08 Fév

Jean Doux et le mystère de la disquette molle : un récit de Philippe Vallette solidement déjanté

jeanDouxEtLeMystereDeLaDisquetteMolle« Je ne vais pas tortiller du cul pour chier droit », comme dirait l’un des personnages de l’album, « Jean Doux et le mystère de la disquette molle » est une tuerie de rigolade, une aventure au fin fond du grand n’importe quoi mais sacrément bien foutue quand même…

Il faut dire que Philipe Valette, son auteur, a déjà de la bouteille dans ce genre d’histoire. En 2013, honte à lui, il comettait Georges Clooney une histoire vrai, un album débile avec plein de fautes d’orthographe « légèrement scatologique, lourdement comique », écrivais-je à l’époque. Et je maintiens mes propos même sous la torture d’un deuxième album.

Rien de vraiment scatologique cette fois, même si’l y a quelques restes à droite ou à gauche, mais du lourdement comique assurément. A commencer par le titre et l’objet central de l’aventure, une disquette molle de 1976. Pour ceux qui ne seraient pas encore très loin des couches culottes et des aventures de Mireille L’abeille, les disquettes molles ou souples servaient à stocker et transporter des données d’un ordinateur à l’autre. L’ancêtre des clés USB mais avec beaucoup beaucoup beaucoup moins de capacité de stockage. Toute une époque !

Mais revenons à notre sujet, Jean Doux et le mystère de la disquette molle nous propulse au coeur d’une entreprise des années 90, Privatek, spécialisée dans les broyeuses à papier. Jean Doux, cadre pas vraiment dynamique, découvre un beau jour dans un faux plafond, un attaché-case contenant une disquette molle qui va l’entrainer, lui et deux de ses collègues, dans une aventure incroyable, un parcours à la Indiana Jones, sans Indiana Jones, et sans l’Arche d’alliance, mais avec un Jean Doux hallucinant autant qu’halluciné et une broyeuse de niveau 12, summum de la technologie dont on aurait voulu cacher l’invention pour je ne sais quelle raison obscure. Je me renseigne et reviens vers vous, comme dirait tout bon Responsable des Ressources Humaines.

En attendant – vous pouvez attendre longtemps! – jetez-vous à plat ventre sur ce copieux album de 250 pages en couleurs, oui oui, avec une impression recto verso, dingue non?,  un dessin façon 2D sans traits avec grands aplats, et de la dérision à foison. Un album pour ne plus jamais broyer du noir !

Eric Guillaud

Jean Doux et le mystère de la disquette molle, de Philippe Valette. Éditions Delcourt. 29,95€

04 Fév

Rose : Premier volet d’un thriller ensorcelant de Vernay, Alibert et Lapière

B0pRBAtnxsOVSkFuURgorEa1cxfz9PIB-couv-1200Sortir de son corps, être le spectateur de sa propre vie, traverser les murs, être transparent. Rose à cette sensation, que dis-je ce pouvoir depuis toujours. Elle s’infiltre dans les appartements pour regarder les gens vivre, s’invite au coeur des discussions pour surprendre les échanges intimes…

Ce qu’elle croyait être une maladie quand elle était toute petite devient une force en grandissant. Et lorsqu’elle va devoir enquêter sur la mort mystérieuse de son père, tué d’une balle dans la tête, alors ce pouvoir deviendra une bénédiction.

Rien ne prédestinait Rose à devenir détective. Elle travaillait jusqu’ici dans un musée. Mais les circonstances vont la pousser à reprendre l’affaire de son père. Premier boulot, se rendre chez lui pour y trouver peut-être un indice, une trace de son meurtrier.

Elle ne trouvera rien de tout ça mais croisera trois fantômes, des vrais, qui hantent la maison depuis 18 ans et qui aimeraient bien aller prendre l’air…

Denis Lapière, éminent scénariste, Emilie Alibert, directrice d’écriture de Plus Belle la vie, et Valérie Vernay, qui a signé les couleurs de plusieurs séries comme Harmony ou Millénium, livrent un récit fantastique surprenant par son scénario et son approche graphique. Un thriller qui pourrait vous faire aimer les fantômes !

Eric Guillaud

Rose (tome 1/3), de Vernay, Lapière et Alibert. Éditions Dupuis. 12€

© Dupuis / Vernay, Alibert & Lapière

© Dupuis / Vernay, Alibert & Lapière

01 Fév

Irena : l’histoire en trois tomes de la Juste parmi les nations, militante et résistante polonaise, Irena Sendlerowa

9782344013632Premier constat, le dessin tranche singulièrement avec le propos. S’il n’y avait pas ce titre en couverture, Le Ghetto, on pourrait s’attendre à une bande dessinée humoristique, ou du moins semi-réaliste, comme en dessine habituellement Evrad, aka E411. Mais Irena n’est pas une bande dessinée humoristique, il suffit d’entreprendre sa lecture pour comprendre qu’elle nous entraîne, assez brutalement d’ailleurs, dans la tragédie de l’holocauste…

Un monde de misère où seuls les rêves des enfants sont encore en couleurs. Bienvenue dans le ghetto de Varsovie ! Irena est attendue impatiemment. Avec sa petite estafette, elle apporte de quoi manger et s’habiller aux familles juives, de quoi supporter encore un peu l’ignominie de la situation. Jusqu’au jour où une jeune femme sur le point de mourir confie son enfant à Irena. Que doit-elle faire ? Le faire sortir clandestinement ? Le temps de se poser la question, le gamin est abattu par un officier allemand. Pour Irena, c’est le choc, elle décide ce jour-là de sauver le plus d’enfants juifs possibles.

Et elle en sauvera 2500. Elle, c’est Irena Sendlerowa, une résistante, une vraie, déclarée Juste parmi les nations en 1965 et décédée en 2008. Malgré ses actes de bravoure et d’amour, les livres d’histoire n’ont pas gardé, semble-t-il, sa mémoire. C’est en tombant par hasard sur un article qui lui est consacré que Jean-David Morvan décide de raconter sa vie. Trois tomes sont prévus avec Séverine Tréfouël au scénario, David Evrad au dessin et Walter aux couleurs. Trois tomes qui permettront de raconter « l’histoire d’une femme ordinaire qui réalisa quelque chose d’extraordinaire ». Un album à mettre bien évidemment entre toutes les mains et notamment celles des enfants !

Eric Guillaud

Le Ghetto, Irena (tome 1/3), de Morvan, Evrard, Tréfouël et Walter. Éditions Glénat. 14,95 €

© Glénat / Morvan, Evrard, Tréfouël et Walter

© Glénat / Morvan, Evrard, Tréfouël et Walter

29 Jan

Tu sais ce qu’on raconte… la mécanique de la rumeur décortiquée par Gilles Rochier et Daniel Casanave

Capture d’écran 2017-01-29 à 20.07.49La nouvelle n’a fait qu’un tour dans le village. Gabory, le môme Gabory, est revenu. Mais pour quoi faire ? Voir sa famille ? Il n’a plus de famille ici. Se venger alors ? Tout le monde le craint et le cherche. Il est peut-être caché quelque part à épier tout ce petit monde qui s’agite et s’affole à la seule prononciation de son nom…

Il faut dire que l’histoire n’est pas très claire ma Pauv’ dame, on dit même que c’est la gamine, celle qui est morte, qui conduisait la voiture. Un accident, une tragédie, qui a boulversé la vie de la petite communauté. De là à imaginer qu’ils étaient drogués, il n’y a pas loin. Certains avancent même le nom de leurs fournisseurs. Quant aux parents de ces deux-là, forcément, ils ne sont pas nets…

Racontars, bobards, rumeurs, Tu sais ce qu’on raconte… nous parachute dans une petite ville de province où tout le monde se connaît, tout le monde s’observe, tout le monde a finalement une idée sur tout. De l’employé municipal au médecin, Gilles Rochier et Daniel Casanave donnent la parole à tous les habitants du village qui imaginent les raisons de ce retour, échafaudant des scénarios improbables, déformant les propos des uns et des autres, rajoutant une couche de sordide au passage. La rumeur est en marche, une mécanique de précision qui finit toujours par faire des dégats. Passe à ton voisin !

Et bien sûr, les esprits ne manquent pas de s’échauffer. Une milice se met en place pour accueillir comme il se doit le môme Gabory. « J’espère qu’ils vont le coincer et lui foutre une belle raclée », dit une villageoise ordinaire.

Le scénariste Gilles Rochier a obtenu le Prix Révélation au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2012 pour l’album Ta Mère la pute publié aux éditions 6 Pieds sous terre. On retrouve ici sa sensibilité, son humanité, pour dénoncer la bêtise générale et communicative avec un point de vue original et une chute inattendue. Non non, je ne vous la dévoilerai pas mais à ce qu’on raconte… il se pourrait que…

Eric Guillaud

Tu sais ce qu’on raconte…, de Rochier et Casanave. Éditions Warum?. 15€

© Warum? / Rochier & Casanave

© Warum? / Rochier & Casanave

28 Jan

Le palmarès 2017 du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême (FIBD)

Capture d’écran 2017-01-28 à 20.12.52Le 44e Festival International de la Bande Dessinée s’achève dimanche. La cérémonie officielle, quant à elle, s’est tenue aujourd’hui. Et les heureux élus sont :

Fauve d’Or, Prix du meilleur album : Paysage après la bataille, de Philippe de Pierpont et Eric Lambé (Actes Sud BD / Frémok)

Fauve d’Angoulême, Prix du public Cultura : L’Homme qui tua Lucky Luke, de Matthieu Bonhomme (Dargaud)

Fauve d’Angoulême, Prix spécial du jury : Ce qu’il faut de terre à l’homme, de Martin Veyron (Dargaud)

Fauve d’Angoulême, Prix de la série : Chiisakobe (tome 4), de Minetaro Mochizuki (Le Lézard noir)

Fauve d’Angoulême, Prix Révélation : Mauvaises filles, de Ancco (Cornélius)

Fauve d’Angoulême, Prix jeunesse : La jeunesse de Mickey, de Tébo (Glénat)

Fauve polar SNCF : L’été Diabolik, d’Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen (Dargaud)

Fauve Prix du patrimoine : Le Club des Divorcés (tome 2), de Kazuo Kamimura (Kana)

Prix de la BD alternative : Biscoto, le journal plus fort que costaud, (Association Biscoto Editions)

Enfin, pour rappel, le Grand prix a été attribué mercredi au dessinateur et scénariste suisse Cosey. Comme le veut la coutume, il présidera la prochaine édition du FIBD, en janvier 2018.

La Mémoire des pierres : les adieux de René Hausman à la bande dessinée

i3oLS3l7LLEpox65wuOfqPV4O3tiNiow-couv-1200René Hausman s’est éteint le 28 avril 2016, à l’âge de 80 ans. Quelques heures avant, l’immense artiste était encore sur sa planche à dessins, affairé à réaliser un nouvel album pour la collection Aire Libre des éditions Dupuis, sur un scénario de sa femme Nathalie Troquette et de son ami Robert Reuchamps…

La Mémoire des pierres est le nom de ce projet qui lui tenait à coeur. « Un récit sur mesure… », confie José-Louis Bocquet, « où son amour pour la nature, les animaux, mais aussi pour les hommes et les femmes de bonne et de mauvaise volonté trouvait un champ d’exploration pictural tout à la fois familier et renouvelé ».

Malheureusement, René Hausman n’eut le temps d’en achever que les 7 premières pages. Le reste était dans sa tête… et dans un cahier d’écolier à spirale. « J’ai dessiné tout le story-board … », expliqua-t-il à l’équipe d’Aire Libre réunie autour de lui une quinzaine de jours avant son décès, « pour que Nathalie et Robert soient bien d’accord avec ma mise en scène et mon découpage », précisant « j’ai ajouté quelques tâches de couleur à l’aquarelle, pour que ce soit plus agréable à regarder ».

Ce magnifique album paru en ce mois de janvier, quasiment huit mois après sa disparition, et tiré à seulement 3000 exemplaires, réunit les 7 premières planches finalisées et l’ensemble de ce fameux story-board qui est un petit bijou à lui-seul. Rien à voir bien sûr avec le dessin très travaillé d’Hausman mais on y décèle toute sa science de la narration. C’est beau et émouvant à la fois, on contemple mais on lit aussi. La Mémoire des pierres est une histoire, les éditeurs ont eu la bonne idée de faire calligraphier la totalité des dialogues par Philippe Glogowski, le lettreur attitré de René Hausman, et de les publier en regard des planches du story-board. Rigoureusement magnifique et indispensable !

Eric Guillaud

La Memoire des pierres, de Hausman, Troquette et Reuchamps. Éditions Dupuis. 32 €

© Dupuis / Hauman, Troquette & Reuchamps

© Dupuis / Hauman, Troquette & Rechampis

Un Million d’éléphants : un voyage au coeur de l’histoire du Laos signé Jean-Luc Cornette et Vanyda

Couv_293281Le Laos, autrefois appelé Lan Xang Nom Khao, littéralement Le Royaume du Million d’Éléphants et du Parasol Blanc, est au coeur de ce récit écrit par Jean-Luc Cornette et dessiné par Vanyda. Un pays que l’on connaît mal de ce côté-ci de la planète même si il a été placé sous le protectorat de la France pendant plus d’un demi-siècle, un pays enfin qui sort de longues, de très longues années de guerre, et qui s’est ouvert à l’extérieur et en même temps au tourisme uniquement dans les années 90…

« Tout a commencé… », explique Jean-Luc Cornette, « lorsque Vanyda m’a invité à rencontrer François/Thong Lith. il nous a parlé de son histoire, entremêlée à celle du Laos. Et nous l’avons écouté durant quatre jours ». C’est la genèse de cet album au nom si poétique. On n’y parle pas des éléphants, on en croise quelques-uns quand même, mais de la vie de ce François, François Savatier en France, Thong Lith Phongasavath dans une vie antérieure au Laos.

François Savatier est le père de Vanyda. Depuis des années, la jeune auteure et Jan-Luc Cornette souhaitaient explorer les racines de ce père lao et l’histoire de son pays, longtemps, très longtemps en guerre et fermé au monde occidental. « Après ma rencontre avec François, il était clair que son témoignage serait la base de l’histoire que nous allions construire avec Vanyda ».

De 1935 à nos jours, c’est près de 80 années d’histoire que retracent les auteurs, l’histoire d’un homme, d’une famille, d’un pays balloté entre la colonisation française et près de 4 décennies de guerre. La guerre d’Indochine en premier lieu, la guerre du Viêt Nam ensuite qui fait du Laos le pays le plus bombardé de l’histoire. 350 000 morts, des millions d’âmes blessées, des exilés, nombreux, un peu partout sur la planète. Et une dictature communiste pour finir.

L’album de Jean-Luc Cornette et Vanyda montre un magnifique pays, pétri de traditions ancestrales, qui va brusquement plonger dans la violence, dans la guerre et les déchirements internes. Il montre aussi la fin d’une époque, presque la fin d’un monde, et le début d’une nouvelle vie pour ceux qui ont choisi l’exil, en France notamment. À la douleur de ce déracinement contraint, beaucoup répondent par une farouche volonté d’assimilation. Repartir à zéro ou presque, tout recommencer sous des cieux qu’ils espèrent bienveillants. Les personnages de Jean-Luc Cornette et Vanyda sont attachants, l’histoire est captivante, parfois poignante, le dessin élégant, racé et coloré… de quoi passer en somme un moment agréable ou plus sûrement un moment riche en découvertes.

Eric Guillaud

Un million d’éléphants, de Jean-Luc Cornette et Vanyda. Éditions Futuropolis. 23€

© Futuropolis / Cornette @ Vanyda

© Futuropolis / Cornette & Vanyda

Angoulême : La dessinatrice turque Ramize Erer lauréate du Prix Couilles au Cul 2017

Aujourd’hui, samedi 28 janvier, le Festival OFF of OFF d’Angoulême, Fluide Glacial, ActuaBD.com, Sud Ouest, La Charente Libre et Cartooning for Peace, ont décidé de distinguer la dessinatrice Ramize Erer par le Prix Couilles au cul 2017 qui honore un courage politique particulièrement remarquable. 

Qui est Ramize Erer ? Née en 1963, Ramize Erer est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts d’Istanbul. En 1990, elle publie « Sans Moustache », le premier de ses cinq albums à résonnance féministe avec son héroïne Kötü Kiz, c’est-à-dire « La Mauvaise Fille ». Dessinatrice vedette de Radikal pendant plus de dix ans, elle a dû fuir la Turquie après la prise de contrôle de cet hebdomadaire par des proches du pouvoir. Elle habite désormais Paris où elle est la correspondante du journal Karşı. Entre Paris et Istanbul, elle est la rédactrice en chef du seul journal de bande dessinée réalisé uniquement par des femmes : Bayan Yanı (depuis mars 2011), ce qui en Turquie est une véritable gageure. Elle collabore très tôt au journal satirique LeMan lancé par son compagnon Tuncay Akgün (bio de Fluide Glacial)

Le Prix Couilles au Cul, remis dans le cadre du Festival off de la BD d’Angoulême, a été créé en janvier 2016 à l’initiative de Yan Lindingre, rédacteur en chef de Fluide Glacial qui expliquait alors : « L’intitulé est volontairement trivial et provoquant mais il permet de rappeler que le métier des humoristes et en l’espèce des dessinateurs de presse, c’est de
faire rire ». 

En janvier 2016, c’est la dessinatrice tunisienne Nadia Khiari, auteure des aventures du chat Willis from Tunis, qui avait reçu le prix Couilles-au-cul.

Eric Guillaud

27 Jan

Le Caennais Tebo reçoit le prix jeunesse du festival d’Angoulême pour son album « La Jeunesse de Mickey » paru chez Glénat

On le sentait venir, c’est fait, Tebo a reçu le Prix jeunesse du Festival International de la Bande Dessinée pour son dernier album La jeunesse de Mickey, « un Mickey qui décoiffe, un Mickey bourré de légèreté, d’humour et d’aventure », écrivions nous dans la chronique de l’album à retrouver ici.

Au départ, je n’avais pas très envie de le faire, reconnaît Tébo. Mais quand j’y ai réfléchi, beaucoup de souvenirs d’enfance sont remontés. C’est peut-être inconscient, mais je crois que mon style graphique est inspiré de Disney. Je me souviens des dessins animés en noir et blanc qu’on regardait le dimanche à la télé. Je crois que c’est un des premiers personnages que j’ai recopié quand j’avais 5 ans ! », déclarait-il dans une interview à retrouver là.

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25 Jan

Cosey Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée 2017 d’Angoulême

©Antoine Menard

©Antoine Menard

L’auteur de bande dessinée suisse Cosey, de son vrai nom Bernard Cosendai, vient d’être élu par ses pairs Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée, événement phare du neuvième art qui ouvre ses portes demain jeudi 26 janvier.
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Pour beaucoup, Cosey est le créateur des aventures de Jonathan, 16 albums à ce jour, il est aussi l’auteur de quelques albums plus personnels comme Le Voyage en Italie, Orchidea, Saigon – HanoÏ, Zélie Nord – Sud ou encore Une Maison de Frank L. Wright.
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Les éditions Dupuis se félicitent de ce prix en précisant que Cosey « est un auteur phare d’Aire Libre (collection des éditions Dupuis, ndlr), qui a marqué toute une génération de lecteurs avec la publication de l’album iconique Le Voyage en Italie (1988), véritable best-seller qui n’est pas étranger au rayonnement du label. Fidèle à ce dernier, Cosey signera 6 autres albums faisant de lui un auteur sensible se plaisant à refléter la vie réelle de ses personnages par petites touches discrètes mais toujours justes. Nous sommes très heureux et fiers de cette élection à ce Grand Prix tant mérité ! »
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De leur côté, les éditions Glénat évoquent « l’auteur d’une œuvre qui lui ressemble, le créateur d’une ligne reconnaissable entre mille : rares sont ceux qui ont su capter la poésie brute des cimes comme ce Suisse amoureux des montagnes. Privilégiant l’épure, le rythme lent et la maîtrise de l’espace, Cosey a également participé par sa narration aérée – voire aérienne – à totalement redéfinir son médium. Dès 1984 avec À la recherche de Peter Pan, il s’affirme comme l’un des grands précurseurs d’un genre aujourd’hui incontournable : le roman graphique ».
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C’est une très très bonne nouvelle, Cosey étant un auteur complet, à la fois scénariste et dessinateur, un homme qui privilégie l’humain au sensationnel. Il a élaboré en quelque ciquante ans une oeuvre absolument magnifique, étonnante et vagabonde. Il est reconnu et apprécié dans le milieu du Neuvième art pour ses récits réalistes, sensibles, emprunts d’humanisme et truffés de personnages à la psychologie particulièrement fouillée. Les aventures de Jonathan, prépubliées à partir de 1975 dans les pages du journal Tintin, racontent l’histoire d’un jeune occidental amnésique marchant sur les traces de son passé. Une aventure ponctuée de rencontres exceptionnelles mais aussi et surtout une aventure intérieure dans le somptueux décor du Népal et du Tibet.
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Cosey, c’est le voyage au Tibet mais aussi au Vietnam (Saïgon-Hanoï), en Italie (Voyage en Italie), aux Etats-Unis (Joyeux Noël, May!) ou encore au Sahel (Zélie Nord-Sud). Bravo pour ce prix qui devrait faire l’unanimité parmi les amoureux du neuvième art.
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 La réaction de Cosey

 Eric Guillaud