28 Jan

Angoulême : La dessinatrice turque Ramize Erer lauréate du Prix Couilles au Cul 2017

Aujourd’hui, samedi 28 janvier, le Festival OFF of OFF d’Angoulême, Fluide Glacial, ActuaBD.com, Sud Ouest, La Charente Libre et Cartooning for Peace, ont décidé de distinguer la dessinatrice Ramize Erer par le Prix Couilles au cul 2017 qui honore un courage politique particulièrement remarquable. 

Qui est Ramize Erer ? Née en 1963, Ramize Erer est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts d’Istanbul. En 1990, elle publie « Sans Moustache », le premier de ses cinq albums à résonnance féministe avec son héroïne Kötü Kiz, c’est-à-dire « La Mauvaise Fille ». Dessinatrice vedette de Radikal pendant plus de dix ans, elle a dû fuir la Turquie après la prise de contrôle de cet hebdomadaire par des proches du pouvoir. Elle habite désormais Paris où elle est la correspondante du journal Karşı. Entre Paris et Istanbul, elle est la rédactrice en chef du seul journal de bande dessinée réalisé uniquement par des femmes : Bayan Yanı (depuis mars 2011), ce qui en Turquie est une véritable gageure. Elle collabore très tôt au journal satirique LeMan lancé par son compagnon Tuncay Akgün (bio de Fluide Glacial)

Le Prix Couilles au Cul, remis dans le cadre du Festival off de la BD d’Angoulême, a été créé en janvier 2016 à l’initiative de Yan Lindingre, rédacteur en chef de Fluide Glacial qui expliquait alors : « L’intitulé est volontairement trivial et provoquant mais il permet de rappeler que le métier des humoristes et en l’espèce des dessinateurs de presse, c’est de
faire rire ». 

En janvier 2016, c’est la dessinatrice tunisienne Nadia Khiari, auteure des aventures du chat Willis from Tunis, qui avait reçu le prix Couilles-au-cul.

Eric Guillaud

11 Jan

Les Oiseaux noirs : la dernière histoire de Jean-Michel Charlier achevée pour les 70 ans de Buck Danny

kEMwo35qxDbTpuwtOm7Z9bwPi53FVI86-couv-12001947 – 2017. Cela fait exactement 70 ans que le célèbre Buck Danny nous permet de l’accompagner dans les airs et de fantasmer une vie d’aventurier. Combien de passions, combien de vocations a-t-il suscité ? Des milliers ? Des dizaines de milliers ? Une véritable légende du neuvième art qui revient avec une aventure hors série, dont l’écriture a débuté en 1988 avec Jean-Michel Charlier au scénario ainsi que Bergèse au dessin, et se poursuit aujourd’hui avec l’aide de deux autres scénaristes, Patrice Buendia et Frédéric Zumbiehl…

Depuis la mort de Jean-Michel Charlier en juillet 1989, cette aventure de Buck Danny, qui aurait dû être la 45e de la série, était restée inachevée. Seules, les seize pages alors dessinées ainsi que sept pages supplémentaires écrites par le scénariste ont été publiées dans le volume 14 de l’intégrale Buck Danny.

Le dessinateur Francis Bergèse passa à une autre histoire et continua la série Buck Danny pendant une quinzaine d’année, d’abord en compagnie du scénariste Jacques de Douhet puis seul, avant finalement d’arrêter et de laisser sa place à une nouvelle équipe et un nouveau style.

Mais Francis Bergèse qui a remplacé Victor Hubinon au début des années 80, avec le succès que l’on sait, n’a pas jeté son dernier trait et le revoici au dessin de cet album classé hors série. Deux tomes sont prévus, avec un Francis Bergèse au style hubinien impeccable – lui que se plaignait il y a quelques années encore de ne plus pouvoir dessiner – et deux scénaristes bien connus dans le milieu de la bande dessinée dite de patrimoine, Patrice Buendia (scénariste sur Tanguy et Laverdure classic) et Frédéric Zumbiehl (scénariste sur les séries Buck Danny et Buck Danny Classic). Résultat, un album qui sent bon les récits d’antan.

C’est décidé, dans une autre vie, je serai pilote d’avion.

Eric Guillaud

Les oiseaux noirs, Buck Danny hors série (première partie), de Buendia, Zumbiehl, Charlier et Bergèse. Éditions Dupuis. 12,95€

© Dupuis / Bergèse, Buendia, Charlier, Zumbiehl

© Dupuis / Bergèse, Buendia, Charlier, Zumbiehl

11 Déc

Les Crayonantes 2016 : Le prix jeune auteur attribué à Marty Planchais pour son album « Le petit bourreau de Montfleury »

Capture d’écran 2016-10-12 à 16.24.14Les Crayonantes qui se déroulent ce week-end à Nantes ont attribué le Prix Jeune Auteur (moins de 5 albums) à Marty Planchais pour son excellent premier album « Le Petit bourreau de Montfleury » publié par les éditions Sarbacane. Marty Planchais que nous avions rencontré il y a quelques semaines dans son atelier au sein du blockhaus DY10. Un reportage et une interview à retrouver ici-même.

09 Déc

Les lauréats des Prix Rodolphe Töpffer 2016 : Catherine Meurisse pour La Légèreté et Peggy Adam pour Plus ou moins… l’hiver

9782205075663-couvLa Ville et le canton de Genève ont remis ce soir trois prix pour la bande dessinée. Depuis 20 ans, la Ville de Genève soutient le neuvième art par l’octroi des Prix Rodolphe Töpffer, nommés en hommage au Genevois, père de cet art. Le Prix Töpffer international revient à la meilleure bande dessinée en français parue dans l’année, le Prix Töpffer Genève récompense le meilleur album réalisé en 2016 par un(e) Genevois(e). Le Canton quant à lui renforce ce soutien à la scène locale par l’attribution d’un prix destiné à un(e) auteur(e) âgé(e) de 15 à 30 ans n’ayant pas encore publié, le Prix pour la jeune bande dessinée.

Le Prix Rodolphe Töpffer international a été remis à : Catherine Meurisse pour La Légèreté, Editions Dargaud, 2016

Le Prix Rodolphe Töpffer Genève a été remis à : Peggy Adam pour Plus ou moins…L’Hiver, Editions Atrabile, 2016

Le Prix de la jeune bande dessinée de la République et canton de Genève a été attribué à : Camille Vallotton pour Speculum Mortis

Eric Guillaud

07 Déc

La Délicatesse : Cyril Bonin adapte avec bonheur le roman de David Foenkinos

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Pour ceux qui connaissent la rudesse d’adapter en BD un roman qui plus-est multi-récompensé, voici un exemple de réussite totale. La Délicatesse, de David Foenkinos, trouve sous le trait de Cyril Bonin un supplément de finesse et de justesse dans les sentiments qui ne peut que laisser béat d’admiration…

Elle s’appelle Nathalie. Lui, François. Ils se sont rencontrés dans la rue et filent le parfait amour. Pas une ombre à l’horizon, l’avenir, le monde, leur appartient. Jusqu’au jour où François meurt accidentellement. Nathalie sombre dans un chagrin abyssal, hermétique au monde extérieur, aux sollicitations masculines, figée sur son amour perdu. Et puis, et puis, un homme traverse sa vie. Et en premier lieu son bureau. Il travaille dans la même entreprise qu’elle. Il est même sous ses ordres. Markus est suédois et un peu bizarre. Ou plus exactement surprenant. Elle qui pensait que la vie s’était arrêtée avec la mort de François découvre que la légèreté, l’amour, le bonheur… sont encore en elle, sont encore possibles.

Un concentré d’émotions. Voilà ce qu’est La Délicatesse de Cyril Bonin, parfaitement le genre de bouquin qui vous colle à l’esprit pendant des jours et des jours après sa lecture. Images, textes, dialogues, personnages, couleurs… tout est au service de ce récit intimiste qui a déjà fait les beaux jours de l’édition et du cinéma. Un travail remarquable, l’un des plus beaux albums de cette fin d’année. Mais rien d’étonnant venant de Cyril Bonin dont on a déjà pu saisir l’immense talent, notamment à travers son diptyque Amorostasia, actuellement en cours d’adaptation pour le cinéma. Un auteur à suivre de très près !

Eric Guillaud

La Délicatesse, de Cyril Bonin d’après le roman de David Foenkinos. Editions Futuropolis. 17€

© Futuropolis / Bonin

© Futuropolis / Bonin

03 Déc

Chroniques de Noël : Une vie de géant ou la légende du golem revisitée par Anke Kuhl

9782822214612_cgAïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Un géant d’argile. Voilà ce à quoi Olli et Ulla ont donné naissance par un bel après-midi au bord de la rivière. Un géant d’argile pas franchement décidé à jouer les sculptures éphémères. Une petite nuit et hop, direction la ville la plus proche où notre bon gros géant va se faire remarquer en semant le chaos. Rien de très méchant mais des maladresses qui vont le rendre persona non grata jusqu’au moment où il trouve enfin à se rendre utile…

Avec ce premier livre traduit en français, l’Allemande Anke Kuhl revisite la légende du golem, créature humanoïde de la mythologie juive qui aurait inspiré nombre de personnages de l’imaginaire moderne tels que Frankenstein ou Superman. Un beau petit livre au graphisme séduisant pour les plus jeunes.

Eric Guillaud

Une vie de géant, de Anke Kuhl. Éditions Jungle! Kids. 9,95€

29 Nov

Hip Hop Family Tree : l’épopée du hip hop racontée en BD par Ed Piskor aux éditions Papa Guédé

hip-hopune-tt-width-470-height-680-crop-1-bgcolor-000000-nozoom_default-1-lazyload-1-except_gif-1C’est une nouvelle qui devrait réjouir tous les amoureux de la culture hip hop, la saga de l’auteur américain Ed Piskor consacrée à la l’histoire de ce mouvement né dans le Bronx dans les années 1970 est enfin disponible en France…

Je ne suis pas un grand connaisseur du hip hop, pas vraiment un fan d’ailleurs, mais je suis toujours subjugué par la richesse de cette culture et sa proximité évidente avec la bande dessinée. Les deux univers se retrouvent dans cet ouvrage signé Ed Piskor, un auteur américain que certains d’entre vous ont peut-être découvert en France avec l’album Wizzywig paru chez Dargaud en 2013, album où il était question d’un hacker en série.

Changement de sujet avec Hip Hop Family Tree qui raconte ni plus ni moins l’épopée du hip hop, en commençant par le début, les soirées de Dj Kool Herc dans un South Bronx en ruine. Nous sommes au milieu des années 70, DJ Kool Herc invente la technique du « Merry-go-Round » (jouer avec deux disques identiques sur deux platines différentes) et le monde de la musique s’en trouve transformée.

Le rap est né. Et ses pionniers ont pour noms Grandmaster Flash, Grandwizard Theodore ou encore Afrika Bambaataa, le fondateur de la Zulu Nation, une organisation internationale quoi joua un rôle primordial dans la diffusion du hip hop à travers la planète en prônant la paix, la connaissance, la sagesse dans un New York confronté aux gangs.

Au fil des pages, Ed Piskor nous parle de cette culture hip hop naissante en Amérique et plus largement de la culture black et de la société américaine des années 70. On y croise beaucoup de stars du rap mais aussi du graff comme Fred Fab Five ou de la peinture comme Jean-Michel Basquiat, de la pop comme Deborah Harry (Blondie) ou encore du cinéma comme Malcom X.Couvertureblack music

Un livre très dense et passionnant à offrir avec un autre ouvrage portant lui-aussi sur la culture black, l’excellent Petit livre Black Music de Bourhis et Bruno chez Dargaud dont vous trouverez la chronique ici.

Eric Guillaud

Hip Hop Family Tree, de Ed Piskor. Editions Papa Guédé. 26€

© Papa Guédé / Ed Piskor

© Papa Guédé / Ed Piskor