HeartBreaker, l’une des héroïnes phares de l’équipe de DoggyBags a enfin droit à son propre volume. Et bien que ça gicle de partout, rarement une vampire n’aura été aussi trouble et sexy…
En mars dernier, on saluait la très destroy revue DoggyBags qui tirait alors avec son treizième numéro sa révérence tout en nous promettant, comme tous ces super-méchants de série Z dont ses auteurs sont si friands, qu’ils reviendraient bientôt, mais sous une autre forme. « I’ll be back ! » comme disait Arnold à Sarah Connor en somme… C’est désormais chose faîte avec une nouvelle série intitulée sobrement Doggybags présente et qui, comme son nom l’indique, devrait sortir de façon régulière des tomes indépendants les uns des autres mais centrés autour d’un personnage bien précis à chaque fois.
Difficile d’être surpris en découvrant l’identité de celle qui ouvre le bal : réunissant pas mal des thématiques chères à ses (nombreux) papas comme le gore ou le vampirisme avec une bonne dose de sexe, on peut dire que HeartBreaker (‘la briseuse de cœur’ pour les gens allergiques à la langue de Shakespeare) est l’archétype même de l’anti-héroïne du label 619. Apparue pour la première fois dans le sixième numéro de DoggyBags, portée par une adaptation en court-métrage (visible sur youtube) où l’ancienne actrice de films X Céline Tran alias Katsuni (qui signe ici le scénario de l’une des trois histoires et qui a servi de modèle au personnage) interprétait le rôle, voici Celyna, infectée par un vampire qu’elle cherche depuis désespérément à tuer pour mettre fin à la malédiction. Sauf que plus elle tente de le retrouver, plus les cadavres s’amoncellent et surtout, plus sa nouvelle nature prend le pas sur le reste. Un peu comme l’anti-héros campé par Wesley Snipes dans le film Blade, autre référence à peine voilée.
Bien sûr, le ton et le style graphique varie pas mal en fonction des auteurs : si le premier assume son affiliation manga, le suivant (Bad Blood signé par Run, le patron de label 619 et Chariospirale) est un trip limite plus proche du graffiti mais sous acide alors que Blood Lust conclut la trilogie d’une façon à la fois plus réaliste et en même temps limite encore plus perverse. Mais au-delà de l’hommage appuyé aux films d’horreur de série B (jusqu’à affubler l’un des personnages de la dernière histoire d’un t-shirt ‘Pussy Twister’ sûrement en référence au club ‘Titty Twister’ du film de Robert Rodriguez, Une Nuit en Enfer) et d’exploitation et de son parfum gothique urbain, c’est bien son côté assez désespéré qui frappe. Elle a beau être sexy, diaboliquement séduisante malgré sa part d’ombre et manier le sabre comme personne, comme tous les autres grandes figures de l’écurie label 619, HeartBreaker est maudite et elle le sait.
Olivier Badin
DoggyBags présente HeartBreaker, de Run, Céline Tran, Hasteda Sourya, Chariospirale et Maria Llovet, Éditions Ankama. 13,90€