20 Déc

Chroniques de Noël : Malabar, le super-héros qui fait des bulles chez Dupuis

Couv_258376Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Il a combattu les animaux les plus sauvages, affronté les monstres les plus terribles, renvoyé dans leurs manoirs les fantômes de la pire espèce, exploré les territoires les plus lointains, sauvé la vie de millions de gens, c’est un héros, un super-héros, qui arbore fièrement un gros « M » sur son torse, un « M » qui veut dire Malabar.

Forcément, ça vous rappelle quelque chose. Un personnage hors du commun, un gars du genre costaud, du genre qu’on ne contredit pas, un Malabar quoi !

Depuis 1969 et jusqu’à peu son physique de Monsieur Propre croisé Tintin a hanté le papier d’emballage des fameux bubble-gum du même nom reconnaissables à leur couleur rose.

Un rose que même les garçons les plus teigneux du quartier adoraient. Un Malabar par-ci, un Malabar par-là… Et ça masticotait du matin au soir, du soir au matin. Ça masticotait et ça tatouait ! Car dans chaque Malabar se cachait un tatouage qui donnait l’air d’un dur, d’un pirate, d’un cow-boy… au service du bien quand même.

Disparu des écrans radar il y a quelques temps, Malabar refait surface grâce au travail minutieux d’Alain Lachartre consigné dans le livre Malabar, Histoires de bulles paru aux éditions Dupuis, un ouvrage costaud lui-aussi, près de 400 pages, qui réunit les plus belles réalisations, vignettes, tatouages, planches publicitaires… autour du personnage.

Et on y apprend que Maurice Rosy, notamment scénariste des premières aventures de Tif et Tondu, mais aussi Franck Margerin, Mic Delinx, Régis Loisel ou encore Philippe Luguy, des grands noms du Neuvième art, ont travaillé sur les aventures de Malabar.

Un livre très complet, parfois un peu trop commenté, abondamment illustré, complété par une timeline des concepteurs, créateurs ou dessinateurs invités à plancher sur les aventures de notre blondinet musclé.

Eric Guillaud

Malabar, histoires de bulles, de Alain Lachartre. Editions Dupuis. 28€

19 Déc

Chroniques de Noël : Bye-bye Maggie, une saga romanesque dans l’Amérique contemporaine signée Jaime Hernandez

album-cover-large-27627Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

L’album Bye-bye Maggie peut sans souci se lire comme un one-shot mais il s’inscrit dans une vaste série connue sous le nom de Love and Rockets initiée en 1981 par les frères Jaime, Gilbert et Mario Hernandez et parvenue en ordre totalement dispersée de ce côté-ci de l’Atlantique. Publiée un temps chez Comics USA, Albin Michel, Seuil, Rackham puis Vertige Graphic, la série semble finalement trouver éditeur à sa mesure en 2009 avec Delcourt et la collection Outsider.

Peu connue en France, Love and Rockets est pourtant considérée aux Etats-Unis comme une oeuvre essentielle de la bande dessinée indépendante, une oeuvre partagée en deux sous-séries, Palomar animée par Gilbert et se déroulant en Amérique centrale, Locas écrite par Jaime et  s’inscrivant pour sa part dans une banlieue hispanique de Los Angeles. Deux univers qui ne se croisent pas même si les deux récits, publiés simultanément, racontent tous deux la vie de personnages ordinaires à plusieurs époques de leur vie.

Dans ce nouvel album de Jaime, Maggie approche de la cinquantaine, elle vit toujours en coloc mais deux gars rodent autour d’elle, Ray un ex et Reno un artiste…

Un graphisme en noir et blanc raffiné, un esprit underground omniprésent, une histoire subtile, des personnages attachants, « un vrai cours magistral de bande dessinée » dixit le grand Adrian Tomine, bref la lecture de Bye-bye Maggie vous permettra de comprendre comment la série a inspiré et inspire aujourd’hui encore une génération entière d’auteurs de bande dessinée. Extra !

Eric Guillaud

Bye-bye Maggie, de Jaime Hernandez. Editions Delcourt. 16,95€

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17 Déc

Festival international de la bande dessinée d’Angoulême : « Vive la marée! » de Prudhomme et Rabaté et « Cher pays de notre enfance » de Davodeau et Collombat dans la sélection officielle

VisuelAfficheOtomoQuarante albums très précisément ont été retenus dans la sélection officielle de la 43e édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Parmi eux L’Arabe du futur 2 de Riad Satouf, Combats de Goossens, Le piano oriental de Zeina Abirached, La République du catch de Nicolas de Creécy… ainsi que deux productions ligériennes, Vive la marée! de Prudhomme et Rabaté et Cher pays de notre enfance de Collombat et Davodeau.

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14 Déc

Spirou décroche le sabre laser et nous offre un numéro spécial Star Wars

IMG_1719À moins de revenir d’un stage intensif de macramé en Sibérie centrale, vous ne pouvez décemment pas ignorer que le nouvel épisode de Star Wars, Le Réveil de la force, sera à l’affiche de toutes les salles obscures de la galaxie dès mercredi prochain.

En France comme ailleurs, il est quasi-impossible de passer à côté du phénomène Star Wars qui depuis des semaines, voire des années-lumière envahit notre quotidien. Tout le monde en cause, y compris le très sérieux journal économique Les Echos qui résume assez bien la situation en comparant « Star Wars VII » a un blindé qui « devrait faucher sur sa lancée les longs-métrages qui auraient commis l’erreur de se trouver sur sa route au moment de leur sortie« .

Le quotidien Les Echos en parle, Spirou aussi. Mieux, il offre à ses lecteurs un numéro spécial à paraître le mercredi 16 décembre. Derrière une très belle couverture signée Arthur de Pins, les héros habituels, Dad, Nelson, Les Femmes en blanc, l’Atelier Mastodonte… revisitent le mythe en BD avec une bonne dose d’humour. Que la farce soit avec vous !

Eric Guillaud

13 Déc

Chroniques de Noël : Eloge de la névrose en 10 syndromes de Leslie Plée

eloge-de-la-nevrose-en-10-syndromesAïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

A quoi reconnaît-on un adulte ? C’est simple, selon Leslie Plée, l’adulte est sérieux, fiable, rarement malade, sans angoisses, il fait du ménage régulièrement, aime les endives, écoute France Inter le matin, regarde Arte le soir, paie ses impôts, prend le temps de faire de la cuisine… Bon, autant dire que vu comme ça, ça ne fait pas forcément très envie. Enfin pour ceux qui n’y sont pas encore arrivés. Ça ne fait pas très envie et pourtant les adolescents passent leur temps à mimer l’âge adulte. C’est le syndrome de l’adultisme, l’un des dix syndromes des névroses du quotidien que décortique Leslie Plée dans ce livre paru en août aux éditions Delcourt. C’est fin, c’est drôle, ça se mange sans faim comme tous les albums de l’auteure, depuis Moi vivant vous n’aurez jamais de pauses à Michel un chat sauvage en passant par Vivre vieux et gros : les clés du succès ou L’Effet kiss pas cool. Parmi les autres syndromes abordés, celui de la personne normale, volonté malsaine d’être une personne dite normale en dépit de sa personnalité fantasque ou celui de l’imposteur procrastinateur, trouble psychologique semi-permanent rencontré par un sujet inhibé qui se reconnaît aucun talent. Bref, il y en a pour tout le monde…

Eric Guillaud

Eloge de la névrose en 10 syndromes, de Leslie Plée. Editions Delcourt. 15,95€

12 Déc

Luc Warnant en dédicaces chez Bulle au Mans dimanche 13 décembre

soda-lettres-a-satanMais qui est donc ce Luc Warnant annoncé en dédicaces demain dimanche au Mans ? Vous aurez beau regarder sur les milliers d’albums parus depuis vingt ans, vous ne trouverez nulle part son nom. Et pour cause, Luc Warnant a arrêté de faire de la bande dessinée il y a exactement 28 ans après avoir, tout de même, créé graphiquement un personnage de légende, Soda.

Luc Warnant a non seulement créé Soda avec le scénariste Tome mais il en a aussi assuré les deux premières aventures, Un ange trépasse et le magnifique Lettres à Satan dont l’édition originale s’arrache aujourd’hui à prix d’or.

Et s’il vient à la librairie Bulle au Mans, ce n’est pas pour parler de sa reconversion dans la publicité ou plus tard dans l’image de synthèse mais pour dédicacer un tirage spécial de Lettres à Satan justement.

Ouverture des portes à 11h00

Chroniques de Noël : Le Piano oriental de Zeina Abirached

9782203092082Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Pour faire de l’effet, cet album-là, sorti en septembre, devrait assurément en faire. D’abord parce qu’il est beau, beau comme un piano à queue. Ensuite parce qu’il raconte une drôle d’histoire, véridique, celle de l’arrière grand-père de l’auteure, Abdallah Chahine, pianiste, accordeur de piano et inventeur du piano oriental à Beyrouth dans les années 60. Qu’est-ce qu’un piano oriental me direz-vous ? Un instrument qui permet de rapprocher les musiques d’Orient et d’Occident, une histoire de ruse mécanique et de quart de ton. Un piano bilingue en fait dont il n’existera au final qu’un prototype d’usine, toujours conservé par la famille d’Abdallah Chahine.

Mais le récit ne s’arrête pas à ce destin déjà singulier à cheval sur deux cultures. Il raconte aussi l’histoire de l’auteure, Zeina Abirached, née en 1981 à Beyrouth, étudiante à l’Académie libanaise des Beaux-Arts durant cinq ans, et arrivée en France à l’âge de 23 ans. Il y a donc une dizaine d’années.

Parfaitement bilingue, comme le piano de son arrière grand père, Zeina établit un pont entre les deux pays, les deux cultures, avec ses deux histoires racontées en parallèle. « Je me suis rendu compte que le Français et l’arabe sont intimement liés en moi, inextricables, le français et l’arabe sont ma langue« . Bilingue ou plutôt trilingue car le graphisme, reconnaît-elle, est « comme une troisième langue« .

Ce graphisme justement, un noir et blanc -comme les touches d’un piano- comparé parfois et à juste titre à celui de Marjane Satrapi, l’auteure de Persepolis. Il est à la fois simple et très appliqué, très élaboré, ornementé, inventif et poétique. Le Piano oriental est un bonheur aussi bien visuel qu’intellectuel, un petit bijou franco-libanais.

Eric Guillaud

Le Piano oriental de Zeina Abirached. Editions Casterman. 22€

@ Casterman / Zeina Abirached

@ Casterman / Zeina Abirached

10 Déc

Le Courant d’art de Bezian, une curiosité qui parle de Byrne, Mondrian, de la peinture abstraite, du Bauhaus

Courant-dart-723x1024Irruption de l’art dans la bande dessinée ou l’inverse, Le Courant d’art de Bezian est un ouvrage pour le moins singulier, une véritable curiosité même, tant dans la forme, un livre accordéon qui se lit d’un côté et de l’autre, puis d’un côté et de l’autre, autant de fois que vous le souhaitez, que dans le fond.

De Byrne à Mondrian, de Mondrian à Byrne, l’auteur de Aller-retour, Docteur Radar tueur de savant ou encore de Gardes-fous explore ici les liens entre le mathématicien Oliver Byrne et le peintre Piet Mondrian. Entre les deux, un petit siècle de différence mais un même accaparement des lignes et formes géométriques rouges, jaunes et bleues. Elles permettront au premier d’illustrer la géométrie d’Euclide dans l’édition de 1847 des Éléments d’Euclide, livre considéré comme le plus étrange et le plus beau du XIXe siècle. Elles permettront au second, très certainement inspiré par ce livre, de devenir l’une des figures majeures de l’art abstrait avec ces compositions géométriques associant les trois couleurs primaires à un fond blanc et à des lignes noires.

En dépliant Le Courant d’art, d’un côté puis de l’autre, le lecteur plonge dans ce qui aurait pu être le cheminement du mathématicien et du peintre, une vision parcellaire bien sûr limitée à une dizaine de scènes, autant de tableaux, pour chacun d’eux. Le trait anguleux et sombre de Frédéric Bezian associé aux aplats bleus rouges et jaunes apporte à l’ouvrage une tonalité moderne à la croisée des arts. Pour les amoureux de la peinture, de l’architecture, de la bande dessinée, des arts en général.

Eric Guillaud

Le Courant d’art de Bezina. Editions Soleil. 18,95€

08 Déc

Le cerveau peut-il faire deux choses à la fois ? Réponse avec Fiamma Luzzati

Le-Cerveau-peut-il-faire-deux-choses-a-la-foisTout est dans le titre ou presque ! Fiamma Buzzati a créé en 2010 un blog de vulgarisation scientifique aujourd’hui hébergé par le site du Monde. Oui le site du Monde. Il faut dire que son approche de la science, même si elle se fait par le graphisme, la bande dessinée et quelques touches d’humour a tout de sérieuse.

Il suffisait jusqu’ici d’aller sur son blog, L’Avventura, pour s’en rendre compte, vous pouvez dorénavant retrouver son travail dans un livre paru aux éditions Delcourt. Plus de 250 pages pour comprendre comment fonctionne la mémoire, pour mieux connaître l’autisme, l’univers, le cerveau, la philosophie, la mozzarella, oui oui, la mozzarella, bref autant de questions essentielles pour notre vie quotidienne et pour lesquelles elle est allée chercher des réponses auprès de quelques scientifiques. En fin d’album, l’auteur fournit toutes ses sources, livres, sites internet mais aussi noms des chercheurs consultés. Une véritable approche de vulgarisation que 25 000 lecteurs suivent quotidiennement sur son blog. Ça fait rêver !

Eric Guillaud

Le Cerveau peut-il faire deux choses à la fois ? de Fiamma Buzzati. Editions Delcourt. 19,99€

07 Déc

Chroniques de Noël : Spooky et les contes de travers, un livre pour filer droit sous la couette

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Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Voilà un bien étrange journal intime que celui de Spooky, une gamine grande comme trois pommes en extension. Originaire du pays des contes de fées – c’est elle qui le dit – Spooky est une grande amatrice de ces sombres histoires qui font peur. D’ailleurs, son journal intime est voué à devenir un grand livre de contes. En attendant, on y croise trois petits cochons, propriétaires d’une pension pour monstres à Londres, mais aussi un miroir magique, un stylo d’enfer qui écrit noir et fait des tâches de couleurs, un tee-shirt avec des ailes dans le dos, des bestioles en pagailles, des lieux dépaysants et exotiques, des chats croquants, une tourte de l’horreur, des plans affreusement machiavéliques, des mystères radicalement mystérieux, des affaires pas vraiment claires, un bouquet écarlate et des centaines d’autres petites choses qui pourraient bien changer vos jours et vos nuits.

Bon, pas de panique, keep calm comme diraient les English, la lecture de cet ouvrage ne devrait pas vous perturber plus que ça, ni vous coller la frousse aux trousses pour l’éternité et au delà. C’est plutôt drôle et frais, imaginé par deux auteurs passionnés du genre, Carine-M et Élian Black’Mor, responsables et coupables par ailleurs de L’Epouvantable Encyclopédie des fantômes et de L’Effroyable encyclopédie des revenants. Monstrueusement drôle !

Eric Guillaud

Spooky & Les contes de travers, de Elian Black’Mor et Carine-M. Editions Glénat. 25,50€

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