21 Oct

Quai des Bulles : la BD fait son festival à Saint-Malo du 23 au 25 octobre

image.php« On va bien rigoler » annonce une mouette pas franchement rieuse sur l’affiche de cette 35e édition du festival de la bande dessinée et de l’image projetée. Sans réellement savoir si c’est un souhait, un ordre ou même une menace. C’est du Guillaume Bouzard tout craché, pardon tout dessiné. L’auteur a reçu le Grand prix de l’Affiche en 2014, il aurait pu recevoir le Grand prix de l’humour grinçant. Mais après tout, l’humour est sa marque de fabrique. Mégabras, c’est lui, La Bibite à Bon Dieu, c’est encore lui, Moi, BouzarD, c’est toujours lui.

Guillaume Bouzard sera présent au festival 2015 à partir du 23 octobre. Comme à peu près l’ensemble de la profession, éditeurs, dessinateurs, scénaristes, coloristes… Impossible de les citer tous mais seront notamment présents Edmond Baudoin, Christophe Chabouté, Efix, Etienne Davodeau, Olivier Jouvray, Killoffer, Nicoby, Terreur Graphique, Wandrille, Yoann, les éditions Dargaud, Dupuis, Delcourt, Casterman…

Des centaines de professionnels, des milliers d’amateurs qui pourront faire la course à la dédicace, admirer les expositions notamment consacrées cette année à l’album Le Petit Bleu de la côte ouest de Manchette et Tardi, à Fluide Glacial à l’occasion de ses 40 ans, à Nicoby ou encore au Moby Dick de Christophe Chabouté.

Expositions, dédicaces mais aussi cinéma, concours, rencontres, ateliers BD, animations diverses… cette nouvelle édition promet encore un beau voyage au pays de l’imaginaire.

Eric Guillaud

Toutes les infos pratiques sur le festival ici

20 Oct

Au revoir là-haut : Christian de Metter adapte le roman de Pierre Lemaître avec maestria

au_revoir_la_haut_01Je ne suis pas du genre à me jeter sur les Prix Goncourt, qu’il s’agisse de les acheter ou bien de les lire. C’est certainement une erreur. C’est en tout cas ici une grave erreur. Au revoir là-haut primé en 2013 est une histoire ahurissante qui nous entraîne dans les premiers jours de l’après Grande guerre. Pierre Lemaître en incroyable conteur nous raconte comment deux poilus, après avoir échappé de justesse à la mort dans les toutes dernières heures du conflit, vont affronter la démobilisation et le retour à la vie civile comme une ultime bataille, certainement pas la plus facile.

Aux héros, la patrie reconnaissante paraît-il. Sauf que nos deux poilus, Albert Maillard et Édouard Péricourt, n’ont pas le profil du héros ordinaire de la Grande guerre. Le premier échappe au peloton d’exécution pour avoir soi-disant fui devant l’ennemi. Le second revient avec la moitié du visage en moins. Édouard est ce qu’on appelle une gueule cassée qui refuse de retourner dans sa famille, se fait passer pour mort au champ d’honneur et ne touche par conséquent aucune pension. Le temps de se refaire une petite santé, de se confronter à la misère, et nos deux poilus se lancent dans une belle escroquerie aux monuments aux morts. De quoi ramasser pas mal de billets. Après tout, l’Etat leur doit bien ça…

L’histoire est incroyable par elle-même. Elle est encore sublimée par la mise en scène et le dessin de Christian de Metter qui, sur 150 planches d’une incroyable beauté, fait autant ressentir la folie, la haine et la cruauté collective de cette « putain de guerre » dirait Tardi que la tragédie de destins individuels, d’âmes perdues et de corps mutilés. Une adaptation d’une puissance émotionnelle absolument exceptionnelle !

Eric Guillaud

Au revoir là-haut, de Lemaître et De Metter. Editions Rue de Sèvres. 22,50 €

© Rue de Sèvres / Lemaître & De Metter

© Rue de Sèvres / Lemaître & De Metter

19 Oct

Sans interdits depuis toujours : Le Petit Spirou fête ses 25 ans avec un album hors série

51siOH0MrAL._SX363_BO1,204,203,200_Vingt-cinq ans ! Oh p….. !!! L’affaire ne nous rajeunit pas. Pire, elle nous ramène au siècle dernier, oui oui, au début des années 1990. A l’époque, internet n’était pas encore grand public, YouTube n’existait pas, pas plus que Facebook d’ailleurs, Corto Maltese n’avait pas encore vécu sa dernière aventure, , sous la plume du grand Hugo, et Spirou, pardon le grand Spirou, était en vadrouille du côté de Moscou. Les mauvaises langues ajouteront que la télévision était en noir et blanc et que le téléphone était encore à cadran rotatif. Et c’est presque vrai. Presque !

Un coup de vieux pour nous aujourd’hui, un coup de jeune à l’époque pour le Neuvième art. L’arrivée du Petit Spirou dans le cercle des enfants terribles de la BD n’est pas passée inaperçue. L’humour irrévérencieux et anticonformiste des premiers gags eurent l’effet d’une petite bombe et signaient la naissance d’une très grande série. 25 ans et dix-sept albums plus tard, le Petit Spirou est toujours au Top est mérite bien un beau cadeau. Au menu de cet album anniversaire : des extraits de planches,  des couvertures marquantes du journal Spirou, des commentaires, des anecdotes, du rire, beaucoup de rire… Pour tous ceux qui aiment le groom !

Eric Guillaud

Le Petit Spirou anniversaire, de Tome et Janry. Editions Dupuis. 19 €

L’info en +

Les éditions Dupuis ont lancé une page internet spéciale 25 ans avec des jeux, des cours de dessin, des gags… C’est ici que ça se passe !

© Dupuis / Tome et Janry

© Dupuis / Tome et Janry

13 Oct

Charlie Adlard Art Book : un véritable hommage au dessinateur de Walking Dead chez Delcourt

charlie-adlard-art-bookÀ un journaliste qui lui demandait en 1992 ce qu’il considérait comme la meilleure chose au monde, Charlie Adlard répondit sans ambages : les comics.  Et son rêve le plus fou ? Dessiner Spider-Man mais en lui infligeant un sacré lifting.

A seize ans, sa voie était toute tracée. Charlie Adlard ne pouvait que devenir l’un des meilleurs dessinateurs de sa génération et apporter du sang neuf aux comics et notamment aux comics d’horreur. Et il le devint même s’il hésita un temps à faire carrière dans le milieu cinématographique. Nourri à la BD britannique puis américaine, mais aussi au cinéma des années 80, Stars Wars et Alien en tête, le jeune homme commença par dessiner Judge Dredd sur un scénario d’Alan Grant. Pas mal pour un début ! Il travailla par la suite sur X-Files, Armitage, Rogue Trooper, Warheads, The Crow, Savage… et bien sûr Walking Dead qui lui apporta une reconnaissance internationale.

« Bien entendu, un bon scripte est nécessaire pour créer quelque chose de mémorable. Mais le dessinateur remplace les acteurs, les décors, et les accessoires, les costumes et les effets spéciaux… Il réalise donc une incroyable performance », écrit Jonathan Ross, star de la BBC et scénariste de comics à propos de Charlie Adlard. Pour vérifier ses paroles, il suffit de vous jeter à corps perdu dans ce copieux album publié aux éditions Delcourt. Vous pourrez parcourir les différentes étapes de la carrière du dessinateur à travers quantité de planches, couvertures, crayonnés, illustrations promotionnelles, croquis…Ajoutez à cela les commentaires signés notamment de Robert Kirkman, créateur de la série Walking Dead, et de Greg Nicoreto, spécialiste des effets spéciaux, et le bonheur sera complet. Un album très riche qui se déguste dans les moindres détails.

Charlie Adlard Art Book, de Charlie Adlard. Editions Delcourt. 22,95 €

Eric Guillaud

© Delcourt / Charlie Adlard

© Delcourt / Charlie Adlard

06 Oct

Le voyage de Phoenix : Destins croisés autour de la guerre de Corée

Couv_255326Né à Séoul en 1965, adopté par une famille belge à l’âge de six ans, Jung nous avait déjà bouleversé avec son album précédent, le récit autobiographique Couleur de peu : miel publié en trois volets aux éditions Soleil et adapté en 2012 en film d’animation. Il y racontait son parcours d’orphelin coréen et son retour au pays du matin calme à l’âge de 40 ans, à la recherche de ses racines.

L’auteur récidive avec Le voyage de Phoenix, une fiction cette fois, une fiction qui flirte pourtant avec le réel, le dramatiquement réel, avec toujours en toile de fond la guerre de Corée et ses conséquences humaines désastreuses. Sur 320 pages d’un noir et blanc particulièrement sobre et délicat, Jung met en scène trois destins. D’un côté, une famille américaine désireuse d’adopter un enfant, de l’autre Jennifer, 23 ans, qui travaille à l’orphelinat américain de Séoul, une jeune femme profondément marquée par l’absence de son père, un soldat américain qui a trahi sa patrie en passant en Corée du Nord. Et au milieu, un enfant né coréen, Kim, qui aurait dû grandir aux Etats-Unis s’il n’avait été victime d’un grave accident.

Jung évoque bien évidemment la guerre de Corée, les blessures de tout un peuple mais aussi la difficile reconstruction psychologique après un profond traumatisme comme la mort d’un enfant ou la disparition d’un père. Le voyage de Phoenix est un concentré d’émotion, un album à la fois beau et bouleversant!

Eric Guillaud

Le voyage de Phoenix, de Jung. Editions Soleil. 19,99 €

05 Oct

QRN sur Bretzelburg, un chef d’oeuvre de Franquin réédité dans la collection 50/60

D2lHvvbtQjw7fYLI6BB9xGQHtlEw2XV6-couv-1200-846x806C’est l’une des plus belles aventures de Spirou et Fantasio époque Franquin et au delà serais-je tenté d’écrire. Un petit chef d’oeuvre d’humour publié dans le journal Spirou entre 1961 et 1963 sous une pagination particulière : une demi-planche en première page et une planche complète en dernière page du journal. De quoi nécessiter une recomposition complète du récit au moment de sa parution en album.

Pas de souci par contre pour sa publication dans la collection 50/60 des éditions Niffle qui présente justement les oeuvres sélectionnées par demi-planches en noir et blanc associées aux commentaires du spécialiste Hugues Dayez. Et c’est bien là que réside tout l’intérêt de cette édition, les commentaires nous en apprennent énormément sur le travail de l’auteur, en l’occurrence ici Franquin, sur ses choix au niveau du dessin comme du scénario, sur les difficultés rencontrées lors de l’écriture ou de la publication du récit, et même sur l’état de santé de l’auteur, obligé de s’arrêter 15 mois pour dépression au beau milieu du récit.

Alors, bien sûr, rien n’est dû au hasard dans QRN sur Bretzelburg, pas même l’appel téléphonique en page 3C du directeur des éditions Dupuis, furieux de ne pas pouvoir se faire entendre auprès de Fantasio à cause du bruit ambiant. Hugues Dayez explique : « Comme une amusante mise en abîme, Franquin fait intervenir ici par téléphone Monsieur Dupuis, mais ni Fantasio, ni le lecteur ne connaîtront la raison de son appel : excédé par le boucan généré par le Marsupilami, l’éditeur écourte la conversation… Or, c’est l’interventionnisme de Charles Dupuis qui vient de placer le dessinateur dans une situation délicate : quelle suite donner à cette aventure si Zorglub en est exclu ?« .

L’affaire aura échappé au simple lecteur mortel mais, effectivement, le boss de la maison d’édition avait formellement interdit à Franquin de faire réapparaître le personnage de Zorglub alors même que l’histoire était lancée, les premières pages écrites et publiées. Exit le méchant, il fallait trouver un plan B en urgence, ce sera QRN sur Bretzelburg, une sombre histoire de transistor avalé par le Marsupilami et de roi fantoche prisonnier dans son propre royaume. Pour les fans de Spirou !

Eric Guillaud

QRN sur Bretzelburg, de Franquin. Editions Niffle. 29 €

Réalités obliques : Clarke remet l’imaginaire d’aplomb

Couv_256338Une jeune femme qui existe un jour sur deux, une autre qui doit se concentrer pour rester réelle, un homme qui vit en différé, en retard par rapport à lui-même… Voilà un échantillon des histoires que nous propose Clarke dans ce recueil paru au Lombard.

Un petit album au format carré très agréable, quatre cases par planche, quatre planches par histoire, 25 récits en tout, pas de couleurs, un noir et blanc de toute beauté, une maquette ultra-léchée… Réalités obliques est une petite curiosité graphique à dévorer de toute urgence. L’auteur de Mélusine, Charly ou encore de Durant les travaux, l’exposition continue… explore ici un monde parallèle où tout est envisageable, « un endroit entre ombre et lumière, fait de leurres et de guets-apens, où la réalité devient sournoise… ». En route pour l’imaginaire !

Eric Guillaud

Réalités obliques, de Clarke. Editions Le Lombard. 16,45 €

02 Oct

Après Portugal, Pedrosa revient avec Les Équinoxes chez Dupuis, un album rythmé par les saisons et les sentiments humains

Les_equinoxesOuvrir un livre de Pedrosa, c’est un peu comme ouvrir la porte de sa propre maison. A l’intérieur, on y retrouve des personnages presque familiers et une histoire dans laquelle on ne peut que plonger au sens physique du terme.

C’est une drôle de sensation en fait, on en viendrait presque à s’asseoir avec les gens présents pour taper la discute. Comme ici, avec Louis et Antoine. Louis, l’ancien, qui a passé sa vie à militer, à se battre, et qui se demande aujourd’hui à quoi ça a servi. Louis est totalement désabusé. Antoine non. Du moins pas encore. Antoine est jeune et les blessures de la vie n’ont pas encore été assez profondes pour le mettre à terre. Lui croit encore au combat et notamment au combat contre le projet d’aéroport à Morteuil. Tiens, c’est quoi ce projet d’aéroport qui fait des vagues jusqu’au sommet de l’Etat et place la secrétaire d’état à l’environnement dans une situation délicate ? Un site occupé, des opposants qui ne lâchent rien… Ça ressemble étrangement à un autre projet d’aéroport, celui de Notre-Dame-des-Landes situé à quelques encablures de Nantes, où vit justement l’auteur. Avec une différence de taille. À Morteuil, ce n’est pas une histoire de zones humides et de triton crêté protégé qui pourrait bien remettre en cause le projet mais l’histoire de notre civilisation…

Quatre ans après l’époustouflant Portugal, un récit introspectif qui avait fortement marqué les esprits, le Nantais Pedrosa est de retour en librairie avec un album encore plus personnel, encore plus long (320 pages environ) et encore plus riche sur le plan graphique. Au fil des pages et des saisons qui rythment le récit, l‘auteur s’autorise une nouvelle fois une grande liberté de styles et d’expériences graphiques mais aussi narratives en laissant le texte, l’écrit, prendre parfois le dessus sur le dessin.

© Dupuis / Pedrosa

© Dupuis / Pedrosa

Quatre saisons, à commencer par l’automne, quatre saisons donc, autant de chapitres et au final une année de vie pour une poignée de personnages plus intéressants les uns que les autres, des personnages qui vous, qui nous ressemblent, des personnages et des vies surtout, des vies faites de solitude, de questionnements, de doutes mais aussi d’engagements et d’amour.

« Le point de départ… », explique l’auteur sur franceinter.fr, « c’est une série de petits monologues que j’ai écrit quand j’étais en Italie à l’impression de mon livre précédent, qui s’appelait Portugal (…), des récits intérieurs, des récitatifs qui avaient tous en commun de décrire des moments souvent très fugaces, très brefs, de solitude intérieure la plus part du temps, en tout cas de sensations, de ressentis difficilement partageables ».

Je vous certifiais dans un post précédent que Sous le soleil de Minuit, le nouveau Corto Maltese, était l’album le plus attendu de la rentrée. Les Équinoxes est pour sa part la plus belle surprise de la rentrée, même si on pouvait logiquement s’attendre à un très bel album de la part de Pedrosa. Un récit intense en émotions qui, après Portugal, permet à l’auteur d’imposer un style, un univers, une griffe Pedrosa! 

Eric Guillaud

Les Équinoxes, de Pedrosa. Editions Dupuis. 35 €

28 Sep

Sous le soleil de minuit, Corto Maltese retrouve la lumière avec Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero

XVM44b8a5d2-f801-11e4-adfa-3a2bb440dae9-805x1059C’est sans conteste l’album le plus attendu de la rentrée, le plus attendu et fatalement le plus attendu au tournant. Il faut dire que Corto Maltese n’est pas un personnage de papier comme les autres, c’est l’un des plus beaux qu’ait créé le Neuvième art, l’un des plus libres et des plus romantiques aussi, et bien sûr l’un des plus célèbres. Une légende, une icône, un dieu… qui appartient aujourd’hui à l’inconscient collectif après avoir appartenu à son créateur de génie Hugo Pratt. Alors chacun se demande aujourd’hui si ce vénérable héros, ou plus exactement anti-héros, peut décemment reprendre le cours de ses aventures sous la houlette de parents adoptifs et surtout s’il peut nous faire encore rêver. Réponse ici…

23 ans ! Pratiquement un quart de siècle que nous ne l’avions point vu. A l’époque, Internet faisait tout juste ses débuts auprès du grand public et les réseaux sociaux n’avaient rien de numériques. C’est pourtant sur Facebook et Twitter qu’on a appris son retour il y a quelques mois et découvert la couverture de sa nouvelle aventure intitulée « Sous le soleil de minuit ». Une belle couverture, certes, mais quelque chose avait changé. Non pas du côté de l’aspect physique de Corto, pas non plus du côté de son nom toujours inscrit en lettres rouge avec la même police de caractère mais du côté des signatures : Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero d’après Hugo Pratt.

Les héros ne meurent jamais

Mort en 1995, Hugo Pratt avait laissé Corto orphelin mais envisagé et autorisé de son vivant la poursuite de ses aventures. Corto pouvait reprendre le voyage à tout moment, contrairement à Tintin qui lui est resté bloqué au milieu des années 80, Hergé ayant refusé catégoriquement une éventuelle reprise. 23 ans auront été tout de même nécessaires pour retrouver notre marin libertaire, le temps de régler quelques problèmes de succession et de trouver les nouveaux locataires de la série.

Reprendre Corto, c’est pour moi comme travailler avec un vieil ami

Justement ces nouveaux locataires, un duo de choc espagnol, Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero, le créateur de Blacksad d’un côté, le dessinateur de Dieter Lumpen ou Le Silence de Malka de l’autre, deux fans absolus de l’univers prattien. « Je suis depuis toujours un passionné de Corto Maltese… », confie Juan Díaz Canales, « j’ai développé au fil des ans une relation très forte avec les personnages. Reprendre Corto, c’est pour moi comme travailler avec un vieil ami ».

© Casterman / Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero

© Casterman / Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero

Corto, un personnage nécessaire

Un vieil ami pour Juan Díaz Canales, un vieil ami aussi pour nombre d’amoureux du Neuvième art. Mais pas seulement ! Pratt a su ouvrir la bande dessinée à un public plutôt littéraire. « Hugo Pratt dessinait comme s’il écrivait« , rappelle Rubén Pellejero. Faire e la BD sans en avoir l’air, ou faire de la littérature en dessinant, c’est tout Pratt, une oeuvre poétique et un personnage mythique. « C’est un personnage encore d’actualité…« , poursuit Juan Díaz Canales, « un personnage presque nécessaire. Il incarne une forme d’idéalisme. A un moment critique, où les civilisations s’opposent face à face et se remettent en question, on trouve des oeuvres comme Corto Maltese« .

‘C’est un personnage encore d’actualité, un personnage presque nécessaire. Il incarne une forme d’idéalisme

Et donc ? Ce nouveau Corto ?

Faut-il croire Le Figaro qui annonce le retour réussi de Corto Maltese ? Ou plutôt L’Express qui évoque un scénario « parfois un peu compliqué« . C’est en tout cas Une résurrection à haut risque, comme le titre ce même journal. A très haut risque même. Et cela même si Les Vrais héros ne meurent jamaiscomme le rappellent Les Echos.

Bon, même si j’avoue m’être un peu perdu dans l’histoire à un certain moment – peut-être la fatigue – force est de reconnaitre que Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero retombent sur leurs pieds. L’introduction mettant en scène Corto et Ras nous replonge dans du Pratt pur jus, une scène de rêve. « Le rêve est une thématique vraiment importante dans le parcours de Corto… », souligne Juan Díaz Canales, « Ce n’était donc pas anodin pour moi de commencer par là, avec un rêve et un poème. Comme pour le dessin, il ne s’agit pas de copier la structure des précédents albums, mais de rappeler ce qui est important pour Corto. C’est le cas aussi de l’amitié avec Raspoutine, ou avec Jack London, un personnage emblématique de la série croisé dans La Jeunesse de Corto Maltese. »

Bien sûr, il n’était pas question pour les auteurs de copier Pratt. « C’est la même chose pour le dessin que pour le scénario… », précise Juan Díaz Canales, « notre but était de retrouver l’ambiance, la poésie de Corto. Sans oublier pour autant que nous sommes, nous aussi, des auteurs, avec des choses à apporter ».

L’ambiance, la poésie, sont bien au rendez-vous, la magie peut-être un peu moins, même si on retrouve les grands espaces chers à Pratt et une galerie de secondes gueules intéressante.

© Casterman / Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero

© Casterman / Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero

On achète ou pas ?

Bien sûr qu’on l’achète, on le lit et on le range bien gentiment à côté de , l’ultime album de Pratt. C’est quand même une aventure de Corto Maltese et rien que pour le personnage…

Un défi artistique mais aussi économique

Casterman mise sur un beau carton avec une première impression à 300 000 exemplaires et une sortie simultanée en France, en Espagne et en Italie le 30 septembre.

Et ce n’est pas tout, une exposition intitulée « Hugo Pratt, rencontres et passages » se tiendra au Musée Hergé à Bruxelles du 2 octobre 2015 au 6 janvier 2016. Enfin, les auteurs partiront pour une tournée de dédicaces digne de rock stars. Ils seront notamment le 1er octobre à Paris, le 3 octobre à Bruxelles, le 14 octobre à Nantes, le 17 octobre au Mans, le 19 novembre à Lyon, le 26 novembre à Montpellier, le 27 novembre à Toulouse…

Eric Guillaud

Sous le soleil de minuit, Corto maltese (tome 13), de Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero. Editions Casterman. 16 € pour l’édition couleur, 25 € pour l’édition noir et blanc, 150 € pour le tirage de tête en édition limitée

25 Sep

Adieu Kharkov ou la vie de L’actrice Mylène Demongeot retracée en BD par Catel et Bouilhac

© Photo Daniel Angeli / couverture Demongeot Catel et Bouilhac

© Photo Daniel Angeli / couverture Demongeot Catel et Bouilhac

On l’a souvent comparée à Brigitte Bardot, non sans raison. Comme elle, sa beauté n’a eu d’égal que son succès au cinéma. Et comme elle, son engagement pour la cause animale n’a jamais été à prouver. Depuis 2011, Mylène Demongeot vit en Mayenne. Une BD retrace sa vie et celle de sa mère. Rencontre…

« Les Sorcières de Salem », « Les Trois mousquetaires », « Sois belle et tais-toi », « Fantômas », « Tenue de soirée », « 36 Quai des Orfèvres », « Camping »… Comme le confie son ami Pierre Richard, « elle en a tourné, des films, Mylène Demongeot, des sacrés films , et avec des sacrés acteurs, mais de tous ses films qui restent dans le mémoire de son public, le plus étonnant, le plus romanesque, c’est quand même sa vie« .

Et quelle vie en effet ! Une jeunesse marquée par un strabisme peu élégant, une opération qui change radicalement sa physionomie et la fait remarquer des photographes, des débuts dans le mannequinat, une percée dans le cinéma, une belle histoire d’amour avec le réalisateur Marc Simenon pour qui elle accepte de mettre sa carrière au second plan, un come-back en 2004, des nominations aux César…

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