juste le temps de reconstituer une nouvelle équipe pour imaginer des aventures relookées à notre héros national. Et c’est à fond le champignon qu’il est réapparu. Philippe Graton, le fils du créateur Jean Graton, Lapière, Bourgne et Benéteau s’occupent désormais de la destinée de l’écurie Vaillant. Collapsus, album qui vient de paraître, clôt de très belle manière le premier cycle de cette nouvelle saison. C’est beau, bougrement bien écrit et dessiné, dynamique, les pages ont un petit quelque chose de nostalgique et en même temps de très moderne, le Journal L’Equipe lui-même recommande la série, autant dire que notre héros est51Yxlrh3T8L._SX376_BO1,204,203,200_ reparti pour 58 ans de péripéties. (Michel Vaillant nouvelle saison tome 4, de Graton, Lapière, Bourgne et Benéteau. Editions Dupuis. 15,50 )

Attention, on commence à atteindre les âges canoniques, 63 ans et toutes ses tâches noires, 30 albums solo et de nombreuses apparitions dans la série qui l’a vu naître, Spirou et Fantasio, le Marsupilami est une star de la BD et du film d’animation créée par le génial André Franquin en 1952. Lorsque l’auteur arrêta de travailler sur la série, il garda les droits de son personnage, le Marsu n’apparaissant plus alors qu’épisodiquement avant de devenir propriété pleine et entière de Marsu-Porductions. Depuis 2013, les éditions Dupuis ont racheté cette maison d’édition et récupéré le personnage qui va faire son grand retour dans le prochain épisode de Spirou et Fantasio réalisé par Yoann et Vehlmann. En attendant, il continue à vivre formosaBuckdanny54ses aventures dans la série parallèle dessinée par Batem et scénarisée par Colman. Houba Houba ! (Marsupilami tome 29, de Franquin, Batem et Colman. Editions Marsu Productions. 10,60 €)

On termine avec le champion toutes catégories, 68 ans, 54 albums et une aura internationale. Papy mais encore beau gosse notre Buck Danny, même s’il a connu toutes les guerres ou presque depuis 1947 et testé pour nous toutes les avancées technologiques de l’aéronautique. Après Bergèse qui avait déjà donné un coup de neuf à la série mythique, Formosa poursuit le travail. La Nuit du spectre, dernier album en date, est une petite merveille graphique, encore un peu bavard, mais hyper dynamique et réaliste. Terminée depuis longtemps la guerre froide, Formosa COvWy7crucAK1IBSWxm7QBUpmYlhdeTf-couv-1200et le scénariste Zumbiehl nous entraînent dans la poudrière politique orientale où on retrouve une – aussi – vieille connaissance, Lady X.

Pour les amoureux du Buck Danny à l’ancienne, les éditions Dupuis poursuivent la réédition de ses aventures en intégrale. Le tome 11 est sorti en septembre dernier avec au menu trois récits des années 70, La vallée de la mort verte, Requins en mer de Chine, La Reine fantôme, le tout accompagné comme d’habitude d’un cahier graphique réunissant moulte informations sur le héros, la série, ses auteurs, avec des photos, des croquis, des illustrations, des couvertures, des documents souvent inédits. Décollage immédiat ! (Buck Danny tome 54, de Zumbiehl et Formosa. Editions Dupuis. 12€ – Buck Danny Intégrale 11, de Hubinon et Charlier. Editions Dupuis. 24€)

Eric Guillaud

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Murs Murs et Le procès Colonna de Tignous édités chez Glénat

9782356480064-LIl s’appelait TIgnous, assassiné par l’obscurantisme en janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo. Bernard Verlhac de son vrai nom, caricaturiste, dessinateur de presse, collaborateur à L’Idiot international, à La Grosse Bertha, à L’Evénement du jeudi, Marianne, Fluide Glacial… et puis, bien sûr, à Charlie Hebdo.

Onze mois après son lâche assassinat, les éditions Glénat rééditent l’album Le Procès Colonna et publient Murs Murs, la vie plus forte que les barreaux

En 2007, pour Charlie justement, Tignous couvrait avec le journaliste Dominique Paganelli le procès d’Yvan Colonna, assassin présumé du préfet Claude Érignac. Ils en tiraient une bande dessinée publiée en 2008 chez 12Bis, une centaine de pages qui revenaient sur le procès. « Il y a eu des sons, des images, des regards, de l’indifférence, de la haine, de la tendresse qui se sont entrechoqués… » écrivait-il alors avec Paganelli, « Il y a eu des larmes et même un fou rire général… Pour parler de la mort d’un homme, il y a eu de la vie« . C’est de ça dont ils souhaitaient parler dans cette murs-murs-couvalbum, évoquer ce qui les avait touchés pendant les trente-quatre journées d’audience. Le Procès Colonna remporta le Prix France Info 2009 de la bande dessinée d’actualité et de reportage et permit à son auteur de devenir membre de la presse judiciaire, suivant alors de nombreux procès.

Il aimait le monde judiciaire, assister à des procès, il aimait aussi et surtout les gens, rappelle son épouse, Chloé Verlhac, en préface de Murs Murs, La vie plus forte que les barreaux. Pour cet album posthume sur lequel il travaillait depuis des mois et espérait tant la publication, Tignous avait recueilli la parole de ceux et celles qui fréquentent pour une raison ou une autre l’univers carcéral. À Lannemezan, Rennes, Porcheville, Douai ou encore Fleury-Mérogis, partout où il était allé, il avait recueilli la parole des prisonniers, du personnel, des avocats, des médecins, des aumôniers. Dessin après dessin, témoignage après témoignage, il voulait nous sensibiliser aux conditions de vie dans les prisons, nous décrire une cellule, une cour de promenade, les sanitaires, une journée quotidienne, un repas, une journée de travail pour certains… Reportage au coeur de la prison, Murs Murs pose un regard sensible, humaniste, sur des hommes et des femmes. Du Tignous quoi !

Eric Guillaud

Le procès Colonna, de Tignous et Pagzanelli. Editions Glénat. 19,50€

Murs Murs, de Tignous. Editions Glénat. 25€.

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