Parler de la vieillesse et de la maladie d’Alzheimer sans tomber dans le pathos larmoyant tient de la véritable gageure. Paco Roca y est pourtant parvenu avec cet album publié pour la première fois en France en 2007, sous le titre Rides. Vendu à plus de 30000 exemplaires en Espagne, traduit en 10 langues et récompensé par les prix les plus prestigieux en Europe et au Japon, Rides est aujourd’hui réédité à l’occasion de la sortie en salles, le 30 janvier, de son adaptation en film d’animation, sous le titre commun cette fois de La Tête en l’air.
Et quand je vous aurai dit que l’immense Jirô Taniguchi signe une préface enflammée à cette réédition, vous aurez compris que vous tenez ou tiendrez entre les mains un véritable chef d’oeuvre. Un chef d’oeuvre qui nous raconte le quotidien d’Ernest fraîchement débarqué dans une résidence pour personnes âgées dépendantes. Ernest perd de plus en plus la tête. Il ne s’en aperçoit pas ou refuse de s’en apercevoir jusqu’au jour ou Emile, un autre pensionnaire, lui ouvre les yeux et le persuade de combattre la maladie. Mais comment échapper à sa propre déchéance quand tout autour de soi, ce n’est qu’infantilisation, condescendance, quand les journées ne sont plus rythmées que par les repas, le sommeil et la prise des pilules ? Avec un brin d’humour, pas mal d’émotion et beaucoup d’amour, Paco Roca a compilé dans ce récit nombre d’anecdotes entendues de-ci de-là, d’histoires rapportées par des proches et de constatations faites lors de ses propres visites dans les maisons de retraite. Un album Magnifique à tous les points de vue ! EGuillaud
La Tête en l’air, de Paco Roca. Editions Delcourt. 14,95 euros