Après Lettres perdues et Mon ami Pierrot, Jim Bishop clôt sa trilogie sur l’adolescence et le passage à l’âge adulte avec L’Enfantôme, un récit aussi étonnant que son titre, dans lequel il est question de famille, d’amitié, de harcèlement, de pression sociale, de rêves de gosses, de folie douce… et de fantômes.
« Tu es moche, tu es nul, tu n’es qu’un gros bouton, tu ne ressembles à rien et personne ne t’aime ». Voilà, c’est dit, le jeune garçon dont vous pouvez admirer le visage et l’acné juvénile en couverture de l’album ne se supporte plus. De quoi pulvériser tous les miroirs de la planète. Mais s’il n’y avait que ça. Le boutonneux, comme on l’a surnommé à l’école, est convoqué par le conseiller d’orientation avec Mims, une autre élève. Tous les deux sont sommés de se reprendre en main, de remonter leurs notes. Sinon ? Sinon, leurs parents se chargeront de les tuer. Oui, c’est assez radical !
Pris au piège, le « boutonneux » et Mims n’ont pas le choix. La pression sur leurs épaules est énorme et leurs parents deviennent de plus en plus menaçants, voire monstrueusement menaçants. Malgré tout, entre le « boutonneux » et Mims nait une belle histoire d’amitié. Ensemble, ils partagent leur passion pour le manga mais aussi leurs craintes face au monde des adultes qu’on tente de leur vendre. De là à se rêver fantômes, libres comme l’air, il n’y a qu’un drap…
Quel plaisir de retrouver la plume et le pinceau de Jim Bishop ! Tous ceux qui ont lu Lettres perdues et Mon ami Pierrot reconnaitront ici le style graphique miyazakiesque de l’auteur, même s’il dit s’être détaché de cette référence pour son nouvel album. Les influences du maître de l’animation japonaise sont peut-être digérées mais coulent encore abondamment dans ses veines et ses pinceaux. Côté histoire, Jim Bishop poursuit son exploration de l’adolescence et du passage à l’âge adulte en nous invitant à réfléchir sur les ravages de la pression scolaire et du conformisme sur les rêves et aspirations de nos jeunes années.
Eric Guillaud
L’Enfantôme, de Jim Bishop. Glénat. 22,50€