08 Jan

Les Derniers jours de Robert Johnson : Frantz Duchazeau retrouve l’univers du blues avec le destin d’une de ses plus grandes légendes

Frantz Duchazeau a déjà chanté le blues avec Le Rêve de Meteor Slim paru en 2008 aux éditions Sarbacane, il récidive avec Les Derniers jours de Robert Johnson, une autre histoire, un autre destin de musicien, aussi dramatique que bouleversant dans l’Amérique des années 30…

Avec Le Rêve de Meteor Slim, l’auteur Frantz Duchazeau abordait pour la première fois l’univers des musiques populaires américaines, en l’occurrence le blues, à travers le destin tragique d’Edward Ray Cochran alias Meteor Slim. À ce personnage de fiction, l’auteur faisait croiser la route d’un autre bluesman, bien réel cette fois, Robert Jonhson. 

Quinze ans plus tard, toujours aux éditions Sarbacane, Frantz Duchazeau nous entraîne dans les pas et les notes de ce fameux Robert Johnson, une vie là aussi marquée par la passion, la discrimination et l’alcoolisme, dans l’Amérique de la grande dépression.

Frantz Duchazeau, un passionné de blues ? Il l’est devenu avec le temps mais reconnaît qu’il n’y connaissait rien avant l’écriture du Rêve de Meteor Slim comme il le confiait à nos confrères d’ActuaBD en 2011.

© Sarbacane / Duchazeau

« Je vous avoue que je n’étais pas un fan de blues, j’ai découvert tout cela très récemment, il y a environ 5 ans, en voyant la série de films Martin Scorcese presents The Blues. L’ambiance générale de l’Amérique des années 1930 me plaisait beaucoup, plus que la musique. Pendant que je dessinais Meteor Slim, je n’y connaissais tellement rien que j’ai commencé à potasser et écouter les standards. Depuis, j’ai fait ma formation en blues, je connais désormais mes classiques ».

Et Robert Johnson est un de ces classiques ! Né en 1911, mort en 1938, à 27 ans, Robert Johnson est considéré comme l’un des musiciens les plus influents dans l’histoire de cette musique, un véritable mythe, un musicien vagabond qui écuma les bleds paumés et les plantations de coton du sud des États-Unis avec pour seuls compagnons, sa guitare, l’alcool et un passé qu’il trimbale partout comme un fardeau.

© Sarbacane / Duchazeau

Sweet Home Chicago, Travelling Riverside Blues, Love in Vain, Malted Milk, Come on in My Kitchen… Autant de standards du blues repris au fil du temps par les plus grands groupes de rock, de Led Zeppelin aux Rolling Stones, en passant par les Blues Brothers, des standards qui résonnent à la lecture de cet incroyable album dont la couverture bleue est à elle-seul un hommage au genre.

Avec ce trait charbonneux qu’on lui connait maintenant et qui colle parfaitement au contexte, Frantz Duchazeau nous raconte l’histoire d’une pure légende du blues, ses derniers jours mais aussi, par une succession de flashbacks, sa jeunesse, son apprentissage de la guitare, son errance sur les routes à la recherche de cachets, d’auditions et de gloire. C’est aussi une peinture de l’Amérique ségrégationniste des années 20 et 30 avec son lot de violences et de massacres contre la population noire. C’est enfin le récit universel d’un homme qui cherche à dépasser son destin, échapper à sa condition, par son art. L’année 2024 commence à merveille !

Eric Guillaud

Les Derniers jours de Robert Johnson, de Frantz Duchazeau. Sarbacane. 26€