Ludovic Debeurme est un auteur rare et précieux qui s’est fait connaître du public ou plus restrictivement du public amateur d’une bande dessinée exigeante et parfois dérangeante, voire déroutante, avec l’album Lucille paru chez Futuropolis, Prix Goscinny en 2006, Essentiel du festival d’Angoulême en 2007. Onze ans et quelques albums plus tard, Ludovic revient avec Epiphania, un récit fantastique qui nous parle d’écologie, de paternité, de tolérance et d’amour…
Jeanne veut un enfant, David n’en veut pas. Il préfère jouer de la musique que changer des couches. Rien que l’idée d’être père lui fait faire des cauchemars. Le couple est en péril. Pour sauver ce qui reste à sauver, Jeanne et David acceptent de s’inscrire à un « Love Training Camp », un camp d’entrainement à l’amour. Sur une île. Mais à peine débarqués, à peine exposé le souci qui les amène ici et les éloignent l’un de l’autre, un tsunami géant ravage l’île et globalement la planète.
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Jeanne disparaît. David survit. Et lorsque les eaux se retirent, les survivants découvrent des millions de foetus plantés dans la terre. Des êtres hybrides, mi-hommes mi-bêtes. David en trouve un dans son jardin et l’adopte. Lui qui se refusait d’être père le devient, un père affectueux et protecteur d’un monde qui sombre dans la violence et la haine, prêt à s’autodétruire…
Si vous avez aimé comme moi Lucille et la suite, Renée, deux albums respectivement parus en 2006 et 2011 chez Futuropolis, ou ses deux derniers albums, Trois fils et Un Père vertueux chez Cornélius, alors vous aimerez logiquement Epiphania dont le premier des trois volets annoncés vient de sortir.
Avec son graphisme dépouillé, un univers que certains jugent proche de Charles Burns, avec une touche de Daniel Clowes serait-on tenté d’ajouter, Ludovic Debeurme marque le neuvième art d’une empreinte indélébile, fantasque et ambitieuse, à l’image des auteurs appartenant à ce qu’on qualifie de Nouvelle bande dessinée, apparue au tournant du siècle. Ludovic Debeurme n’utilise pas le médium bande dessinée, il le réinvente, explore de nouvelles voies. Et c’est bien là l’essentiel. Magnifique !
Eric Guillaud
Epiphania, de Ludovic Debeurme. Éditions Casterman. 22€