Que celui qui n’a jamais rêvé de remonter le temps pour infléchir le cour des choses me jette la première pierre. Enfin pas trop fort quand même…
Luisa aurait bien aimé croiser l’ado torturée qu’elle était. Au moins pour la rassurer. Mais bien sûr c’est impossible. Impossible dans la vraie vie, pas dans la fiction. Le livre de la Nantaise Carole Maurel permet cette audace un peu à la manière du film Camille redouble auquel il est fait allusion dans les premiers instants du récit.
Luisa, 33 ans, se retrouve donc un beau jour nez à nez avec Luisa, 15 ans. Les mêmes yeux ronds, les mêmes cheveux noirs, aucun doute, elles ne font qu’une, même si dix-huit années les séparent, que l’une a des interrogations et des rêves d’ado, l’autre, des désillusions d’adulte.
Et que se racontent-elles sur plus de 270 pages ? Beaucoup de choses, l’amitié, l’amour, les frustrations, le boulot, les compromissions, les sentiments refoulés, l’homosexualité, les années qui passent, la vie quoi… le tout avec la légèreté imposée par ce procédé temporel pas révolutionnaire mais parfaitement bien maîtrisé par l’auteure.
Diplômée des Gobelins, Carole Maurel a précédemment signé Les Chroniques mauves, Comme chez toi, L’Apocalypse selon Magda, des romans graphiques qui parlaient déjà d’adolescence et/ou de sexualité.
Eric Guillaud
Luisa, De Carole Maurel. Editions La Boîte à bulles. 32 €