30 Mar

I Hate Fairyland : les contes de fées ne sont plus ce qu’ils étaient et c’est tant mieux

Capture d’écran 2017-03-30 à 20.50.49   Allez, avouez bandes d’hypocrites, cela vous a bien traversé au moins une fois le crâne de – restons polis, allez – donner un coup très, très fort là où le soleil ne brille jamais à ces gamines chantant à tue-tête la chanson-titre de ‘la Reine des Neiges’ jusqu’à côté de vous dans le bus non ? Où de hurler à Blanche-Neige que plutôt que de perdre son temps à glandouiller avec sept nabots en attendant un hypothétique prince charmant, elle ferait mieux d’aller en boîte et de se laisser embarquer par le premier venu non?

Gertrude, elle, ne pose pas toutes ces questions. Elle y va. Â fonds. Elle ne parle pas, elle tape, elle trucide même. Elle découpe, elle dévore, elle dégueule et elle jure comme une poissonnière après deux bouteilles de vodka. En même temps, vingt-sept ans, c’est long. Très long même. Oui, vingt-sept ans à chercher cette foutue clef que lui permettrait de sortir de ‘Fairyland’ monde magique et merveeeeeeillllleux où elle a été aspiré alors qu’elle jouait dans sa chambre, pépère. Bon, à la base, cela ne devait pas se passer comme ça ou du moins durer aussi longtemps mais voilà, la machine s’est grippée et passée l’émerveillement, disons poliment qu’elle commence à trouver le temps très long et qu’elle commence à perdre patience. Sentiment d’ailleurs partagé par la reine Claudia, censée régentée ce pays coloré plein de petits animaux à fourrures tout mimi et de créatures magiques que la jadis douce fillette devenue kamikaze est en train de mettre à feu et à sang.

© Skottie Young, Urban Comics

© Skottie Young, Urban Comics

Ce point de départ cartoonesque, c’est celui de I Hate Fairyland signé par le dessinateur américain Skottie Young (Little Marvel). Une BD à l’humour très noir et cynique, gore mais toujours sous l’angle humoristique et qui prend un malin plaisir à dézinguer pas mal des personnages clichés de tout conte de fée qui se doit (la sorcière, la reine maléfique, le troll etc.). Le tout à un rythme frénétique digne de la série de dessins animés Looney Tunes (Bugs Bunny, Bip Bip et Coyote etc.) mais sans le filtre ‘politiquement correct’ qui allait avec et par contre des haches qui décapitent, des bouts de membres qui volent et des mâchoires fracturées, quand ce n’est pas l’héroïne qui croque à pleine dents ses assaillants ou qui veut faire la peau à l’autre petite fille innocente atterrie elle aussi par hasard à ‘Fairyland’ et qui l’empêche de rentrer chez elle…

© Skottie Young, Urban Comics

© Skottie Young, Urban Comics

Alors parfois, on sent que certains gags ont perdu leur force à travers la traduction (par exemple, ‘Fairyland’ n’autorisant pas les gros mots, les personnages utilisent des néologismes absurdes pour les remplacer) et cela va tellement vite que l’on arrive presque épuisé à la fin de ce premier tome, ne sachant pas trop comment les auteurs réussiront à tenir la distance par la suite. Mais franchement, il y a quelque chose de profondément jouissif à voir ainsi une môme de six ans faire la peau à tous ces machins rose bonbons et acidulés. Cela rattrape toutes ces heures perdues par tous les parents du monde entier obligés de se farcir trois fois d’affilée dans l’autoradio la BO de Cars ou le passage annuel obligatoire hors de prix à Disneyland non ?

Olivier Badin

I Hate Fairyland, Tome 1 : Le Vert de ses Cheveux de Skottie Young, Urban Comics, 10 euros

© Skottie Young, Urban Comics

© Skottie Young, Urban Comics