21 Mar

Doggybags : that’s all folks ?!

Doggybags_13Comme annoncé depuis le début, le treizième volume de la série Doggybags sera le dernier dans tous les sens du terme. Même si, comme l’un de ces nombreux monstres de série B qui finissent toujours par mourir sous les coups de vertueux héros, la bête pourrait peut-être revenir d’entre les morts d’une façon ou d’une autre…

Trois ‘grosses’ histoires indépendantes bourrées de références à la trash culture 80’s à gogo (en vrac : Sos Fantômes, La Rue Sésame, 40 Jours de Nuit, Spiderman, ça de Stephen King et encore on en oublie) réalisées par trois équipes différentes, chacune peuplée de beaux perdants qui ont tout à perdre, rien à gagner et beaucoup, mais alors beaucoup d’hémoglobine. Pour sa dernière virée en Enfer, ce qui se situe toujours à mi-chemin entre le magazine trois étoiles et le livre – imaginez une sorte de version mutante d’Egoïste avec beaucoup plus de zombies dedans ! – a décidé d’éclabousser les murs. Pourtant, l’objet en lui-même reste superbe avec sa tranche cartonnée, ses fausses pubs cyniques et sa mise en page bien dense mais jamais étouffante.

© Doggybags - Run, Mojo, Hutt, Calla & Rosset

© Doggybags – Run, Mojo, Hutt, Calla & Rosset

Sauf qu’au-delà du pastiche et/ou de la déclaration d’amour à la culture ‘pulp’ américaine on y décèle une angoisse nettement plus sérieuse que ne cherche d’ailleurs même pas à cacher leur mentor et scénariste/illustrateur/gourou Run. Ici, il signe l’histoire la plus destroy du lot, ‘Times Scare’ dont le point de départ d’ailleurs, bien que conçu des mois avant, rappelle d’une manière assez prophétique l’affaire Théo. Et dans les deux éditos qu’il signe dans ce numéro, ce tout juste quadra confesse qu’au-delà du plaisir de charcuter à tout va, mettre ainsi en dessin cette débauche de bidoche était sa façon à lui d’exorciser le traumatisme post-Charlie Hebdo.

© Doggybags - Run, Mojo, Hutt, Calla & Rosset

© Doggybags – Run, Mojo, Hutt, Calla & Rosset

Bon, ça, c’est pour la partie psycho. Parce que pour ce qui est du reste, que les histoires soient ancrées dans le fantastique, dans le réel ou versent carrément dans l’onirique, ça charcute, ça trucide, ça découpe et – allez, on est entre nous alors on vous confie un secret – cela ne finit souvent par un gros éclat de rires (noir) mais JAMAIS bien.

Jason, le tueur à la machette et au masque de hockey, ayant quand même accouché de onze films, on se dit que treize volumes, c’est bien trop peu pour épuiser le créneau et dixit sa postface, l’esprit Doggybags devrait désormais se décliner via deux nouvelles séries indépendantes. Oui, ça va (encore) gicler.

Olivier Badin

Doggybags Volume 13, de Run, Mojo, Hutt, Calla & Rosset, Label 619, 13,90 euros

20 Mar

Le miracle de Vierves : un récit boisé d’Inne Haine chez Vraoum!

Couv_300665Vierves sur Hayne, petit village de Flandres perdu au milieu des bois, quelques dizaines d’habitants, une auberge, une église, des cerfs et, comme à Lourdes, des miracles. Saint Antoine, pour remercier une certaine Suzanne d’avoir pris soin de Gérard, un jeune cerf perdu, aurait exaucé un de ses voeux les plus chers : celui d’être enceinte…

Et comme à Lourdes, depuis ce miracle, des hordes de touristes accourent d’un peu partout chaque année pour la fête des Ramures, chacun se mettant à la recherche dans la campagne environnante de bois tombés de la tête du fameux cerf.

Il est vrai qu’à 1000 euros la chute de bois trouvée, ça peut valoir le déplacement. Une aubaine pour les touristes mais aussi pour les villageois qui on su – comme à Lourdes – transformer ce miracle immaculé en miracle économique.

Hébergement, restauration, boissons ou figurines à l’effigie de Gérard… tout le monde profite allègrement du juteux business jusqu’au jour où le cerf est renversé et tué par la voiture d’un habitant. Alors commence une hallucinante histoire afin de préserver la poule aux oeufs d’or, pardon le cerf aux bois d’or…

On pourrait presque discerner des senteurs de sous-bois dans ce premier livre de l’illustratrice flamande Inne Haine tant elle parvient à nous emmener avec elle dans ce récit à la fois drôle et dramatique. Une belle narration, quelques belles idées de présentation, un graphisme tantôt naïf, tantôt floral, une histoire qui sort des sentiers battus… Un petit miracle au pays du neuvième art !

Eric Guillaud

Le miracle de Vierves, de Inne Haine. Éditions Vraoum!. 20€

16 Mar

Tif et Tondu : les premiers récits de Will enfin réunis dans une intégrale

AYB83gRonKNHOwWFjsuCBT34Wjk4jGJj-couv-1200Il y a à peine quatre ans s’achevait la publication de la première intégrale consacrée à Tif et Tondu sur un treizième volume réunissant Les Vieilles dames aux cent maisons, Fort Cigogne et Le Mystère de la chambre 43, trois petits bijoux simenoniens réalisés dans les années 90 et signés Sikorski et Lapière.

On oublie tout – ou presque – et on recommence. L’Intégrale Tif et Tondu fait peau neuve, un sacré coup de lifting pour une meilleure mise en valeur de l’une des pièces centrales du patrimoine des éditions Dupuis. Nouvelle maquette, nouvelle introduction historique rédigée par les spécialistes Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, nouvelle approche éditoriale et publication strictement chronologique.

C’est bien, c’est même très bien, mais c’est encore mieux que ça. Les aventures de Tif et Tondu ont été publiées dès le premier numéro du journal Spirou en 1938. Fernand Dineur est alors seul aux commandes. Mais en 1949, dans un souci de rajeunissement des héros et de leurs aventures, les éditions Dupuis demandent à Will de prendre en charge la partie graphique, Dineur conservant pendant quelques années encore le scénario.

Ce sont ces premières aventures signées à quatre mains, inédites en intégrale, que réunit ce premier volet, à savoir Tif et Tondu en Amérique centrale, La villa Sans-Souci, Le Trésor d’Alaric et Oscar et ses mystères.

En prime, trois autres récits d’une trentaine de planches, uniquement publiés dans des éditions confidentielles, et bien sûr le très épais et documenté dossier des Pissavy-Yvernault complètent ce gros bébé joufflu de 368 pages et 1,5 kg.

Eric Guillaud

Intégrale Tif et Tondu (1949 – 1954), de Will, Gillain, Dineur et Desprechins. Éditions Dupuis. 35€

13 Mar

Indeh : une histoire des guerres apaches signée Ethan Hawke et Greg Ruth chez Hachette Comics

Capture5Que ce soit de ce côté-ci de l’Atlantique ou de l’autre, l’histoire des Apaches a principalement été écrite et transmise par l’homme blanc, à travers le cinéma mais aussi la littérature. C’est encore la cas ici avec Indeh, Ethan Hawke et Greg Ruth ne sont pas Apaches, mais le point de vue qu’ils ont choisi pour raconter cette histoire est justement celui de ces tribus amérindiennes. Et ça change tout…

« Pendant des décennies, la culture populaire américaine a prétendu parler en notre nom par le truchement de films, de livres et d’émissions télévisées », explique en préface l’artiste amérindien Douglas Miles, « Presque toujours, ces histoires nous resservent les mêmes clichés et suscitent un sentiment mêlé de tragédie, de pitié, de sauvagerie, non dépourvu d’arrières pensées commerciales ».

Aux innombrables films hollywoodiens qui ont contribué au mythe de l’Amérique conquérante et à la simplification de l’image de l’Indien par le recours massif aux clichés les plus basiques, où les gentils colons se voyaient attaqués par des hordes sauvages, Indeh répond en se mettant dans la peau et dans le regard des Apaches qui ne font que répondre à la violence par la violence, choisissant la guerre contre le gouvernement des États-Unis pour défendre leur liberté, leurs terres, leur culture, et s’opposer à la déportation des leurs dans des réserves.

© Hachette Comics - Hawke & Ruth

© Hachette Comics – Hawke & Ruth

Si l’histoire des Apaches ne lui appartient pas non plus, l’acteur de cinéma Etan Hawke a découvert très jeune que les films de cow-boys n’étaient qu’un tissu de mensonges. « Les fusillades qui les émaillaient… », écrit-il, « n’avaient rien d’accrochages héroïques et palpitants. Ce n’était que des massacres ».

Des années plus tard, devenu acteur de renom, Etan Hawke entame l’écriture d’un film inspiré par l’ouvrage de David Roberts sur les guerres apaches, Nous étions libres comme le vent, film qui ne verra finalement jamais le jour pour de sombres raisons de casting et d’argent.

De fil en aiguille, le script de ce qui devait être un film devient un scénario de bande dessinée avec au dessin un illustrateur américain réputé, Greg Ruth.

« J’avais été très sensible à son style, à sa puissance émotionnelle. Le script lui plaisait, mais il me fit comprendre que, si je cherchais simplement quelqu’un pour en faire un story-board, j’avais frappé à la mauvaise porte (…) Mais, si j’étais prêt à creuser encore et à faire en sorte de mettre ce matériau au service de la création d’une oeuvre originale dans ce médium, alors il serait partant pour travailler avec moi ». 

© Hachette Comics - Hawke & Ruth

© Hachette Comics – Hawke & Ruth

A l’arrivée, Etan Hawke et Greg Ruth nous offrent un roman graphique absolument captivant, 240 pages en noir et blanc, une mise en scène époustouflante, un graphisme réaliste de caractère, un nouveau regard, plus objectif, sur le destin tragique des Apaches et sur le rôle de leur chef emblématique Geronimo.

« Geronimo représente le protagoniste parfait d’un récit épique, avec toute sa complexité, sa lumière et ses zone d’ombre – un véritable héros shakespearien ».

Sortie en librairie le 22 mars

Eric Guillaud

Indeh, une histoire des guerres apaches, De Ethan Hawke et Greg Ruth. Éditions Hachette Comics. 19,95€

© Hachette Comics - Hawke & Ruth

© Hachette Comics – Hawke & Ruth

 

11 Mar

Loup : un récit poétique signé Renaud Dillies chez Dargaud

Couv_297178À la question de savoir quel est son nom, il répond de façon automatique Loup. Mais en fait, il ne connaît pas son nom. Il l’a oublié. Comme tout le reste. D’où il vient, ce qu’il fait là, où il va. Loup est amnésique mais il joue formidablement de la guitare…

Au point de se faire une sacrée réputation dans le milieu des musicos et d’être repéré par un gros producteur. C’est la gloire ! Bientôt, Loup est connnu de tous mais reste inconnu de lui-même. Personne ne s’est manifesté pour signaler sa disparition, aucun indice sérieux qui pourrait mettre la police sur une piste, pas de cicatrice, pas de tatouage, pas de signe particulier, rien, nada, nothing, niente. Jusqu’au jour où…

Cette histoire m’en rappelle une autre, réelle celle-là. C’était il y a une dizaine d’années en Angleterre, un homme retrouvé amnésique sur une plage du Kent et qui se révéla un virtuose du piano. Il fit la Une de pas mal de médias avant qu’on lui retrouve sa famille et qu’on reconnaisse qu’il n’avait en fait rien de virtuose, tout juste quelques connaissances en musique, suffisantes pour épater la foule et émoustiller la presse.

Là s’arrête la comparaison, Loup est incontestablement amnésique et virtuose, ce qui permet à Renaud Dillies de nous interroger sur ce que nous pourrions être, sur ce que pourrait être aussi le monde, si nous oublions un peu ce que nous sommes, autrement dit si nous laissions parler plus souvent la poésie, la magie, le rêve…

Dire que Loup est un album sensible et intelligent serait juste mais incomplet, il est merveilleux dans le fond et délicieux dans la forme. Bref, Loup est une friandise à croquer à pleines dents !

Eric Guillaud

Loup, de Renaud Dillies. Éditions Dargaud. 12,99€

© Dargaud / Dillies

© Dargaud / Dillies

10 Mar

Là où se termine la terre, un roman graphique de Désirée et Alain Frappier aux éditions Steinkis

Capture d’écran 2017-03-08 à 20.16.14Là où se termine la terre est une histoire vécue, celle de Pedro Atias, celle aussi d’un pays, son pays, le Chili, et plus largement du monde, notre monde…

Transmettre. C’est ce qui anime depuis toujours Désirée et Alain Frappier, les auteurs de cet album paru chez Steinkis en janvier. Transmettre la grande histoire du monde en la mêlant à l’histoire intime, celle des hommes, en l’occurence ici celle de Pedro Atias.

En 1948, quand débute ce récit, Pedro Atias n’est qu’un enfant en culotte courte, un enfant qui admire son père, Guillermo Atias, écrivain. Pedro est alors scolarisé à l’Alliance française et apprend « nos ancêtres gaulois », quasiment rien sur son pays, le Chili.

Mais peu importe, l’essentiel pour son père, un intellectuel de gauche, est d’inscrire ses enfants à l’Alliance Française, une école réputée pour la qualité de son enseignement.

« La France jouissait alors d’une image exceptionnelle en Amérique latine. Tout le monde aimait la France… »

Aujourd’hui, Pedro l’exilé vit en France. Mais ses souvenirs le ramène perpétuellement au Chili. Des souvenirs d’enfant, main dans la main avec son père face à la mer, puis des souvenirs d’adolescent qui s’éveille au monde, en découvre le côté lumineux, la coupe du monde de football de 1962, le cinéma, la littérature, et son côté obscur, l’assassinat de Kennedy, la guerre du Vietnam, la guerre froide…

Et puis il y a les souvenirs plus douloureux encore, le coup d’état militaire en septembre 1973, la mort de Salvador Allende, la dictature de Pinochet, la répression contre la gauche chilienne, les tortures, les déportations, les exécutions et disparitions de plusieurs milliers de personnes… et enfin, pour lui, l’exil.

Plus fort qu’un récit documentaire, plus fort qu’un récit historique, Là où se termine la terre nous plonge dans le passé chilien entre 1948 et les années 70. « Depuis longtemps, avec Alain, nous souhaitions raconter une histoire qui se déroule en Amérique latine, en Argentine ou au Chili… », explique Désirée Frappier, « Mais cela nous semblait impossible sans l’aide d’un fil conducteur sensible, capable de nous mener dans les méandres d’une histoire excessivement complexe tout en nous maintenant toujours dans la fragilité de l’intime et du particulier ».

Un récit dense et documenté, au ton souvent nostalgique et grave, emmené par un graphisme et une mise en page d’une très belle sobriété, qui ‘n’est pas sans rappeler le travail d’Emmanuel Guibert (La guerre d’Alan). Passionnant !

Eric Guilaud

Là où se termine la terre, de Désirée et Alain Frappier. Éditions Steinkis. 20€

© Steinkis / Désirée & Alain Frappier

© Steinkis / Désirée & Alain Frappier

04 Mar

Big Bang Saïgon : une histoire d’amour au Vietnam signée Maxime Péroz et Hugues Barthe

album-cover-large-32004Dans la famille de Maxime, tout le monde a voyagé, vécu ici ou là, le père au Sénégal, l’oncle aux Nouvelles-Hébrides, la tante à Bora-Bora et le grand-père à Saïgon. Maxime, lui, vit encore chez ses parents à 25 ans. Plus pour longtemps…

Maxime vient de terminer ses études aux Beaux-Arts mais il ne parvient pas à décrocher un boulot. Une situation pénible qui s’ajoute à une fâcheuse impression de rejouer tous les soirs à la maison un remake de Tanguy. A 25 ans, Maxime vit toujours aux crochets de ses parents. Jusqu’au jour où il décide de faire sa vie ailleurs. Destination Saïgon, histoire de suivre les traces de son grand père et de – peut-être – retrouver Marcel, un enfant illégitime qu’il aurait eu avec une Vietnamienne pendant la guerre d’Indochine.

Mais ce n’est pas Marcel que Maxime trouve au Vietnam, c’est l’amour. Elle est japonaise, s’appelle Akiko et est institutrice dans une école de Saïgon…

Maxime… comme Maxime Péroz ? Si Big Bang Saïgon n’est pas à proprement parler une autobiographie, il semble que pas mal de choses, à commencer pas les croquis d’observation en noir et blanc qui ponctuent le récit, soient tirées d’un voyage réellement effectué par le dessinateur. Une autofiction en somme qui parle de voyage mais surtout d’amour, un amour passionnel et charnel qu’il a confié à la plume experte du scénariste rouennais Hugue Barthe pour en tirer une belle histoire. Résultat, Big Bang Saïgon est un récit d’une belle sensibilité au trait souple et élégant, relevé de quelques scènes érotiques qui font monter la température ambiante.

Eric Guillaud

Big Bang Saïgon, de Hugues Barthe et Maxime Péroz. Editions La Boîte à bulles. 24€

© La Boîte à bulle / Barthe et Péroz

© La Boîte à bulle / Barthe et Péroz

01 Mar

Sortie de route : un dérapage contrôlé de l’inimitable Didier Tronchet

9782344019139-LRégis est chef de vente dans les machines outils, Valérie, responsable de la communication dans un grand groupe pharmaceutique, mais pour l’instant ils sont sur la route des vacances. Enfin presque, Régis a une dernière petite visite de chantier à effectuer…

Ils vont d’ailleurs s’y rendre ensemble. Un dernier rendez-vous, jure Régis. « Et après, je te promets, on est en vacances!!! Je quitte ma cravate et ma veste de croquemort!! Et hop j’enfile ma chemises de vacances… avec des palmiers ».

Une belle chemise directement importée de Gambie qui devrait faire de l’effet sous le soleil. En attendant, Régis propose à sa femme de boire un peu de grenadine, un parfum d’hier. « Tu bois de la grenadine, tu retournes immédiatement à l’enfance », lui dit-il. Et il ne pense pas si bien dire. A peine Valérie a-t-elle bu une gorgée qu’elle redevient la fillette qu’elle était à 10 ans. De quoi filer une trouille noire à notre bon Régis, provoquer une sortie de route et un bug temporel dans sa tête…

Didier Tronchet s’amuse – et nous amuse – avec ce road trip qui dérape mais tient sacrément la route. Les amateurs du créateur de Raymond Calbuth, des Damnés de la terre associés, de Raoul Fulgurex, de Jean-Claude Tergal et d’un bonne quantité de one shots retrouveront dans ces pages l’imagination sans limite, l’humour subtil et le trait joyeusement naïf et maladroit qui font sa signature.

Eric Guillaud

Sortie de route, de Didier Tronchet. Éditions Glénat. 19,50€

© Glénat / Tronchet

© Glénat / Tronchet

Le dessein : Jonathan Munoz explore le monde merveilleux de la bande dessinée

Capture d’écran 2017-02-26 à 17.59.37Un monde merveilleux… et impitoyable ! Combien ont rêvé de devenir auteur de bande dessinée et se sont cassés les dents et les pinceaux sur la dure réalité du milieu ? Des milliers ? Des dizaines de milliers ? En une centaine de pages, Jonathan Munoz nous raconte le parcours de combattant d’un auteur de bande dessinée.

« Nous avons bien reçu votre projet et vous en remercions. Nous l’avons lu et étudié avec attention. Cependant blablabla… ». La journée commençait mal pour notre auteur. Une nouvelle lettre de refus qui ira ajouter une strate à la pile déjà conséquente. Pour couronner le tout, notre auteur se fait interdire bancaire, voler son vélo puis braquer son téléphone… De quoi finir dans un jardin public et parler aux pigeons. Mauvaise journée. Très mauvaise journée.

Mais comme dans les récits de bande dessinée, il y a toujours un miracle quelque part. Et ce miracle s’appelle… en fait, il ne s’appelle pas… c’est juste un homme qui s’autoproclame maître de cet auteur.

Et il fait un peu clodo le maître. « Tu es un fin observateur, c’est la première qualité pour devenir dessinateur. Mais il te faudra apprendre à regarder au-delà des apparences pour devenir le meilleur. Et surtout, comme tout créatif, il va falloir apprendre à te contenter de ce que tu as ! C’est à dire par grand-chose ».

C’est un peu brutal mais ce n’est rien par rapport à ce qui l’attend. Le maître et l’élève vont faire alliance pour le pire et le meilleur…

Le Dessein n’est pas à proprement parler une BD pour apprendre à dessiner, comme ont pu le faire précédemment Scott McCloud (L’Art invisible), Tébo et Zep (Comment dessiner?) ou encore Lewis trondheim et Sergio Garcia (Apprendre et comprendre la bande dessinée) mais on y apprend quand même quelques bases du métier comme apprendre à vivre sans argent, faire du commercial sans – trop -perdre son âme, être vendeur tout en restant engagé, être compris de tous, parler sexe sans en avoir l’air… Mais le livre de Jonathan Munoz est avant tout une fiction sympathique et bourrée de bonnes idées, une histoire drôle, originale et surprenante.

Eric Guillaud

Le Dessein, de Jonathan Munoz. Éditions Glénat. 17,50€

© Glénat / Munoz

© Glénat / Munoz