Avec ses 25 millions d’exemplaires vendus et ses dizaines de traductions à travers le monde, y compris en chinois, Un Sac de billes fait bel et bien figure de classique de la littérature, un classique jadis adapté au cinéma par Jacques Doillon et aujourd’hui en bande dessinée sous la plume de Kris et le pinceau de Vincent Bailly. Et nos deux compères nous offrent là un album de très haute tenue, un petit bijou narratif et graphique auquel l’auteur du roman, Joseph Joffo himself, a rendu un hommage en des termes pour le moins flatteurs : « La parole est la suite logique de la pensée, l’écriture en est la synthèse et les images en sont la récompense ». Tout est dit ! Et tellement bien dit. Mais ce n’est pas étonnant. Kris, dont on a déjà pu admirer le talent de conteur dans Toussaint 66, dans le sublime Un Homme est mort ou encore dans Notre mère la guerre aime par dessus tout les récits qui ont du fond, de la consistance, de la matière, du discours, des larmes, de la sueur, de l’humain, de l’humanité. Un Sac de billes était pour lui ! Dans la lettre qu’il adresse en 2008 à Joseph Joffo pour lui demander l’autorisation d’adapter le roman en bande dessinée, Kris écrit : « Nul ne sait quel homme, ou quel enfant, il serait en temps de guerre. Mais je pense qu’on peut tout de même se situer à peu près en temps de paix. Des livres comme le vôtre nous aident en tout cas à nous déterminer. Et à tenter de renvoyer, pour toujours, de potentiels futurs récits comme celui d’Un Sac de billes dans le domaine de la pure fiction… ». Et c’est la valeur intemporelle du récit qui a finalement décidé Kris à faire du livre une bande dessinée. Avec son coup de crayon magique, à la fois léger et précis, et ses couleurs douces, délicates, Vincent Bailly a pour sa part magnifiquement recréé l’atmosphère de ces années noires et nous offre un nouveau regard sur cette histoire, sur Joseph, son frère Maurice et tous ces personnages confrontés à la barbarie nazie. Un très très très beau travail prévu en deux tomes ! E.G.
25 Mai