17 Avr

Les aventures du héros de Peyo, Benoît Brisefer, en intégrale au Lombard

1507-1Un super-héros qui perd ses supers-pouvoirs au moindre rhume, il n’y avait qu’un Belge pour imaginer un personnage de la sorte. Et quel Belge ! Benoît Brisefer est né sous la plume et le pinceau de Peyo, le célèbre papa des Schtroumpfs.

Alors même que ses fameux Schtroumpfs prennent leur envol dans le journal Spirou avec leur propre série, que le succès de Johan et Pirlouit ne se dément pas, Peyo s’attelle aux aventures d’un nouvel héros baptisé Benoît Brisefer, haut comme trois pommes, un béret noir sur la tête, une veste rouge sur le dos, une écharpe bleue autour du cou et une force herculéenne qui lui permet de venir en aide à la veuve et l’orphelin, aux autres aussi. Enfin quand il n’est pas enrhumé !

Les Taxis rouges, aventure publiée dans le journal Spirou en 1960 et en album en 1962 est la première aventure de ce petit garçon qui joue aux billes le matin et aide la police à arrêter les brigands l’après-midi. Elle partage le sommaire de cette première intégrale parue au Lombard avec Madame Adolphine, Les douze travaux de Benoît Brisefer et un dossier de 32 pages. Le spécialiste Patrick Gaumer y retrace les premiers pas de Peyo dans le cinéma d’animation, la publicité puis la bande dessinée, l’apparition des Schtroumpfs dans la série Johan et Pirlouit, la création de Benoît Brisefer… tout ça en s’appuyant sur nombre de photographies, recherches graphiques, illustrations inédites… De quoi bien profiter du formidable trait de Peyo mais aussi de celui de Will qui signe les décors des deux premières aventures.

Eric Guillaud

Benoît Brisefer (intégrale tome 1), de Peyo, Delporte, Will et Walthéry. Éditions Le Lombard. 25,50€

08 Avr

Et il foula la terre avec légèreté : un plaidoyer pour la planète signé Mathilde Ramadier et Laurent Bonneau

790470_01A l’image du titre, cet album de Mathilde Ramadier et Laurent Bonneau est un concentré de poésie, un plaidoyer pour notre planète mise à mal par l’exploitation souvent abusive de ses ressources…

Et il foula la terre avec légèreté n’est pas une nouveauté du mois mais j’ose espérer que la durée de vie d’un livre, surtout tel que celui-ci, ne se compte pas dorénavant en une poignée de semaines. L’histoire est très simple. Ethan travaille pour un groupe pétrolier. Il est ingénieur forage mais ne s’est jusqu’ici jamais déplacé sur le terrain. C’est de son bureau à la Défense qu’il prenait les décisions. C’est donc un première pour lui. Son entreprise l’envoie en Norvège où on vient de découvrir du pétrole. Avant même que l’accord d’exploitation soit accordé, Ethan doit accompagner les premiers physiciens et géologues partis en reconnaissance.

Ethan débarque donc en Norvège, plus exactement à Svolvaer, dans l’archipel des Lofoten, au nord du pays. Un nouvel environnement avec lequel le jeune homme va devoir se familiariser. Il y parvient en allant à la rencontre de ses habitants, des pêcheurs ou familles de pêcheurs pour l’essentiel. Il découvre les hommes mais aussi la nature, omniprésente, immense, sauvage, miraculeusement préservée. Mais pour combien de temps encore ? « Je ne m’attendais pas à autant de richesse », confie-t-il à son épouse restée en France. Impossible de rester impassible devant le spectacle des aurores boréales. Et même s’il se dit encore passionné par son métier, par la recherche scientifique, les avancées technologiques, le progrès… ce voyage commence à mettre à mal certaines de ses convictions.

Il sait au fond de lui même que malgré les mesures de sécurité prises, une marée noire n’est pas impossible. Entre les impératifs de son travail et ses convictions écologiques, Ethan tente de se frayer un chemin au milieu d’un décor splendide, magnifiquement retranscrit par le trait épais de Laurent Bonneau. Une très belle réflexion sur nos choix de vie, sur l’écologie, l’homme… Une oeuvre belle et intelligente à la fois !

Eric Guillaud

Et il foula la terre avec légèreté, de Mathilde Ramadier et Laurent Bonneau. Éditions Futuropolis. 27€

© Futuropolis / Ramadier & Bonneau

© Futuropolis / Ramadier & Bonneau

07 Avr

Les 48H de la BD vendredi 7 et samedi 8 avril partout en France

Trois deux un… bullez ! La cinquième édition des 48H BD a débuté ce matin en France et en Belgique. Casterman, Dupuis, Delcourt, Soleil, Le Lombard… 12 éditeurs majeurs de la bande dessinée participent cet année encore, des éditeurs mais aussi 1500 libraires, des auteurs, des établissements scolaires…

La BD est en fête annoncent les affiches. Une fête qui rassemble chaque année des dizaines de milliers de participants, 300 000 selon les organisateurs, 299 999 selon la police, faisant de ce rendez-vous le premier événement dédié à la BD en France et en Belgique.

Des albums à 1€

Le principe est maintenant connu de tous. Pendant deux jours, 230 000 exemplaires d’une sélection d’albums sont mis en vente au prix de 1€. Dans la sélection 2017, vous trouverez un tome Dad, La guerre des Lulus, 14-18, Coeur Cerise, Léo Loden…

Des animations

Une centaine d’animations gratuites menées par les auteurs auront lieu partout en France et en Belgique, à destination des enfants, des adolescents et des adultes : ateliers, jeux éducatifs, battles de dessin, expositions, performances, rencontres, sans compter les nombreuses dédicaces. Parmi les auteurs participants : Jean-Christophe Chauzy (Decitre à Lyon), Christian et Lou Darasse (Filigranes à Bruxelles) Florence Dupré-Latour (Decitre à Lyon), Espé (Ombres blanches à Toulouse), Désirée et Alain Frappier (Ombres blanches à Toulouse), Miles Hyman (Bulle au Mans), Philippe Larbier (Bédélire à Tours), Marzena Sowa et Sylvain Savoia (Momie à Metz), Frédéric Volante (Comic Strip Café à Antibes)…

Dans les hôpitaux

Les 48H BD s’associent cette année à Coucou nous voilou, une association caritative menant des projets dans les hôpitaux pédiatriques et les centres spécialisés, afin d’embellir les conditions de séjour des jeunes
hospitalisés. L’association propose en exclusivité en Europe le projet AbracadaBox : des boitiers cache poches de perfusion, aux couleurs des super-héros et personnages célèbres appréciés des enfants et  adolescents, pour les séances de chimiothérapie notamment, et qui leur permettront de mieux vivre et accepter la maladie et les soins qui leur sont prodigués.

Eric Guillaud

Plus d’infos sur les 48H BD ? C’est ici

30 Mar

I Hate Fairyland : les contes de fées ne sont plus ce qu’ils étaient et c’est tant mieux

Capture d’écran 2017-03-30 à 20.50.49   Allez, avouez bandes d’hypocrites, cela vous a bien traversé au moins une fois le crâne de – restons polis, allez – donner un coup très, très fort là où le soleil ne brille jamais à ces gamines chantant à tue-tête la chanson-titre de ‘la Reine des Neiges’ jusqu’à côté de vous dans le bus non ? Où de hurler à Blanche-Neige que plutôt que de perdre son temps à glandouiller avec sept nabots en attendant un hypothétique prince charmant, elle ferait mieux d’aller en boîte et de se laisser embarquer par le premier venu non?

Gertrude, elle, ne pose pas toutes ces questions. Elle y va. Â fonds. Elle ne parle pas, elle tape, elle trucide même. Elle découpe, elle dévore, elle dégueule et elle jure comme une poissonnière après deux bouteilles de vodka. En même temps, vingt-sept ans, c’est long. Très long même. Oui, vingt-sept ans à chercher cette foutue clef que lui permettrait de sortir de ‘Fairyland’ monde magique et merveeeeeeillllleux où elle a été aspiré alors qu’elle jouait dans sa chambre, pépère. Bon, à la base, cela ne devait pas se passer comme ça ou du moins durer aussi longtemps mais voilà, la machine s’est grippée et passée l’émerveillement, disons poliment qu’elle commence à trouver le temps très long et qu’elle commence à perdre patience. Sentiment d’ailleurs partagé par la reine Claudia, censée régentée ce pays coloré plein de petits animaux à fourrures tout mimi et de créatures magiques que la jadis douce fillette devenue kamikaze est en train de mettre à feu et à sang.

© Skottie Young, Urban Comics

© Skottie Young, Urban Comics

Ce point de départ cartoonesque, c’est celui de I Hate Fairyland signé par le dessinateur américain Skottie Young (Little Marvel). Une BD à l’humour très noir et cynique, gore mais toujours sous l’angle humoristique et qui prend un malin plaisir à dézinguer pas mal des personnages clichés de tout conte de fée qui se doit (la sorcière, la reine maléfique, le troll etc.). Le tout à un rythme frénétique digne de la série de dessins animés Looney Tunes (Bugs Bunny, Bip Bip et Coyote etc.) mais sans le filtre ‘politiquement correct’ qui allait avec et par contre des haches qui décapitent, des bouts de membres qui volent et des mâchoires fracturées, quand ce n’est pas l’héroïne qui croque à pleine dents ses assaillants ou qui veut faire la peau à l’autre petite fille innocente atterrie elle aussi par hasard à ‘Fairyland’ et qui l’empêche de rentrer chez elle…

© Skottie Young, Urban Comics

© Skottie Young, Urban Comics

Alors parfois, on sent que certains gags ont perdu leur force à travers la traduction (par exemple, ‘Fairyland’ n’autorisant pas les gros mots, les personnages utilisent des néologismes absurdes pour les remplacer) et cela va tellement vite que l’on arrive presque épuisé à la fin de ce premier tome, ne sachant pas trop comment les auteurs réussiront à tenir la distance par la suite. Mais franchement, il y a quelque chose de profondément jouissif à voir ainsi une môme de six ans faire la peau à tous ces machins rose bonbons et acidulés. Cela rattrape toutes ces heures perdues par tous les parents du monde entier obligés de se farcir trois fois d’affilée dans l’autoradio la BO de Cars ou le passage annuel obligatoire hors de prix à Disneyland non ?

Olivier Badin

I Hate Fairyland, Tome 1 : Le Vert de ses Cheveux de Skottie Young, Urban Comics, 10 euros

© Skottie Young, Urban Comics

© Skottie Young, Urban Comics

28 Jan

Angoulême : La dessinatrice turque Ramize Erer lauréate du Prix Couilles au Cul 2017

Aujourd’hui, samedi 28 janvier, le Festival OFF of OFF d’Angoulême, Fluide Glacial, ActuaBD.com, Sud Ouest, La Charente Libre et Cartooning for Peace, ont décidé de distinguer la dessinatrice Ramize Erer par le Prix Couilles au cul 2017 qui honore un courage politique particulièrement remarquable. 

Qui est Ramize Erer ? Née en 1963, Ramize Erer est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts d’Istanbul. En 1990, elle publie « Sans Moustache », le premier de ses cinq albums à résonnance féministe avec son héroïne Kötü Kiz, c’est-à-dire « La Mauvaise Fille ». Dessinatrice vedette de Radikal pendant plus de dix ans, elle a dû fuir la Turquie après la prise de contrôle de cet hebdomadaire par des proches du pouvoir. Elle habite désormais Paris où elle est la correspondante du journal Karşı. Entre Paris et Istanbul, elle est la rédactrice en chef du seul journal de bande dessinée réalisé uniquement par des femmes : Bayan Yanı (depuis mars 2011), ce qui en Turquie est une véritable gageure. Elle collabore très tôt au journal satirique LeMan lancé par son compagnon Tuncay Akgün (bio de Fluide Glacial)

Le Prix Couilles au Cul, remis dans le cadre du Festival off de la BD d’Angoulême, a été créé en janvier 2016 à l’initiative de Yan Lindingre, rédacteur en chef de Fluide Glacial qui expliquait alors : « L’intitulé est volontairement trivial et provoquant mais il permet de rappeler que le métier des humoristes et en l’espèce des dessinateurs de presse, c’est de
faire rire ». 

En janvier 2016, c’est la dessinatrice tunisienne Nadia Khiari, auteure des aventures du chat Willis from Tunis, qui avait reçu le prix Couilles-au-cul.

Eric Guillaud

11 Jan

Les Oiseaux noirs : la dernière histoire de Jean-Michel Charlier achevée pour les 70 ans de Buck Danny

kEMwo35qxDbTpuwtOm7Z9bwPi53FVI86-couv-12001947 – 2017. Cela fait exactement 70 ans que le célèbre Buck Danny nous permet de l’accompagner dans les airs et de fantasmer une vie d’aventurier. Combien de passions, combien de vocations a-t-il suscité ? Des milliers ? Des dizaines de milliers ? Une véritable légende du neuvième art qui revient avec une aventure hors série, dont l’écriture a débuté en 1988 avec Jean-Michel Charlier au scénario ainsi que Bergèse au dessin, et se poursuit aujourd’hui avec l’aide de deux autres scénaristes, Patrice Buendia et Frédéric Zumbiehl…

Depuis la mort de Jean-Michel Charlier en juillet 1989, cette aventure de Buck Danny, qui aurait dû être la 45e de la série, était restée inachevée. Seules, les seize pages alors dessinées ainsi que sept pages supplémentaires écrites par le scénariste ont été publiées dans le volume 14 de l’intégrale Buck Danny.

Le dessinateur Francis Bergèse passa à une autre histoire et continua la série Buck Danny pendant une quinzaine d’année, d’abord en compagnie du scénariste Jacques de Douhet puis seul, avant finalement d’arrêter et de laisser sa place à une nouvelle équipe et un nouveau style.

Mais Francis Bergèse qui a remplacé Victor Hubinon au début des années 80, avec le succès que l’on sait, n’a pas jeté son dernier trait et le revoici au dessin de cet album classé hors série. Deux tomes sont prévus, avec un Francis Bergèse au style hubinien impeccable – lui que se plaignait il y a quelques années encore de ne plus pouvoir dessiner – et deux scénaristes bien connus dans le milieu de la bande dessinée dite de patrimoine, Patrice Buendia (scénariste sur Tanguy et Laverdure classic) et Frédéric Zumbiehl (scénariste sur les séries Buck Danny et Buck Danny Classic). Résultat, un album qui sent bon les récits d’antan.

C’est décidé, dans une autre vie, je serai pilote d’avion.

Eric Guillaud

Les oiseaux noirs, Buck Danny hors série (première partie), de Buendia, Zumbiehl, Charlier et Bergèse. Éditions Dupuis. 12,95€

© Dupuis / Bergèse, Buendia, Charlier, Zumbiehl

© Dupuis / Bergèse, Buendia, Charlier, Zumbiehl