10 Sep

La BD fait sa rentrée. Les Yeux doux de Corbeyran et Colline : un album plus que séduisant !

Vous rêviez d’un autre monde ? En voici un qui pourrait calmer vos ardeurs, un monde aussi atypique que dystopique où votre unique chance d’exister est de vous conformer à la norme…

Ce monde-là n’a pas de nom, pas de données GPS, mais une usine, une seule, qu’on appelle L’atelier universel, un commerce, un seul, Le Panier garni, et pour que tout fonctionne sans anicroche, une société de surveillance baptisée Les Yeux doux qui n’a de doux que le nom et ses affiches de propagande mettant en scène des pin-ups et des slogans affligeants.

Pour le reste ? Pour le reste, il n’y a rien, nada, nothing, nichts. Tout est interdit et si vous perdez votre boulot à L’Atelier universel comme Arsène, un des personnages de ce récit, alors vous vous retrouvez sans logement, sans dignité et même sans apparence. Du jour au lendemain, Arsène devient un homme invisible dans tous les sens du terme. Effacé de la vie !

© Glénat / Colline et Corbeyran

Fort heureusement, là où il y a obéissance aveugle de la majorité, il y a désobéissance d’une minorité. Anatole, jusqu’ici employé modèle de la société de surveillance Les Yeux doux a craqué par amour, menti à ses chefs pour sauver une jeune femme prise à voler au Panier garni. Elle s’appelle Annabelle et n’est autre que la sœur d’Arsène. Vous suivez ?

Et tout ce beau monde se retrouve dans un repaire d’exclus, un monde à l’ancienne où chacun participe à la vie de la communauté selon ses savoirs, ses envies, un monde qui rêve de faire la révolution et d’anéantir le système en place…

© Glénat / Colline et Corbeyran

Un vrai bonheur ! Dès sa couverture, Les Yeux doux nous transporte dans un univers futuro-vintage du plus bel effet, un univers signé du prolixe Corbeyran au scénario et du surprenant Colline au dessin. Avec un brin de gravité dans le fond et beaucoup de fantaisie dans le trait, les auteurs imaginent un possible avenir pour l’humanité, un monde affreusement déshumanisé où la consommation serait érigée en religion et le moindre de nos gestes épiés par des caméras de surveillance. Big Brother is watching you ! Il y a du 1984 dans l’air, du Brazil aussi, de la ligne claire dans le trait et de l’école de Marcinelle dans l’esprit. C’est beau, c’est bon, ça se lit sans fin. Un vrai bonheur je vous dis !

Eric Guillaud

Les Yeux doux, de Corbeyran et Colline. Glénat. 24€

23 Août

Pages d’été. Avant la rentrée, biopics à volonté…

Avant de retrouver le train-train quotidien, voilà six bonnes occasions de s’évader encore un peu, six albums retraçant des parcours exceptionnels dans le sport, la politique, le cinéma ou dans le monde de l’entreprise…

On commence avec un biopic olympique, celui consacré à Pierre de Coubertin, connu pour avoir relancé les Jeux en 1896 avec une volonté affichée d’universalisme et de pacifisme. Xavier Betaucourt au scénario et Didier Pagot au dessin retracent ici son parcours, son combat pour « rebronzer la France » comme il disait en référence au bronze des monuments historiques alliant beauté et solidité, puis pour initier les Jeux Olympiques modernes. Du sport pour tous et toutes ? Pas vraiment, le sport est alors pour lui « une affaire d’hommes de bonne famille ». Les hommes dans la course, les femmes aux applaudissements ! Une tâche dans l’œuvre de Coubertin largement détaillée et présentée dans les pages de cet album au dessin délicat et séduisant. Tout comme sa misogynie légendaire, les auteurs illustrent ici aussi son esprit colonialiste et raciste, un homme entre ombre et lumière. (Pierre de Coubertin, Entre ombre et lumière, de Bétaucourt et Pagot. Steinkis. 20€)

On continue avec les Jeux Olympiques et un ouvrage signé Églantine Chesneau retraçant le parcours de 16 athlètes qui ont marqué l’épreuve et plus largement la planète, tels que le marathonien Shizô Kanakuri qui s’est endormi chez l’habitant pendant sa course aux JO de 1912, la légendaire gymnaste Simone Biles, notre Marie-José Pérec nationale, triple championne olympique d’athlétisme, Jesse Owens, quadruple médaille lors des jeux de 1936 à Berlin ou le plus grand plongeur de tous les temps Greg Louganis. Seize athlètes, autant de destins exceptionnels qui ont participé à changer la face des jeux, du sport et peut-être aussi de notre monde.  (Vies en jeux, d’Églantine Chesneau. Vents d’Ouest. 19,95€)

Changement radical d’univers cette fois avec cette biographie consacrée au géant du cinéma allemand, réalisateur, acteur, scénariste et producteur, Rainer Werner Fassbinder, et signée par un connaisseur en la matière, Noël Simsolo, lui-même réalisateur, comédien, scénariste, romancier, historien du cinéma et auteurs de plusieurs biopics en BD sur Orson Welles, Sergio Leone ou encore Jean Gabin. Accompagné de Stefano D’Oriano pour le dessin, Noël Simsolo illustre ici la vie de Fassbinder depuis sa naissance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à sa mort prématurée à l’âge de 37 ans. C’est jeune, trop jeune pour disparaître, mais suffisant pour nous laisser une œuvre conséquente, une quarantaine de longs métrages dont quelques chefs-d’oeuvre tels que Le Mariage de Maria Braun, Lola une femme allemande ou Lili Marleen, une vision du cinéma sans concession, en rapport frontal avec la société allemande d’après-guerre. Un biopic documenté porté par une mise en images claire et cinématographique. (Fassbinder, l’homme qui voulait qu’on l’aime, de Simsolo et D’Oriano. Glénat. 25,50€)

Le développement de PayPal, c’est lui, Telsa, c’est également lui, SpaceX, c’est toujours lui, et Twitter, oui, c’est encore lui depuis qu’il en a remis les rênes en 2022. L’homme a tendance à être un peu partout, parfois là où on ne l’attend pas, défrayant souvent la chronique avec des prises de positions radicales, certains le considèrent comme l’un des nouveaux maîtres du monde, d’autres comme un ultra-réactionnaire à l’égo surdimensionné, Donald Trump se dit même prêt à lui offrir un poste de ministre en cas de victoire. Mais qui est vraiment cet homme ? Comment s’est-il fabriqué ? C’est ce que Darryl Cunningham nous explique dans cette bande dessinée qui relève plus de l’enquête journalistique que du biopic. Forcément instructif ! (Elon Musk, enquête sur un nouveau maître du monde, de Darryl Cunningham. Delcourt. 22,95)

C’est une Légende, une Légende avec un L majuscule, pour tous les passionnés de sport automobile et au-delà, un pilote hors norme, le plus grand pilote de tous les temps disent les connaisseurs, trois fois champion du monde, 41 victoires au compteur, 65 pole positions, mort dans une sortie de route sur le circuit d’Imola le 1ᵉʳ mai 1994. Dans cet album tout simplement titré Ayrton Senna, histoires d’un mythe, les auteurs nous emmènent dans les roues de ce génie des circuits depuis ses premiers tours de roues en karting jusqu’à son accident tragique. Publiée à l’occasion du trentième anniversaire de sa disparition, cette nouvelle édition est enrichie d’un cahier spécial de huit pages signé par le scénariste et journaliste spécialisé en sports automobiles Lionel Froissart. (Ayrton Senna, Histoires d’un mythe, de Froissart, Papazoglakis et Paquet. Glénat. 14,50€)

Co-édité par Glénat et Fayard dans la collection Ils ont fait l’histoire, cet album de Marie Bardiaux-Vaïente au scénario et Sergio Gerasi au dessin retrace le parcours de Jean Monnet considéré comme l’un des « pères de l’Europe ». Coordonnateur des ressources de guerre franco-britanniques pendant la Première Guerre mondiale, promoteur de la SDN, Société des Nations, dont il fut un temps secrétaire général adjoint, coordonnateur de l’effort de guerre entre le Royaume-Uni et les États-Unis pendant la Deuxième Guerre mondiale, puis promoteur infatigable de la construction européenne avec, dans un premier temps, la création de la CECA, Communauté européenne du charbon et de l’acier, Jean Monnet n’eut de cesse de promouvoir cette Europe unie qui devait rassembler les Européens dans la paix et prévenir toute future guerre. (Jean Monnet, de Bardiaux-Vaïente et Gerasi. Glénat / Fayard. 14,95€)

Eric Guillaud

18 Août

Pages d’été. « Racines » ou l’histoire d’une quête d’identité capillaire signée Lou Lubie

Largement repérée par le public avec ses trois albums précédents tous parus aux Éditions Delcourt, Goupil et Face, Et à la fin ils meurent et Comme un oiseau dans un bocal, la talentueuse Lou Lubie était de retour en mai dernier avec Racines, une BD qui explore ses racines capillaires autant que ses racines familiales…

L’album s’ouvre sur un visage, celui d’une gamine en furie sous une tignasse en folie. Elle s’appelle Rose, a la peau blanche mais le cheveu crépu, résultat d’un métissage, une mère noire d’un côté, un père blanc de l’autre, et le soleil de La Réunion pour témoin.

Si notre fameuse Rose est en furie, c’est que l’heure est au coiffage. Et elle déteste ça, comme elle déteste ses cheveux. Et elle les détestera pendant de longues années encore, peut-être plus encore lorsqu’elle finit par débarquer en métropole pour poursuivre ses études. Là, plus qu’ailleurs, la norme est le cheveu lisse.

Coupe rasée, tissage, lissage, défrisage… Rose n’aura de cesse de malmener ses cheveux au risque de sa santé, pour ressembler aux autres, se fondre dans la masse, échapper au sexisme et au racisme ambiants, et bien sûr pour répondre aux codes de la beauté féminine.

Au point d’en faire une obsession, des crises de dysmorphophobie, et vider son porte-monnaie. Jusqu’au jour où elle en a assez de courir après les salons de coiffures pour d’effacer son identité et décide de revendiquer enfin sa créolité…

Il y a beaucoup de Lou Lubie dans le personnage de Rose, beaucoup de Lou mais aussi  beaucoup de toutes ces femmes qui ont comme elle tenté par le passé et tentent aujourd’hui encore de se rapprocher du « modèle dominant » en masquant leur identité. Mais au-delà de l’aspect autobiographique, Racines est aussi un ouvrage très pédagogique, particulièrement documenté, qui démêle pas mal d’idées reçues sur le cheveu. Une autrice à suivre !

Eric Guillaud

Racines, de Lou Lubie. Delcourt. 24,95€

© Delcourt / Lubie

14 Août

Pages d’été. Quand l’accouchement devient aussi une affaire d’homme : « Naissance » de Samuel Wambre

Les témoignages en BD sur la maternité et plus spécifiquement sur ce moment important qu’est l’accouchement sont pléthores mais toujours signés par des femmes. Ce qui peut sembler logique de prime abord. Pourtant, voici un album que l’on doit à un homme, Samuel Wambre, car oui il faut être deux pour faire un enfant et, non, l’accouchement n’est pas forcément l’affaire d’une seule personne…

Bien sûr, Samuel Wambre n’a pas accouché. Mais c’est tout comme ! Lui aussi a connu la joie à l’annonce de la grossesse, lui aussi a suivi les séances de préparation à l’accouchement et les échographies, lui aussi a aménagé la chambre destinée à accueillir l’enfant… et bien évidemment, lui aussi s’est réveillé la nuit aux premières contractions.

Alors, lorsque le moment est venu de se rendre à la clinique, que sa femme, Stéphanie, a perdu les eaux, Samuel est encore plus présent, plus impliqué. Et il le sera pendant les prochaines 58 heures, à partager les joies et parfois les doutes, les moments de douce exaltation et ceux d’immense épuisement, des moments dans tous les cas saturés d’amour.

Si Samuel Wambre a avant tout écrit ce livre pour les futurs pères, afin qu’ils sachent à quoi s’attendre et les aider à trouver leur place dans ce grand épisode de la vie, Naissance s’adresse bien à tous et toutes. Un récit aussi intime qu’universel !

Eric Guillaud

Naissance, de Samuel Wambre. Steinkis. 24€

© Steinkis / Wambre

13 Août

Pages d’été. Envoyez l’armée !, un délire atomique signé Fabrice Erre

Rire de l’armée. En voilà une drôle d’idée. Dans un autre temps, dans un autre lieu, l’auteur de ce pamphlet aurait été passé par les armes pour dénigrement de l’uniforme, insulte envers l’autorité et tentative de démoralisation face à l’ennemi… mais là non !


Non et c’est tant mieux pour Fabrice Erre qui s’en donne à cœur joie dans ce petit livre paru dans la collection Pataquès des éditions Delcourt. Tant mieux pour Fabrice Erre et tant mieux pour nous, lecteurs, qui pouvons sans aucun risque rire de la Grande Muette et de ses frasques à travers une série d’histoires courtes franchement drôles et bien senties.

Au centre de tout, un général, aussi fou que bête, qui suggère de déclarer la guerre à l’Uruguay pour défendre le pouvoir d’achat des Français, qui n’hésite pas à envoyer l’armée contre les routiers qui bloquent les routes, les profs qui font grève, les touristes qui occupent les plages, les vaches qui pètent… sans oublier les boches, ces éternels boches, qui cherchent toujours, forcément, à nous reprendre l’Alsace et la Lorraine.

Et pour ça, tous les moyens sont bons, les chars, l’aviation, la bombe atomique, du gel hydroalcoolique, les latrines sèches… Bref, du grand et bon n’importe quoi à distribuer dans toutes les casernes du monde avec un message clair : Faites l’humour, pas la guerre!

Eric Guillaud

Envoyez l’armée, de Fabrice Erre. Delcourt. 13,50€

© Delcourt / Erre

10 Août

Pages d’été. Cinq comics garantis sans super-héros ajoutés… ou presque !

Sorti en mars dernier aux éditions Delcourt, Shadow Hills nous embarque pour un monde étrange, très étrange, et triste, affreusement triste. Avec pour personnages principaux deux sœurs, Anna et Dana, et deux frères, Cal et Will. Deux familles différentes, des histoires qui le sont tout autant mais qui se retrouvent imbriquées dans un récit à l’atmosphère de fin du monde, un paysage désertique truffé de derricks et de crevasses spontanées qui engloutissent régulièrement hommes et maisons. L’exploitation des gisements de shale fait des ravages mais fait vivre aussi toute la petite communauté de Shadow Hills. Jusqu’au jour où une mystérieuse épidémie fait son apparition. Tout devient alors encore plus sombre, plus étrange et plus triste…

Si Sean Ford ne fait pas ici dans la comédie et pourrait facilement plomber le moral de tout un régiment, c’est qu’il souhaite peut-être nous alerter sur les ravages causés par l’homme à l’environnement, notre environnement. Shadow Hills est une éco-fiction qui mélange les genres, du thriller à l’horreur en passant par le fantastique. Un comics à lire l’esprit reposé pour en appréhender toutes les subtilités et apprécier son dessin épuré ! (Shadow Hills, de Sean Ford. Delcourt. 20,50€)

Déjà responsables et coupables de quelques livres essentiels, notamment Criminel, Mes héros ont toujours été des junkies, Fatale, Kill or be killed ou encore Pulp, Ed Brubaker et Sean Phillips nous embarquent ici pour un quartier de l’Amérique moyenne comme les autres, Pelican Road, avec sa supérette, ses maisons, un quartier en apparence tranquille. En apparence seulement ! Car dans ce qui pourrait être un décor de théâtre se joue la vie, avec ses histoires d’amour et de haine, ses rêves et ses mensonges. Avec un casting de premier choix : un flic qui ne l’est pas, une femme fidèle qui ne l’est plus, une gamine qui se prend pour une super-héroïne, un SDF qui squatte une cabane dans les bois, une paumée qui a fui sa cure de désintoxication et vole sa famille, un privé qu’on va retrouver raide mort… Bref, de quoi faire un excellent scénario de polar. Et ça tombe bien, Là où gisait le corps est un polar, un excellent polar, à lire sur la plage ou ailleurs ! (Là où gisait le corps, de Ed Brubaker et Sean Philips. Delcourt. 18,50€)

Ce comics-là date un peu. De septembre 2023 pour être précis. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire et découvrir une petite perle. Vous souvenez-vous de Stray Bullets, une série policière publiée aux États-Unis à compter de 1995 et dans la foulée en France, double Prix Eisner 1996, des histoires noires et radicales qui nous entraînaient dans les bas-fonds de la société américaine. L’album Lodger qui nous intéresse aujourd’hui est signé par le même duo de choc, David et Maria Lapham, et nous plonge dans une toute aussi sombre histoire, celle d’une jeune femme, Ricky Toledo, à la poursuite d’un serial killer dont elle était tombée amoureuse plus jeune mais qui a surtout tué sa mère. La vengeance est un plat qui se mange froid ! (Lodger, de Maria Lapham et David Lapham. Delcourt. 15,95€)

Pas vraiment plus récent, celui-ci date de novembre 2023, mais tout aussi indispensable et bienvenu pour une lecture sur la plage, Clementine s’inscrit dans la lignée de la mythique série Walking Dead de Robert Kirkman, dessinée par Tony Moore puis par Charlie Adlard, et dans la lignée du jeu video édité par Telltale dont Clementine est l’un des personnages principaux. Avec ici l’immense Tillie Walden au dessin ! Plus qu’une suite, c’est en fait une véritable relecture de cet univers que nous propose la jeune autrice de Spinning et de Sur la route de West, deux albums qui lui valurent chacun un Eisner Award, ou encore du magnifique récit de science-fiction baptisé Dans un rayon de soleil. Avec sa grande sensibilité, son approche plus intimiste et son fabuleux trait tout en délicatesse, Tillie Walden nous offre une douce balade au pays des zombies. (Clementine tome 1, Walking Dead, de Tillie Walden. Delcourt. 18,95€)

Vous avez aimé Strangers in Paradise ? Alors, vous aimerez Parker Girls qui n’est autre qu’un spin-off de la série mère aujourd’hui disponible en quatre intégrales chez Delcourt. Pas de super-héros en vue mais une organisation réunissant des héroïnes de choc, les Parker Girls, appelées à la rescousse pour dénouer les situations les plus inextricables. Et justement, l’une d’entre elles, Piper, vient d’être retrouvée morte sur une plage. De quoi donner du travail à Cherry, Kelly, Katchoo et Tambi. Un plongeon dans le monde du crime avec beaucoup d’action et pas mal d’humour… (Parker Girls, de Terry Moore. Delcourt. 22,95€)

Eric Guillaud

24 Juil

Pages d’été. Six BD SF pour prendre un peu de distance

Une météo capricieuse pour ne pas dire désastreuse, des élections au goût forcément amer, une violence endémique un peu partout sur la planète… on peut légitimement avoir envie d’être ailleurs, dans un autre monde, peut-être quelque part dans le futur ou dans l’espace. Mais rien ne dit que ce soit beaucoup mieux !

On commence avec Kaya, une bande dessinée 100% italienne qui nous embarque pour une Terre à la limite de l’asphyxie générale. Ses ressources naturelles sont épuisées, une partie de l’humanité a fui, l’autre tente de survivre au milieu des ruines, des animaux mutants et sous un ciel toxique. La jeune Kaya fait partie des derniers survivants. Avec son grand frère, elle tente de rejoindre le sud du pays où l’air serait dit-on plus respirable. Mais sur le chemin, Kaya se retrouve prise dans un piège avec une louve géante. Dans un monde où on ne peut plus compter sur qui que ce soit, pas même sur les derniers êtres humains, Kaya et la louve vont unir leurs forces pour survivre.

Avec un graphisme proche du cinéma d’animation et une bande son originale accessible via un QR code, Kaya est une petite curiosité même si le scénario n’a à priori rien d’exceptionnel ! Pour les amoureux de décors post-apocalyptiques. (Kaya, de Barbato, Cavallini, Tenderini et Lanfranconi. Glénat. 18,50€)

Ils nous avaient emmenés dans un monde à la Jules Verne avec Le Voyage extraordinaire, Silvio Camboni et Denis-Pierre Filippi sont de retour avec Prima Spatia, de la SF de haut vol mettant en scène une jeune fille de 17 ans, Alba, cloitrée pour sa sécurité sur un astéroïde privé, loin de tout, loin de ses parents, jusqu’au jour où elle est enlevée et se retrouve, elle et sa gouvernante, à errer pendant des mois à travers l’espace avant d’être finalement recueillie à bord de La Flèche, un navire cosmique conçu pour chasser les créatures stellaires…

Dès les premières pages du volet d’ouverture, le ton était donné, Prima Spatia faisait dans la grande aventure intergalactique tendance space opera avec un dessin, des couleurs, une galerie de personnages, de toute beauté et un scénario relativement classique mais malin, glissant ici et là quelques problématiques contemporaines. Le deuxième volet paru en février dernier ne déçoit pas et on attend maintenant le dénouement dans un troisième volet qui devrait paraître d’ici à quelques mois. (La Traque, Prima Spatia tome 2, de Filippi et Camboni. Vents d’Ouest. 14,95€)

Ce fut l’un de nos gros coups de cœur du début 2023, Kosmograd du Carpentrassien Bonaventure, alias Baptiste Corteggiani, nous embarquait pour une ville refuge perdue au milieu d’un monde dévasté par les catastrophes climatiques. Là se bâtissait, dit-on, l’avenir de l’humanité et plus véritablement l’avenir d’une élite assurée de fuir la planète via l’ascenseur orbital alors en construction. Mais la population, pas dupe de l’affaire, avait bien l’intention de manifester sa colère malgré la répression sévère promise par le régime totalitaire en place. Et parmi elle, Zoya, Paouk et Ev, trois jeunes nanas bien décidées à se faire entendre et à révéler une vérité pas vraiment jolie jolie.

Avant la chute, dont la première partie a été publiée en avril dernier, est un préquel à l’album originel, un préquel qui permet de s’attacher plus particulièrement à l’histoire de Zoya, réfugiée climatique, débarquée à Kosmograd pour trier des déchets et espérer un jour obtenir son accréditation de citoyenneté. Guerre, pénuries d’eau et de nourriture, séisme, raz de marée, flux migratoires brutaux, Zoya peut s’estimer heureuse et courbe l’échine jjusqu’au jour où… Un récit vif et dynamique, un album séduisant, même si ceux qui ont lu l’album initial peuvent avoir une impression de déjà vu, déjà lu ! (Avant la chute tome 1, Kosmograd, de Bonaventure. Casterman. 20€)

« Pour un présent heureux, un passé lisse » : une devise claire, nette et précise, ici on fait table rase du passé, on efface, on aménage, on dématérialise, on dynamite aurait dit un célèbre acteur du XXe siècle. Et de fait, même les livres ont disparu. À quoi bon s’embarrasser l’espace et l’esprit ? La vie est rose et le ciel est bleu, impossible de s’en plaindre. Prenez Will Jones par exemple. Un bon boulot à l’Académie historique, une jolie femme, une jolie gynoïde plus précisément, qui lui fait de bons petits plats, gère le ménage et ne dit jamais non à un petit câlin. Le bonheur ? Oui, jusqu’au jour où Will tombe sur un livre, puis un autre, et encore un autre. Et de les lire, poussé par la curiosité et soucieux de trouver des réponses aux questions qu’il se pose sur le monde, son monde, lisse et soi-disant heureux…

Dans cette dystopie prévue en trois volumes, les auteurs, Rodolphe et Griffo, nous rejouent quelque part le mythique SOS Bonheur avec un état providence qui veille scrupuleusement sur le bonheur de chacun, un bonheur officiel et illusoire, un miroir aux alouettes qui va finir par se briser et laisser apparaître sa véritable raison d’être. Deux albums parus, un troisième à paraître en septembre. (Utopie, tome 2/3, de Rodolphe et Griffo. Delcourt. 13,50€)

2779, quelque part dans l’espace confédéré. La jeune fugueuse Kristina parvient à rejoindre clandestinement la planète Drenn grâce au cartel des Cimes pour qui elle est censée travailler un mois. C’est le prix à payer pour ce voyage. Mais une fois sur place, les quatre semaines se sont transformées en six mois. Et la brutalité du Cartel ne laisse aucune marge de manœuvre. Alors, Kristina courbe l’échine un temps avant de se redresser, de gravir les échelons des mafias extraterrestres et d’en devenir la reine…

Spin off d’Orbital, une série de Runberg et Pellé, Outlaws nous embarque dans le monde des mafias galactiques en compagnie de la sœur de Caleb, héros d’Orbital. Le second volet vient de paraître ! (Les rivages de Midaluss, Outlaws (tome 2), de Runberg et Chabbert. Dupuis. 15,50€)

On termine avec une collection qui a vu le jour en mars dernier. Et ça tombe bien puisque l’un des deux premiers albums à paraître s’appelle Mars, La planète rouge, le second, Jupiter. Composée à terme de huit tomes, cette série s’offre comme un voyage d’étude à travers notre système solaire. Un album, une planète, et à chaque fois une fiction qui permet d’aborder la science de façon sérieuse grâce à la participation active de scientifiques experts à l’Observatoire de Paris – PSL. Quel est le diamètre de la planète rouge ? Peut-on trouver de l’eau à sa surface ? Quelle est la structure interne de Jupiter ? Quels sont ses satellites ? Autant de questions et plus encore qui trouvent réponses ici, à la fois dans la fiction et dans le dossier qui conclut chaque aventure. Et si vous souhaitez vraiment prendre de la distance avec la Terre et ses satanés Terriens sans vous ruiner, je vous conseille vivement cette collection… (Mars la planète rouge, de Lecigne et Bedouel. Glénat / Observatoire de Paris PSL. 15,50€)

Eric Guillaud

17 Juil

Pages d’été. 14 BD jeunesse à dévorer pendant les vacances

De l’action, de l’humour, de la magie, de l’histoire, du fantastique… voici une sélection de quatorze albums pour vous faire oublier la météo capricieuse. À lire sur la plage ou sous la couette…

On commence avec Lisou, le premier volet du diptyque baptisé Quand la nuit tombe de Marion Achard et Toni Galmès. Lisou est une grande tante de Marion Achard et ce récit est le sien. Lisou et sa grande sœur, Mylaine, de confession juive, ont connu la guerre, la débâcle, l’invasion allemande, les lois anti-juives et la fuite vers le sud de la France où elles trouvent un temps refuge avec leurs parents dans un chalet isolé. Mais les Allemands finissent par les dénicher, Mylaine est arrêtée, le reste de la petite famille parvient à fuir et à rejoindre la Suisse où ils attendront la Libération. Sans savoir ce qu’il est advenu de Mylaine… Quand la nuit tombe est un témoignage très fort sur ces années noires. Un témoignage de plus me direz-vous ? Oui et un témoignage aussi essentiel que les précédents, quand on sait que près de 20% des jeunes ne connaissent pas la Shoah, selon une récente étude OpinionWay. Un récit captivant et un dessin séduisant !(Quand la nuit tombe – Lisou, de Galmès et Achard. Delcourt. 19,99)

Cédric le retour ! 36 albums et 38 ans d’existence pour ce – toujours – gamin né d’une rencontre entre le regretté scénariste Raoul Cauvin, bien connu pour ses Tuniques Bleues, et le dessinateur Laudec. 36 albums, tous conçus sur le même principe de l’histoire courte, drôle et tendre, des aventures du quotidien qui, mine de rien, parlent de vous, de nous, de la famille, de la société, avec amour et fantaisie. Des millions d’albums vendus, un classique de la BD franco-belge aujourd’hui emmené par le seul Laudec. (Transports à risques, Cédric tome 36, de Laudec. Dupuis. 12,50€)

Vous avez aimé Raowl, histoire d’un prince pas vraiment charmant, super violent et vraiment moche, sauveur de princesses en détresse ? Alors vous aimerez La Méthode Raowl, une véritable bible pour tout savoir de la vie. Comment faire ses devoirs en trente secondes ? Comment devenir un bon méchant ? Comment plonger avec classe ? Comment acheter des chips pas chères ? Autant de questions fondamentales qui trouvent ici sous la plume et les pinceaux du génialissime Tébo des réponses pleines d’humour. Il y a du génie derrière tout ça ! (La Méthode Raowl tome 2, de Tebo. Dupuis. 12,50€)

Moon la chauve-souris, vanille la chouette, Bazil le grillon, Shadow l’araignée, Fog le corbeau, Snow et Winter les lapins, Honey le renard, Cotton le chat, sans oublier Urania la sorcière… Bienvenue dans l’univers de Barbara Canepa et sa série-concept faite pour sensibiliser les jeunes à la nature, à l’écologie. Un univers anthropomorphique de toute beauté mis en images pour ce premier volet par Florent Sacré, ex-directeur artistique d’Ubisoft, à l’origine des jeux vidéos Assassin’s Creed, Les Lapins crétins ou encore Rayman. C’est drôle, c’est beau, c’est tendre et c’est éducatif ! Au fil de l’histoire, les auteurs proposent de découvrir les secrets de la nature, des araignées aux betteraves en passant par une recette de grand-mère pour soigner les dents. Coup de cœur ! (Le Chant des grenouilles, de Canepa, Halard et Sacré. Editions Oxymore. 14,95€)

C’est l’histoire d’un OVNI, mais pas comme vous l’imaginez. Cet OVNI-là est un Organisme Vivace Non Identifié, un être humain en quelque sorte, mais un être humain un peu différent. Elle s’appelle Mitsuko, vit seule, ne parle pas ou peu, fait les poubelles du village, récupère des objets cassés, bref de quoi alimenter les interrogations, pour ne pas dire les ragots et les moqueries des habitants. C’est sûr, elle a un secret, se disent-ils. Et c’est vrai, elle a un secret, un secret bien gardé jusqu’au jour où elle décide de l’exposer au grand jour… Mitsuko est le neuvième volet des Contes des cœurs perdus et on s’en lasse pas, LoÏc Clément posant un regard toujours aussi tendre et sensible sur la vie, l’enfance, la nature, avec ici, cerise sur le gâteau, un magnifique dessin de l’illustratrice jeunesse Qin Leng.  (Mitsuko, Les Contes des cœurs perdus, de Clément et Leng. Delcourt. 11,50€)

Et de neuf pour la série Frnck. Une nouvelle fois, direction la préhistoire, non pas pour un cours d’histoire mais pour une aventure un peu dingo avec pour héros un gamin de 13 ans qui s’est retrouvé propulsé là en cherchant ses parents. Frnck, je sais, c’est difficile à prononcer mais vous pouvez l’appeler Franck, est un ado d’aujourd’hui, moderne, jean, baskets rouges au pied, du genre à avoir tout le temps le nez sur les écrans. Sauf que là, dans la préhistoire, il n’y a pas de réseau, pas d’internet, pas de Facebook, pas de TikTok… mais des bestioles monstrueuses en pagaille, des hommes poilus qui mangent les voyelles et de jolies filles. Toujours aussi poilant ! (Apocalypse, Frnck tome 9, de Cossu et Bocquet, Dupuis, 12,50€)

Unique survivant d’un terrible accident de la route qui a couté la vie à ses parents et peut-être à sa sœur qui reste depuis lors introuvable, Thomas a été placé dans un foyer pour ados où il tente tant bien que mal de surmonter le traumatisme. Toujours affublé d’un casque à cornes qui lui vaut son surnom de Torot, Thomas se réfugie dans un premier temps dans sa bulle, ne s’exprimant que par quelques rots, jusqu’au jour où il évoque à ses camarades de foyer un monde secret, le Royaume de Tiketone, et les cinq reliques qui en permettraient l’accès. Avec ses amis, Eliott, Florian, Marianne, Robin et Virgile, Thomas se lance dans la quête de ces reliques… Une aventure fantastique qui nous plonge dans le monde l’enfance et ses traumas, un livre conçu, selon l’autrice Mélissa Morin, comme « un réconfort pour ceux qui se sentent isolés, pas à leur place, victimes d’humiliations, de petites blessures ».   (Les reliques des morts vivants, Les Royaumes de Tiketone (tome 1), de Morin. Casterman. 19€)

Ils auraient pu nous raconter les aventures des Preux, cinq héros aux super-pouvoirs lancés dans une lutte sans merci contre tous les brigands et les monstres du royaume ! Ils auraient pu, oui, mais les auteurs de cette BD ont finalement préféré s’intéresser à leurs apprentis, des héros pas vraiment finis, pas vraiment prêts à affronter l’adversité et qui se lanceront malgré tout dans une incroyable aventure, à la recherche de leurs maîtres mystérieusement disparus. De quoi nous promettre une belle partie de rigolade en mode Fantasy ! (Les Apprentis, Du miel et des cailloux, de Gay et Boiscommun. Drakoo. 18,90€)

Et hop, 30 ans, tout rond, oui 30 ans que Midam nous fait marrer avec les gags sur une ou deux pages de son Kid Paddle. 30 ans, 12 millions d’albums vendus, des adaptations en série animée, en jeux vidéo, en jeux de cartes, une multitude de produits dérivés et bientôt une exposition au musée de la BD à Angoulême. Bref, Kid Paddle est un vrai phénomène éditorial. Pourquoi un tel succès ? Tout simplement parce que l’auteur, Michel Ledent, aka Midam, a su créer un personnage d’aujourd’hui, passionné de jeux vidéo et de monstres en tout genre, souvent gluants et visqueux. Pour fêter cet anniversaire dignement, les éditions Dupuis nous offrent un deuxième tome de Kid Paddle Best-of, une sélection des meilleurs gags savoureusement gores. (Jurassic Paddle, Kid Paddle Best-of tome 2, de Midam, Dupuis. 12,50€)

Et si ça ne vous suffit pas, les mêmes éditions Dupuis ont publié deux ouvrages autour de la série, Midam L’art du gag, un très long entretien largement illustré dans lequel l’auteur revient sur sa méthode de travail, ses personnages, la mécanique du gag, ses influences… et Les Modèles mathématiques de Midam, un étrange bouquin signé par le Mathématicien Daniel Justens où il est question d’arithmétique, de paradoxe de Zénon, de conception poppérienne, des équations d’Einstein et autres joyeusetés du genre, le tout à la lumière des aventures de Kid Paddle… Il fallait oser ! Pour les amoureux des maths ! (Midam, L’art du gag et Les Modèles mathématiques de Midam. Dupuis. 25€ l’album)

Depuis que son grand-père l’a emmené voir Superman au cinéma pour son anniversaire, Xavier ne vit plus que par et pour les super-héros. Au point de se croire lui-même doté du pouvoir de voler et d’envisager de le vérifier en se jetant par la fenêtre de l’appartement. L’intervention de son père évite le drame mais Xavier ne s’arrête pas là. Grâce à son imagination débordante, le petit garçon s’invente des histoires qui lui permettent d’échapper un moment à son quotidien, d’oublier la sévérité de son père et surtout le harcèlement dont il est victime à l’école. Une histoire aux thématiques actuelles emmenée par un dessin moderne. (Invulnérable, de Damián, Sanz et Ceballos. Bamboo Édition. 16,90€)

Avec Le Métier le plus dangereux du monde, les auteurs souhaitaient explorer le monde des super-héros avec un côté social et un contexte ordinaire. De fait, leurs deux héros, Ziad et Louna, sont issus d’un milieu populaire et qui plus-est d’une famille issue elle-même de l’immigration ! L’idée est simple : dans un monde légèrement futuriste avec des super-héros à gogo, plus préoccupés par leur image sur les réseaux sociaux que par le sort de la veuve et l’orphelin, Louna et Ziad se mettent à rêver eux aussi de super-pouvoirs. Le costume sera-t-il à leur taille ? Rien n’est moins sûr ! (Le Métier le plus dangereux du monde, tome 2 de Bocquet et Lai. Dupuis. 12,95€)

Alexandra a une passion : le football. Et pas devant son petit écran. Non, pour elle, ça se joue sur un terrain, celui de son village, Angebois de la Source. Avec une spécialité que beaucoup lui envient : le dribble et notamment la technique du grand pont. Tout le monde l’admire, ses adversaires la respectent, de quoi rêver d’un bel avenir footballistique. Jusqu’au jour où, dans un accident de la circulation, Alexandra perd une jambe. Terminé le football ? Pas vraiment. Après le choc et la rééducation, Alexandra ne s’avoue pas vaincue. Retour sur le terrain… Une belle histoire, une leçon de vie, qui aborde le handicap avec beaucoup d’humanité et d’humour. (Remise en jeu, Balle au pied tome 1, de Lylian et Lesdeuxpareilles. Glénat. 12,50€)

Yoko Tsuno, le retour ! 54 ans d’aventures, 31 albums, mais toujours pas une ride, pas un cheveu blanc, pas un petit bourrelet, Yoko fait partie de ces héros et de ces héroïnes qui ne vieillissent pas, aussi intemporelle qu’universelle. Et c’est un nouveau voyage dans le temps que nous propose L’Aigle des Highlands, un retour vers le XIIIe siècle où la belle électronicienne japonaise va tenter de lever un mystère autour de l’abbaye de Loch Castle et de l’existence d’un animal satanique. Un grand classique des éditions Dupuis !(Anges et Faucons, Yoko Tsuno tome 29, de Leloup. Dupuis. 10,95€)

Eric Guillaud

Budule : une nouvelle plateforme pour vendre et acheter des BD entre particuliers

Tous les amateurs de bande dessinée vous le diront, leur passion remplit les étagères et vide les portefeuilles. Une quadrature du cercle mise à mal par l’émergence des sites de vente en ligne et notamment Budule, une plateforme conçue à Nantes et spécialement dédiée au neuvième art.

Wilhem Vandyck, créateur de la plateforme Budule © France 3 Pays de la Loire / Eric Guillaud

Wilhem Vandyck a la bande dessinée dans le sang. Dans le sang et un peu partout dans sa maison ! Des chambres au salon, plus de 4000 albums attendent sagement sur leurs étagères d’être lus ou relus. Alors forcément, au fil des ans et des nouvelles acquisitions, la question de tous les garder s’est inévitablement posée. Une véritable « lutte des places », s’amuse aujourd’hui Wilhem.

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