29 Jan

Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême : douze mois, douze BD, coup de rétro sur l’année 2024

C’est parti pour la ruée des amoureux du neuvième art vers Angoulême où se tient la 52e édition du Festival International de la Bande Dessinée du 30 janvier au 2 février. Histoire de se mettre en jambes, nous vous proposons une sélection de douze albums essentiels, douze coups de cœur publiés au fil de l’année 2024…

JANVIER / Les Derniers jours de Robert Johnson, de Frantz Duchazeau. Sarbacane. 26€

Frantz Duchazeau a déjà chanté le blues avec Le Rêve de Meteor Slimparu en 2008 aux éditions Sarbacane, il récidive avec Les Derniers jours de Robert Johnson, une autre histoire, un autre destin de musicien, aussi dramatique que bouleversant dans l’Amérique des années 30…

Avec Le Rêve de Meteor Slim, l’auteur Frantz Duchazeau abordait pour la première fois l’univers des musiques populaires américaines, en l’occurrence le blues, à travers le destin tragique d’Edward Ray Cochran alias Meteor Slim. À ce personnage de fiction, l’auteur faisait croiser la route d’un autre bluesman, bien réel cette fois, Robert Jonhson. 

Quinze ans plus tard, toujours aux éditions Sarbacane, Frantz Duchazeau nous entraîne dans les pas et les notes de ce fameux Robert Johnson, une vie là aussi marquée par la passion, la discrimination et l’alcoolisme, dans l’Amérique de la grande dépression.

Frantz Duchazeau, un passionné de blues ? Il l’est devenu avec le temps mais reconnaît qu’il n’y connaissait rien avant l’écriture du Rêve de Meteor Slim comme il le confiait à nos confrères d’ActuaBD en 2011.

Sweet Home Chicago, Travelling Riverside Blues, Love in Vain, Malted Milk, Come on in My Kitchen… Autant de standards du blues repris au fil du temps par les plus grands groupes de rock, de Led Zeppelin aux Rolling Stones, en passant par les Blues Brothers, des standards qui résonnent à la lecture de cet incroyable album dont la couverture bleue est à elle-seul un hommage au genre.

Avec ce trait charbonneux qu’on lui connait maintenant et qui colle parfaitement au contexte, Frantz Duchazeau nous raconte l’histoire d’une pure légende du blues, ses derniers jours mais aussi, par une succession de flashbacks, sa jeunesse, son apprentissage de la guitare, son errance sur les routes à la recherche de cachets, d’auditions et de gloire. C’est aussi une peinture de l’Amérique ségrégationniste des années 20 et 30 avec son lot de violences et de massacres contre la population noire. C’est enfin le récit universel d’un homme qui cherche à dépasser son destin, échapper à sa condition, par son art. L’année 2024 commence à merveille !

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FÉVRIER / Le combat d’Henry Fleming, de Steve Cuzor. Dupuis. 26€

Après la guerre d’indépendance des États-Unis et la Seconde Guerre mondiale, Steve Cuzor nous entraîne sur un autre champ de bataille, celui de la guerre de Sécession, avec l’adaptation d’un grand classique de la littérature de guerre américaine, The Red badge of courage de Stephen Crane…

L’auteur nous avait déjà bluffés avec Cinq Branches de coton noir sorti il y a maintenant cinq ans et réalisé avec Yves Sente au scénario, il récidive seul cette fois avec ce western d’un nouveau genre, un récit qui met en lumière les pensées du protagoniste et nous interroge au plus profond de nous même. En cela, Le Combat d’Henry Fleming est un récit universel mais aussi un éclairage différent sur une guerre que l’on connaît finalement assez peu et qui a laissé une plaie ouverte dans la société américaine.

Graphiquement, on retrouve avec un immense plaisir le trait réaliste et dynamique de l’auteur associé à un découpage fluide et à une mise en couleurs minimaliste en monochromie, déjà expérimentée dans Cinq branches de coton noir, de quoi juste faire ressortir le magnifique travail d’encrage réalisé par l’auteur.

À l’instar de son album précédent, Le combat d’Henry Fleming existe en trois versions, une classique à 26€, une édition spéciale au tirage limité à 1499 exemplaires avec frontispice inédit imprimé sur papier d’art numéroté et signé à 39€, et une édition de luxe en noir et blanc au tirage limité à 1515 exemplaires à 45€. Dans tous les cas, un album indispensable !

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MARS / La Vengeance, de David Wautier. Anspach. 19,50€

Si la vengeance est un thème récurrent dans le western, il s’accommode formidablement à toutes les sauces, comme ici à travers le prisme de la famille. Avec cette question : le désir de vengeance, aussi naturel soit-il, peut-il être plus fort que tout, plus fort que l’amour de ses enfants ?

Ah mais oui, un bon petit western de derrière les fagots ! En voilà une bonne idée. Non pas que le genre se fasse rare en bande dessinée, bien au contraire, il a toujours été et est encore aujourd’hui plébiscité par nombre d’auteurs et de lecteurs, mais il permet finalement d’aborder pas mal de thématiques contemporaines, comme l’écologie, les droits de la femme ou encore les droits des opprimés, le tout sous couvert d’une fiction et d’action.

Alors oui, la thématique de la vengeance est récurrente, dans le western et ailleurs, mais elle permet ici à l’auteur d’en détailler le mécanisme dans un pays et à une époque où la loi se faisait à coup de colt calibre 36 et non de 49.3.

Qui dit récurrent dit rabattu ! Oui, en cela, on peut dire que l’album de David Wautier n’a pas grand-chose d’original. À ceci près que le vengeur de service, un certain Richard Hatton, désireux de voir mourir les « ordures » qui ont tué sa femme, a embarqué dans l’aventure ses enfants, Anna et Tom, qui n’aspirent dans leur cas qu’à une chose, rentrer chez eux et retrouver ce père qu’ils aimaient tant…

Un autre grand classique dans les westerns est bien évidemment la nature ! Avec un style graphique qu’il a développé sur des carnets de voyage, vif et proche du croquis, relevé d’une touche d’aquarelle, David Wautier nous offre une sacrée chevauchée entre montagnes enneigées et déserts rocailleux. Et rien que pour ça, ça vaut le détour !

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AVRIL / Journal d’une bataille, de Cyril Pedrosa. Dupuis. 45€

Les Equinoxes, Portugal, L’Âge d’or… Cyril Pédrosa nous illumine de son talent depuis 25 ans maintenant, d’abord comme dessinateur et coloriste, puis comme auteur complet, cherchant à chaque fois à nous surprendre à travers une exploration narrative et graphique incessante. Il nous revient ici avec un ouvrage qui relève plus du livre d’art que de la bande dessinée. Comme son titre le sous-entend, Journal d’une bataille est un journal intime mais aussi le résultat d’une expérience artistique menée entre juin 2022 et décembre 2023.

Durant 18 mois, l’auteur a accepté de quitter sa zone de confort, si tant est qu’il en ait eu une, pour se jeter dans le vide, coucher sur des grands rouleaux de papier blanc des dessins improvisés illustrant une bataille intérieure et dialoguant avec des textes. Le résultat a donné lieu à une exposition à Saint-Gatien du 26 avril au 29 juin et à ce livre paru aux éditions Dupuis. Un voyage au pays des émotions.

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MAI / L’Être nécessaire, Habemus Bastard (tome 1), de Sylvain Vallée et Jacky Schwartzmann. Dargaud. 19,99€ 

Lucien n’a pas vraiment la foi, ne connaît pas un mot de latin, n’a jamais dit la messe et pense que la religion est un business comme un autre. Alors pourquoi se retrouve-t-il parachuté à la tête d’une église dans le Jura ? Certainement pas pour sauver les âmes…

Il faut bien le reconnaître, pour aller à Saint-Claude de son libre arbitre, il faut soit être collectionneur de pipes, soit avoir une foi à toutes épreuves. Pour Lucien qui vient tout juste de poser les pieds sur le quai de la gare sous une pluie battante, la raison est tout autre. Car même s’il porte une soutane et se fait appeler Père-Philippe, notre homme espère surtout se trouver une planque pour quelque temps…

Et quoi de mieux qu’une église pour cela ? La paroisse de Notre-Dame-de-L’Assomption a justement besoin d’un curé. Et tant pis s’il n’a jamais officié de sa vie, tant pis si sa religion à lui est celle du flingue, tant pis s’il n’a pas fait vœu de pauvreté et encore moins de chasteté. Se faire oublier tout en profitant de quelques avantages en nature, voilà son programme, son sacerdoce…

Sylvain Vallée nous avait bluffé avec Tananarive paru en 2021 sur un scénario de Mark Eacersall (Glénat), il récidive ici avec l’adaptation de cette histoire inédite du romancier Jacky Schwartzmann, un polar en deux tomes qui a tout de la comédie ou l’inverse. Le scénario, est un modèle du genre, les dialogues sont percutants, le décor urbain (Saint-Claude) inhabituel en BD, le graphisme semi-réaliste époustouflant, les couleurs d’Elvire de Cock remarquables, et notre personnage de Lucien qui porte aussi bien la soutane que des tee-shirts du Hellfest et de Black Sabbath est absolument diabolique.

Bref, on se laisse totalement embarquer dans cette histoire qui rappellera à certains la série Soda lancée par Philippe Tome et Luc Warnant il y a une quarantaine d’années maintenant. Sauf que le costume de curé cachait un flic et non un truand comme ici.

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JUIN / Hey Djo!, de Marzena Sowa et Geoffrey Delinte. Gallimard. 22€

Hey Djo!, un titre qui vous met immédiatement en tête pour au moins le temps de la lecture le standard rock repris par Jimi Hendrix, les Byrds ou encore Johnny Hallyday. Mais rien à voir, Marzena Sowa, autrice par ailleurs de la très belle série Marzi, et Geoffrey Delinte racontent ici l’histoire d’un petit garçon, Djo, et de son père dont le métier de routier l’amène à être souvent absent du foyer. Ils ne se connaissent pas, ou mal, jusqu’au jour où ils sont amenés à partager la cabine du camion.

Djo découvre alors la vie de routier – et nous aussi par la même occasion – avec les moments de solitude, les rencontres sur le bord de la route, la légendaire solidarité entre gens du métier, le sentiment de liberté, mais aussi la peur des braqueurs de camions. Djo! est un album pétri d’humanité et d’humour autour d’un métier rarement représenté dans la bande dessinée contemporaine, c’est aussi un récit intimiste à portée universelle qui explore les relations père-fils. Magnifique !

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JUILLET / Et travailler et vivre, Les Reflets du monde, de Fabien Toulmé. Delcourt. 25,95€

Quelle est la place du travail aujourd’hui dans notre vie ? Partant de cette interrogation que chacun de nous s’est légitimement posée un jour ou l’autre, Fabien Toulmé attrape son sac à dos, enfile ses baskets et repend la direction de l’aéroport le plus proche pour un nouveau voyage, cette fois au cœur du monde du travail. Avec au menu trois étapes, les États-Unis, la Corée du Sud et les Comores, trois pays, trois cultures, trois approches différentes du travail et à l’arrivée un reportage passionnant qui entend dépasser l’approche strictement didactique grâce au recueil de témoignages de gens ordinaires et à l’éclairage d’une sociologue spécialiste du travail, Dominique Méda.

Entre la grande démission américaine, quarante millions de travailleurs auraient tout plaqué pour vivre une nouvelle vie depuis 2020, le surtravail coréen qui tue régulièrement, et une expérimentation comorienne qui tente de faire coexister l’environnement, l’humain et la rentabilité, Fabien Toulmé nous propose une belle base de réflexion sur le monde du travail et la valeur que nous lui accordons. Avec Ce n’est pas toi que j’attendais, L’Odyssée d’Hakimou encore En lutte, Fabien Toulmé s’installe doucement mais surement comme l’un des auteurs majeurs de ces dernières années avec des thèmes forts, un désir renouvelé de raconter l’humain et toujours avec ce graphisme singulier qu’il rapproche lui-même du synthétisme.

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AOÛT / Walicho, de Sole Otero. ça et là. 28€

Lauréate du Fauve d’Angoulême Prix du public France Télévisions 2023 pour l’album Naphtaline, une épopée familiale au ton et à l’esthétisme résolument modernes, l’autrice argentine Sole Otero est de retour avec Walicho, diable ou Satan en espagnol, une œuvre inattendue et singulière composée de neuf histoires situées à des périodes différentes, depuis l’époque de la colonisation de l’Argentine jusqu’à nos jours, mais se déroulant toujours au même endroit, Buenos Aires, et en la présence, parfois latente, de trois mystérieux personnages, trois sœurs dotées de pouvoirs magiques qui traversent les siècles sans prendre de rides…

Graphisme, narration, mise en page, couleurs… chacune de ces histoires est l’occasion pour Sole Otero d’explorer avec talent et audace les possibilités du medium bande dessinée, d’offrir des instantanés de l’histoire de l’Argentine mâtinés de sorcellerie et de glisser des thématiques contemporaines notamment autour de la condition féminine, dénonçant ici les violences faites aux femmes et leur diabolisation, encourageant là leur émancipation au sein du couple et la lutte pour disposer librement de leur corps. Une œuvre dense aux ambiances sombres et mystérieuses qui révèle plus que jamais une autrice talentueuse. L’album vient d’ailleurs de remporter le prix Prima Bula décerné par le festival Formula Bula à Paris !

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SEPTEMBRE / L’Héritage fossile, de Philippe Valette. Delcourt. 34,95€

Changement radical de style et changement non moins radical de genre, après l’humour un brin déjanté et cartoonesque, Philippe Valette a décidé de nous propulser dans le cosmos avec un récit de science-fiction tout simplement remarquable…

Philippe Valette. En trois albums seulement, ce nom s’est imposé à nous comme un gage d’humour. Mais fini de rire, après le diptyque Georges Clooney suivi du pavé Jean Doux et le mystère de la disquette molle, Fauve Polar SNCF 2018, l’auteur publie ce mois-ci un récit SF beaucoup plus sérieux dans le ton et cinématographique dans la forme, un album qui fera certainement date. Son nom ? L’Héritage fossile. Son thème ? Les limites de la civilisation face à l’immensité du cosmos.

Et le résultat est absolument bluffant, le scénario limpide nous prend par la main du début à la fin, les dialogues sont percutants, le découpage ultra-efficace et le graphisme, inspiré des techniques employées dans les films d’animation, absolument saisissant.

Alors, me direz-vous, et l’histoire ? L’histoire s’inscrit dans la continuité d’une science-fiction dite classique tendance « conquête de l’espace » avec un équipage parti pour l’infini ou presque, objectif Geminæ, une planète éloignée de la Terre de quelque 19 999 années, oui vous avez bien lu, mais une planète aux conditions de vie idéales pour y établir une colonie humaine et donc perpétuer la civilisation.

Pour effectuer ce voyage, les membres de l’équipage emmenés par le milliardaire philanthrope Reiz Iger sont placés en biostase, une sorte d’hibernation stoppant le vieillissement, avec un réveil programmé tous les 25 ans histoire d’effectuer quelques travaux de maintenance sur le vaisseau baptisé Héritage. Bien évidemment, sinon il n’y aurait pas d’histoire, tout ne se passe pas comme prévu. Le contact avec la Terre est subitement rompu et tous développent au premier millénaire de voyage un mal étrange qui ronge leurs corps. Entre la survie de la civilisation et leur propre survie, les astronautes vont devoir faire un choix douloureux…

Philippe Valette, qui dit s’interroger énormément sur l’avenir du monde et se refuser à faire de la « science-fiction gratuite », développe ici toute une réflexion sur la place de notre civilisation dans l’univers et sur notre place à nous, en tant qu’individus et simples mortels. Mais l’aventure n’est pas oubliée pour autant et ce récit en vase clos dans le vaisseau Héritage développe son lot de péripéties et de tragédies. On y sent bien évidemment l’influence de certains chefs-d’œuvre de la SF tels que 2001, l’odyssée de l’espace, Philippe Valette reconnaissant pour sa part l’influence de L’Armée des 12 singes de Terry Gilliam, des romans Spin de Robert Charles Wilson et Silo de Hugh Howey mais aussi l’influence de scientifiques comme l’astrophysicien Aurélien Barreau.

Un récit puissant, un scénario maitrisé, une mise en images ultra-léchée, des décors fabuleux, une lecture plaisir et un bel objet au format carré. Tout est là. Immense coup de cœur !

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OCTOBRE / Perpétuité, Jérôme K. Jérôme Bloche tome 29, de Dodier. Dupuis. 13,50€

C’est le détective privé le plus lunaire du neuvième art, le plus sympathique aussi, Jérôme K. Jérôme Bloche est de retour pour une vingt-neuvième aventure qui commence par une panne de solex et la disparition d’un doudou, avant de prendre une tournure moins ordinaire…

Il a fait un temps figure de héros nouvelle génération, il est aujourd’hui considéré comme l’un des piliers du journal Spirou et des éditions Dupuis à l’image d’un Gaston, d’une Natacha ou de Tuniques Bleues. Et malgré tout, Jérôme K. Jérôme Bloche n’a pas pris une ride, le secret d’une vie de détective au grand air et au grand cœur ! 

Pas de courses-poursuites tonitruantes, pas de gros calibres, pas de grosses Chevrolet, pas d’héroïnes au supers-pouvoirs, non les aventures de Jérôme sont toujours proches de nous, jamais loin de nos préoccupations, dans tous les cas à portée de Solex, son moyen de transport préféré, même si, pour les besoins du scénario, il a dû cette fois troquer son fameux Solex pour une authentique Motobécane.

Bref, Jérôme K. Jérôme Bloche est un être de papier délicieusement attachant, humain, sensible, peut-être un peu lunaire, un détective privé qui n’aime pas les intrigues mais adore les résoudre. Et justement, ça tombe bien, un doudou a disparu ! Oui, un doudou, une peluche en somme, qui appartient à la jeune Yasmina. Mais le plus troublant dans l’affaire, c’est que son oncle a, lui aussi, étrangement disparu. Et au même endroit : une grande maison bourgeoise. Du boulot pour notre détective !

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NOVEMBRE / Du rififi à Ménilmontant, de Tardi et Malet. Casterman. 25€

Nestor Burma ne croit pas au Père-Noël, même s’il en croise à tous les coins de rue. Et ça tombe plutôt bien car cette affaire-là n’a rien d’un cadeau.

Décembre 1957, Paris. Nicole Manchol, des industries pharmaceutiques Manchol & Biscorne, débarque dans le bureau de notre détective privé, sort un pistolet, déclare avoir tué son mari et se tire une balle dans la bouche. De quoi redécorer le sapin de Noël et le papier peint ! De quoi aussi agiter la flicaille du 36 et envoyer notre Nestor Burma enquêter à travers tout Paris, jusqu’à débarquer dans un sombre laboratoire d’expérimentation animale…  

Plus de quarante ans après Brouillard au Pont de Tolbiac, sa première adaptation d’un roman de Léo Malet, Jacques Tardi retrouve le cultissime Nestor Burma dans une histoire qu’il signe entièrement, scénario et dessin. Fidèle à son style, l’auteur nous plonge dans un Paris typique des années 1950, et plus précisément ici dans le XXe arrondissement, avec ses décors authentiques et ses personnages aux gueules d’atmosphère.

Une série culte portée par l’un des plus grands auteurs du neuvième art, un livre incontournable qui séduira tous les amateurs de polars et de films noirs ! 

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DÉCEMBRE/ 1629 ou l’effroyable histoire des naufragés de Jakarta, de Dorison et Montaigne. Glénat. 35€

Avec son grand format, ses 240 pages au total et ses somptueuses couvertures à l’ancienne, le dyptique 1629 ou l’effroyable histoire des naufragés de Jakarta ne peut que titiller la rétine de tout amateur de bande dessinée.

Et pas seulement la rétine ! Le contenu est à l’image du contenant, grandiose ! Le scénariste Xavier Dorison, déjà largement connu et reconnu dans le monde du neuvième art (Goldorak, Le Château des animaux, Le Troisième testament…), et le dessinateur Thimothée Montaigne signent un grand récit d’aventure à la fois fascinant et terrifiant ! Inspirée d’une histoire vraie, l’intrigue débute dans le huis clos du Jakarta, un navire de 40 pieds affrété par la compagnie Voc pour un voyage depuis les Pays-Bas vers l’Indonésie, plus précisément Java.

À son bord, 300 matelots, criminels, déserteurs et mercenaires, mais aussi des passagers, quelques enfants, trente femmes et surtout, dans les cales, une belle cargaison d’or et de diamants destinée au négoce. De quoi rendre ce voyage furieusement explosif. Maladie, mutinerie, naufrage, crimes… Xavier Dorison et Thimothée Montaigne nous embarquent pour un voyage sans retour, où chaque planche explore la profonde noirceur de l’âme humaine dans des illustrations d’une exceptionnelle composition, sombres et violentes à souhait.

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Eric Guillaud